1er août 2012
perles glauques, clichés, expressions toutes faites, hyperboles, tautologies...
Bernard GENSANE
Lorsqu’une langue bouge, évolue, cela vient soit du bas (le peuple dans sa diversité), soit du haut (ceux qui ont la parole et qui peuvent l’imposer au plus grand nombre). C’est un flux continu auquel on ne prête pas vraiment attention. Et puis ils y a des changements durables, et d’autres éphémères.
Dans son ouvrage La Grammaire des fautes (1929), le linguiste suisse Henri Frei proposait d'abandonner toute grammaire normative au profit d'une vision fonctionnelle de la langue, ce dans une finalité purement empirique. Pour lui, les locuteurs éprouvent cinq besoins : assimilation, différenciation, brièveté, invariabilité et expressivité. Exemple d'assimilation : étourneau qui signifie étourdi à cause de la ressemblance. Le besoin de différenciation amène de nombreux locuteurs à dire « ils croyent » (et non « ils croient ») pour que l'on entende bien la marque du pluriel. On n'insistera pas sur la brièveté (apéro, dico au lieu d'apéritif, dictionnaire). Le besoin d'invariabilité nous conduit à préférer un terme générique à un autre plus précis. On dira que les fonctionnaires touchent une retraite alors qu'ils touchent une pension. Quant au besoin d'expressivité, on le trouve dans des redondances multiples : « il fait son malin » (au lieu de « il fait le malin », comme si on (…) Lire la suite »
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