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Thème : Agriculture/Aliments

En Bretagne, l’intimidation des journalistes qui enquêtent dans l’agroalimentaire

Jérôme HENRIQUES

Le mercredi 31 mars, Morgan Large découvre l'une de ses roues de voiture déboulonnée. La journaliste, qui enquête sur l’industrie agroalimentaire dans sa région, dérange. Et ce n'est pas la seule ...

En réalité, les problèmes de Morgan ne datent pas d'hier. Ils remontent à la diffusion en novembre dernier d'un reportage sur France 5, intitulé "Bretagne, une terre sacrifiée" et portant sur les méfaits de l'agriculture intensive. Interviewée, la journaliste y dénonce le problème des rejets toxiques, des algues vertes, des maladies professionnelles, des épidémies mortelles chez les animaux, ou encore, le fait qu’en Bretagne, "on fasse du lait, du poulet ou du cochon qui soient exactement les mêmes qu’en Chine, en Ukraine ou au Brésil". Le soir même, la journaliste est ciblée par la FNSEA qui, dans un tweet défendant les "élevages familiaux en Bretagne", dévoile une photo de son visage (supprimée depuis). Les jours suivants, la journaliste reçoit des appels nocturnes anonymes sur son téléphone fixe ainsi que des messages d'injures sur les réseaux sociaux. Au même moment, les locaux de sa radio sont dégradés. En décembre, la clôture de son champ est défoncée (laissant ainsi ses (…) Lire la suite »

La mystification de la révolution verte des années 1960 censée lutter contre la faim dans le monde

Bernard CONTE

Le système d’exploitation et de contrainte, capitaliste depuis trois siècles, façonne les structures de la société en vue d’une exploitation et d’une domination accrues des masses. Pour ce faire, il use de ruse pour arriver à ses fins. En effet, la domination du petit nombre sur le grand nombre a besoin d’un « pseudo » consentement de la part de la masse. Pour l’obtenir, le système met en lumière et promeut des causes « humanitaires » qui, tellement « évidentes », logiques, charitables et flatteuses pour la dignité humaine, deviennent rapidement des dogmes, des vérités imposées qu’il est interdit de mettre en doute ou de contester. Il s’agit le plus souvent de « sauver » tout ou partie de l’Humanité. Ces causes humanitaires, véritables « croisades », mobilisent les multiples agents du système : personnel politique, médias, intellectuels, économistes, juristes, experts… Le but réel desdites croisades est de façonner les structures des sociétés destinataires pour les rendre compatibles avec l’évolution planifiée du système d’exploitation. L’exemple de la révolution verte, débutée dans les années 1960 dans le Tiers-Monde, pour « lutter contre la faim dans le monde » apparaît significatif. Elle a contribué à ajuster les structures de la société (particulièrement celles du secteur de l’agriculture traditionnelle), à intégrer ledit secteur dans la mondialisation et à créer des dépendances externes (économiques, technologiques, financières…). Ce façonnage sociétal facilitera le passage au néolibéralisme avec la crise de la dette extérieure du début des années 1980.

La révolution verte pour lutter contre « la faim dans le monde » La révolution verte est le pendant de la mise en place de l’agriculture productiviste en Europe après la Deuxième Guerre mondiale. Sous le prétexte de la lutte contre la faim dans le Tiers-Monde, la révolution verte a été un instrument majeur de la destruction de la société traditionnelle et de l’intégration des agricultures du Sud dans la mondialisation et de leur domination par les firmes multinationales de l’agroalimentaire. Au cours des années 1950-1960, la Banque mondiale ainsi que des fondations privées, notamment les fondations Ford et Rockefeller, ont financé la recherche agricole dans les pays en développement (1) . Cette recherche a abouti à l’élaboration de nouvelles variétés de céréales à haut rendement qui devaient couvrir les besoins alimentaires croissants des pays du Sud. En effet, les experts soutenaient que les variétés de céréales traditionnelles, caractérisées par de faibles rendements, ne (…) Lire la suite »
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Brésil : les luttes paysannes et l’utopie possible

Carolina MOTOKI

La violence doit être considérée comme systémique : elle est nécessaire à l'expansion de l'agro-industrie et des projets d'extraction. La violence est nécessaire à l'expansion du capitalisme. Et s'il y a de la violence, il y a aussi de la résistance.

