Serge Halimi expliquait autrefois pourquoi il ne voulait jamais débattre avec un antagoniste ne partageant pas ses opinions en matière d’économie : dans la mesure où la doxa du capitalisme financier était aussi « évidente » que 2 et 2 font quatre ou que l’eau est mouillée, un débatteur voulant affirmer un point de vue contraire devait consacrer la moitié de ses explications à ramer contre le courant.
Le langage se nourrit d’expressions toute faites, d’expressions qui figent ou orientent la pensée et font des locuteurs des handicapés conceptuels : « forces vives », « opinion publique », « insécurité », « fracture sociale ». Boudieu disait qu’elles étaient « sémantiquement à peu près indéterminées, banalisées et polies par l’usure d’un long usage automatique, qui fonctionne comme des formules magiques. »
Les lecteurs du Grand Soir ont enfin un point commun avec l’ami de George Bush Lance Armstrong : ils n’ont pas gagné le Tour de France. A l’occasion de la sanction sans précédent infligée au coureur étatsunien, Le Grand Soir reprend une note de lecture publiée récemment par Bernard Gensane sur son blog, consacrée au livre de Jean-Pierre Mondenard : Tour de France, 33 vainqueurs face au dopage entre 1947 et 2010. Paris : Hugo et Compagnie, 2011.
LGS