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Auteur : Bernard GENSANE

Poésie et révolution (7)

Bernard GENSANE
Ah ! Victor Hugo, le bon Totor, l'immense Totor. Face à ce géant qu'on a dit paradoxal, il y a toujours eu de fines bouches. Cocteau, qui a déjà bien mal vieilli, disait que Victor Hugo était un fou qui se prenait pour Victor Hugo. Quand on demandait à André Gide quel était le plus grand poète français, il répondait, admiratif, mais également très ironique : « Victor Hugo, hélas ». Hugo ne fit peut-être pas voler en éclats les normes esthétiques de son temps comme, par exemple, Mallarmé, mais son oeuvre poétique est indépassable, et elle pèse des tonnes, non parce qu'elle est pesante, mais parce qu'elle est impossible à déplacer du champ littéraire. Baudelaire, dont l'oeuvre et la démarche étaient aux antipodes de celles de l'auteur de La légende des siècles, rendit cet hommage particulièrement pénétrant à son aîné : « Quand on se figure ce qu'était la poésie française avant que Victor Hugo apparût et quel rajeunissement elle a subi depuis qu'il est venu ; quand on imagine ce peu (…) Lire la suite »

Le Sarkophage n° 29

Bernard GENSANE
Dans le n° 29 du Sarkophage, Paul Ariès appelle à « viv(r)e le socialisme » : « La guerre des classes existe, c'est un fait, mais c'est la mienne, celle des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la remporter. » La jeunesse américaine commencerait-elle à faire mentir ce verdict de Warren Buffett, la troisième plus grosse fortune mondiale ? Une analyse du très sérieux Institut d'études Pew établit que 49 % des jeunes Américains âgés de 18 à 29 ans voient le mot « socialisme » sous un jour favorable. Le capitalisme récolte lui une majorité défavorable (47 % contre 46 %). On sait bien qu'une hirondelle n'a jamais fait le printemps, mais le mouvement des indignés nord-américains, Occupy Wall Street, est passé par là , tout comme les mouvements de grève dans les universités américaines. Cette jeunesse a le sentiment - sentiment tristement conforme à la réalité - que le capitalisme ne lui fait aucune place, comme en témoignent la montée du chômage chez les jeunes et (…) Lire la suite »

Poésie et révolution (6)

Bernard GENSANE
Eugène Chatelain (1829-1902) est l'auteur de cette maxime reprise cent fois : « En politique, toute faute est un crime. » Il combat sur les barricades de 1848, est arrêté en 1851 et déporté. De retour, il devient agent d'affaires, ce qui ne l'empêche pas d'évoluer vers l'extrême gauche. Lors de la Commune, il fait partie du Comité central républicain. Combattant de la Semaine sanglante, il est condamné à la déportation par contumace. Il se réfugie en Angleterre, est amnistié, rentre en France et publie de nombreux recueils de poésie. Sa chanson révolutionnaire la plus connue est " Vive la Commune ! " , écrite en exil et publiée en 1886 : Je suis franc et sans souci ; Ma foi, je m'en flatte ! Le drapeau que j'ai choisi Est rouge écarlate. De mon sang, c'est la couleur Qui circule dans mon coeur. Vive la Commune ! Enfants,"¨Vive la Commune ! Oui, le drapeau rouge est bien Le plus bel emblème De l'ouvrier-citoyen ; C'est pourquoi je l'aime. (…) Lire la suite »

Le conseiller de celui qui n’est pas « dangerous »

Bernard GENSANE
Je souhaiterais rebondir ici à partir de l'article très tonique qu'Ariane Walter a livré récemment au Grand Soir : " Socialistes, on vous hait " (http://www.legrandsoir.info/socialistes-on-vous-hait.html ). Parmi les économistes qui conseillent le candidat socialiste François Hollande figurent Élie et Daniel Cohen. S'ils ne sont apparemment pas frères biologiques, ils sont frères en social-libéralisme. Comme Hollande depuis sa sortie de l'ENA. Qu'est-ce qu'un économiste social-libéral ? C'est quelqu'un qui pense - avec Alain Minc, par exemple - que le système capitaliste a besoin de crises pour ses débarrasser des canards boiteux, et surtout pour revenir à ses fondamentaux qui sont, quoi qu'on en pense, bons. C'est quelqu'un qui va convaincre un Bérégovoy, ancien ouvrier fraiseur, cheminot, Résistant, que la déréglementation du marché des biens et la libéralisation du marché des services (financiers au premier chef) sont nécessaires à la croissance et à une (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique (mars 2012)

Bernard GENSANE
Dans le numéro de mars 2012 du Monde Diplomatique, Serge Halimi revient sur l'incroyable impunité dont jouit l'Arabie saoudite : « Les libertés fondamentales ne sont pas mieux respectées en Arabie saoudite qu'en Iran. Est-ce donc à son statut de premier pays exportateur de pétrole et d'allié des Etats-Unis que la monarchie wahhabite doit d'être miraculeusement épargnée par la « communauté internationale » ? L'Arabie saoudite peut en tout cas intervenir à Bahreïn, y écraser une protestation démocratique, exécuter soixante-seize personnes en 2011 (dont une femme accusée de « sorcellerie »), menacer du même châtiment un blogueur qui a diffusé sur son compte Twitter un dialogue imaginaire avec le Prophète, condamner les voleurs à l'amputation, proclamer les chefs d'inculpation de viol, de sodomie, d'adultère, d'homosexualité, de trafic de drogue, d'apostasie passibles de la peine capitale, sans que, hormis le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, nul ou presque (…) Lire la suite »

Rocard : Michou facho ?