Quand cette conférence a été prononcée dans le cadre de l'atelier de la Commission Pastorale de la Terre (CPT) au Forum Populaire de la Nature (juin 2020 NDT), 200 familles qui travaillent et produisent de la nourriture sur les terres ensanglantées du massacre de Pau D'Arco auraient pu être expulsées la semaine suivante (En 2017, neuf travailleurs et un ouvrier ont été torturés et assassinés par la police civile et militaire dans la zone de la ferme Santa Lucia, revendiquée par la famille Babinski dans le sud du Pará). La Cour de [la municipalité de] Rédemption avait accordé une injonction de reprise de possession à exécuter en pleine quarantaine. Le juge du tribunal agraire de Marabá a suspendu la décision tant que dure le danger de contamination par le nouveau coronavirus. Le massacre de Pau D'Arco fait partie des chiffres recueillis dans le cadre du très important travail de documentation sur les conflits sur le terrain que la CPT mène depuis le milieu des années 80. Chaque (…) Lire la suite »

Mali : une solution est-elle possible sans remise cause des règles du jeu ?

Eve76

La corruption des élites, les conflits inter-communautaires sont mis en avant pour expliquer la déliquescence économique et politique du pays. Mais n’est-ce pas inverser causes et conséquences ?

Une junte militaire a chassé du pouvoir le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août, en promettant de rendre le pouvoir aux civils : un processus de consultation nationale est programmé. Depuis plus de trois mois, des manifestations demandaient le départ du chef de l’Etat, à l’appel du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques. Cette coalition rassemble des organisations civiles et politiques issues de tous les secteurs de la société. La contestation de la régularité de l’élection de certains députés, la dissolution de la cour constitutionnelle par le président ont mis le feu aux poudres, mais le mal est profond et ancien. C’est le quatrième coup d’Etat militaire depuis l’indépendance. Le président déchu était lui-même arrivé à la tête du pays après des élections suivant un coup d’Etat. Où faut-il rechercher les causes de cette instabilité politique ? La corruption des élites, les conflits inter-communautaires sont mis en avant pour expliquer la déliquescence (…) Lire la suite »

Notre agriculture, un secteur structurellement vulnérable en cas de crise

Groupe thématique « Agriculture » de La France insoumise

Les agriculteurs, les agricultrices et tout le secteur agricole et alimentaire sont fortement impactés par la crise du Covid-19. En effet, l’exposition aux risques sanitaires liés à la pandémie actuelle, les mesures de confinement et de fermeture des frontières menacent de lourdes conséquences. Par ailleurs, l’économie mondialisée dans laquelle nous sommes, la chute démographique du secteur en font un secteur d’une extrême vulnérabilité face aux aléas et aux crises. La survenue du Covid-19 laisse présager des répercussions durables sur ce secteur d’activité, y compris une fois la pandémie passée. Analyse.

Le résultat d’une dépendance voulue La population agricole est en déclin depuis de nombreuses années et la tendance à l’agrandissement des fermes se poursuit. En 2016, il ne restait plus que 440 000 exploitations agricoles (contre 495 000 en 2010, soit une baisse de 11 % en 6 ans) d’une surface moyenne de 63 ha (soit +7 ha depuis 2010). En 2016, cela correspond à 564 000 exploitant·es et co-exploitant·es agricoles, 191 000 salarié·es permanents et 149 000 salarié·Es saisonnier·es et/ou temporaires avec une hausse des travailleur·ses saisonnier·es (+3 % depuis 2010). Le secteur agricole dépend donc fortement de la main d’œuvre saisonnière (15,4 % en 2016). Mais la concentration des fermes s’est opérée dans le temps long avec une diminution de 72 % des effectifs en 46 ans et un changement de vocation : de la souveraineté alimentaire à l’exportation. Tout ceci est le résultat d’une politique agricole et commerciale nationale, européenne et internationale désastreuse que la France (…) Lire la suite »

Pourquoi les retraites agricoles sont-elles si basses ?

Émilie MASSEMIN
Pourquoi les retraites agricoles sont-elles si basses ? « À la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand le Conseil national de la résistance a mis en place le régime de protection sociale, l’unique syndicat agricole de l’époque n’a pas souhaité l’intégrer car il ne voulait pas payer de cotisations », explique Véronique Marchesseau, secrétaire générale de la Confédération paysanne. « Le monde agricole disposait alors d’un tissu développé de mutuelles. Elles étaient aux mains d’une bourgeoisie rurale de gros propriétaires et de notables qui voyaient d’un mauvais œil l’arrivée d’un régime social unifié et rejetaient l’influence du communisme », complète André Tissot, agriculteur retraité et membre de la commission des anciens de la Confédération paysanne. Depuis, le régime agricole est resté moins protecteur : « Le taux de cotisation est de 21 % alors qu’il est de 27 % pour les salariés ; les agriculteurs cotisent sur des revenus nets au lieu de revenus bruts ; les retraites sont (…) Lire la suite »
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Les paysans roulés dans la farine. Ils sont contents ?

Jean-Luc MELENCHON

Le salon de l’agriculture s’est tenu à Paris du 22 février au 1er mars. Je ne souscris pas au modèle productiviste qui y était majoritairement présenté, même si je sais que des paysans bio s’y sont également rendus.

