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Auteur : Bernard GENSANE

Le Monde Diplomatique (septembre 2012)

Bernard GENSANE
Serge Halimi, dans le Monde Diplomatique de septembre 2012, craint une véritable extrême droitisation des États-Unis : « La gangrène de la finance américaine a provoqué une crise économique mondiale dont on connaît les résultats : hémorragie d'emplois, faillite de millions de propriétaires immobiliers, recul de la protection sociale. Pourtant, cinq ans plus tard, par l'effet d'un singulier paradoxe, nul ne peut tout à fait exclure l'arrivée à la Maison Blanche d'un homme, M. Willard Mitt Romney, qui doit son immense fortune à la finance spéculative, à la délocalisation d'emplois et aux charmes (fiscaux) des îles Caïmans. Son choix du parlementaire Paul Ryan comme candidat républicain à la vice-présidence donne un aperçu de ce à quoi pourraient ressembler les États-Unis si, le 6 novembre prochain, les électeurs cédaient à la tentation du pire. Alors que M. Barack Obama a déjà accepté un plan de réduction du déficit budgétaire qui ampute les dépenses sociales sans relever le niveau (…) Lire la suite »

Poésie et exil (4)

Bernard GENSANE
Après la défaite d'Azincourt, Charles d'Orléans fut emmené en captivité à Douvres, où il resta vingt-cinq ans. Il sera libéré contre une rançon de 220000 écus. Le mal du pays le rendit poète. En 1433, il exprima dans le texte qui suit la nostalgie pour son pays et d'authentiques sentiments pacifistes. En regardant vers le pays de France, Un jour m'advint, à Douvres sur la mer, Qu'il me souvint de la douce plaisance Que je soulais au dit pays trouver ; Si commençai de coeur à soupirer, Combien certes que grand bien me faisoit De voir France que mon coeur aimer doit. Je m'avisai que c'était nonsavance De tels soupirs dedans mon coeur garder, Vu que je vois que la voie commence De bonne paix, qui tous biens peut donner ; Pour ce, tournai en confort mon penser ; Mais non pourtant mon coeur ne se lassoit De voir France que mon coeur aimer doit. Alors chargeai en la nef d'Espérance Tous mes souhaits, en leur priant d'aller Outre la mer, sans faire demeurance, Et à (…) Lire la suite »

Jean-Philippe Leclaire : Pourquoi les Blancs courent moins vite

Bernard GENSANE
Deux rappels historiques pour brouiller les pistes (sic). En 1960, les meilleurs sprinters noirs étatsuniens trépignent. Chacun veut être le premier à courir le 100 mètres en 10 secondes. Pas de chance : Armin Harry (que l'auteur de ce livre, bizarrement, n'évoque pas) leur coupe l'herbe sous le pied. Harry est blanc, blond et a passé son enfance dans l'Allemagne hitlérienne. Deux ans auparavant, il a déjà réalisé cette performance, mais les chronométreurs ont refusé de l'homologuer. Cette fois-ci, les chronométreurs sont toujours aussi sceptiques. Ils demandent à Harry de recourir. Mois d'une heure plus tard, il réitère son exploit. Le record sera égalé trois semaines plus tard par un Canadien. Noir. Le 1er novembre 1946, à Toronto, le premier panier de l'histoire du basket professionnel est marqué par un dénommé Ossie Schectman. Il est blanc, et il est juif. La BAA (l'ancêtre de la NBA) est alors dominée par les juifs. Certains journalistes parlent de prédisposition génétique. Un (…) Lire la suite »

