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Auteur : Bernard GENSANE

Le Monde Diplomatique , juillet 2012

Bernard GENSANE
Dans le numéro de juillet 2012, Serge Halimi dénonce le « Fédéralisme à marche forcée » : Les grandes catastrophes encouragent les croyants les plus fervents à redoubler aussitôt de piété. Ainsi des fédéralistes européens : refusant de concevoir qu'on puisse un jour tourner le dos aux politiques d'intégration " monétaire, budgétaire, commerciale " qui ont aggravé la crise économique, ils souhaitent au contraire renforcer l'autorité de ceux qui les ont mises en oeuvre. Les sommets européens, les pactes de stabilité, les mécanismes disciplinaires n'ont rien arrangé ? C'est, répondent invariablement nos dévots, parce qu'ils n'ont pas été assez loin : pour eux, toute réussite s'explique par l'Europe, et tout échec par le manque d'Europe. Cette foi du charbonnier les aide à dormir à poings fermés et à faire de jolis rêves. Olivier Cyran décrit l'effroi du retraité allemand face à l'épouvantail grec : La courte victoire du parti conservateur Nouvelle Démocratie aux élections (…) Lire la suite »

Maxime Vivas : le gai Huron du Lauragais

Bernard GENSANE
C'est sûrement parce qu'il est enraciné dans les monts du Lauragais que Maxime Vivas a pu nous livrer avec ce roman une nouvelle version de l'ébahissement du Candide face aux techniques asservissantes censées libérer les humains. Soit, donc, un Huron né à des milliers de kilomètres de l'Hexagone, sur l'àŽle Motapa, d'une mère motapienne et d'un père parisien. A l'âge de 25 ans, ce narrateur décide de voir Paris. Motapa est une île de paix, de sagesse, de tranquillité. La lave de son volcan charrie suffisamment de pépites d'or pour que les habitants vivent sans souci matériel, mais pas assez pour qu'ils aient la tentation de se lancer dans la guerre quotidienne imposée par les Marchés. Paris sent mauvais et ses habitants sont frappés par une épidémie d'otites : un passant sur deux marche en se tenant l'oreille. Ils parlent tout seuls, leur phrase favorite étant : « T'es ou ? ». Le taux de mortalité chez les usagers du métro est effrayant, si on en juge par la tête des (…) Lire la suite »

Juif et antisémite

Bernard GENSANE
Peut-on être juif et antisémite militant ? Oui, et cela vient d'arriver à l'eurodéputé hongrois Csanad Szegedi, un des dirigeants du parti d'extrême droite Jobbik, connu pour son discours antisémite et anti-rom. L'historien Robert Paxton, qui a beaucoup écrit sur le pétainisme et l'antisémitisme de l'entre-deux-guerres en France, disait récemment que le fascisme arrivait généralement au pouvoir par des moyens légaux et qu'il se cachait (à peine) aujourd'hui en Europe sous des désignations neutres du style « Mouvement pour la Renaissance » ou « Droite patriotique et sociale ». En hongrois, Jobbik signifie à la fois « le plus à droite » et « le meilleur ». Le nom officiel du parti est « Alliance des jeunes de Droite-Mouvement pour une meilleure Hongrie ». Il s'inscrit dans le droit-fil (sic) de la régence de l'amiral Horty. Sous l'autorité de cet amiral bien fasciste, la Hongrie prit, dans les années vingt et trente, des mesures antisémites pour limiter le nombre de Juifs pouvant (…) Lire la suite »

Poésie et exil (1)

Bernard GENSANE
Je me trouvai récemment à Gérone (Girona en catalan, la langue officielle parlée dans la ville, Gerona en castillan)*. Je fus frappé par le nombre de rues dédiées à des poètes de la région, y compris des rimailleurs plutôt mineurs. C'est que, comme la sociologie, la poésie peut être un sport de combat. Les Catalans, qui souffrirent tant de l'oppression franquiste, payèrent très cher le droit d'être eux-mêmes et de s'exprimer dans leur langue. Raison pour laquelle ils honorent, chaque fois que faire se peut, les écrivains qui luttèrent pour maintenir en vie un patrimoine multiséculaire. En écrivant en catalan, ces poètes vécurent une sorte d'exil intérieur. Le paradoxe de la figure de l'exilé est qu'elle peut traduire à la fois un sentiment d'extrême solitude ou d'inadéquation au monde et, en même temps, l'espoir d'un monde meilleur, d'un monde de tous les possibles. Le grand poète palestinien Mahmoud Darwich, dont le village fut rasé et remplacé par un village juif et qui connut (…) Lire la suite »

Poésie et révolution (11)

Bernard GENSANE
Un des derniers géants du XIXe siècle : Paul Verlaine. Fils d'un capitaine du génie ayant démissionné peu avant le coup d'État du 2 décembre. Il fréquente normalement le lycée puis, brièvement, la faculté de droit. Un de ses premiers poèmes de potache, " Des morts " , chante les vaincus des insurrections parisiennes de 1832 et 1834 qui « ne virent jamais ce que nous vîmes » : l'étranglement de la République. Il souhaite un futur sombre à l'impératrice : On prétend que Badinguette Doit finir comme Antoinette Il fait partie de l'aile gauche des Parnassiens, critique la conception romantique et conformiste de la poésie, les « jérémiades lamartiniennes ». Il admire Baudelaire et Mallarmé. Il est ébranlé par le mariage et la mort de sa cousine dont il était amoureux. Il sombre dans l'alcool et la violence : il en sort provisoirement en épousant Mathilde Manthé, la soeur du musicien Charles de Sivry. Mathilde a été l'élève de Louise Michel, présente au mariage. Mais le (…) Lire la suite »

