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Auteur : Bernard GENSANE

Le CNRS fait commerce de publications gratuites de chercheurs français

Bernard GENSANE

Comparaison n’est pas raison, mais imaginons que Viktor et Maxime vendent à l’Agence France Presse des articles pour lesquels des contributeurs admirables ont sué sang et eau et dans la plus grande abnégation. C’est ce qui se passe dans la recherche française aujourd’hui.

Les universitaires français, en tant qu'enseignants-chercheurs doivent statutairement faire de la recherche. Ils sont payés pour cela. Cette recherche doit être publiée. En France ou ailleurs. Sauf exception rarissime, jamais un article scientifique n'est rétribué. Les revues scientifiques qui accueillent ces articles déploient des trésors d'ingéniosité et de bénévolat pour vivre ou survivre. Or depuis quelques années, l'Institut de l'information scientifique et technique (l'INIST), une unité de service du CNRS, met en vente (au prix de 11 à 50 euros pièce) des masses d'articles sans en informer, ni les directeurs de revues, ni les auteurs. Et, naturellement, sans leur demander leur autorisation. Le plus fort est que nombre de ces publications sont en accès gratuit sur internet. Seul le droit de copie (versé pour toute photocopie d'article) est reversé aux éditeurs, soit moins de 2 euros sur les 11 à 50 qui sont facturés. Installé à Vandoeuvre-les-Nancy, l'INIST a pour mission (…) Lire la suite »

Poésie et exil (6)

Bernard GENSANE
Le Grand Totor, who else ? Déjà l'un des héros d'une précédente série, bien sûr (http://bernard-gensane.over-blog.com/article-poesie-et-revolution-7-98570474.html). « S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ». Non, ce n'est pas d'Eddie Mitchell. C'est tiré d'" Ultima Verba " (Les Châtiments), douloureux poème de l'exil. Seize quatrains en alexandrins, des rimes croisées. Quel souffle ! Les Châtiments, dominés par la polémique et la satire. Face au coup d'État de Napoléon le Petit, face à la tyrannie, Hugo écrit et choisit l'exil. D'abord Bruxelles, puis les îles anglo-normandes. Sa haine pour Napoléon III est inextinguible. Le plus grand écrivain français va passer vingt ans hors de son pays. Pas dans les mêmes conditions que Déon ou Houellebecq. C'est un texte en " je " , mais Hugo écrit aussi pour tous les autres proscrits : « Si l'on est plus que mille, eh bien j'en suis ! » La conscience humaine est morte ; dans l'orgie, Sur elle il s'accroupit ; ce (…) Lire la suite »

Un héros, par Félicité Herzog

Bernard GENSANE
Le seul problème que me pose ce livre, c'est qu'il n'est pas ce qu'il dit être. Il s'affiche comme " roman " , ce qui, à l'évidence, n'est pas exact, et il prétend nous offrir un portrait de Maurice Herzog par sa fille alors que l'ancien résistant, alpiniste et ministre de droite n'est qu'un des personnages de cette sidérante saga familiale. Je dirais que le " héros " de ce livre, c'est Laurent, le frère aîné de l'auteur, celui qui a pris en pleine figure les contradictions et la névrose familiales, et qui en est mort. Le plus édifiant dans ce texte, ce n'est sûrement pas la conquête escamotée de l'Annapurna, qui nous a tant fait rêver, nous les gosses des années cinquante (http://bernard-gensane.over-blog.com/article-annapurna-premier-8000-110820389.html), c'est l'arrière-plan familial, la vieille aristocratie collaborationniste des Brissac et des Schneider face au jeune loup de droite, héros des cimes puis redoutable homme d'affaires. Avant d'être un (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique, octobre 2012

