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Le Monde Diplomatique, novembre 2012

Dans le numéro du Monde Diplomatique de novembre 2012, Serge Halimi aborde le problème de la « défiance envers les États » : « Les chances d’un candidat à la Maison Blanche ayant fait fortune dans la finance spéculative auraient dû être nulles quatre ans après une crise provoquée par des banques privées que les contribuables ont sauvées du désastre. Mais l’incertitude du scrutin américain jusqu’aux derniers jours s’explique sans doute par la défiance croissante envers les interventions de l’État. Laquelle tient à plusieurs raisons. »

Un article remarquable de Christine Jakse sur la baisse sans fin des « charges » patronales : « Les discussions autour du rapport de M. Louis Gallois sur la compétitivité des entreprises françaises mettent l’accent sur la réduction des « charges ». Elles alimentent un débat biaisé. Patronat et gouvernement agissent en effet comme si les cotisations sociale - le vrai nom desdites « charges » - étaient un prélèvement indu qui handicape le développement économique. Or les cotisations constituent d’abord une part du salaire.

Entre 1982, année du « tournant de la rigueur », effectué par la gauche alors au pouvoir, et 2010, la part des salaires (net cotisations sociales) dans la richesse produite chaque année en France - la valeur ajoutée - a reculé de huit points. Cette évolution résulte d’une double décision politique. D’une part, durant cette période, l’augmentation des salaires nets a été très limitée. D’autre part, les taux de cotisations sociales n’ont cessé d’augmenter, alors même que les besoins correspondants ne cessaient de croître. Le gel de la cotisation patronale vieillesse intervient dès 1979 ; celui de la cotisation patronale santé, en 1984. Puis vient le tour de la cotisation patronale chômage en 1993, de la cotisation salariale au milieu des années 1990 et de la cotisation patronale de retraite complémentaire (Agirc et Arrco) en 2001. Parallèlement, les politiques d’exonération ou de réduction des cotisations sociales se sont développées, passant d’un montant de 1,9 milliards d’euros en 1992 à 30,7 milliards en 2008. C’est l’impôt - et donc le contribuable - qui compense le manque à gagner pour la Sécurité sociale. Comme tout malade, chômeur, parent ou retraité l’aura remarqué, le mouvement entraîne une dégradation des prestations correspondantes, c’est-à -dire de son salaire. Le résultat : un transfert sans précédent. En cumul depuis 1982, la déformation du partage de la richesse a fait basculer l’équivalent de 1100 milliards d’euros de salaire brut et 400 milliards d’euros de cotisations patronales des salaires vers les profits. »

Alain Gresh a coordonné un dossier sur « l’islam à l’épreuve du pouvoir » : « Une puissante vague islamiste issue d’une alliance entre Frères musulmans, salafistes et émirs du Golfe semble submerger le monde arabe. A y regarder de plus près, le Coran n’est pourtant pas la boussole qui permet de naviguer dans le paysage politique régional. »

Éric Rouleau revient sur « 1967, la défaite qui a tout changé » : dans un essai qui vient de paraître chez Fayard, il raconte « l’émergence de l’islamisme politique au lendemain de la défaite arabe, puis la manière dont se forgea une alliance entre les Frères musulmans et le président Anouar El-Sadate. »

A lire un texte d’Hèla Yousfi sur l’UGTT, « Ce syndicat qui incarne l’opposition tunisienne » : « Dix mois après l’arrivée au pouvoir d’Ennahda. Sidi Bouzid, la ville d’où est partie la « révolution de la dignité », a été à nouveau le théâtre de plusieurs mouvements revendicatifs incluant aussi bien des agriculteurs que des ouvriers du bâtiment ou des chômeurs. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a soutenu ces actions. Le 14 août 2012, elle a appelé à la grève générale pour réclamer des mesures de développement régional et exiger la libération des jeunes chômeurs arrêtés lors de manifestations violemment réprimées par la police. Le bureau local d’Ennahda, lui, a invité la base et les structures du syndicat à s’abstenir de tout engagement politique et à préserver leur indépendance. »

Alain gresh se demande si l’Égypte est passée d’une dictature à une autre : « Le président Mohamed Morsi a réussi à marginaliser l’armée. Mais il doit faire face à d’autres oppositions et au rejet que suscitent les Frères musulmans dans une partie de la société. »

Pour Wendy Kristianasen , le gouvernement marocain est sous surveillance royale : « A Rabat, le Parti de la justice et du développement dirige pour la première fois le pays. Plus conservateur que le roi sur les questions de société, il ne remet cependant pas en cause la légitimité monarchique. »

Pour Cédric Durand et Razmig Keucheyan , l’Europe est de moins en moins démocratique (« Vers un césarisme européen ») : « Ironie grinçante, encouragement ou épitaphe ? L’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union européenne, le 12 octobre dernier, peut susciter la perplexité quand, au même moment, la Banque centrale européenne et la Commission de Bruxelles mènent une guerre budgétaire contre plusieurs pays membres. Ce choix appelle en tout cas une réflexion sur la nature du régime politique de l’Union. »

Jean-Sébastien Moraétudie les « Ravages de la pêche industrielle en Afrique » : « Premier importateur de poisson de la planète, l’Union européenne a mis en place une politique commune de la pêche destinée à satisfaire les immenses besoins de ses consommateurs : 22,3 kilos par an et par personne, contre 16 kilos en moyenne dans le monde. Tout en affichant l’objectif de « préservation des ressources naturelles », ce programme encourage des pratiques industrielles destructrices jusqu’en Afrique. »

