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Auteur : Bernard GENSANE

Le fichage de huit millions d’enfants britanniques

Bernard GENSANE
Le Sunday Times et la presse britannique ont relayé cette nouvelle plus que préoccupante : outre-Manche, le gouvernement a suscité la création d'une base de données pour ficher huit millions d'enfants. On ne dira jamais assez à quel point Orwell fut visionnaire dans sa dénonciation du totalitarisme latent dans un pays qui avait en horreur les cartes nationales d'identité et où les bobbies déambulaient dans les rues sans arme. Il y a près de soixante-cinq ans, il instruisit le procès du stalinisme et du nazisme avec 1984, mais il prit bien soin de situer l'action en Angleterre, pays appartenant à un continent - incluant les États-Unis, soumis à une implacable dictature. Le capitalisme financier, c'est l'écrasement définitif des pauvres (et des moins pauvres) par les riches, dans le cadre d'un État fort, très régalien, archi-fliqué. Les caméras de vidéo, omniprésentes dans Londres (et ailleurs), n'ont pas empêché les cinquante-six morts et les sept cent blessés, victimes des (…) Lire la suite »
Qu’importe si ces grosses têtes (et épais portefeuilles) se trompent : elles donnent toutes de la même voix et les médias leur mangent dans la main.

Laurent Mauduit. Les Imposteurs de l’économie.

Bernard GENSANE

Serge Halimi expliquait autrefois pourquoi il ne voulait jamais débattre avec un antagoniste ne partageant pas ses opinions en matière d’économie : dans la mesure où la doxa du capitalisme financier était aussi « évidente » que 2 et 2 font quatre ou que l’eau est mouillée, un débatteur voulant affirmer un point de vue contraire devait consacrer la moitié de ses explications à ramer contre le courant.

Laurent Mauduit a vu le « quotidien de référence » Le Monde se colombaniser et s'alainminciser au service de l'idéologie libérale. Il a ensuite fondé Mediapart avec Edwy Plenel. Dans son dernier livre, il décrit de manière très rigoureuse, et avec une foultitude de détails, ce qu'il appelle le capitalisme de connivence ou de collusion, un système que fait vivre et prospérer, masquée ou à visage découvert, une élite politique, financière et médiatique qui ne se soucie guère de la volonté démocratique car elle a pris tous les pouvoirs essentiels et n'est pas prête à les lâcher. Le tout au service de la bande du Fouquet's. Mauduit dénonce en priorité cette nouvelle « République des professeurs », bardés de diplômes, qui a profité de la LRU pour faire entrer la finance dans l'Université et qui règne dans les médias à coups d'oracles souvent démentis par les faits. On pense à Daniel Cohen, proche de DSK, de l'École normale supérieure, incapable d'évaluer la gravité de la crise de (…) Lire la suite »
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Le Sarkophage n° 33

Bernard GENSANE
Dans Le Sarcophage (La vie est à nous) n° 33, Paul Ariès glorifie le droit à l'expérimentation : « Le gouvernement, en choisissant de nommer Louis Gallois Commissaire général à l'investissement puis en lui confiant une mission sur la compétitivité, savait ce qu'il faisait. Les propositions de Gallois, si elles reprennent en partie, celles de la Fabrique de l'industrie et celles du Club de pensée Confrontations Europe, épouse aussi celle de feu la commission Attali. Noël Mammère établit un lien entre mariage homo et « ignorance et peur de soi » : « Nous sommes du côté de l'émancipation humaine, pour l'égalité des droits, contre toute forme d'obscurantisme ! » Raoul-Marc Jennar estime que l'Union européenne agit contre les peuples : « Les gauches antiproductivistes ont perdu une nouvelle bataille avec l'adoption du traité budgétaire européen, avec les seules voix de la gauche gouvernementales inféodée à Hollandréou. Le traité Merkozy est donc subitement devenu défendable avec (…) Lire la suite »

Poésie et exil (9)

