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Auteur : Bernard GENSANE

Le Monde Diplomatique (février 2014)

Bernard GENSANE
Dans son éditorial, Serge Halimi nous dit qui sont les censeurs et les scélérats : La liberté d’expression n’existe que quand on l’applique aux propos qu’on réprouve. Les atteintes à son principe survivent d’ailleurs très longtemps aux motifs qui les ont justifiées et aux gouvernants qui s’en sont emparés pour sévir. Le 25 octobre 2001, dans le climat de quasi-panique consécutif aux attentats meurtriers du 11 septembre, un seul sénateur américain, M. Russell Feingold, vota contre le Patriot Act, arsenal de dispositions liberticides que le prétexte du combat contre le terrorisme permit de faire adopter en bloc par les élus du Congrès. Treize ans et un président plus tard, ces mesures d’exception demeurent la loi des États-Unis. On sait que les ministres de l’intérieur se soucient davantage d’ordre et de sécurité que de libertés. Chaque menace les encourage à exiger un nouvel attirail répressif qui rassemblera autour d’eux une population inquiète ou scandalisée. En janvier, la (…) Lire la suite »

Les Zindigné (e) s – La Vie est à nous (n° 11)

Bernard GENSANE

L’éditorial pose la question de savoir s’il existe un « bon anthropocène ». « Le désir insatiable de domination du monde naturel nous a conduit à la catastrophe. […] Ce n’est pas parce qu’il y a le feu à la planète que nous sommes antiproductivistes mais par ce que le productivisme n’est pas la solution à la misère sociale, culturelle, politique, anthropologique. »

Paul Ariès nous met en garde contre capitalisme vert, le grand projet du capitalisme tout court : « Le capitalisme vert entend bien adapter la planète aux besoins du productivisme ». Tout est prêt : « les capitaux, les fantasmes (le culte de la toute puissance, l’idée d’un monde sans limites), le vertige de la technoscience. » Pour Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, l’Anthropocène est le signe de notre puissance, mais aussi de notre impuissance. Ils mettent en garde contre l’extinction de la biodiversité, de composition de l’atmosphère, de l’acidification des océans et des lacs, du déferlement d’éléments radioactifs et de molécules toxiques dans les écosystèmes. Au-delà de l’histoire des vainqueurs, préviennent-ils, il faut redécouvrir la pluralité des options possibles. Pionnier de la fécondation in vitro, Jacques Testart prend position contre le tri sélectif d’embryons et la banalisation de l’eugénisme. Il estime que les dérives de la procréation assistée flirtent (…) Lire la suite »
Bertolt Brecht

Poésie et exil (22)

Bernard GENSANE
Né en 1898, Bertolt Brecht accède à une très grande célébrité en 1928 avec L’Opéra de quat’sous (Der Drei Droschen Opera), sur une musique de Kurt Weill. À partir de 1930, les militants nazis interrompent violemment ses pièces. Il quitte l’Allemagne en février 1933. Son œuvre est brûlée lors de l’autodafé du 10 mai. Il s’installe au Danemark. En 1935, il est déchu de sa nationalité allemande. En 1939, il émigre à nouveau vers la Suède, puis la Finlande, puis la Californie. C’est durant cette période qu’il écrit ses pièces les plus célèbres (La Vie de Galilée, Mère Courage et ses enfants, La Bonne Âme du Se-Tchouan, La Résistible Ascension d'Arturo Ui, Le Cercle de craie caucasien. En 1946, il retourne en Allemagne, à Berlin-Est où il dirigera jusqu’à sa mort (1956) le Berliner Ensemble. Il avait pris la nationalité autrichienne en 1950 et obtenu le Prix Staline international pour la paix en 1955. J'ai toujours trouvé faux le nom qu'on nous donnait : émigrants. Le mot veut (…) Lire la suite »

Lola Lafon. La petite communiste qui ne souriait jamais

Bernard GENSANE

Auteur de plusieurs romans où, entre autres choses, elle dénonçait le capitalisme (Une fièvre impossible à dénoncer, Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce), Lola Lafon – qui a grandi en Roumanie – explore, dans cette très belle biographie fictive de Nadia Comaneci, la manipulation d’une sportive par le système communiste, mais également par le monde du marché.

