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Escalade désespérée de la guerre économique que mènent les États-Unis

Beaucoup d’observateurs de ce qui se déroule en Ukraine ont été surpris de voir il y a quelques jours, l’intervention de Henry Kissinger, ancien secrétaire d’État de la Maison Blanche du temps du président Nixon. Même si ce criminel – honoré d’un Prix Nobel de la Paix en 1973 (cela illustrait déjà l’imposture occidentale) – fêtera bientôt ses 100 ans, il semble avoir toute sa raison que de nombreux responsables politico-médiatiques plus jeunes n’ont pas/plus. Sa prise de parole n’est certainement pas due au hasard et a sans l’ombre d’un doute été écoutée par ceux qui sont à la manœuvre. Sera-t-elle entendue est une autre affaire ? Et nous n’aurons les premiers éléments de réponse qu’en suivant le déroulement des opérations en cours à l’Est de l’Europe.

En 2007 je terminais la rédaction d’un livre paru un an plus tard, où je pointais les liens entre l’occupation de la Palestine par la colonie israélienne – produit de l’occident – et les implications que cette occupation avait dans le monde. En voici un extrait :

« (...) d’aucuns préfèrent continuer à assister à la confrontation permanente entre les deux communautés, avec le risque d’un embrasement généralisé de toute la région déjà minée par les interventions en Afghanistan, en Irak et au Liban, et qui pourrait finalement s’étendre encore, passant par la Syrie, par la poudrière kurde, et venir ainsi jusqu’aux marches de l’Europe toute proche...

A terme, et en essayant d’adopter le cynisme de certains, l’on peut se demander si cette dernière idée ne séduirait pas les USA ?... Peut-être serait-il temps que les citoyens prennent réellement conscience de ce que représente cette effroyable guerre économique qui se joue aussi entre les deux rives de l’Atlantique... Les exemples pullulent pour nous rappeler cet affrontement sans limite. Que ce soit en matière aéronautique avec la concurrence exacerbée entre Boeing et Airbus ; ou entre le système américain GPS (Global Positioning System) et son futur concurrent européen Galiléo que l’administration Bush a déjà ouvertement menacé de destruction « ...en cas de force majeure ». Rien que ça ! Que ce soit en matière de subventions des produits agricoles ; ou en matière financière quand les USA ont tout fait pour empêcher l’avènement de la monnaie unique européenne. Ou encore, dans le jeu de yoyo d’un dollar manipulé quand il s’agit de relancer les exportations pour doper une croissance en perte de vitesse et une économie qui perd de sa suprématie dans les échanges mondiaux. Et ce qui est annoncé dans l’Arctique, suite à la fonte dramatique des glaciers, n’augure rien de spécifiquement plus réjouissant : l’un des derniers sanctuaires de la planète sera bientôt la proie des prédateurs qui s’y bousculent pour en soutirer les meilleurs profits...

Les citoyens sont souvent dupes des enjeux qui se trament en haut lieux, et n’ont aucune idée de ce dont les Etats sont capables lorsqu’il s’agit de défendre « leurs intérêts ». Nombreux sont ceux qui se laissent manipuler, endormir par l’American way of life. Abusés par des publicités avantageuses, ils identifient les produits made in USA avec les valeurs qui fondent la « démocratie ». A travers quelques slogans judicieusement adaptés, doublés d’une succession d’images subliminales, ces pubs malicieuses ne flattent que nos médiocres certitudes de nantis. Notre notion de la « démocratie » se réduit bien souvent à notre capacité à consommer – je ‘’ dé-pense ’, donc je suis ! Or, la réalité politique doit être appréhendée sous un autre angle, sur un autre plan que celui du seul consumérisme. Et cette réalité-là est bien plus terrifiante que ces adroites mises en scène...

Dès lors, peut-être n’est-il pas faux de penser que les donations européennes pour aider la Palestine à créer les infrastructures de son Etat, sont démolies par l’armée d’Israël avec l’assentiment – et les armes – US afin que les entreprises américaines puissent par derrière, non seulement continuer à vendre leurs armes à Israël mais aussi, proposer leur « aide » aux Palestiniens lésés par les destructions. A l’exemple des milliers d’entreprises américaines qui réalisent aujourd’hui de juteuses affaires dans un Afghanistan, un Irak et un Liban dévastés...

Plus l’observation se montre assidue, précise et incisive dans ce petit coin de terre occupé, plus les enjeux planétaires y apparaissent en filigrane. Ce qui se trame là, se vérifie également en tout autre point du globe où règnent des troubles impliquant les grandes puissances étrangères... La Palestine pourrait très bien être l’illustration sinistre des enjeux de cette mauvaise « globalisation » qui n’a pour seuls critères que les profits à réaliser, quels que soient les moyens utilisés pour y parvenir. Et si c’est le cas, on est donc loin du compte... Désormais, c’est l’injustice qui prévaut, et nos Etats dits « démocratiques » y contribuent activement !

Peut-être devrions-nous parfois méditer plus longuement sur la portée de certaines phrases, quand elles émanent de gourous, associés aux lieux de pouvoir : ‘“ Les grandes puissances n’ont pas de principes. Seulement des intérêts ’’, disait déjà Henry Kissinger, alors Secrétaire d’Etat sous le Président Nixon.

Non seulement je doute que nous soyons réellement conscients de la portée d’une telle déclaration mais, je redoute par-dessus tout, ses terrifiantes conséquences. »

La Démocratie Mensonge’ - 2008 - Ed.M. Pietteur - Extrait.

Rédigé en 2007 plusieurs faits ont confirmé ces craintes. Et bien qu’il ne soit jamais bon d’avoir raison trop tôt, les pays européens pourraient encore se ressaisir, s’ils avaient à leur tête autre chose que des milliers de lobbyistes qui pilotent leurs politiques dans le suivisme aveugle de celle dictée par l’empire étasunien chancelant qui poursuit, vaille que vaille, ses propres ‘’ intérêts ’’. Entre-temps, la capitale belge est devenue le second lieu concentrant le plus de lobbyistes au monde, après Washington. L’ONG Transparency International estime autour de 30 000 le nombre de lobbyistes pour environ 40 000 fonctionnaires à Bruxelles.

Cette guerre économique et financière que mènent les autorités étasuniennes partout dans le monde – aujourd’hui à travers l’Ukraine – pour conserver leur hégémonie, tend à son paroxysme. Si la raison ne retrouve pas ses droits, il est à craindre que les décisions seront à la (dé)mesure de la perception qu’auront ces mêmes autorités de la perte de leur suprématie. Comprenez : jusqu’au-boutistes. Avec les imprévisibles conséquences qui en découleront, sauf ce qu’en a dit le président Vladimir Poutine lui-même : « ∞La réponse de la Russie conduira a des conséquences que vous n’avez encore jamais connues. »

Aux dernières nouvelles, il semble que la Lituanie (2.8 millions d’habitants – capitale Vilnius) ait choisi un bras de fer avec Moscou en bloquant les voies de communications entre la Russie et l’enclave de Kaliningrad. Les autorités russes ont averti l’UE qu’en cas de maintien de ce insensé blocage insensé, elles se réservaient ‘’ tous les moyens disponibles ’’ comme droit de réponse. Décidément, l’UE adore se faire peur. Jusqu’où ?

Daniel VANHOVE

20 juin 2022

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Daniel VANHOVE
D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos (…)
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