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Le Monde Diplomatique (août 2012)

Un numéro passionnant. Même pendant les vacances, ils sont bons !

Dans " Le monde des gredins " , Serge Halimi revient sur le scandale financier du Libor :

« Dans le scandale financier relatif à la fixation frauduleuse d’un taux interbancaire britannique " le London InterBank Offered Rate (Libor) ", on hésite à identifier le policier véreux, tant les prétendants au rôle sont nombreux. Chaque jour, une vingtaine de grands établissements financiers (Barclays, Deutsche Bank, HSBC, Bank of America, etc.) fixent le niveau du Libor. Lequel sert d’étalon à des transactions d’un montant total de 800 000 milliards de dollars (non, il n’y a pas d’erreur d’impression), notamment sur le marché des produits dérivés. Les sommes en cause sont à ce point pharaoniques qu’elles encouragent la presse non financière à concentrer son attention sur des peccadilles, mais à échelle humaine : parents qui touchent des allocations familiales sans s’assurer de la présence de leurs enfants à l’école, salariés grecs qui complètent leur pauvre ordinaire en travaillant au noir. Haro sur eux ; les foudres des gouvernants et de la Banque centrale européenne leur sont réservées. »

Un article fouillé de Frédéric Lordon sur Peugeot : " Peugeot, choc social et point de bascule " :

« Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont défilé dans toute l’Espagne, en juillet, pour dénoncer le durcissement de l’austérité. Au point d’inquiéter le président du Parlement européen, M. Martin Schulz. « Une explosion sociale menace », a-t-il prévenu. En France, la crise se rappelle brutalement au bon souvenir du monde politique, jusqu’ici accaparé par les échéances électorales, avec une vague de fermetures d’usines. Le gouvernement, qui a fait de la réindustrialisation l’une de ses priorités, se trouve désormais dos au mur. »

Pour Allan Popelard et Paul Vannier, Las Vegas est le stade suprême des États-Unis :

« Jugeant qu’une victoire dans le Nevada sera décisive lors de l’élection présidentielle américaine du 6 novembre prochain, les deux principaux candidats y ont engagé des sommes dépassant l’entendement. A Las Vegas, métropole de cet État et capitale du jeu, tout est démesuré. A commencer par l’urbanisme, qui isole les individus et corrode les rapports sociaux. »

Michael Hartmann pense que la classe dirigeante mondiale n’est pas si globale que ça :

« Délocalisations pour les uns, rémunérations stratosphériques pour les autres : doublement profitable pour ceux qui l’énoncent, le discours sur la mondialisation justifie à la fois la concurrence qui « s’impose » aux salariés et les privilèges dont jouit une jet-set présentée comme supranationale. Une étude minutieuse montre pourtant que les bases de cette élite autoproclamée restent nationales. »

Très bon article d’Alexander Zevin sur The Economist, un hebdo dont je puis assurer que, lorsque je le lisais quand j’étais étudiant pour le cours de Bernard Cassen (ancien directeur du Monde Diplomatique), il n’était pas aussi à droite qu’aujourd’hui (on a le vertige devant la droitisation de la planète depuis 40 ans) :

« Quel point commun entre le soutien à la guerre d’Irak et à la légalisation des drogues, la condamnation de WikiLeaks et celle du « Léviathan étatique », la célébration du libéralisme et l’appel au renflouement des banques ? Ces positions ont toutes été défendues par une même publication : « The Economist ». Lequel, chaque semaine, tend un miroir flatteur aux classes dominantes. »

Aucun mur n’est infranchissable, même la frontière entre l’Inde et le Bangladesh (Elizabeth Rush) :

« Après un quart de siècle d’efforts, l’Inde compte bien finir, cette année, de clôturer sa frontière avec le Bangladesh : 3 286 kilomètres, soit la barrière géopolitique la plus longue du monde. Mais ce mur, prouesse du nationalisme, s’avère moins infranchissable qu’on ne l’imagine. Tant de choses passent à travers : des gens, une langue commune, du bétail, de l’ail, des saris, des épices, du sirop contre la toux, des ustensiles de cuisine et quatre millénaires d’histoire bengalie. »

Comme nous avons tous la mémoire courte, Christian Parenti revient sur l’expérience communiste en Afghanistan :

« Interrogé par « Le Monde » sur le départ, prévu en 2014, des troupes occidentales d’Afghanistan, l’ambassadeur russe à Kaboul n’a pu s’empêcher d’évoquer l’expérience " et les erreurs " de l’Union soviétique dans les années 1980. Mais il y a trente ans, l’URSS s’appuyait sur un mouvement communiste autochtone. Lequel, indocile et divisé, a précipité l’engagement de Moscou dans un conflit meurtrier. »

Hana Jaber se demande si l’on s’achemine vers un printemps jordanien :

« La puissante organisation des Frères musulmans de Jordanie a décidé de boycotter le scrutin législatif qui devrait avoir lieu avant la fin de l’année. En cause, une loi électorale qui favorise des zones tribales et, plus largement, les réticences du roi à entreprendre de véritables réformes. »

Pour Nicolas Dot-Pouillard, La crise syrienne déchire les gauches arabes :

« Au contraire des révoltes égyptienne et tunisienne, l’insurrection syrienne de mars 2011 n’a pas fait l’unanimité au sein des gauches arabes. Entre sympathie envers les revendications démocratiques des manifestants et crainte des ingérences politiques et militaires extérieures, les dissensions s’exacerbent. »

Dean Baker pense que la course aux brevets n’est qu’une prime aux gâchis :