Le Sarkophage n° 31

Bernard GENSANE
Le Sarkophage n° 31, le premier de l'ère post-Sarkozy (Sarko who ?) nous appelle à « défendre les biens communs ». Dans son éditorial, Paul Ariès parle stratégie : « Quelles stratégies pour les gauches antiproductivistes ? Le programme du gouvernement Ayrault, on le connaît… au-delà des 60 propositions de François Hollande, elles-mêmes déjà très en retrait du projet du Parti socialiste, nous en avons une excellente illustration avec la façon dont les socialistes gèrent les collectivités territoriales, mais aussi avec les politiques conduites par les amis de Hollande, ceux de l'Internationale socialiste qui, en Grèce comme en Amérique du Sud, s'entêtent à conduire des politiques contraires aux intérêts des plus pauvres… Le véritable projet du gouvernement socialiste, on le connaît : il suffit de lire les notes de la Fondation Terra Nova… ou l'ouvrage de Valérie Rabault et Karine Berger plébiscité lors de la dernière Université d'été du Parti socialiste. Dans Les Trente (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique (août 2012)

Bernard GENSANE
Un numéro passionnant. Même pendant les vacances, ils sont bons ! Dans " Le monde des gredins " , Serge Halimi revient sur le scandale financier du Libor : « Dans le scandale financier relatif à la fixation frauduleuse d'un taux interbancaire britannique " le London InterBank Offered Rate (Libor) ", on hésite à identifier le policier véreux, tant les prétendants au rôle sont nombreux. Chaque jour, une vingtaine de grands établissements financiers (Barclays, Deutsche Bank, HSBC, Bank of America, etc.) fixent le niveau du Libor. Lequel sert d'étalon à des transactions d'un montant total de 800 000 milliards de dollars (non, il n'y a pas d'erreur d'impression), notamment sur le marché des produits dérivés. Les sommes en cause sont à ce point pharaoniques qu'elles encouragent la presse non financière à concentrer son attention sur des peccadilles, mais à échelle humaine : parents qui touchent des allocations familiales sans s'assurer de la présence de leurs (…) Lire la suite »

A Treblinka

Bernard GENSANE
Auschwitz fut un camp de concentration et d'extermination. Treblinka (comme Sobibor ou Belzec) fut un camp d'extermination. Aux déportés qui en franchissaient l'enceinte il ne restait pas plus d'une heure à vivre. Ils étaient immédiatement dénudés, on leur coupait les cheveux et on les gazait (à 400 dans des chambres de 10 mètres sur 10). Leurs corps étaient ensuite enfouis dans d'immenses fosses communes. Il n'existait pas de fours crématoires à Treblinka. Au moins 750000 personnes périrent dans cet enfer (1200000, selon certaines estimations). 700 déportés furent employés dans cette usine de mort comme trieurs de vêtements, coiffeurs, dentistes ou enfouisseurs de cadavres. Quelques dizaines survécurent. Parmi eux Chil Rajman qui parvint à s'évader du camp avec quelques autres et à échapper aux paysans polonais, aux bandes fascistes ukrainiennes et à la Gestapo. Il publia un témoignage unique : Je suis le dernier Juif (Éditions des Arènes, 2009). Dans la préface, Annette (…) Lire la suite »
perles glauques, clichés, expressions toutes faites, hyperboles, tautologies...

Du « français avancé »

Bernard GENSANE

Lorsqu’une langue bouge, évolue, cela vient soit du bas (le peuple dans sa diversité), soit du haut (ceux qui ont la parole et qui peuvent l’imposer au plus grand nombre). C’est un flux continu auquel on ne prête pas vraiment attention. Et puis ils y a des changements durables, et d’autres éphémères.