Bernard GENSANE
Que signifie la phrase « On n'a plus le temps » ? Serge Halimi apporte des éléments de réponse : « Ceux qui se désolent du manque d'attention à leur cause, à leur activité, se voient souvent opposer la même explication : « On n'a plus le temps. » On n'a plus le temps de se plonger dans un livre « trop long », de flâner dans une rue ou dans un musée, de regarder un film de plus de quatre-vingt-dix minutes. Ni celui de lire un article abordant autre chose qu'un sujet familier. Ni de militer ni de faire quoi que ce soit sans être aussitôt interrompu, partout, par un appel qui requiert d'urgence son attention ailleurs. » Les Africains recherchent du travail en Afrique, beaucoup plus qu'en Europe (Guillaume Pitron) : « Si, régulièrement, des bateaux de clandestins font naufrage en Méditerranée, neuf migrants africains sur dix vont chercher du travail au sein même du continent noir. Pays émergent, l'Afrique du Sud attire chaque année des milliers de jeunes qui prennent tous les risques (…) Lire la suite »

Eric Hobsbawm

Bernard GENSANE
Il y a un paradoxe Eric Hobsbawm : dans une Grande-Bretagne où le marxisme est un souvenir lointain, l'historien le plus respecté et admiré du pays fut membre du Parti communiste anglais de 1936 à sa mort, le 1er octobre 2012. Né (l'année de la Révolution bolchevique !) à Alexandrie dans une famille juive, Hobsbawm grandit à Vienne puis, de 1931 à 1933 à Berlin, que la famille quitte pour l'Angleterre après avoir connu les premières persécutions antisémites. Étudiant brillant au King's College de Cambridge, il obtient un doctorat d'histoire qui lui permet d'enseigner à l'université de Londres à partir de 1947. Hobsbawm est membre du groupe des historiens du Parti communiste de 1946 à 1956. Ce groupe éclate suite à l'invasion des chars soviétiques à Budapest : alors que Christopher Hill et E.P. Thompson quittent le parti, Hobsbawm choisit d'y rester, « le coeur lourd », parce qu'il se sent lié à l'espoir d'une révolution mondiale. Pour les étudiants de ma génération, son àˆre (…) Lire la suite »
Et vous n’avez encore jamais lu ce journal ?

Le Sarkophage n° 33 est paru

Bernard GENSANE

Superbe manchette du Sarkophage n° 33 :

HOLLANDREOU

JE TE VOIS !

Le Sarkophage a changé de nom et s’intitule désormais La vie est à nous !/Le Sarkophage. En espérant que, dans cinq ans, il ne faudra pas retourner à l’intitulé d’origine !

Yann Fiévet décrit le fatalisme des temps de crise : « Les habituelles insouciances de l'été combinées à l'opportune pléthore des jeux du stade sont désormais derrière nous. Allons d'emblée à l'essentiel : sur la scène politique française, les héros de la fin du printemps sont déjà fatigués. » Pour Pierre Khalfa, la gauche est au pied du mur : « une autre gauche pourrait-elle faire autrement que le gouvernement écolo-socialiste ? Quelles seraient les marges de manoeuvre possible ? Financièrement ? Socialement ? Politiquement ? Quelles idées peut-on souffler à Hollandréou ? Pour Paul Ariès, « notre vie est à nous », tandis qu'une députée socialiste expliquait récemment que l'objectif de sa gauche était de sauver le capitalisme et qu'un Premier ministre socialiste s'était rendu pour la première fois de l'histoire (en compagnie de 10 ministres) à l'université d'été du Medef. Concernant l'école, que pourrait faire la gauche, demande Francis Vergne ? Cette école qui faisait partie (…) Lire la suite »

Le blasphème : un Droit de l’Homme ?

