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Thème : Agriculture/Aliments

Quand les traders spéculent sur notre pain quotidien

Gérard LE PUILL

Depuis un an, les prix mondial du blé a évolué en dents de scie dans une fourchette de prix trop bas pour fournir un revenu décent aux céréaliers. Il a suffit que l’offre mondiale soit légèrement supérieure à la demande pour que les traders fassent payer la facture aux producteurs pendant que les décideurs politiques regardent ailleurs.

Selon les chiffres donnés cette semaine dans l’analyse économique de FranceAgrimer, la tonne de blé français rendue au port d’embarquement pour l’exportation valait 230 dollars le 11 février 2015. Elle ne valait plus que 192 dollars le 9 mai de la même année. Mais elle remontait à 227 dollars au début de mois de juillet pour descendre à 175 dollars le 7 septembre. Elle franchira à nouveau le cap des 200 dollars au début de mois d’octobre, puis vers la mi-novembre, pour ensuite baisser régulièrement et tomber à 155 dollars en cette seconde quinzaine de février 2016. Le prix du blé est mondial et spéculatif depuis pas mal d’années. Pour comprendre ce phénomène, il faut disposer des informations suivantes. Le monde du blé se partage entre pays exportateurs nets, pays autosuffisants et pays importateurs nets. Dans l’ordre, l’Union européenne à 28 est devenue le premier producteur mondial de blé tendre avec 158 millions de tonnes, dont 40 millions de tonnes pour la France, premier (…) Lire la suite »

Les dégâts environnementaux de l’agriculture intensive

Jérôme HENRIQUES

Apparue dans les années 60 en France, l'agriculture intensive n'a eu de cesse de se développer depuis. Augmentation de la rentabilité pour les producteurs, diminution des coûts pour les consommateurs, les adeptes du libéralisme économique exultent. Et les externalités négatives, on en parle ?

Pesticides La France est le premier utilisateur Européen de pesticides et le troisième utilisateur mondial (derrière les États-Unis et le Japon). Epandus sur les cultures pour les débarrasser des mauvaises herbes (herbicides), des champignons (fongicides) ou des insectes gênants (insecticides), les pesticides contaminent les sols et les milieux aquatiques (les phénomènes de ruissellement vers les eaux de surface et d'infiltration vers les nappes phréatiques sont dus à l'irrigation et aux pluies). Une partie de l'épandage est également perdue dans l'atmosphère, par envol ou par évaporation. Emportés par les vents ou chargés dans l'eau des nuages, les résidus de pesticides retombent ensuite sur des sols et des eaux situés à distance de la zone d'épandage. Théoriquement, les pesticides sont censés cibler les espèces végétales ou animales à détruire. Cependant, en interférant dans des processus fondamentaux du métabolisme (photosynthèse, croissance, reproduction, etc.), ils ne sont (…) Lire la suite »

Chico Mendes doit se retourner dans sa tombe (Carta Capital)

Felipe MILANEZ

Pour le compagnon de lutte de Chico Mendes, il n'y a rien à célébrer aujourd'hui : « Ce que nous devons faire, c'est protester. Nous avons été mis en déroute par la politique du gouvernement menée de concert avec le négoce agroalimentaire ».

Osmarino : une voix critique Le compagnon de lutte de Chico Mendes dit qu'aujourd'hui le capitalisme est en train de détruire la forêt et les fleuves, « alors que notre mouvement a montré qu'il existe une manière de vivre qui ne menace pas l'environnement ». Dans le documentaire de Miranda Smith, Chico Mendes, la voix de l'Amazonie (dont a été extraite cette photo, avec l'autorisation de la réalisatrice), il rappelle d'autres compagnons morts, comme Wilson Pinheiro. Osmarino Amancio Rodrigues était sur la même liste noire qui a conduit Chico Mendes à la mort en 1988. Jusqu'à aujourd'hui, il a continué à vivre dans la réserve extractiviste [1], dans la forêt. Lors d'une de ses rares visites en ville, j'ai réussi à le contacter par téléphone, et il m'a fourni ce témoignage. Osmarino est très critique sur la transformation du système capitaliste, qui a trouvé une manière plus « suave » et plus « verte » de s'occuper des forêts. Pour lui, Chico Mendes était libertaire, et beaucoup (…) Lire la suite »

Un paysan bio sanctionné pour avoir affiché sa solidarité avec les Palestiniens

Sophie CHAPELLE

La lettre recommandée de la mairie de Lodève, dans l’Hérault, est arrivée le 3 mars chez Mariano Pusceddu. Elle signifie à ce paysan bio qu’il encourt une exclusion de quatre semaines du marché de Lodève s’il affiche à nouveau des t-shirts de la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) sur son stand de fruits et légumes.