Dans son ouvrage La Grammaire des fautes (1929), le linguiste suisse Henri Frei proposait d'abandonner toute grammaire normative au profit d'une vision fonctionnelle de la langue, ce dans une finalité purement empirique. Pour lui, les locuteurs éprouvent cinq besoins : assimilation, différenciation, brièveté, invariabilité et expressivité. Exemple d'assimilation : étourneau qui signifie étourdi à cause de la ressemblance. Le besoin de différenciation amène de nombreux locuteurs à dire « ils croyent » (et non « ils croient ») pour que l'on entende bien la marque du pluriel. On n'insistera pas sur la brièveté (apéro, dico au lieu d'apéritif, dictionnaire). Le besoin d'invariabilité nous conduit à préférer un terme générique à un autre plus précis. On dira que les fonctionnaires touchent une retraite alors qu'ils touchent une pension. Quant au besoin d'expressivité, on le trouve dans des redondances multiples : « il fait son malin » (au lieu de « il fait le malin », comme si on (…) Lire la suite »
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Poésie et exil (3)

Bernard GENSANE
Wang Wei fut un grand poète chinois du VIIIe siècle. Mais aussi un musicien, un peintre et un homme politique. En 756, il résidait dans la capitale du Chang'an lorsqu'il fut capturé par des rebelles qui s'étaient emparés de la ville. Malade, Wan Wei ne put s'enfuit. Les rebelles emmenèrent leur illustre prisonnier dans leur ville de Luoyang. Wang refusa toute collaboration, feignant la surdité Il ingurgita également des sustances qui lui firent perdre la voix. Il resta fidèle à l'empereur. VOUS QUI VENEZ DE MON PAYS NATAL Vous qui venez de mon pays natal, Vous devez en savoir mille choses. A votre départ, le prunier d'hiver Avait-il fleuri devant ma fenêtre ? (Traduction Patricia Guillermaz) A la même époque, le poète Du Fu occupe le poste de censeur à la cour impériale. Comme il prend la défense d'un collègue, il est nommé à un poste subalterne. Il émigre pour le Sichuan. Il évoque ici le sort d'un de ses frères : JE REçOIS DES NOUVELLES DE MON FRàˆRE CADET (…) Lire la suite »

Plus belle la vie

Bernard GENSANE
J'ai été fasciné, sidéré par une émission récente de France 3 consacrée à l'un des fleurons de cette chaîne : « Plus belle la vie » (désormais, comme pour ses inconditionnels : PBLV). On nous y présentait des admirateurs qui se vouaient corps et âme à ce feuilleton et qui se rendaient régulièrement devant la porte des studios marseillais où PBLV est tourné, dans l'espoir de voir leurs acteurs préférés franchir en voiture les portes de ce lieu pour eux mythique, de se faire photographier en leur compagnie et, espoir suprême réservé à quelques heureux élus, être conviés à visiter les lieux et y tourner quelques secondes comme figurants. Je n'ai jamais compté parmi ceux (intellos de gauche de préférence - ce que je suis tout de même un petit peu) qui considèrent PBLV comme du pipi de chat, un bouillon informe sous culturel à destination d'un public prolo qui serait accroché à cette quotidienneté comme d'autres se repaissent des histoires à l'eau de rose de publications du style Nous (…) Lire la suite »
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Poésie et exil (2)

Bernard GENSANE
Ovide connut un exil que l'on pourrait qualifier, un peu méchamment, de doré. Il fut exilé sur l'ordre de l'empereur Auguste (dans l'actuelle Roumanie) pour des raisons non élucidées à ce jour. Exilé, mais non banni. Ce qui signifie qu'il put partir avec ses biens et ses esclaves. Il se construisit une belle villa et conserva tous ses droits en tant que citoyen romain. Ce qui n'empêcha pas la souffrance. Ci-dessous l'Élégie troisième des Tristes. Quand mon imagination me retrace cette nuit si cruelle, marquée par mes derniers moments à Rome ; quand je me reporte à cette nuit où j'abandonnai tant d'objets chers à mon coeur, maintenant encore les larmes coulent de mes yeux. Déjà le jour approchait, que César m'avait désigné pour quitter l'Ausonie ; ni mon esprit, ni le temps n'avaient pu suffire à mes préparatifs : mon âme était restée engourdie dans une longue inaction ; je ne m'étais oc cupé ni de mes esclaves, ni du choix de mes compagnons, ni de mon équipage et des autres (…) Lire la suite »