Une petite remarque sur le titre de ce livre, pour ne plus y revenir : Nadia Comaneci, la plus grande gymnaste de tous les temps, souriait, même en plein effort. Pour ceux qui, comme moi, ont eu la joie ineffable de voir en direct cette petite gamine inventer une gymnastique jusqu’alors impensée, tout a commencé par cette image incroyable d’un ordinateur devenu fou parce qu’attribuant à la perfection d’Onesti la note de 1,00 (au lieu de 10,0) une note non encore paramétrée . En effet, si aux Jeux Olympiques de 1976, Nadia avait été jugée selon le barème des autres candidates au titre, elle aurait dû obtenir 12/10, ce qui n’était techniquement pas possible pour la machine et inconcevable pour ses juges. Jamais on n’avait vu associées une telle grâce et une telle puissance chez une enfant de moins de 15 ans. Le sport de haut niveau est une folie obsessionnelle, mais aussi une souffrance. La gymnastique, tout particulièrement. Citons ce moment douloureux, cette petite horreur du (…) Lire la suite »

De “ L’espace ”

Bernard GENSANE

J’ai exprimé mon courroux lorsque les Solfériniens de la Haute-Garonne ont transformé la MJC Roguet de Toulouse en “ Espace Roguet ” (La Dépêche du Midi jouant le jeu des socialistes coupeurs de crédit). Ce changement d’appellation cachait (et révélait) une bien triste réalité sociale.

Du coup, je me suis aperçu, en marchant deci delà, que des espaces, il y en avait maintenant partout, et à toutes les sauces. À Toulouse, la Cité de l’Espace, c’est normal. Mais un Espace Petite Enfance pour signaler tout bêtement une crèche, c’est bizarre, et même suspect. Une chaîne de produits dérivés du football s’appelle Espace Foot, ce qui, en soi, ne signifie strictement rien. Le mot espace a, en gros, quatre significations ; une étendue indéfinie, un lieu plus ou moins bien délimité le lieu où se trouvent les astres la mesure de ce qui sépare deux objets, dans le temps et dans l’espace le sens philosophique de la sensibilité extérieure. À Lyon, émet une Radio Espace (96.9), dont la devise (particulièrement creuse) est « La plus Lyon des radios » (une de ses sœurs est « la plus normande des radios »). Je ne sais (en fait, je m’en tamponne le coquillard) si cette radio est acoquinée avec Radio Espace Guinée, qui émet à Conakry (99.6). Question : nos amis de Conakry (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique (janvier 2014)

Bernard GENSANE
Dans le numéro de janvier 2014, Serge Halimi évoque le “ temps des jacqueries ” : En mars et en mai, des élections municipales puis européennes vont permettre de tester la popularité des socialistes français, deux ans après l’élection de M. François Hollande à l’Elysée. Le verdict s’annonce sévère, tant la situation économique du pays est dégradée et le pouvoir sans ambition. A première vue, le contraste est absolu. En Allemagne, les deux principales formations politiques, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti social-démocrate (SPD), viennent de se partager les ministères après s’être (courtoisement) affrontées devant le corps électoral. En France, droite et gauche s’invectivent au point de laisser imaginer que presque tout les oppose : le niveau de la fiscalité, la protection sociale, la politique de l’immigration. Pourtant, alors que se précise pour l’Elysée la perspective d’un de ces matchs revanches dont les médias préparent déjà la mise en scène, MM. Nicolas (…) Lire la suite »
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Thierry Aymès. La Philo en 50 chansons

Bernard GENSANE

Pour écrire un tel livre, il fallait être philosophe, auteur-compositeur, musicien, féru de chanson française. You name him, comme disent les Grands-Bretons, et vous dévorez cet ouvrage très original qui prend le pari (et le gagne) d’associer des extraits de chansons populaires françaises à des développements philosophiques des plus grands penseurs de l’histoire de l’humanité.

