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Auteur : Bernard GENSANE

Le Monde Diplomatique, Juin 2014

Bernard GENSANE

Dans ce numéro de juin 2014, le Diplo s’intéresse aux puissants qui redessinent le monde. Les Européens rejettent de plus en plus l’Europe ? Réponse : un grand traité négocié en secret !

Serge Halimi observe : Un aigle libre-échangiste américain traverse l’Atlantique pour ravager un troupeau d’agnelets européens mal protégés. L’image a envahi le débat public dans le sillage de la campagne pour les élections européennes. Frappante, elle est politiquement périlleuse. D’une part, elle ne permet pas de comprendre qu’aux Etats-Unis aussi des collectivités locales risquent demain d’être victimes de nouvelles normes libérales qui leur interdiraient de protéger l’emploi, l’environnement, la santé. D’autre part, elle détourne l’attention d’entreprises bien européennes – françaises comme Veolia, allemandes comme Siemens – et tout aussi empressées que les multinationales américaines à poursuivre en justice les Etats auxquels il prendrait la fantaisie de menacer leurs profits. Enfin, elle néglige le rôle des institutions et des gouvernements du Vieux Continent dans la formation d’une zone de libre-échange sur leur propre territoire. La mondialisation sera heureuse, ironisent (…) Lire la suite »

Les socialistes "américains"

Bernard GENSANE

À l’époque où Jean-Pierre Chevènement parvenait à exister encore un peu sur la scène politique nationale, il avait popularisé le concept de « gauche américaine ». Il avait, malheureusement, parfaitement raison de qualifier de la sorte les rocardiens, la Cfdt, cette gauche qui avait accepté l’inéluctabilité de la mondialisation financière, dans le sillage de Delors, Lamy et Strauss-Kahn.

« Gauche américaine » ne signifie pas simplement que des socialistes peuvent être influencés, contaminés par le point de vue, l’idéologie, les intérêts étasuniens. Non ! Ces socialistes, comme la droite non gaulliste (les neuf dixièmes de la droite) ont été méthodiquement formaté, bichonnés – parce que tel était leur choix, naturellement – pour penser et surtout agir « américain ». Si, après Anthony Blair, Hollande est devenu l’un des toutous préférés d’Obama (en courant parfois plus vite que son maître comme lorsqu’il souhaitait intervenir de manière musclée en Syrie), c’est parce que, dans les années 90 il a adhéré au programme de la French American Foundation et ses spadassins New Leaders. Je reprends ici un article du site (pro-étasunien, libéral décomplexé) Atlantico publié le 22 mai 2012, juste après la victoire de Hollande à l’élection présidentielle, qui nous explique que les New Leaders de la droite (Juppé, Pécresse, NKM, Bougrab) ont laissé la place à François Hollande, (…) Lire la suite »

Les Zindigné(e)s, n° 15

Bernard GENSANE

Ce numéro s’attaque au productivisme à tout crin « qui conduit d’abord les pauvres dans le mur ».

La zootechnicienne Jocelyne Porcher aborde la question animale. Il faut « changer notre rapport à la nature et notamment au monde animal », à l’animal d’élevage pensé comme machine depuis la révolution industrielle, dont il faut « maximiser le rendement ». L’élevage est devenu un système industriel. Avec la FNSEA d’aujourd’hui, on est dans la caricature, depuis qu’elle a élu à sa tête Xavier Beulin, président d’un groupe industriel dont le chiffre d’affaires est de 5,5 milliards d’euros. En 2011, Beulin a soutenu une proposition de loi sénatoriale transposant un règlement européen de 1994 sur la protection des obtentions végétales, qui a pour conséquence que les agriculteurs, s'ils veulent ressemer leur propre récolte, doivent verser une « rémunération aux titulaires des Certificat d'obtention végétale » que sont les semenciers. Or Beulin dirige le groupe Sofiprotéol qui détient des participations dans plusieurs grands groupes semenciers français. Pour les paysans (exploitants (…) Lire la suite »
Paul Celan

Poésie et exil (26)