Romain Cruse évoque le « rêve » jamaïquain : « Peu de Jamaïquains s’imaginent que le nouveau plan d’ajustement structurel actuellement négocié par leur pays avec le Fonds monétaire international (le quatorzième depuis 1977) les sortira de la misère. L’industrie de la musique suscite plus d’espoirs - quitte à accepter tous les sacrifices pour tenter d’accéder à la gloire. »

Qui veut vraiment la paix au Congo ?, se demande Juan Branco : « En visite à Kinshasa pour le sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le 13 octobre dernier, le président français François Hollande a ostensiblement marqué ses distances avec son homologue congolais Joseph Kabila. Si celui-ci fait preuve d’autoritarisme, les diplomates lui reprochent surtout son incapacité à rétablir la paix dans les Kivus. »

Daniela Rojas Castro et Gabriel Girard, le mariage homosexuel est un « combat devenu mondial » : « Promise par la gauche française pendant la campagne présidentielle, la loi autorisant le mariage entre personnes du même sexe devrait être présentée à l’Assemblée nationale en janvier prochain. Tandis qu’un nombre croissant d’États, en Europe et en Amérique latine en particulier, pratiquent désormais l’égalité des droits, d’autres continuent de sanctionner l’homosexualité par la prison ou par la peine de mort. »

Serge Quadruppani évoque les « Mystères calabrais » : « Au moment où le gouvernement de M. Mario Monti, au nom de la libre concurrence, interdisait les aides de la région Calabre aux productions agricoles locales, l’écrivain Serge Quadruppani a voulu connaître de plus près la réalité sociohistorique qui sert de toile de fond aux romans de Gioacchino Criaco, dont il est l’éditeur. »

Que devient la droite française (Éric Dupin) ? : « Rapide, la déception provoquée par les premiers pas de la majorité de gauche a encouragé la droite française à croire que sa défaite n’appelait pas de remise en cause de sa part. Le 18 novembre, MM. François Fillon et Jean-François Copé s’affrontent pour diriger le principal parti d’opposition, avec l’Elysée en ligne de mire. Quant à distinguer leurs programmes… »

Dominique Vidal dévoile les « coulisses de la diplomatie polonaise » : « Voilà cinq ans que M. Radek Sikorski dirige l’action internationale de Varsovie. De l’atlantisme néoconservateur des frères Kaczynski, il est passé à l’européisme militant du premier ministre centriste Donald Tusk. Mais ce virage à cent quatre-vingts degrés constitue-t-il, comme il s’en targue, une « success story » ?

Aziz Oguz parle de l’apprentissage de l’arménien en Turquie : « Près d’un siècle après le génocide (1915-1916), soixante mille Arméniens vivent en Turquie. A Istanbul, cette communauté dispose d’un réseau d’écoles : seize établissements qui scolarisent environ trois mille élèves. Ils ont la difficile mission de faire vivre une langue et une culture, alors que la connaissance de l’arménien décline, victime de l’hégémonie du turc.

Stephanie Kleine-Ahlbrandt revient sur la « Guerre des nationalismes en mer de Chine » : « Après un face-à -face de deux mois entre navires philippins et chinois, c’est désormais du côté du Japon et des îles Senkaku/Diaoyu que se déploient les rivalités. A la mi-octobre, la marine chinoise s’est approchée des côtes contestées lors de manoeuvres militaires, tandis que le porte-avions américain USS George-Washington faisait une démonstration de force en mer de Chine méridionale. »

Un texte étonnant du Ikonotekst groupe - Artistes réunis sur une photo tout aussi étonnante : " Où va cet âne ? " : « Deux oeuvres, deux époques. Lorsqu’on le rapproche du « Radeau de la "Méduse" », de Théodore Géricault, l’âne photographié sur une barque par Paola Pivi révèle certaines des caractéristiques du monde actuel : amorphe, éclaté, résigné. Un monde que nombre d’artistes se contentent de refléter, sans instaurer avec lui de distance critique. »

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Roger Faligot. La rose et l’edelweiss. Ces ados qui combattaient le nazisme, 1933-1945. Paris : La Découverte, 2009.
Bernard GENSANE
Les guerres exacerbent, révèlent. La Deuxième Guerre mondiale fut, à bien des égards, un ensemble de guerres civiles. Les guerres civiles exacerbent et révèlent atrocement. Ceux qui militent, qui défendent des causes, tombent toujours du côté où ils penchent. Ainsi, le 11 novembre 1940, des lycées parisiens font le coup de poing avec des jeunes fascistes et saccagent les locaux de leur mouvement, Jeune Front et la Garde française. Quelques mois plus tôt, les nervis de Jeune Front avaient (…)
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"De toutes les ironies exprimées par la politique étrangère américaine, notre position vis-à -vis de Cuba est la plus paradoxale. Une forte dégradation de la situation économique a provoqué une poussée du nombre de Cubains entrant illégalement aux Etats-Unis.

Nous faisons tout ce que nous pouvons pour détériorer la situation économique et ainsi accroître le flux. Nous encourageons également cet exode en accordant aux Cubains, qui arrivent illégalement ou qui s’approchent par voie de mer, un statut de résident et une assistance pour s’installer.

Dans le même temps, nous n’avons pas respecté les quotas de visas pour les Cubains désireux d’immigrer aux Etats-Unis [...] quand Castro tente d’empêcher des cubains malheureux de quitter leur pays infortuné, nous l’accusons de violer des droits de l’homme. Mais quand il menace d’ouvrir grand les portes si nous continuons à accueillir sans limites des cubains sans visas - y compris ceux qui ont commis des actes de violence pour aboutir à leurs fins - nous brandissons des menaces imprécises mais aux conséquences terribles. "

Jay Taylor, responsable de la section des intérêts américains à Cuba entre 1987 et 1990, in "Playing into Castro’s hands", the Guardian, Londres, 9 août 1994.

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