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Auteur : Bernard GENSANE

Faut-il interdire le "foulard" islamique à l’université ?

Bernard GENSANE
S’agit-il d’un foulard, c’est-à-dire d’un bout de tissu carré que les femmes (ou les hommes : le bandana) se mettent sur la tête, comme les ouvrières du textile quand il y avait encore du textile en France ? S’agit-il de la tente de camping noire à l’iranienne qui ne laisse apparaître – et encore pas toujours – que les yeux de la personne ? Ce n’est pas tout à fait la même chose. Ne pas admettre qu’il existe, parmi les musulmans du monde entier, des activistes au sens propre du terme, c’est se … voiler la face. Nous en sommes au point où les pratiques et le discours religieux (pas seulement musulman, bien entendu) sont en train de devenir la norme, les pratiques et le discours laïcs tendant à apparaître comme une gêne, une aberration, quelque chose à combattre séance tenante. Le pire étant l’intériorisation acceptée de cette évolution. Pour certains penseurs de l’islam comme Tarik Ramadan, la laïcité, donc la République, sont des moments de l’histoire, pour ne pas dire des (…) Lire la suite »
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José Herrera Petere et Arturo Serrano Plaja

Poésie et exil (17)

Bernard GENSANE
José Herrera Petere est né en 1909 à Guadalajara et est mort à Genève en 1977. Il était le fils du IIe président de la République espagnole en exil, Emilio Herrera. Il est l’auteur, entre autres de Dimanche, vers le sud (Hacia el sur se fue el domingo), publié en français par Seghers et de ¿Por qué no estamos en España ? (Pourquoi ne sommes-nous pas en Espagne ?). Le très court poème suivant exprime la condition des travailleurs espagnols émigrés, sans nom, et même sans voix : GARE EN EUROPE Exportation d’esclaves La valise sur l’épaule Les Espagnols arrivent Mordus par les lézards Sans soleil ni famille Va dehors et travaille Et envoie des devises Gare à toi ! Si tu parles au retour Disant à tes voleurs Que tu veux une patrie ! (Trad. : Alfonso Jimenez) Également né en 1909, on pourrait mentionner, dans la même veine, Arturo Serrano Plaja lorsqu’il chantait de manière dramatique l’exil intérieur des travailleurs de ce qui était à l’époque une terre de (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique, août 2013

Bernard GENSANE
Serge Halimi, dans son éditorial de la livraison d'août 2013, revient sur la situation extrêmement tendue en Égypte : « Ils avaient juré qu’ils ne brigueraient pas la présidence égyptienne. Ce premier serment rompu, les Frères musulmans devaient apporter « pain, liberté, justice sociale ». Sous leur férule, l’insécurité s’est accrue, la misère aussi. La foule a alors reconquis la rue pour exiger le départ du président Morsi. Certaines révolutions commencent ainsi. Lorsqu’elles triomphent, on les célèbre pendant des siècles sans se soucier exagérément de leur spontanéité relative ou des fondements juridiques de leur déclenchement. L’histoire n’est pas un séminaire de droit. Au lendemain de la dictature de M. Hosni Moubarak, il était illusoire d’imaginer que l’étouffement prolongé de la vie politique, du débat contradictoire, ne pèserait pas sur les premiers scrutins. Dans de tels cas, les électeurs confirment souvent l’influence des forces sociales ou institutionnelles les mieux (…) Lire la suite »

La Sécu : Piqûre de rappel

Bernard GENSANE

Parmi divers objectifs réactionnaires, la droite et les Solfériniens visent à « détricoter », comme on dit aujourd’hui, la Sécurité sociale, en gros – comme pour la SNCF ou EDF – donner au privé ce qui est rentable, tandis que le déficitaire restera à la charge de la collectivité.

Alors, avant que le forfait risque d’être irrémédiablement commis, il convient, sans relâche, de rappeler d’où vient ce système de sécurité sociale, en tant qu’appartenant au domaine plus vaste de la protection sociale (santé, famille, vieillesse, logement, emploi, pauvreté et exclusion sociale). La sécurité sociale assure un minimum de ressources, ainsi que l’accès aux besoins essentiels – qui, donc, ne devraient nullement être privatisés – tels l’éducation, l’eau, l’hygiène à tous les citoyens en période de paix. Dans son article 22, la Déclaration universelle des droits de l’homme définit le concept de sécurité sociale : « Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de (…) Lire la suite »

Bill Brandt : Ombres et lumières

Bernard GENSANE

Le photographe Bill Brandt est né à Hambourg en 1904 d’un père anglais et d’une mère allemande. Pendant le Première Guerre mondiale (passée en Allemagne), il est très perturbé par sa double nationalité. Il décidera rapidement de renoncer à sa culture germanique.

Frappé par la tuberculose dans les années vingt, il se fait soigner au sanatorium de Davos, où il rencontre quelques célébrités, comme le poète Ezra Pound, qui le présente à Man Ray dont il deviendra l’assistant à Paris. Il fait la connaissance de Brassaï et photographie Paris dans le style d’Eugène Atget, un des artistes favoris des surréalistes. En 1931, il se rend à Londres où il effectue un travail très remarquable sur la société anglais très inégalitaire à l’époque. Il publie deux livres qui le font sortir de l’anonymat : The English at Home et A Night in London. À partir de 1937, il peut vivre de son art grâce à des photos publiées par Harper’s Bazaar ou Picture Post. Après la Deuxième Guerre mondiale, il publie de nombreux portraits d’artistes et écrivains britanniques (Literary Britain) et des nus très originaux (Perspective of Nudes). Pour ces nus, il se sert du grand angle Kodak qu’utilisait alors la police. En 1979, il est décoré par la Royal Photographic Society. (…) Lire la suite »
Nelly Sachs

