Beaucoup de choses ont été dites, d’autres le seront encore à propos de l’ONU qui – depuis la fameuse apostrophe de Charles De Gaulle a eu à essuyer des interpellations peu amènes – a pareillement récidivé et certifié le peu de crédit qui lui est accordé par analystes et observateurs.
L’année 2013 s’est achevée avec quelques maigres espoirs d’entrevoir peut-être le bout du tunnel de deux crises majeures qui risquent d’affecter gravement la sécurité et la stabilité de la région sensible du Moyen Orient : la crise syrienne et la crise du nucléaire iranien.
Mais il s’en faut de beaucoup pour espérer que la diplomatie puisse venir à bout du conflit syrien, que la militarisation par des puissances étrangères a rendu incontrôlable.
Ils accusent. 45 avocats, journalistes, députés, syndicalistes, artistes turcs viennent de publier un rapport accablant sur les « crimes commis contre le peuple de Syrie » transmis à l’ONU. Visés : les agissements des groupes djihadistes, la guerre d’agression contre la Syrie.
Des colonnes de réfugiés avançant sous le ciel des ténèbres vers un horizon incertain. Ils ont laissé derrière eux des fosses communes où s’entassent des cadavres, des éclopés, sans soins, souffrant le martyre, des enfants, des femmes et des hommes dont les larmes coulent dans un tonneau des Danaïdes.
La Palestine en 1948 et en 1965 fut la première victime de ces brigands « civilisés » qui vont répéter leur forfait. L’Irak, en 1991 et 2003, fut leur seconde victime. La Syrie aujourd’hui vit le même cauchemar. Ces croisés des temps modernes, conjuguant prétextes et forces brutales, s’engouffrent à chaque fois dans les brèches de pays fragilisés par des pouvoirs coupés de leur peuple.
Encore une fois l’actualité se rappelle à nous. Nous savons tous que le chaudron syrien est toujours en ébullition mais on avait espéré qu’à l’approche de Genève, la situation allait se calmer de part et d’autre.
Dans ce Proche et Moyen-Orient livré à tout vent avec la situation peu enviable de la Libye, les convulsions du pouvoir en Égypte, voilà que le Liban se met de la partie. Sur son sol en effet, plusieurs attentats qui ont des commanditaires différents et qu’au final ce sont les civils, notamment du Hezbollah et ses alliés iraniens qui en font les frais.
Dans l’esprit de ses initiateurs, la conférence de Genève II a pour objectif l’instauration d’un dialogue entre le régime syrien et l’opposition en vue de parvenir à un accord politique négocié qui mettrait fin au conflit armé qui les oppose. Pour lui donner plus de chances d’atteindre ce but, ils ont convenu d’y inviter à participer un aréopage d’États et organisations susceptibles par les influences qu’ils ont sur les belligérants d’exercer sur eux des pressions allant dans le sens d’attitudes positives permettant l’aboutissement de leurs négociations.
Contrairement à ce que prétend le baratin médiatique répandu par des bailleurs de fonds occidentaux au service de la rébellion armée en Syrie, l’essentiel de la responsabilité de la crise humanitaire majeure dans la région, revient à la rébellion elle-même...
Le chef du gouvernement turc, Recep Tayyip Erdogan, a fait beaucoup pour contribuer à la chute du régime syrien. Or, non seulement ce régime est toujours en place, avec Bachar al-Assad à sa tête, mais il a engrangé et continue à engranger des gains substantiels aussi bien sur le terrain politique que sur le terrain militaire.
Chacun sait d’où provient l’argent d’al-Qaïda, mais alors que la violence est sectaire, l’Occident ne fait rien. On sait que les donateurs en Arabie Saoudite ont joué un rôle crucial dans la création et le maintien de groupes djihadistes sunnites ces trente dernières années. Mais quelle que soit la détermination supposée des États-Unis et de leurs alliés, depuis le 11 septembre, à mener « la guerre contre le terrorisme », ils ont fait preuve d’une retenue surprenante quand il s’est agi de presser l’Arabie saoudite et les monarchies du Golfe de fermer le robinet financier qui maintient les djihadistes en activité.