Poésie et révolution (10)

Bernard GENSANE
Henri Rochefort. Un sacré personnage. Fils d'un faux comte (de Rochefort-Luçay), expéditionnaire à l'Hôtel de ville de Paris pendant dix ans, il a suffisamment de loisirs pour collaborer au Charivari. Calembourreur de première bourre, il écrit une quinzaine de pièces de boulevard (à succès) en quatre ans. Il fonde son propre journal en mai 1868 : La Lanterne, un brûlot d'opposition pamphlétaire. Très gros succès (100000 exemplaires vendus). L'éditorial du premier numéro restera célèbre : « La France compte 36 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement… » (il sera également l'auteur de la célèbre formule : « Ce n'est pas cela qui nous rendra l'Alsace et la Lorraine »). Après une interdiction à la vente publique, il est attaqué en justice et condamné à des amendes et de la prison. Il rejoint alors à Bruxelles Victor Hugo, chez qui plusieurs mois. Il rentre en France fin 1869 et sort le premier numéro de son nouveau journal, La Marseillaise, co-créé avec le (…) Lire la suite »

Le Sarkophage n° 30

Bernard GENSANE
Exit Sarkozy, mais pas exit le sarkozysme, craint lucidement Le Sarkophage. Ce n'est qu'un début, continuons le combat, lance Paul Ariès dans son éditorial : « Le mandat collectif du Sarkophage depuis le 14 juillet 2007 est à moitié rempli : nous avons contribué à sortir le sortant, sans jamais rien céder sur l'essentiel. Notre conviction que la victoire de Sarkozy en 2007 était d'abord la conséquence d'une gauche défaite, incapable de marier le rouge et le vert. Sarkozy a été battu. Nous n'en avons cependant pas encore fini avec le sarkozysme de droite ou de gauche. Sarkozysme de droite ? Prenons garde aux élections législatives : rien ne garantit que la droite, libérée de Sarkozy, que cette droite qui s'extrême-droitise à l'infini ne puisse pas remporter les élections législatives, même si le discrédit porté sur les forces du mépris est profond… Sarkozysme de gauche ? Le programme de Hollande ne nous convainc pas. Il reste celui de cette « gauche placebo » dont parlait Benoît (…) Lire la suite »

Éric Dupont-Moretti : "Condamné à plaider"

Bernard GENSANE
Il a un physique de videur de boîte de nuit. Un visage triste. De mains trop fines pour un corps de déménageur. Il est toujours mal rasé. Il sera bientôt chauve. Parce que ce ch'ti d'origine italienne est profondément humain, il est une des figures les plus attachantes du barreau français. Il ne cache pas sa tendance à la déprime. Il rame, il souffre. Comme les comédiens de boulevard en tournée, des villes de France il ne connaît que les hôtels et ses lieux de travail. Il a décidé de devenir avocat le 28 juillet 1976 quand Giscard laissa exécuter Christian Ranucci, le jeune homme du « pull-over rouge ». Il a obtenu son 100ème acquittement le 7 janvier 2011. Parmi les plus célèbres, celui de la boulangère (qui n'était pas boulangère) du procès d'Outreau ; celui de Jean Castela, commanditaire présumé de l'assassinat du préfet Claude Érignac, condamné à trente ans (trente ans !) de réclusion criminelle en première instance (la police avait produit des faux) ; celui du professeur de (…) Lire la suite »
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Le Monde Diplomatique , juin 2012

Bernard GENSANE
L'éditorial de Serge Halimi est consacré à la radicalisation : « La révolte des étudiants québécois le démontre à son tour : les politiques « austéritaires » ne peuvent plus être imposées sans méthodes autoritaires. Lorsque le gouvernement libéral (centriste) de M. Jean Charest a décidé d'augmenter de 75 % en cinq ans les frais d'inscription à l'université, plus du tiers des étudiants de la province se sont mis en grève ; le 18 mai dernier, les droits d'association et de manifestation ont été suspendus lors d'une session spéciale de l'Assemblée nationale du Québec. Enchaînement fatal : rogner une conquête démocratique (ici, l'accès à l'enseignement supérieur) amène assez vite à amputer une liberté fondamentale. Cette radicalisation s'observe dans d'autres pays. En France, la défaite du parti conservateur, à l'issue d'une campagne au cours de laquelle furent déclinés tous les thèmes de l'extrême droite, ne l'a nullement incité à réorienter son discours vers l'électorat centriste (…) Lire la suite »

Poésie et révolution (9)

Bernard GENSANE
Eugène Pottier. Sur le portrait (http://nad.b3-everquest.pagesperso-orange.fr/Eugene_pottier.jpg), son regard porte loin et fort. On sent que, quand il tient la plume, il n'a pas peur. A 14 ans, il travaille douze heures par jour dans l'atelier de son père. Il compose sa première chanson à cette époque : " Vive la liberté " . Un peu plus tard, " Il est bien temps que chacun ait sa part " . Il participe à la révolution de 1848. Il adhère à la preière Association Internationale des Travailleurs en avril 1870. Membre de la Garde nationale, il est élu pour le 2è arrondissement. Il participe aux combats de la Semaine sanglante. Caché quelque part dans Paris, il écrit " L'internationale " (http://bernard-gensane.over-blog.com/article-poesie-et-revolution-2-96603059.html). Réfugié en Angleterre, il est condamné à mort par contumace en 1873. Il s'installe aux États-Unis, où il adhère à la franc-maçonnerie puis au Parti ouvrier socialiste d'Amérique. (…) Lire la suite »