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Les Zindigné(e)s – La vie est à nous, n° 14

Le mensuel titre, sans qu’on en soit vraiment surpris, « Le PS, deuxième droite ».

L’éditorial lance un « appel aux cocus de ce parti », reprend une vieille formule de Benoît Hamon, la « gauche placebo » et conclut qu’il est impossible de s’allier avec cette deuxième droite. Et il rappelle une analyse de François Hollande (fier de lui et des siens) de 2006 : « C’est François Mitterrand – avec Pierre Bérégovoy – qui a déréglementé l’économie française et l’a largement ouverte à toutes les formes de concurrence. C’est Jacques Delors qui a été l’un des bâtisseurs de l’Europe monétaire avec les évolutions politiques qu’elle impliquait sur le plan des politiques macroéconomiques. […] Cessons donc de revêtir des oripeaux idéologiques qui ne trompent personne. »

Yvon Quignou établit un état des lieux du communisme soviétique, « une imposture sémantique ». Il souligne « l’inversion complète du processus censé viser le communisme », la dictature « d’un parti sur le prolétariat », « la marche forcée vers l’industrialisation », les purges, la négations de la génétique. Cela dit, l’Histoire n’a pas tranché : « rien n’za démontré qu’une alternative au capitalisme fou, destructeur des hommes et de la nature, n’est pas possible. »

Fabien Piasecki prône une « science citoyenne » : « À l’heure où certains crient à l’inutilité présumée de rassemblements militants hors des frontières nationales, le Forum National Sciences et Démocratie nous montre que des avancées non négligeables sont possibles dans le champ « Sciences et sociétés ». Dans un autre article (en collaboration), Piasecki estime que « les décisions en matière de politique scientifique et technique sont encore majoritairement prises sans apport formel ou informel de la société civile et en dominant un rôle prédominant aux experts scientifiques. »

Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement doute de l’avenir de la voiture électrique. La science n’a pas réponse à tout. Il faut repenser le rapport à l’espace, la gratuité des transports en commun et la fin du tout-voiture. La voiture propre est un mythe.

L’oncologue Nicole Delépine critique le « plan cancer » de François Hollande : il ne s’attaque pas aux causes environnementales du cancer et est un frein à la liberté des malades et des médecins : « nous devenons tous égaux, robots médecins et patients objets, soumis à des injonctions dans lesquelles le libre arbitre n’a plus de place. »

En Inde, l’homme politique qui monte, Narenda Modi, est appelé le boucher du Gujarat. Il a mené un carnage contre les musulmans en 2002. 1 000 à 2 000 morts sans intervention de la police. Il est aussi l’un des meilleurs avocats d’un capitalisme sans limites. En Inde, rappelle Sushovan Dar, la productivité a augmenté de 7% en trois ans tandis que le revenu réel des travailleurs a baissé de 1%.

Les Zindignés interroge Henri Augier, défenseur des Calanques. Un site magnifique et tellement pollué, traité par dessus la jambe par des propriétaires qui ne respectent pas la charte du parc.

Roxanne Mitralias, qui milite à Syriza-environnement, évoque la Crète orientale sous tension. Non seulement la Troïka s’attaque aux gens mais elle s’attaque aussi à la nature, au soleil, au vent, à l’eau, aux terres, nouvelles occasions d’investissement : « la Troïka vise à déposséder les peuples de leurs biens communs. »

Vincent Bruyère (ATTAC) nous encourage à revisiter des notions comme la bioéconomie, l’économie distributive, la gratuité des biens communs et services publics. Pour lui, « alors que la prise en considération des générations à venir devraient structurer la définition de la valeur économique et l’organisation des échanges c’est tout le contraire qui est à l’œuvre. »

Les Indiens zapatistes du Chiapas ont célébré les vingt ans de leur insurrection (Jérôme Baschet). Au lieu de nous convier à des festivités spectaculaires, ils ont choisi de répondre aux questions suivantes : « qu’avez-vous fait durant ces vingt ans ? En quoi le zapatisme peut-il nourrir nos désirs d’émancipation ? »

Danièle Favari explique qu’alors que le gouvernement étasunien propose à l’Europe de remplacer le gaz russe par ses propres gaz de schiste, la France réforme son code minier pour accroître sa “ compétitivité ”. Les grandes manœuvres ont commencé !