« Victoire aigre-douce pour la société Samsung dans le conflit juridique qui l’oppose à Apple : la justice britannique a estimé que sa tablette ne plagiait pas celle de la marque à la pomme puisqu’elle n’était pas « aussi cool ». La guerre des brevets se poursuivra néanmoins, absorbant des millions de dollars au prétexte de protéger l’innovation. Mais n’existerait-il pas d’autres moyens de stimuler l’invention de choses utiles ? »

Joan Deas explique pourquoi A Gaza, la mer rétrécit :

« La Méditerranée a toujours revêtu une importance majeure pour la population de Gaza. Elle est un horizon sans limites qui, depuis des décennies, aide à supporter le poids du conflit israélo-palestinien. Mais pour les pêcheurs toujours en activité, la mer est devenue, ces dernières années, synonyme de danger et de frustration. »

La contestation est désormais sonore en Angola (Alain Vicky) :

« A la veille d’élections générales sans grandes incertitudes, un fossé se creuse entre la société angolaise et le régime vieillissant du président José Eduardo dos Santos. La jeunesse luandaise exprime ses frustrations dans le kuduro, un genre musical qui s’est diffusé bien au-delà du pays. »

Une magnifique double page sur Victor Hugo peintre, par Gilles Lapouge :

« Un jour, Annie Le Brun se voit proposer par Gérard Audinet, directeur de la Maison de Victor Hugo, place des Vosges à Paris, et de celle de Hauteville House, à Guernesey, une « exposition carte blanche ». Cette carte blanche la fascine. Elle va la remplir de noir " ces « arcs-en-ciel du noir » que les dessins de Victor Hugo font lever et qui ont donné son titre à une exposition saisissante. »

Un article étonnant de l’écrivain chilien Luis Sepúlveda sur l’Espagne en crise :

« Tout récit a pour point de départ un lieu et un moment déterminés. La crise m’affecte directement : nombre de mes amis espagnols sont en train d’en subir toute la furie dévastatrice. Ils sentent que l’avenir est jalonné d’incertitudes et voient, stupéfaits, la normalité d’un pays européen se disloquer jour après jour, emportée dans la course folle d’un pouvoir à deux têtes, le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), incapables l’un comme l’autre de fournir la moindre explication à ce qui a mal tourné hier, à ce qui tourne mal aujourd’hui, et surtout à ce qui pourrait tourner plus mal encore demain.

On suppose que le rôle d’un gouvernement est de façonner le récit de la société, de ses contradictions et de ses problèmes ; or un tel récit n’existe pas et n’a jamais existé en Espagne. Et ce pour la bonne raison que, depuis la mort de Franco et le début de la transition vers la démocratie, les responsables politiques ont érigé la paresse intellectuelle en marque de fabrique. Jamais n’a été pensé un modèle de fonctionnement viable pour le pays. Lorsqu’on relit, comme je l’ai fait, les déclarations au Parlement ou les discours électoraux, on y cherche en vain la moindre expression d’une idée pour la société espagnole.

Le seul homme d’Etat qui ait jamais entrepris un tel récit fut Manuel Azaña, le dernier président de la République avant le coup d’Etat franquiste. Il n’y en eut pas d’autre, parce que la grande carence de l’Espagne tient à l’inexistence d’une bourgeoisie éclairée, qui découle elle-même de l’absence d’hommes d’État.

La seule déclaration marquante, c’est la devise du dirigeant chinois Deng Xiaoping, citée en son temps par Felipe González : « Peu importe que le chat soit blanc ou noir, du moment qu’il attrape les souris. » A partir de cette métaphore, dont la signification a fini par s’imposer à toutes les situations sociales, économiques, culturelles et politiques du pays, je vais tenter de construire un récit qui permette de comprendre ce qui s’est passé, ce qui se passe et pourquoi. En tant que citoyen européen, j’ai besoin d’un récit qui rende intelligible notre présent de cauchemar et qui m’aide à trouver la sortie, avant qu’il ne s’empare de moi, tel le portrait maudit de Dorian Gray. »

Philippe Rivière explique pourquoi, paradoxalement, « l’àŽle de Man est sur orbite » :

« Un voyage touristique autour de la Lune ? Depuis le 19 juin, le ticket est à 20 millions de dollars. Si la première course à l’espace opposait deux grandes puissances " les États-Unis et l’Union soviétique ", les armateurs spatiaux du XXIe siècle sont des entreprises privées, comme la société américaine Space Adventures, ou encore Excalibur Almaz, basée… sur l’île de Man. »

Karim Basbous se demande si l’on peut à la fois bâtir ou vriller :

« Contrairement à l’art, l’architecture consiste à concevoir des objets utiles, destinés à s’inscrire dans un environnement unique et à remplir une fonction précise. Les récentes décennies ont pourtant vu se multiplier des oeuvres conceptuelles et narcissiques, indifférentes à ces deux vocations. »

Et Alain Develpo dénonce l’art des grands projets inutiles :

« Les grands projets d’aménagement du territoire ne visent pas toujours à satisfaire des besoins. Pour vendre la construction d’une ligne de train à grande vitesse que peu de gens souhaitent utiliser ou celle d’un aéroport dans une région qui n’en nécessite pas, ingénieurs, promoteurs et maîtres d’ouvrage rivalisent d’habileté et de rhétorique. Justifier l’inutile est devenu une véritable culture dont on peut saisir les règles, les rites et les rythmes en lisant la conclusion d’un séminaire - fictif - sur le sujet. »

http://bernard-gensane.over-blog.com/

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