Cette campagne lancée en juillet 2005 appelle au boycott, au nom du droit international, des produits israéliens fabriqués dans les territoires occupés et les colonies israéliennes en Palestine (voir ici). Pour Mariano, solidaire des paysans palestiniens qui luttent pour leurs terres, la menace de sanction par la mairie est tout simplement jugée « incompréhensible ». « Justice en Palestine » Depuis l’été dernier, Mariano et sa femme relaient la campagne BDS en déployant derrière leur étal des t-shirts portant les mentions « Justice en Palestine » et « Boycott Israël Apartheid ». Mais le 21 février, deux policiers municipaux leur demandent d’enlever ces t-shirts, en évoquant une infraction au règlement du marché. « Ils nous ont dit que si nous ne les enlevions pas, ils verbaliseraient pour incitation à la haine raciale, souligne Mariano, contacté par Basta !. Je me suis senti profondément blessé et les gens présents ont vivement réagi. J’ai répondu que nous avions la liberté (…) Lire la suite »

Afrique : Les agro-impérialistes font main basse sur les terres agricoles

Lyès MENACER

Le Continent africain, qui possède à lui seul un quart des terres fertiles mondiales, concentre 41% des transactions foncières, sur un nombre total de 1 515 transactions à travers le monde, selon un récent rapport de l’ONG ActionAid International, datant de fin mai 2014. « Depuis l’an 2000, plus de 1 600 transactions de grande échelle ont été documentées, soit une superficie totale de 60 millions d’hectares », a avancé l’ONG qui a précisé qu’« aussi, il est probable que bon nombre d’acquisitions de moyenne ou grande envergure demeurent à ce jour ni documentées, ni quantifiées ».

Ce rapport d’une vingtaine de pages, intitulé « Hold-up sur les terres : comment le monde ouvre la voie aux accaparements des terres par les entreprises », nous révèle en effet l’ampleur de ce phénomène qui menace, non seulement la survie de millions de personnes dans le monde, mais également les écosystèmes, les forêts et les espèces animales en danger de disparition. L’ONG s’est énormément intéressée à l’Afrique, car ce continent est devenu la nouvelle attraction des multinationales, des fonds de pensions et des grands groupes agro-alimentaires qui ont acquis, avec les complicités des gouvernements locaux, des millions d’hectares de terres arables. Des Etats se sont aussi mis à acheter les terres fertiles pour satisfaire leurs besoins alimentaires et fabriquer les biocarburants. L’Arabie saoudite, le Qatar, l’Inde sont souvent cités dans les rapports de ces ONG qui ont identifié aussi les grandes puissances, comme les Etats-Unis, certains Etats membres de l’Union européenne (…) Lire la suite »

La Commission européenne veut continuer à éradiquer la biodiversité cultivée

Réseau Semences Paysannes

Communiqué de presse, Aiguillon, le 16 décembre 2014

La Commission européenne a annoncé ce jour aux parlementaires européens sa décision d'abandonner la réforme des règles de « commercialisation des semences ». Elle referme ainsi les quelques ouvertures proposées par son prédécesseur pour tenter d'enrayer l'effroyable érosion actuelle de la biodiversité cultivée. Le droit des agriculteurs d'échanger leurs semences, le droit des petites entreprises de moins de 2 million d'€ de chiffre d'affaire de commercialiser toute la diversité disponible sans obligation d'enregistrement au catalogue, ou encore l'ouverture du catalogue à moins de standardisation des semences et donc de notre nourriture, sont renvoyés aux oubliettes. Le Réseau Semences Paysannes espère que le gouvernement français n'en profitera pas pour remettre en cause les perspectives ouvertes par les Lois Grenelle pour les variétés « populations » et par la Loi d'Avenir Agricole pour les échanges de semences entre agriculteurs, perspectives malheureusement encore non (…) Lire la suite »

Nous ne savons plus rien

William KOHLER

La distance énorme qui sépare l’humain moderne de ses biens de consommations a complètement vidé de sens la matière produite. Si nous pouvions constater par nous même l’ensemble de la production, par exemple d’une récolte imaginaire de carottes, nombreuses seraient nos critiques envers le système.

