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Le Sarkophage n° 31

Le Sarkophage n° 31, le premier de l’ère post-Sarkozy (Sarko who ?) nous appelle à « défendre les biens communs ». Dans son éditorial, Paul Ariès parle stratégie :

« Quelles stratégies pour les gauches antiproductivistes ?

Le programme du gouvernement Ayrault, on le connaît… au-delà des 60 propositions de François Hollande, elles-mêmes déjà très en retrait du projet du Parti socialiste, nous en avons une excellente illustration avec la façon dont les socialistes gèrent les collectivités territoriales, mais aussi avec les politiques conduites par les amis de Hollande, ceux de l’Internationale socialiste qui, en Grèce comme en Amérique du Sud, s’entêtent à conduire des politiques contraires aux intérêts des plus pauvres… Le véritable projet du gouvernement socialiste, on le connaît : il suffit de lire les notes de la Fondation Terra Nova… ou l’ouvrage de Valérie Rabault et Karine Berger plébiscité lors de la dernière Université d’été du Parti socialiste. Dans Les Trente glorieuses sont devant nous est proposé un véritable business plan de retour à une bonne croissance avec un programme d’investissement de 90 milliards d’euros... Nous avons été Objecteurs de croissance sous la droite, nous le resterons sous cette gauche sociale-libérale productiviste. Nos propositions pour résoudre la misère et l’effondrement climatique ne sont pas Hollando-compatibles. Notre stratégie est celle du refus de la « Rilance » : ni rigueur, car ce n’est pas aux peuples de payer la crise, ni relance, car la croissance ne règle rien et aggrave tout ! Le pouvoir socialiste ne peut qu’échouer compte tenu de son analyse de la crise et de ses politiques. Ce pouvoir ne peut réussir car il mènera ces mêmes politiques qui aggravent la misère et détruisent la planète. »

Pour Pierre Bourlier, l’économie est une « diffamation de la pauvreté » : « Nous ne connaissons pas la pauvreté, voilà notre misère. Nous n’arrivons plus à comprendre, à ressentir ce que nous avons perdu en accédant à notre aisance matérielle. Ce qu’il y a d’humain dans la pauvreté nous est rendu impensable par l’économie et par la rareté avec laquelle elle nous terrorise. Il y a dans notre prospérité marchande une déception permanente, une écoeurante absurdité. »

Philippe Leymarie déplore le « consensus mou autour de la défense » : « Après ces marées de drapeaux tricolores, agités par la droite durant ces longs mois de campagne comme autant de fétiches, voici revenu le calme … et la gauche au sommet, moins patriotarde, traditionnellement méfiante à l’égard de tout ce qui est défense, sécurité, dissuasion, puissance, et des militaires eux-mêmes. Mais surtout indifférente.

[Je profite de cet article pour ouvrir une petite parenthèse : je rencontre récemment chez un ami un officier supérieur de la marine française qui m’annonce qu’il part pour trois ans dans la base navale de Norfolk en Virginie aux Etats-Unis. Comme la plupart des gens de gauche, je ne sais pas grand-chose des réalités militaires. Cette base est la plus grande au monde. Elle sert de quartier général à certains services de l’OTAN. Elle abrite 134 avions et 75 navires de guerre (dont cinq porte-avions et 11 sous-marins nucléaire d’attaque). Elle compte 60000 personnels civils et militaires. Depuis que Sarkozy a décidé la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN (malgré les bouderies de Villepin et de Juppé), des officiers français travaillent donc au service de ce monstre, et pas pour des périodes de 5 minutes.]

Daniel Tanuro s’interroge sur les suites de Rio + 20 : « Vingt ans après le premier sommet de la terre, Rio + 20 s’est achevé avec l’adoption par consensus d’un texte intitulé « L’avenir que nous voulons ». La propagande officielle veut faire croire que les décisions combinent respect des contraintes écologiques et justice sociale. Les textes révèlent un tout autre projet : l’aide massive aux entreprises pour s’accaparer et piller encore plus systématiquement les ressources naturelles, aux frais de la collectivité. »

Aurélien Bernier (MPEP) revient sur le Club de Rome, ou « le capitalisme avant l’heure » : « Ce club est vde retour avec la réédition de son rapport Halte à la croissance ?. Les écologistes y ont pioché ce qui les arrangeait en oubliant les lobbies à l’oeuvre derrière, et en occultant l’idée que les pauvres seraient responsables de la dégradation de la planète ainsi que le parti-pris malthusien de ce club et sa vision technologisante. »

Mathilde Detcheverry pose une alternative originale : « Balles de golf contre politiques sociales ? » : Le Sarkophage est partenaire du Forum européen contre les grands projets nuisibles imposés : aéroports, autoroutes, LGV, grands stades, hypermarchés géants etc. La monnaie-carbone fait partie de ces grands projets.

Dans quel état est la psychiatrie (Paul Matcho) ? « La psychiatrie française connaît des heures sombres. Sous l’injonction de Sarkozy, elle est devenue un instrument au service de la peur habilement entretenue, utilisant le moindre fait divers pour renforcer l’amalgame entre folie et dangerosité. »

Pour Stephen Kerckhove, nous subirons la récession parce que nous n’avons pas choisi la décroissance : « Faute de choisir l’objection de croissance et le bien-vivre, nous risquons d’avoir la récession, l’austérité, la facture à payer par les plus pauvres. »

Le sophiste Laurent Paillard revient sur le slogan socialiste « Votez utile » : « Ayant abandonné toute vision de l’existence collective, le PS résume à merveille dans cette injonction son approche gestionnaire des affaires humaines. En effet, un geste est utile lorsqu’il vise un résultat clairement circonscrit, ce qui contredit la politique qui, concernant la pluralité humaine, ne peut se réduire à une question d’efficacité. »

Alain Lipietz dénonce une nouvelle fois les pièges du capitalisme vert : « La crise n’est pas seulement la plus grave crise du capitalisme depuis la Grande Dépression des années 30. C’est surtout la deuxième crise écologique mondiale, après la Grande Peste qui ravagea l’ancien monde à la fin du XIVe siècle, « comme un tapis que l’on enroule avec tout ce qu’il y a dessus » (Ibn Khaldoun) ».

Les biens publics mondiaux sont-ils un mythe révolutionnaire, demande Jacques Cossart : « La mise en oeuvre des biens publics mondiaux que sont notamment l’éducation, la santé, la paix, l’environnement, exige un processus de pensée et d’action qui pourrait bien se révéler de nature révolutionnaire dans le remplacement du capitalisme par un système respectueux de la planète qui permette alors aux êtres humains, d’aujourd’hui et de demain, de vivre dansle respect mutuel, individuel et collectif de chacun. »

Jean-Michel Drevon (Front de gauche) ne désespère pas de « gagner la belle » et pose la question de « l’émergence d’une troisième force au sein du Front de gauche. »

Un article très documenté de Thierry Brugvin sur la « proximité des réseaux d’extrême droite et des élites internationales ». Il dénonce naturellement le caractère faussement hors système des partis d’extrême droite qui ont toujours défendu les intérêts du grand capital. Dans le même esprit, Paul Ariès dénonce l’extrême droitisation de la droite.

Enfin, Benoît Schneckenburger nous propose de penser une politique du Bien-vivre : « Si une société se préoccupe de viser au bonheur des siens, alors elle doit pourvoir aux besoins nécessaires. »

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Roger Faligot. La rose et l’edelweiss. Ces ados qui combattaient le nazisme, 1933-1945. Paris : La Découverte, 2009.
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