Frédéric Thomas explique, à propos de l’extractivisme, le paradoxe sud-américain qui consiste à reconduire, à accentuer le même modèle de développement qu’auparavant, malgré le virage à gauche.

Christine Poilly dénonce les gaz de couche, porte d’entrée à l’exploitation des gaz de schiste.

Pour Yann Fiévet, nous sommes en train de devenir un « troupeau aveugle : « La pollution de notre air a atteint un pic record le mois dernier. Un épisode de plus dans la longue litanie des « dégâts environnementaux ». Nous savons déjà qu’il sera dépassé un jour prochain. Nous savons cela et le prenons désormais comme une fatalité. L’ampleur du désastre atmosphérique asphyxie jusqu’à notre espoir d’en sortir. Nous pestons contre l’impuissance des politiciens normalement en charge des problèmes de la Cité mais accordons à cette impuissance notoire des circonstances atténuantes quand il ne s’agit pas tout bonnement de l’excuser pour l’essentiel. C’est que la Cité, dans sa dimension écologique, est trop vaste pour être facilement gouvernée. Les pollutions diverses - ou le réchauffement climatique – se jouent des frontières bornant encore trop souvent l’action publique. Nous sommes comme un troupeau aveugle. Nous nous en remettons aux « décideurs » tout en sachant que ces bergers sont probablement incapables de nous détourner du chemin menant au gouffre. Pis, certains bergers savent qu’il sont les nouveaux Panurge et s’entêtent néanmoins à suivre le mauvais chemin. »

Pour Jean-Pierre Garnier (auteur de La deuxième droite), « Nicolas Sarkozy en rêvait, François Hollande l’a fait » : Sur tous les fronts, le « capitaine de pédalo » dont Jean-Luc Mélenchon se gaussait alors que s’annonçait la « saison des tempêtes » va de l’avant, secondé par l’équipage solférinien, multipliant des initiatives et des mesures qui, au temps où la gauche était en encore de gauche, auraient été jugées des plus « réactionnaires. Sur le front économique, avec ses retombées « sociales », ce n’est pas un « recul », comme le déplorent des « observateurs » dont les intentions sont aussi bonnes que la vue est courte, mais une offensive néo-libérale tous azimuts qui vient renforcer, depuis les hautes sphères étatiques, celle que mène la bourgeoisie transnationale depuis les années 1970. »

Jean-Pierre Garnier persiste avec “ L’irrésistible ascension de la petite bourgeoisie intellectuelle ” : “Dans une conjoncture « normale », l’accomplissement de ces tâches de médiation se réalise sans heurts, sur le plan politique, sous le signe et dans le cadre de l’« alternance » entre partis de droite représentant plus ou moins directement et ouvertement la classe dominante, et partis de gauche représentant les classes dominées, mais de telle manière que la domination de la première ne soit jamais fondamentalement contestée. Il convient toutefois de préciser que les partis de gauche, quelle que soit leur appellation (sociale-démocrate, socialiste, travailliste…) sont presque exclusivement composés de membres de la PBI et que ce sont avant tout les intérêts de cette classe qu’ils sont chargés de faire valoir, mais non de faire prévaloir sous peine de menacer ceux de la bourgeoisie. Quant à ceux des prolétaires ouvriers ou employés, ils sont satisfaits a minima au gré des rapports de forces dans les champs extra-politiques. Tributaire de leur appartenance de classe, mais aussi de leur électorat, en effet, la disposition des politiciens de gauche non pas à « représenter » les couches populaires, ce qui est leur fonction offielle, mais à prendre réellement en compte leurs besoins et leurs aspirations varie en fonction de la pression effective que celles-ci peuvent exercer sur eux en dehors des joutes électorales.”

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« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

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