Bernard GENSANE
" Les litanies de la souffrance " : un texte superbe du poète arménien Johannès Toumanian (1869-1923). L'oeuvre de cet écrivain a été traduite dans une douzaine de langues. Mon Dieu mes jours ont fui comme fumée, Mes os séché comme broussailles, Mon coeur tari ; herbe fauchée, La douleur m'aveuglant, j'ai perdu mon chemin. J'ai rongé du pain dur en pays étranger ; Nul repos sur la route ; Le jour, je percevais de longs cris d'agonie, Et la nuit je pleurais jusqu'au lever du jour. Tel un hibou, j'ai rôdé dans les ruines ; Passereau solitaire, sous le toit je demeure ; La souffrance a mangé mes forces… A quand, mon Dieu, la délivrance ? Traduction : Vahé Godel. http://bernard-gensane.over-blog.com/ Lire la suite »

Poésie et exil (8)

Bernard GENSANE
Louise Michel : " Le Chant des captifs " Tiré de Souvenirs de Calédonie. Ayant refusé toute mesure de clémence ou de grâce, Louise Michel ne rentra en France qu'en 1880, après une loi d'amnistie complète pour tous les Communards. Son exil lointain dura sept ans. A l'occasion de la diffusion de son téléfilm sur Louise Michel en 2009, Solveig Anspach déclara : « J'ai l'impression que la Commune et Louise Michel résonnent très fort aujourd'hui. Elle dit des choses qui font écho à ce que vivent aujourd'hui les gens au quotidien, pas seulement les femmes, mais les gens dans la misère, les ouvriers, les travailleurs ou les sans-papiers. » Ici l'hiver n'a pas de prise, Ici les bois sont toujours verts ; De l'Océan, la fraîche brise Souffle sur les mornes déserts, Et si profond est le silence Que l'insecte qui se balance Trouble seul le calme des airs. Le soir, sur ces lointaines plages, S'élève parfois un doux chant : Ce sont de pauvres coquillages Qui le (…) Lire la suite »

L’idéalisme d’Olivier Bellamy

Bernard GENSANE
J'ai toujours apprécié la personnalité et le travail d'Olivier Bellamy. En particulier son art discret de la mise en valeur de ses invités, surtout quand ils n'ont pas grand-chose de définitif à dire sur la musique. J'ai pourtant décidé, il y a un certain temps, de ne plus écouter son émission quotidienne de Radio Classique. Pour la raison - qui surprendra peut-être - que j'avais découvert, en lisant assidûment le blog de l'émission, qu'une forte minorité d'auditeurs était du genre à voter « Bleu Marine » sans tabous, et à exprimer sans retenue leur positionnement d'extrême droite, voire carrément des idées racistes. Avant cela, j'avais échangé quelques courriels avec Bellamy, tantôt en pleine empathie, tantôt dans une humeur courroucée et acidulée. Il m'avait répondu avec beaucoup de courtoisie, ne se rendant pas compte - peut-être par excès de sensibilité - que ses démons (http://www.legrandsoir.info/Musique-classique-et-capitalisme.html) étaient aussi visibles que son nez au (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique, novembre 2012

Bernard GENSANE
Dans le numéro du Monde Diplomatique de novembre 2012, Serge Halimi aborde le problème de la « défiance envers les États » : « Les chances d'un candidat à la Maison Blanche ayant fait fortune dans la finance spéculative auraient dû être nulles quatre ans après une crise provoquée par des banques privées que les contribuables ont sauvées du désastre. Mais l'incertitude du scrutin américain jusqu'aux derniers jours s'explique sans doute par la défiance croissante envers les interventions de l'État. Laquelle tient à plusieurs raisons. » Un article remarquable de Christine Jakse sur la baisse sans fin des « charges » patronales : « Les discussions autour du rapport de M. Louis Gallois sur la compétitivité des entreprises françaises mettent l'accent sur la réduction des « charges ». Elles alimentent un débat biaisé. Patronat et gouvernement agissent en effet comme si les cotisations sociale - le vrai nom desdites « charges » - étaient un prélèvement indu qui handicape le développement (…) Lire la suite »

Poésie et exil (7)