Bernard GENSANE
Paul Celan (1920-1970) est un poète et traducteur roumain de langue allemande. Il était né Paul Pessach Antschel au sein d'une famille juive allemande à Cernauti en Roumanie. Il fut naturalisé français en 1955. Son nom d'écrivain est l'anagramme de son patronyme Ancel (en roumain). Il est peut être le plus grand poète de langue allemande de l'après-guerre. Son œuvre est totalement novatrice. Après un voyage en Israël, Paul Celan est mort à Paris, probablement après s'être jeté du pont Mirabeau. La continuation, autrement, du crime contre l’humanité. COURONNÉ DEHORS, craché dehors dans la nuit. Sous quelles étoiles ! Seul l'argent du coeur-marteau battu à gris. Et la Chevelure de Bérénice, ici aussi, – j'ai tressé , Je tresse, je détresse, Je tresse. Gouffre de bleu, en toi je repousse l'or. Avec lui aussi,celui dissipé chez les catins et les filles, je viens et je viens. Vers toi, aimée. Aussi avec blasphème et prière. Aussi avec chacune, au-dessus de (…) Lire la suite »

Le Parlement européen, pour faire quoi ?

Bernard GENSANE

Ce qui suit m’a été inspiré par le récent livre de Bernard Cassen (et al.), Le parlement européen, pour faire quoi ?, Bellecombe en Bauges, Éditions du Croquant, 2014. Quand on voit ce qui s’écrit actuellement sur le Parlement européen, on se dit que cet ouvrage très didactique tombe à pic.

Ainsi, on a pu lire que les électeurs européens pourront, grâce au traité de Lisbonne de 2009, désigner le président de la Commission. Ce qui n’est pas exact mais qui permet aux partis dominants de l’assemblée européenne (PPE et PSE) de bipolariser, donc de simplifier les enjeux de cette élection. L’ouvrage de Bernard Cassen (et al.) rappelle que les chefs d’État et de gouvernement vont proposer au Parlement un candidat à la présidence de la Commission, sans oublier que le Conseil européen a le droit de proposer un candidat indépendant, ce qui n’entre pas dans les prérogatives du Parlement. Ce qui est sûr, c’est que l’Union européenne n’a aujourd’hui plus du tout la cote. L’euro lui-même, ne fait plus l’unanimité. Lucides, les Européens ont bien compris que les places fortes financières (qu’on appelle aujourd’hui, de manière doucereuse, « les marchés ») font la loi, que les inégalités – à l’intérieur des pays et entre les pays – ne font que se creuser et que l’« austérité » est (…) Lire la suite »

Le Monde Diplomatique, mai 2014

Bernard GENSANE

Numéro de mai 2014 très tonique.

L’Europe, écrit Serge Halimi, est devenue une « machine à punir » : Qu’est devenu le rêve européen ? Une machine à punir. A mesure que le fonctionnement de celle-ci se perfectionne, le sentiment s’installe que des élites interchangeables profitent de chaque crise pour durcir leurs politiques d’austérité et imposer leur chimère fédérale (1). Ce double objectif suscite l’adhésion des conseils d’administration et des salles de rédaction. Mais, même en ajoutant à ce maigre lot les rentiers allemands, quelques prête-noms luxembourgeois et bon nombre de dirigeants socialistes français, on n’élargit pas démesurément l’assise populaire de l’actuel « projet européen ». L’Union ne cesse de rabrouer les Etats qui n’ont pas pour souci prioritaire de réduire leur déficit budgétaire, y compris quand le chômage s’envole. Comme ils obtempèrent en général sans se faire prier, elle leur impose aussitôt un programme de rectification comportant des objectifs chiffrés à la décimale près, assorti (…) Lire la suite »

Bruno, ou la pas vraie vie

Bernard GENSANE

C’est bien connu : on ne vient jamais de nulle part. Bruno Julliard est le fils d’Arlette Arnaud-Landau (il s’appelle d’ailleurs officiellement Bruno Julliard-Landau) qui fut maire socialiste du Puy-en-Velay de 2001 à 2008. Il a donc baigné tout petit dans le bain de la politique et le solférinisme.