Imaginons un instant que vous et moi vivions sur une toute petite planète où se trouve un unique village. Autonome, ce dernier se compose de seulement quelques centaines d'âmes. Parmi toutes les activités humaines nécessaires au bon fonctionnement de ce microcosme, on retrouve naturellement l'agriculture, et dans un coin de notre bourg un vaste champ de carottes. Cette petite ville étant dispersée sur un territoire minuscule de quelques kilomètres à peine, cela permet à tous de se connaître. Supposons maintenant que le fermier responsable de la plantation de carottes commence à sous-payer certains employés pour en tirer plus de profit personnel. La nouvelle se réprendrait en très peu de temps dans la localité : chacun ayant un voisin, un cousin ou un ami qui travaille ou qui a travaillé pour le fermier. Sans nul doute, l'ensemble de la communauté s'offusquerait et irait lui faire part de son incompréhension. Le responsable de la production de Daucus Carota, étant lui-même (…) Lire la suite »
Justice environmentale et climatique maintenant !

La seule voie, Mesdames et Messieurs Tina

VIA CAMPESINA

Nous continuons à nous organiser, à nous mobiliser et à élaborer des alternatives pour remédier à la crise climatique et défendre la Terre Mère.

Nous, La Vía Campesina, peuples autochtones, paysans, jeunes, migrants, travailleurs ruraux, journaliers, pêcheurs, artisans, en coopération avec nos alliés engagés dans la lutte pour des transformations sociales profondes, nous nous rassemblons à Lima pour la COP 20 afin de réaffirmer, une fois encore, notre engagement à nourrir la population de la planète, à nous organiser, nous mobiliser, à lutter et élaborer des solutions qui refroidissent la planète, pas seulement pour notre propre bénéfice mais également pour ceux avec qui nous partageons la Terre Mère. La société civile doit, continuellement, se défendre et rejeter les fausses solutions du capital et de ses institutions qui prétendent nous prendre en compte. L’année 2014 étant l’Année internationale de l’agriculture familiale, la Banque mondiale et ses alliés aux Nations Unies s’efforcent de vendre au monde ce concept qu’ils ont bien mal nommé « Agriculture intelligente face au climat » (Climate-smart Agriculture), en le (…) Lire la suite »

Avec l’accaparement des terres, le monde perdra sa capacité à se nourrir

Capitaine Martin

L’accaparement des terres (land grabbing selon le néologisme introduit en anglais) désigne l’acquisition controversée de grandes étendues agricoles auprès des pays en voie de développement par des entreprises transnationales et gouvernementales.

Au cours des sept dernières années, celles-ci ont fait main basse sur quelque 86 millions d’hectares, ce qui représente pas moins du cinquième de la superficie de l’Italie. Éric Holt-Giménez, directeur de Food first, a délivré ces informations lors du salon international du goût, qui s’est tenu à Turin fin octobre. L’organisation internationale Grain propose aujourd’hui un nouvel ensemble de données concernant 416 exemples récents d’accaparement des terres à grande échelle, qui sont exclusivement le fait d’investisseurs étrangers. Les terres dont s’emparent ces derniers sont destinées à la production de cultures alimentaires et couvrent une superficie de près de trente-cinq millions d’hectares dans soixante-six pays. Grain a accompli un travail de fourmi en établissant la liste complète de tous les accords fonciers existants (l’organisation s’est néanmoins limitée aux accords lancés après 2008 qui n’ont pas été annulés et qui impliquent de vastes superficies). Cet ensemble (…) Lire la suite »

Palestine : agriculture bio contre colonisation industrielle et pollution chimique

Antoine BESSON

Au Nord-Ouest de la Cisjordanie, la ville de Tulkarem est coincée entre le mur de séparation et un complexe d’industries chimiques israélien venu polluer en toute impunité et protégé par l’armée. Résultat : maladies respiratoires, cancers ou allergies touchent massivement les habitants. Voisin direct de l’usine de Geshuri, la plus importante de la zone, Fayez Taneeb est activiste et fermier. Il s’oppose depuis trente ans à cette colonisation économique et environnementale. Ses armes : la résistance non violente et l’agriculture biologique. Reportage.

La ville de Tulkarem étouffe, littéralement. Située au Nord-Ouest de la Cisjordanie, la cité palestinienne est coincée entre le mur de séparation et un complexe israélien d’industries chimiques. Autour des installations, de part et d’autres des barbelés, la pollution est visible : fumées, déversements d’eau contaminée et de déchets. Les industries opèrent sans autorisation et à l’abri de tout contrôle. « Elles n’ont aucun permis du Ministère de la Santé, et nous ne sommes pas autorisés à visiter les usines », confirme Saïd Hanoon, du Ministère de la santé palestinien. Une zone de non-droit dont l’histoire commence au début des années 80, quand l’usine d’engrais de Geshuri s’installe à l’ouest de la ville. Autrefois située en Israël, elle avait été contrainte de fermer après que les riverains israéliens se soient plaints de la pollution auprès du tribunal de Kfar Saba. L’usine, propriété d’industriels israéliens, profite alors de l’occupation militaire de Tulkarem pour y (…) Lire la suite »