Les représentants de l’agriculture chimique vont profiter de cette occasion pour refuser bruyamment toute réduction des pesticides. Pourquoi se gêneraient-ils : ça marche. À Noël, Macron et son gouvernement ont tranché pour des zones tampons de protection des habitations de l’épandage des pesticides. On peine a croire que ce ne soit pas un gag ! Il s’agit d’une zone de.... trois mètres. Et cette semaine, Macron a confirmé qu’il avait tout simplement renoncé à l’interdiction du glyphosate quoique cancérigène : « pas tenable », selon lui. On se souvient des numéros des députés LREM avec des trémolos dans la voix quand ils nous chantaient les mérites de leur politique « sans précédent » sur le sujet. Mais le salon pourrait aussi être l’occasion de parler de la condition sociale des paysans. Et de le faire sans les habituelles pleurnicheries surjouées qui se moquent de la détresse réelle de centaines de milliers de paysans ! Car leur exemple revient souvent dans la bouche des (…) Lire la suite »

Agriculture 2020

ASSIMBONANGA

Je vous ai rassemblé différents documents récents qui vous permettront d'avoir un panorama de l'agriculture française en ce début d'année 2020, si vous avez envie d'y consacrer un peu de votre temps.

– « La FNSEA a une mentalité d’assiégée » Vidéo de Mediapart, en accès libre. Amélie Poinssot est la journaliste de Mediapart qui a révélé les salaires des cadres de la FNSEA qui, de mon point de vue, ne sont pas le plus gros problème. Le problème, c'est tout le reste que l'on apprend au fil de cette vidéo de 40 minutes. Les interventions de Gilles Luneau sont très percutantes, concrètes et aisées à comprendre. – Partir à la retraite, le casse-tête des agriculteurs. Article de Reporterre. Après la description de trois cas individuels, l'auteure, Emilie Massemin, analyse avec précision le fonctionnement des revenus agricoles. Enfin, un travail vraiment concret ! Déroulez le curseur ! – André Chassaigne : « 49.3 ou pas, on déposera une motion de censure »-.Interview par le magazine Regards d'André Chassaigne, député communiste de la 5ème circonscription du Puy-de-Dôme et président du groupe GDR. – Les paysans roulés dans la farine. Ils sont contents ? Un article de Jean-Luc (…) Lire la suite »

Déméter, la cellule de la gendarmerie qui surveille les opposants à l’agriculture productiviste

Isabelle RIMBERT, Marie ASTIER

Le ministère de l’Intérieur a créé Demeter, une cellule de renseignement vouée aux « atteintes au monde agricole ». Ce dispositif policier et judiciaire risque de servir à surveiller militants animalistes et écologistes opposés à l’agriculture industrielle.

La photo fait sourire. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, avec un porcelet dans les bras. C’était le 13 décembre 2019, dans le Finistère. Le ministre était venu visiter deux élevages et présenter la création de la toute nouvelle cellule de la Gendarmerie nationale vouée à la « protection » des agriculteurs, et nommée d’après la déesse grecque des moissons, Déméter. À ses côtés se trouvait le directeur général de la Gendarmerie nationale, mais également Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Reprenant à son compte le discours du syndicat, le ministre a dénoncé « l’agribashing ». Le dossier de presse de présentation de Déméter donne le ton : « De plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes (...). Ces phénomènes, nous devons les prendre très au sérieux », y déclare le ministre en introduction. La cellule Déméter doit ainsi « (…) Lire la suite »

Au nom du pain, du père et des peuples

Jean-Yves PEILLARD

Suite des longues marches dans l'univers du procès : Lettre au Tribunal de Perpignan Procès des faucheurs volontaires du 12.12.2019 (Témoignage et motivations comme comparant volontaire) Ce fauchage est politique

J’ai participé au fauchage de tournesols OGM VRTH de Elne pour plusieurs raisons dont voici la première : Je suis fils d’agriculteur et mon père est mort à cause du système qui fabrique des chimères et des poisons par scientisme, vanité et cupidité. En fauchant, je participe à l’éducation populaire pour que ses onze petits enfants qu’il n’a pas vu grandir ne meurent empoisonnés ou massacrés dans une guerre économique imbécile. Nous sommes 5 frères, un seul pouvait reprendre la ferme, il est en « conventionnel », Et j'ai vu à quel point il a été formaté dans les lycées agricoles au « rendement », au « roundup » et engrais « NPK » (Azote Phosphore Potassium) entre autres.(Voir, à l’opposé les travaux des Bourguignons). Lorsque je fauche, j'ai toujours cette hantise de voir un jour mon frère ou un cousin à l'autre bout du champ et là je m'adresse à monsieur le Procureur de la République, cette chose fratricide, est-ce que c'est cela qu'ils veulent ? J’ai toujours été choqué par (…) Lire la suite »