En 1999, à l’âge de 18 ans, il est étudiant en première année de droit à Lyon 2. Ses activités syndicales ralentissent son cursus, si bien qu’il n’atteint la seconde année du master que sept ans plus tard. Il est vice-président étudiant de l’université de Lyon 2 en 2001 et il entre au bureau national de l’UNEF en 2003. Il est élu au CNESER de 2004 à 2006. Il préside l’UNEF à partir de 2005. Il est l’un des responsables les plus médiatisés de la mobilisation étudiante qui aboutit, en avril 2006, au retrait du contrat première embauche (CPE). Dès lors, il se situe sur une ligne de plus en plus réformiste. Il négocie avec Valérie Pécresse le contenu de la LRU malgré le rejet du projet de loi par son syndicat. Syndicaliste, son engagement est également politique. Il est responsable du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) en Haute-Loire en 2001. Il rejoint la Gauche socialiste (Mélenchon/Dray), puis Nouveau Monde (Mélenchon/Emmanuelli), enfin Alternative socialiste (Emmanuelli). (…) Lire la suite »

C’est pas ma faute...

Bernard GENSANE

Une publicité très choquante passe régulièrement sur nos antennes télévisées. Tout à fait dans l’air du temps d’un Solférinisme, non pas triomphant, mais médiocre et réactionnaire.

Des personnes âgées répondent toutes la même chose à une question qui n'est pas posée dans le champ : "C'est pas ma faute". Nerveux, le montage fait croire que ces personnes sont interrogées au débotté, comme si elles étaient surprises dans la vraie vie. Ce qui crée un puissant effet de réel alors que nous avons affaire à des acteurs professionnels, des techniciens professionnels, des scène répétées, de nombreuses prises de vue (j'avais écrit "prises de vie", vous allez voir le lapsus !) etc. Le film crée une forte attente. De quoi est-il question ? Ces personnes âgées ne sont pas responsables de leur âge. Donc, dans les années qui viennent, il va falloir se préoccuper d'elles. Ce qui est immonde, c'est le présupposé, puis le sous-entendu. Ces deux mots n'ont pas le même sens : un présupposé ne peut être contesté, à moins de rompre le discours ; un sous-entendu peut se discuter. Dans notre pensée, ils se déroulent dans un ordre logique. Le présupposé, c'est la faute, une (…) Lire la suite »
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Les Zindigné(e)s – La vie est à nous, n° 14

Bernard GENSANE

Le mensuel titre, sans qu’on en soit vraiment surpris, « Le PS, deuxième droite ».

L’éditorial lance un « appel aux cocus de ce parti », reprend une vieille formule de Benoît Hamon, la « gauche placebo » et conclut qu’il est impossible de s’allier avec cette deuxième droite. Et il rappelle une analyse de François Hollande (fier de lui et des siens) de 2006 : « C’est François Mitterrand – avec Pierre Bérégovoy – qui a déréglementé l’économie française et l’a largement ouverte à toutes les formes de concurrence. C’est Jacques Delors qui a été l’un des bâtisseurs de l’Europe monétaire avec les évolutions politiques qu’elle impliquait sur le plan des politiques macroéconomiques. […] Cessons donc de revêtir des oripeaux idéologiques qui ne trompent personne. » Yvon Quignou établit un état des lieux du communisme soviétique, « une imposture sémantique ». Il souligne « l’inversion complète du processus censé viser le communisme », la dictature « d’un parti sur le prolétariat », « la marche forcée vers l’industrialisation », les purges, la négations de la génétique. (…) Lire la suite »

Poésie et exil (25)

Bernard GENSANE

« Je suis né sous les signes jumeaux du voyage et de la mort », disait Jules Supervielle.

Né en 1884 à Montevideo en Uruguay dans une famille basque, Supervielle alternera toute sa vie les séjours entre la France et son pays d’origine. Peu après sa naissance, ses parents lui font faire une première traversée de l’océan pour le présenter à sa famille restée au pays. Ses parents meurent accidentellement à Oloron-Sainte-Marie, dans des circonstances imprécises. Il est recueilli pendant quelques années par sa grand-mère maternelle, puis par son oncle Bernard qui l’emmène à Montevideo et le considérera comme son propre fils. À l’âge de neuf ans, il apprend par hasard qu’il n’est que le fils adoptif de ses oncle et tante. Cette révélation aura sur son psychisme de profondes répercussions. Il a peur de se regarder dans la glace, croyant ne voir que l’image de son double. Supervielle est mort à Paris en 1960. Adieu à l’estancia Adieu, chardons fleuris, azur frais des pampas, Bois lointains que l’aurore inondait d’espérance, Et familier jardin où tout sera silence, (…) Lire la suite »