Bernard GENSANE
Sur le site de Rue 89, Pierre Haski nous signale un petit article publié par Libération : Michel Rocard : « Il ne peut y avoir d'issue en Grèce qu'avec un pouvoir militaire » « Personne ne le dit, mais il ne peut y avoir d'issue en Grèce qu'avec un pouvoir militaire. » Michel Rocard se lâche, dans une interview à Libération, avec, en particulier, cette petite phrase sur un pouvoir militaire en Grèce... Pour l'ancien premier ministre, soutien de François Hollande, les mesures d'austérité - « une décroissance forcée », dit-il - imposées à la Grèce posent la question démocratique dans ce pays : « comment fait-on dans ce contexte pour maintenir des élections ? Il n'est pas possible de gouverner ce peuple en lui disant qu'il va perdre 25 % de son revenu dans les dix ans si on tient à payer toutes les dettes. Personne ne le dit, mais il ne peut y avoir d'issue en Grèce qu'avec un pouvoir militaire. » Il ajoute : « Il devient de plus en plus indispensable d'annuler partout une (…) Lire la suite »

Poésie et révolution (5)

Bernard GENSANE
Charles Bonnet fut condamné par contumace à la déportation. Il continua à militer à Genève, où il était réfugié (en ce temps-là , la Suisse n'abritait pas que des banques). Dans la capitale suisse, Bonnet publie en 1872, aux bons soins d'une imprimerie coopérative, un texte intitulé " Entrée triomphale du général Espivent à Marseille " . Cet Espivent de la Villeboisnet appartenait à une grande famille de la noblesse française. En 1871, il avait été envoyé à Marseille pour y réprimer l'insurrection communarde. Il fut plus tard sénateur et décoré de la Grand-croix de la Légion d'honneur. La violence du poème de Bonnet répond à la violence de la répression : C'est à toi, grand héros, que la brune Marseille Doit son repos présent … et ses assassinats. Dans l'art de massacrer, tu fais vraiment merveille ; Sauveur, cache tes mains … le sang rougit tes bras ! Fais chanter tes soldats, leur voix couvre le râle Des enfants étendus pêle-mêle à tes pieds !… Continue à (…) Lire la suite »

Poésie et révolution (4)

Bernard GENSANE
S'il est un poète du XIXe siècle facilement classable, politiquement parlant, c'est bien Arthur Rimbaud. Son père étant en garnison militaire lointaine et prolongée, le garçon de 13 ans se révolte, d'abord contre sa mère despotique, dévote et austère, puis contre l'ordre du monde. Immédiatement, son cri est un appel à la révolution. A un condisciple de son collège de Charleville qui lui demande ce qu'il pense du coup d'État du 2 décembre, il répond sans ambages : « Napoléon III mérite les galères. » Rimbaud n'a connu durant son enfance que le régime autoritaire de la bourgeoisie possédante et de l'ordre moral de l'Église catholique. Dans un texte qui lui a été inspiré par une gravure de l'Histoire de la Révolution française d'Auguste Thiers ("Le Forgeron", 1870), il évoque la misère des paysans : […] Tous ceux dont le dos brûle Sous le soleil féroce Il exalte la prise de la Bastille : Et c'était dégoûtant, la Bastille debout Avec ses murs lépreux qui nous rappelaient (…) Lire la suite »

Poésie et révolution (3)

Bernard GENSANE
Né en 1836, Jean-Baptiste Clément était le fils d'un menuisier. Militant pour la république, il connaît très tôt la prison sous Napoléon III. Son credo politique est radical : « A bas les exploiteurs ! A bas les despotes ! A bas les frontières ! A bas les conquérants ! A bas la guerre ! Et vive l'Egalité sociale. » Il composa très jeunes des chansons d'amour, puis des chansons qu'on appellerait aujourd'hui « engagées ». Il dénonce « l'esclavage industriel » et en appelle à un 1789 des travailleurs : Au nom de la justice Il est temps aujourd'hui Que les serfs des usines De la terre et des mines Aient leur Quatre-Vingt-Neuf ! Cette chanson ayant été publiée sans le visa de la censure, Clément doit se réfugier en Belgique. C'est dans ce pays qu'en 1867 il fait publier " Le temps des cerises " , composée un an auparavant. Cette oeuvre, dont le thème n'est nullement politique, prendra un autre sens durant l'agonie de la Commune. Rentré en France en février 1868, (…) Lire la suite »

Bernard Arnault : Mélenchon lui prend 70%

Bernard GENSANE
Il est bien gentil, le Jean-Luc. La fortune d'Arnault est estimée à 33 milliards d'euros. Notons bien : « estimée ». Parce qu'il y a forcément, comme pour tous ces gens-là , ce qu'on ne sait pas, ce qui prospère discrètement aux àŽles Caïman ou ailleurs. Pour moi, personnellement, vu mon âge, 33 milliards d'euros, ça ne veut rien dire. J'ai donc pris ma calculette pour convertir en francs. Cela équivaut à environ 220 milliards de francs. Ou mieux encore, pour un vieux de la vieille : 22000 milliards de centimes. Là , je visualise. Tenez, une maison à Toulouse (100 m2) vaut entre 150 et 180 millions de centimes (pas donné l'immobilier dans la cité des violettes !). Un autre exemple : le budget de l'enseignement supérieur est actuellement de 10 milliards d'euros, disons 65 milliards de francs, 6500 milliards de centimes. On peut rapporter la fortune d'Arnault à une autre donnée. La TVA « sociale », cette arnaque contre les pauvres prévues par Sarkozy, devrait rapporter 12 milliards (…) Lire la suite »