Exit Sarkozy, mais pas exit le sarkozysme, craint lucidement Le Sarkophage.
Ce n’est qu’un début, continuons le combat, lance Paul Ariès dans son éditorial :
« Le mandat collectif du Sarkophage depuis le 14 juillet 2007 est à moitié rempli : nous avons contribué à sortir le sortant, sans jamais rien céder sur l’essentiel. Notre conviction que la victoire de Sarkozy en 2007 était d’abord la conséquence d’une gauche défaite, incapable de marier le rouge et le vert. Sarkozy a été battu. Nous n’en avons cependant pas encore fini avec le sarkozysme de droite ou de gauche. Sarkozysme de droite ? Prenons garde aux élections législatives : rien ne garantit que la droite, libérée de Sarkozy, que cette droite qui s’extrême-droitise à l’infini ne puisse pas remporter les élections législatives, même si le discrédit porté sur les forces du mépris est profond… Sarkozysme de gauche ? Le programme de Hollande ne nous convainc pas. Il reste celui de cette « gauche placebo » dont parlait Benoît Hamon, il est celui de cette gauche qui choisit le productivisme contre le Bien- vivre, les classes moyennes contre les milieux populaires, le libéralisme contre le socialisme. Non, François Hollande ne sera pas le président des pauvres après le président des riches ! La France n’en a pas fini avec les puissances de l’argent. L’autre moitié de notre raison d’être reste donc plus que jamais d’actualité : contribuer à faire naître une nouvelle gauche, une gauche antiproductiviste, une gauche du Bien-vivre, une gauche assumant son désir de socialisme gourmand. Nous entamons donc ce deuxième quinquennat avec un bel optimisme. Oui, quelque chose s’est produit dans la campagne du Front de gauche et a contribué à sa victoire, quelque chose qui peut laisser penser que nos idées antiproductivistes bénéficient désormais d’un vent beaucoup plus favorable. Jamais dans l’histoire politique française et européenne, un Appel à la constitution d’un Front de gauche antiproductiviste et objecteur de croissance n’avait été possible, jamais il n’aurait
obtenu autant d’écho, autant de signatures. Jamais les perspectives de faire converger toutes les gauches antiproductivistes et les écologistes antilibéraux n’auront été aussi fortes qu’aujourd’hui… »
Yann Fiévet explique pourquoi nous n’en avons pas fini avec le sarkozysme qui a « inoculé au fil des ans à la société française divers poisons qui pourraient se révéler résistants ou mortifères. »
L’économiste Jean Gadrey plaide pour le bien-vivre et les biens communs contre l’austérité : « Ni rigueur ni relance, même de gauche ! La résolution des grands problème sociaus, écologiques, politiques n’est pas du côté du productivisme, du côté de la rilance, mais du côté des biens communs, de la gratuité du service public, du bien-vivre. »
Selon Aurélien Bernier, l’écologie n’est pas un projet politique : « La campagne électorale n’a pas été à la hauteur de la menace que le capitalisme et le productivisme font peser sur la planète et l’humanité. Quelles leçons tirer de cet effacement des questions écologiques ? »
Paul Ariès s’entretient avec Jean Ziegler de la famine, qui est un « scandale politique, pas une pénurie » : « La question de la faim dans le monde a été absente de la campagne électorale. Nous sommes pourtant convaincus qu’il ne peut y avoir de justice sociale en France sans justice sociale mondiale, de justice climatique en France sans justice climatique mondiale. » Or « les fonds spéculatifs et les grandes banques ont migré après 2008 vers les marchés des matières premières, notamment celui des matières premières agricoles. Si l’on regarde les trois aliments de base qui couvrent 75% de la consommation mondiale, leur prix a explosé. En 18 mois, le prix du maïs a augmenté de 93%, la tonne de riz est passée de 105 à 1010 dollars, et la tonne de blé a doublé depuis septembre 2010. »
François Polet propose de reconstruire les États, « nouvelle frontière de l’ingérence » : « une justice sociale et climatique à l’échelle mondiale suppose un transfert des ressources financières, mais aussi un transfert de pouvoir. Que penser du fait que le state building devienne une modalité majeure de l’action des puissances occidentales à la périphérie du système international ? »
Hacène Belmessous estime qu’il y a « urgence démocratique en banlieue » : « La banlieue absente du débat de l’élection présidentielle 2012 ? Comme en 2002 et en 2007, cette campagne s’est déroulée au révélateur de la haine de l’Autre. »
Aline Pailler a vu dans les récentes élections une « course à l’échalote » : « La presse, après avoir violemment combattu la critique radicale, a tenté de la dévoyer en l’intégrant dans ses pages débats. »
Le sophiste Laurent Paillard nous invite à réfléchir à cette proposition toute bête : « Il ne faut pas dire Travail, Mérite, Racisme, mais Liberté, Égalité, Fraternité ».
Élisabeth Weissman (http://www.legrandsoir.info/La-Desobeissance-ethique-par-Elisabeth-Weissman.html) revient sur la désastreuse politique de Sarkozy en matière de police : « Les policiers sont pris dans les rets d’une idéologie consistant à stigmatiser toute une partie de la population qu’on leur demandera d’aller mater sans autre objectif que d’épater la galerie. »
Frédéric Denhez, qui n’oublie pas qu’une minute de recherche sur Google égale vingt grammes de carbone, affirme que ce même carbone est la caution du système : « il faut repartir au combat pour la justice climatique ».
Pierre Zarka propose d’en finir avec le « fétichisme de l’État » : « L’intérêt des expériences malheureuses des socialismes du XXe siècle est qu’elles obligent à se remettre en cause. La gauche n’en appelle-t-elle pas trop facilement aux valeurs de la République ? Les Soviétiques ont eu le Petit père des peuples, nous avons eu Tonton. »
Florent Bussy plaide pour une société harmonieuse dans la modernité : « Une décroissance réactionnaire ? Nein Danke ! La libération projetée par la modernité a pris la forme d’une séparation entre les hommes et la nature, entre le passé et l’avenir, entre le calcul et la sensibilité. »
Léo Coutellec plaide pour un autre rapport aux savoirs (Slow Science) : « Bien plus qu’une crise de la science, la période actuelle dessine plutôt les contours d’une profonde crise du concept de science caractérisée comme étant à la fois une crise des institutions et des politiques scientifiques et une crise épistémologique et éthique à propos des savoirs. »
Benoît Schneckenburger estime que « l’accusation de populisme sert les desseins antidémocratiques » : « La vraie droite et la fausse gauche se retrouvent pour dénoncer le populisme. Dire " Place au peuple ! " , populisme ! Vouloir prendre aux riches pour rendre aux pauvres ? Populisme ! Parler d’autogestion ? Populisme ! »
Laurent Chambon s’efforce de comprendre le succès du Front National : « L’échec relatif de Sarkozy ne signe pas forcément l’échec de la collaboration entre la droite française et l’extrême droite. Ce qui compte le plus dans le succès de l’extrême droite européenne est la veulerie de la droite gouvernementale. »