Poésie et exil (16)

Bernard GENSANE
Née au sein d'une famille juive allemande en 1891, Nelly Sachs commence à écrire des poèmes à 17 ans. Elle échappe au nazisme en mai 1940, grâce à son amie suédoise Selma Lagerlöf, et trouve refuge à Stockolm, ville où elle résidera jusqu'à sa mort. Son œuvre, née des persécutions racistes, fait d'elle l’une des grandes poétesses du XXe siècle. Elle obtient le Prix Nobel de littérature en 1966. Elle partagea ce prix avec Shmuel Yseph Agnon. Elle mourut en 1970, quelques semaines après son ami Paul Celan. CHŒUR DES ERRANTS Nous les errants, nos chemins nous les traînons derrière nous comme des paquets - nous sommes vêtus d’un lambeau de pays où nous faisions halte - nous nous nourrissons avec la casserole de la langue, apprise sous les larmes. nous les errants, à chaque carrefour une porte nous attend derrière elle un chevreuil, Israël des animaux aux yeux d’orphelin disparaît dans ses forêts bruissantes et l’alouette jubile au-dessus des champs dorés. Là (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique (juillet 2013)

Bernard GENSANE
Dans son éditorial du Monde Diplomatique de juillet 2013, Serge Halimi constate, après la fermeture de la télévision publique grecque, que l’Europe s’éloigne chaque joue davantage de la démocratie : Les politiques économiques imposées par la défense de l’euro sont-elles encore compatibles avec les pratiques démocratiques ? La télévision publique grecque fut créée au lendemain d’une dictature militaire. Sans autorisation du Parlement, le gouvernement qui exécute à Athènes les injonctions de l’Union européenne a choisi d’y substituer un écran noir. Avant que la justice grecque suspende la décision, la Commission de Bruxelles aurait pu rappeler les textes de l’Union selon lesquels « le système de l’audiovisuel public dans les Etats membres est directement lié aux besoins démocratiques, sociaux et culturels de toute société ». Elle a préféré cautionner le coup de force, plaidant que cette fermeture s’inscrivait « dans le contexte des efforts considérables et nécessaires que les (…) Lire la suite »

MJC Roguet de Toulouse : le social-libéralisme en action

Bernard GENSANE
La MJC Roguet de Toulouse est une MJC comme il en existe des centaines en France, située dans un quartier socialement mixte : populaire, petit-bourgeois. Elle propose de nombreuses activités aux adultes (gymnastique, yoga, arts plastiques, etc.) et aux enfants (musique, théâtre, danse, etc.). Martine Martinel, députée socialiste, conseillère municipale, en est, depuis douze ans, la présidente. Tout récemment s’est tenue l’assemblée générale annuelle. Je cite un extrait du rapport moral de la présidente : « S’il est vrai que c’est dans les difficultés que les hommes se posent les bonnes questions sur le sens de leur vie, que tout ce qui ne tue pas les associations les rend plus fortes, alors incontestablement cette année écoulée sera profitable à la MJC et à son projet. 2012-2013 nous aura fait collectivement grandir dans la perception que nous avons d’un projet d’éducation populaire dans la France du 21ème siècle, des nouvelles solidarités avec les adhérents qu’il nous faut (…) Lire la suite »
Quand la « loi pour soi » devient le « soi pour loi »

Alain Supiot. Grandeur et misère de l’État social.

Bernard GENSANE
Il y a deux ans, j’ai rendu compte dans les colonnes du Grand Soir du livre d’Alain Supiot L’esprit de Philadelphie. La justice sociale face au marché total. Dans ce fort ouvrage, l’auteur expliquait en quoi le nouvel ordre économique mondial avait quelque chose de fasciste. Il citait Hitler, pour qui « Les richesses, par la vertu d’une loi immanente, appartiennent à celui qui les conquiert. Ceci est conforme aux lois de la nature. » Mais, dans le même temps, il rappelait que les démocraties parlementaires ne pouvaient être dédouanées. L’Exposition universelle de Chicago en 1933 s’ouvrait sous l’égide du slogan : « La science trouve, l’industrie applique, l’homme s’adapte. » Si l’individu ne s’adaptait pas, il était dégraissé, purgé, considéré comme une maladie parasitaire. Supiot terminait son ouvrage par une analyse de cette plaie du XXIe siècle, le nouvel individualisme identitaire : « Ceux qui sentent le sol institutionnel se dérober sous leurs pieds cherchent appui ailleurs : (…) Lire la suite »

La Vie est à nous ! : Le Sarkophage N° 36/37

Bernard GENSANE

Le numéro 36/37 de La Vie est à Nous ! : Le Sarkophage annonce, navré, que cesse sa version papier, pour mieux rebondir sur le net, avant d’ambitieux projets pour la rentrée.

"Nous sommes tristes de vous annoncer que nous sommes dans l’obligation de cesser brutalement l’édition papier de notre journal car nous sommes totalement étranglés financièrement en raison de l’augmentation des frais de distribution et de fabrication. Dès septembre 2013, un nouveau mensuel Les Z’indigné(e)s, la vie est à nous ! sera publié par les éditions Golias. L’équipe de la société éditrice de La Vie est à nous !/Le Sarkophage, est certes triste de devoir cesser cette belle aventure collective, mais nous sommes heureux qu’une autre débute, avec la même ligne éditoriale et sous la direction de Paul Ariès. Ce mensuel de 32 pages format A4 ne sera pas distribué en kiosque mais uniquement sur abonnement et vente directe au numéro. Il existera aussi en version numérique sur le site des éditions Golias." Selon Paul Ariès (“ Résoudre la question du chômage ”), le capitalisme a toujours aimé disposer d’une armée de réserve pour opposer chômeurs et salariés et mieux exploiter ceux (…) Lire la suite »