Bernard GENSANE
Philippe Braud vient de publier, sur le site du Nouvel Observateur, un texte sur l'impossibilité du droit au blasphème. Il s'annonce comme « sociologue politique » et « expert ». De fait, Philippe Braud eut un parcours remarqué de professeur de droit. Je ne suis ni sociologue, ni politique, ni surtout expert, mais je dirai que sa démarche est, à mes yeux, inacceptable. Et totalement cul serré. D'abord, il feint de s'interroger sur l'élévation de ce droit au niveau d'un Droit de l'Homme. Cette question n'avait jamais été posée par quiconque avant lui. Je cite le début de son analyse : « A en croire certains propos tenus ces jours-ci la liberté d'expression ne saurait être soumise à la moindre limite. Un droit inaliénable et sacré, absolument intangible ; mieux encore, un dogme sur lequel veillent de sourcilleux ayatollahs qui surenchérissent avec une belle emphase sur ses implications. » La France est une république indivisible et laïque. C'est dire que, premièrement, elle ne (…) Lire la suite »
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Pourquoi rendre compte d’un livre sans intérêt ...

Laurent Binet sur la campagne de Hollande

Bernard GENSANE
Ceci est un livre sans intérêt. Alors, me direz-vous, pourquoi parler d'un livre sans intérêt. C'est que, justement, là est l'intérêt. L'auteur n'est pas en cause, sauf à dire qu'il s'est fourvoyé dans une entreprise, justement, sans intérêt. Laurent Binet est une grande et forte plume. En septembre 2011, j'avais rendu compte, pour le seconde fois, avec émerveillement, de son HHhH (http://www.legrandsoir.info/HHhH-par-Laurent-Binet.html). Je cite ici le début de cet article : C'est un des livres qui m'a la plus marqué ces dix dernières années. Un tour de force, une performance littéraires. Il y a vingt ans, j'ai passé une semaine à Prague : sept jours d'émerveillement à raison de dix heures de marche quotidienne. Avant de quitter cette sublime cité, j'ai fait un petit détour de quelques centaines de mètres pour me recueillir à l'endroit où Heydrich avait été assassiné. Dans ce lieu assez quelconque de la ville, j'ai pensé, de manière tout à fait banale, qu'il ne faudrait jamais (…) Lire la suite »

Poésie et exil (5)

Bernard GENSANE
On peut être mécréant et éprouver une réelle sympathie pour Félicité Robert de Lammenais. Il est parti de la bonne vraie droite traditionaliste pour épouser les idées de gauche de la Révolution de 1848. Il refusera même les derniers sacrements avant de mourir en février 1854. Lorsque la France s'industrialise durant la première moitié du XIXe siècle, Lammeanis dénonce l'arrogance du capitalisme et le sort qu'il réserve aux classes populaires. Il désapprouve le Concordat de 1801 qui a fait des prêtres de simples fonctionnaires de l'État français et s'oppose au gallicanisme, une idéologie qui veut placer la religion sous la tutelle du gouvernement. En avance de deux génération sur les républicains laïcs, il réclame la séparation de l'Église et de l'État : « Nous sommes payés par ceux qui nous regardent comme des hypocrites ou des imbéciles et sont persuadés que notre vie tient à leur argent. Leur traitement est si injurieux que des hommes qui le souffrent tombent nécessairement (…) Lire la suite »

L’argent sans foi ni loi, par M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot

Bernard GENSANE
Lire les Pinçon-Charlot est toujours utile : Ils sont précis, rigoureux, posent les questions utiles et apportent les bonnes réponses. Dans ce dernier ouvrage, ces grands connaisseurs de ceux qu'ils appellent « les riches » expliquent comment l'argent est devenu, par-delà tous les principes moraux ou religieux, et en se jouant des droits des personnes, la valeur suprême de nos existences individuelles et collectives. Pour les auteurs, le monde est divisé en trois classes : un prolétariat qui subit des formes d'exploitations de plus en plus brutales, des classes moyennes, précarisées, divisées et déboussolées par la prétendue « crise », et la classes dominante, celle qui a gagné - comme disait Warren Buffet - la « guerre » des classes parce qu'elle est solidaire, organisée, et parce que, selon une approche sartrienne, elle est « la seule classe sociale en soi et pour soi. » Aux États-Unis, tout à commencé avec la fin de l'indexation du dollar sur l'or décidée par Nixon, lorsque (…) Lire la suite »