Qu’ont donc Brassens, Ferré, mais aussi Clo-Clo ou Lorie à nous apprendre en matière de philosophie ? Beaucoup. Car, même si c’est à l’insu de leur plein gré, ils nous transmettent des pensées philosophiques élevées, des visions du monde originales, une phénoménologie, un « sens de l’être », pour reprendre une expression de Heidegger. Dans son Éthique à Nicomaque, Aristote postule que « nous sommes ce que nous répétons sans cesse ». Dans son plus grand succès, notre Clo-Clo national ne dit rien d’autre : Sur toi je remonte le drap J’ai peur que tu aies froid Comme d’habitude Ma main caresse tes cheveux Presque malgré moi Comme d’habitude D’où cette puissante réflexion du philosophe grec : « L’excellence n’est donc pas un acte, mais une habitude ». Est un homme bon, est un être qui accède à la vertu, celui qui réalise bien sa fonction. Le problème ici est le « Presque malgré », annonciateur de la fin de leur amour. Par ce « comme si », les deux amants ne sont plus dans le (…) Lire la suite »

Anthony Sampson sur Nelson Mandela

Bernard GENSANE

Au soir de sa vie, le grand journaliste et écrivain Anthony Sampson, auteur de la biographie autorisée de Nelson Mandela, rédigea sa propre biographie.

Je cite une page consacrée par Sampson à celui qui fut son ami dès les années cinquante. Pour la petite histoire, je signale que lorsque Mandela accorda sa confiance totale au journaliste anglais, il y mit une condition : « Tu ne diras pas que nous fîmes connaissance dans un bar clandestin. » C’est en prison que Mandela développa sa force intérieure, ses qualités de chef qui lui permirent d’exercer une tranquille domination, à la fois sur ses compagnons de captivité et sur ses gardiens. Au cours des longs entretiens que j’eus avec eux, je me suis efforcé de rassembler tous les éléments de cette histoire. Et finalement, j’ai pu avoir accès aux archives de la prison, une grotte d’Aladin qui me livra des indices cruciaux sur les relations de Mandela avec les autorités. Une centaine de gros cartons contenaient toute la correspondance et les rapports relatifs au prisonnier, conservés méticuleusement, y compris tout son courrier intercepté et le manuscrit original de l’autobiographie (…) Lire la suite »

Il y a quarante ans, Carrero Blanco s’envolait

Bernard GENSANE

le numéro 2 du régime dictatorial franquiste s’est effectivement envolé. Vers 9 heures 30, le révérend père Turpin lisait son bréviaire au couvent des Jésuites, dans la tranquille rue Claudio Coellio à Madrid. Il vit soudain passer devant sa fenêtre une Dodge noire de deux tonnes qui effectua un vol de plus de trente mètres de haut.

L'ETA n'avait pas lésiné sur la dose. Blanco mourut plus vite qu'un garroté basque. Mais pas sur le coup, malgré la violence incroyable de l'explosion. Destin sûrement normal pour un type de l'aéronavale. Lire la suite »
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Les Zindigné(e)s ! n°10

Bernard GENSANE

Les Zindigné(e)s ! n°10 consacre plusieurs articles à la Martinique, comme « laboratoire politique du Bien-vivre et du Beau vivre.

Paul Ariès s’entretient avec Serge Letchimy (président de la région Martinique, président du Parti du peuple martiniquais)), pour qui « nous devons revisiter les notions de richesse et de bonheur ». Letchimy revient sur la philosophie « France de l’ombre et France des Lumières » du pouvoir sarkozyste : « J’ai voulu dire [à l’Assemblée nationale] à Monsieur Guéant qu’avec ses chasses à l’immigré, qu’avec sa célébration d’une hiérarchisation entre les cultures et les civilisations, il portait atteinte à l’honneur de son gouvernement et à l’image d’une France des Lumières qui n’est visiblement pas la sienne. » Rappelons que les membres du gouvernement avaient quitté l’hémicycle. Paul Ariès a réalisé un reportage à Sainte-Anne, une ville « alternative, aux couleurs de l’émancipation ». Indépendantiste, la ville a choisi de faire du créole sa langue institutionnelle, y compris lors des séances des conseils municipaux. Le maire expose sa philosophie politique et économique en ces (…) Lire la suite »