Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est trouvé dans la posture de faire la manche « A vot’ bon cœur m’sieurs-dames » pour avoir des dons – nous allions écrire des aumônes – en aide aux millions de Palestiniens, soudain dépossédés du peu que les Nations unies pouvaient leur procurer pour leur survie.
En réduisant drastiquement leur part de dotation à l’Unrwa [United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East ou, Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, créé en 1949, pour venir en aide aux réfugiés palestiniens] les Etats-Unis ont surtout pris une décision politique, afin de punir les Palestiniens, pas assez souples à leur gré pour accepter les oukases d’Israël. Il est de fait incroyable que depuis 70 ans un peuple vit, plutôt survit, grâce à la charité internationale. Aussi, ce qu’a fait l’administration Trump – en réduisant la part de la dotation des Etats-Unis à L’UNRWA, à 60 millions de dollars sur les 360 prévus initialement – plus que méprisable, est surtout criminel. Un crime contre l’humanité. En effet, qu’y a-t-il de plus assassin que cette façon de châtier un peuple qui refuse la soumission ? De fait, les Etats-Unis ont commis une transgression flagrante des droits de l’homme qu’ils prétendent défendre et protéger partout dans le monde.
Comment qualifier un Etat qui n’hésite pas à affamer des millions d’enfants, de femmes et d’hommes, juste pour montrer que c’est lui qui tient le bon bout du bâton ? Quel crédit donner aux larmes de crocodile que les Etats-Unis versent sur les morts en Syrie - et ailleurs dans le monde – quand les morts en Palestine les indiffèrent dès lors qu’ils ne servent pas leurs intérêts ? Couper les vivres à L’UNRWA, mettre la vie de millions de Palestiniens en danger, est-ce là un acte altruiste ? Quand on met en balance une aide – censée être attribuée à titre désintéressé – n’est-ce pas politiser un acte où n’aurait pas dû interférer la politique ? Personne n’a obligé les Etats-Unis à faire un don de cette ampleur, cependant, ils n’avaient pas le droit de le suspendre de cette façon, menaçant dès lors la vie des Palestiniens. Cette remarque concerne aussi les riches monarchies du Golfe qui ont largement les moyens de suppléer à l’aide étrangère. Combien de ces monarchies ont déclaré qu’elles étaient prêtes à combler le trou laissé dans les finances de l’Unrwa, par le retrait des Etats-Unis ? Aucune ! Khawa-khawa, mais pas trop. Les monarchies du Golfe, de la même façon, n’ont pas eu ce geste salvateur envers les Palestiniens, dès lors qu’elles n’ont aucun intérêt à voir s’établir dans leur voisinage un pouvoir palestinien républicain. De fait, ce qui arrive à L’UNRWA illustre combien l’argent, plutôt les dons d’argent, sont loin d’être innocents et sont sous-jacents à des intérêts peu avouables. En privant L’UNRWA de l’aide financière des Etats-Unis, Trump a surtout commis un acte éminemment politique, assumé comme tel, nonobstant les justifications énoncées par la Maison-Blanche et le département d’Etat. Les Etats-Unis ont ainsi politisé une action qui se voulait humaine, mais qui s’est révélée sélective, partiale, s’accordant avec un agenda précis dans une phase particulière du conflit israélo-palestinien induit par la reconnaissance par Trump d’El Qods [Jérusalem] occupée, capitale d’Israël. Dit autrement, les Etats-Unis de Trump font du chantage au peuple palestinien : la paix qu’Israël envisage pour vous, ou vous mourrez à petit feu. Et c’est Trump et son administration qui évoquent les droits de l’homme et versent des larmes de crocodile sur les victimes syriennes dont certains de leurs bourreaux sont armés par les Etats-Unis ? Les Britanniques, qui savent de quoi ils parlent, l’ont bien assuré un jour : « Les Etats n’ont pas d’amis ou d’ennemis éternels, il n’ont que des intérêts éternels. » Les Yankees dont l’impérialisme a succédé à celui de la perfide Albion, ont bien appris la leçon. Les Palestiniens et L’UNRWA qui en payent le prix, peuvent en témoigner !