Bernard GENSANE
Toujours le grand Totor. " En quittant Bruxelles " est de 1872, publié dans L'Année terrible. Un texte d'une grande force, qui exprime admirablement la déchirure, la perte des repères. « Songer […] aux fleurs qu'avec des mains d'enfant on a cueillies ». Écrire cela à soixante-dix ans, c'est bouleversant. Ah ! ce n'est pas aisé, suivre la voie étroite, Donner tort à la foule et rester l'âme droite, Protéger l'éternelle équité qu'on meurtrit. Quand le proscrit l'essaie, on redonne au proscrit Toute la quantité d'exil dont on dispose. Pourtant n'exile point qui veut. C'est une chose Inexprimable, affreuse et sainte que l'exil. Chercher son toit dans l'ombre et dire : Où donc est-il ? Songer, vieux, dans les deuils et les mélancolies, Aux fleurs qu'avec des mains d'enfant on a cueillies, A tel noir coin de rue autrefois plein d'attrait A cause d'un regard furtif qu'on rencontrait ; Se rappeler les temps, les anciennes aurores, Et dans les champs (…) Lire la suite »

Subir les mots du capitalisme financier

Bernard GENSANE

Le langage se nourrit d’expressions toute faites, d’expressions qui figent ou orientent la pensée et font des locuteurs des handicapés conceptuels : « forces vives », « opinion publique », « insécurité », « fracture sociale ». Boudieu disait qu’elles étaient « sémantiquement à peu près indéterminées, banalisées et polies par l’usure d’un long usage automatique, qui fonctionne comme des formules magiques. »

Comme l'expliquait Umberto Eco, les humains ont inventé le langage pour dire ce qui n'est pas là . Quand je susurre au téléphone à quelqu'un : « je pense à toi », le seul mot qui renvoie à une réalité vraie, c'est « je ». En effet, rien ne dit qu'à ce moment précis je « pense », ni que je pense à « toi ». A partir de là , tout est possible : un arriviste raciste allemand peut se qualifier de socialiste alors qu'il est le pantin des banques et des grands conglomérats de son pays. Un général très étoilé peut montrer au monde entier une capsule de « poison mortel » alors qu'il tient dans la main de la poudre de perlimpinpin. Et puis un surdoué de l'écriture peut aussi nous raconter l'histoire d'un pauvre type qui « dort » dans un « val ». En 2009, une équipe d'universitaires a mis au point un Lexique Usuel Critique de l'Idéologie Dominante Economique et Sociale pour l'Institut d'histoire sociale de la CGT dans lequel elle analysait les mots et expressions forgés ou détournés par les (…) Lire la suite »
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33 vainqueurs du Tour de France et le dopage

Bernard GENSANE

Les lecteurs du Grand Soir ont enfin un point commun avec l’ami de George Bush Lance Armstrong : ils n’ont pas gagné le Tour de France. A l’occasion de la sanction sans précédent infligée au coureur étatsunien, Le Grand Soir reprend une note de lecture publiée récemment par Bernard Gensane sur son blog, consacrée au livre de Jean-Pierre Mondenard : Tour de France, 33 vainqueurs face au dopage entre 1947 et 2010. Paris : Hugo et Compagnie, 2011.

LGS

A juste titre, Mondenard part du principe que le dopage est un phénomène culturel. Il s'est en effet passé quelque chose d'assez étrange durant la seconde moitié du XIXe siècle : lorsque les Britanniques (principalement) ont entrepris de réglementer les principaux sports, ils les ont humanisés. Ainsi, le football serait pratiqué sur des terrains de 100 mètres de long et non plus dans telle ou telle pâture longue de 2 miles. Les matchs dureraient 90 minutes et pas tout l'après-midi. Les boxeurs combattraient avec des gants dans 15 épisodes de 3 minutes et non pas à poings nus jusqu'à ce que l'un des deux protagonistes s'écroule à moitié mort. Concernant le cyclisme, la démarche fut exactement l'inverse. Sur piste, on inventa des courses de six jours quasiment sans interruption, et sur route, on concocta, avant même l'apparition du Tour de France, des épreuves de 1000 kilomètres sans étapes pour des bougres qui roulaient à 25 km/h de moyenne. Il était impossible à ces sportifs (…) Lire la suite »
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