L’existence de l’Etat d’Israël s’appuie sur un objectif stratégique immuable : morceler les Etats arabes de l’Irak jusqu’au Maghreb. Une stratégie définie en 1982 par l’ancien fonctionnaire du ministère israélien des Affaires Etrangères, Oded Yinon, dans un article intitulé “ Stratégie pour Israël dans les années 80 ”, paru dans Kivunim (Orientations), Revue publiée par le Département de l’Organisation Sioniste mondiale. (1)
Les exemples de l’Irak, la Syrie, le Liban, la Lybie, le Soudan illustrent de manière éclatante cette stratégie où les Etats occidentaux avec à leur tête l’impérialisme étasuniens ont apporté et apportent leurs contributions militaires drapées sous l’étendard des droits humains et de la responsabilité de protéger. Cette strétégie, toujours d’actualité, a pour but ultime l’avènement du Royaume d’Israël du Nil à l’Euphrate.
Cette expansion coloniale s’appuie sur deux méthodes. La première définie par l’ancien ambassadeur français en Syrie Michel Rimbaud sous le terme de politicide.
« Le mot politicide s’applique à la destruction d’un gouvernement, d’un groupe social ou politique(...) ou d’un Etat » (2). La seconde, par l’universitaire palestinien, Saleh Abdel Jawad ; sociocide. Entendre, « la destruction totale des Palestiniens, non seulement en tant qu’entité politique ou groupe politique national mais en tant que société. Son but final est l’expulsion des Palestiniens de leur patrie (c’est-à-dire une purification ethnique totale ou à grande échelle). » (3)
Mais s’il est assez aisé d’entrevoir le chemin que trace l’Entité sioniste pour réaliser le Royaume d’Israël, qu’en est-il de ceux empruntés par certains Etats arabes ? Et les principaux Etats arabes concernés sont les monarchies du Golfe, l’Egypte, premier Etat signataire de paix avec l’entité sioniste suite aux accords de Camp David en 1979, suivi par le Royaume de Jordanie en 1994 et les Etats signataires des Accords d’Abraham.
Afin de répondre à la question et de mesurer le chemin parcouru par ces Etats, il suffit de rappeler la Résolution de la Ligue arabe datant de 1981, à la demande de l’Etat algérien.
Après l’exclusion de L’Etat égyptien, « le Conseil de la Ligue des Etats arabes a tenu une réunion extraordinaire, au niveau des ministres des Affaires étrangères, au siège de la Ligue à Tunis pour examiner la situation dangereuse qui prévaut dans la région moyen orientale. Le Conseil a examiné avec un grand sens des responsabilités nationales, la situation explosive qui prévaut dans la région, à la suite de l’intensification des bombardements barbares contre les villes et villages libanais, de la guerre d’extermination menée par Israël contre le peuple palestiniens. » (4)
Quarante trois ans plus tard, l’Entité sioniste poursuit la même stratégie tandis que la majorité des membres de la Ligue ont, non seulement, abandonné le peuple palestinien et le peuple libanais, mais collaborent avec l’entité sinoniste sous différentes formes, en particulier, militaire et commerciale.
Comme l’a souligné le ministre israélien de l’économie,Nir Barkat : « il n’y a aucun changement dans les relations commerciales. » (5)
Pour faire bonne figure cette même Ligue a condamné ce qu’elle a décrit comme un « scénario brutal » d’Israël au Liban. Et dans un élan de lucidité, le 4 octobre 2024, Hossam Zaki, le secrétaire général adjoint de la Ligue a eu le ’’courage’’ d’affirmer - ce qui est une évidence - « la Ligue arabe et ses États membres ont mis en garde séparément depuis des mois contre les risques d’une guerre régionale. » (6)
Pourquoi séparément ?
A n’en pas douter, le peuple palestinien vit une nouvelle Nakba (grande catastrophe, génocide), avec l’accord tacite de ces Etats arabes. Mais il est injuste de ne pas souligner que les tartuffes de la Ligue ont appelé « le Conseil de sécurité, la communauté internationale et tous les acteurs à assumer leurs responsabilités, à faire pression sur Israël pour qu’il cesse l’agression israélienne et à l’obliger à introduire toute l’aide humanitaire qui répond aux besoins des habitants de la bande de Gaza. » (7)
En effet, tous les acteurs doivent assumer leurs responsabilités sauf les dits tartufes dont le rôle est de faire semblant d’agir, d’être révolté par le crime contre l’humanité commis par l’Entité sioniste.tout en en continuant à commercer avec cette l’Entité.
Mais à l’extérieur du théâtre des tartuffes, la résistance palestinienne et la résistance arabe dont le Hezbollah tracent un autre chemin qui mène vers la souveraineté. C’est un combat titanesque.
M. El Bachir
(1) René Naba :http://www.renenaba.com/revue-detude-palestiniennes-n-14-fevrier-1982/
(2) Michel Raimbaud : Tempête sur le Grand Moyen-Orient. Edition, ellipses 2015.
(3) Saleh Abdel Jawad :http://www.lagauche.com/spip.php?article1463
(4) Revue d’études Palestiennes : n° 2 Hiver 1982
(5 )https://information.tv5monde.com/direct/direct-pres-de-30000-morts-en-5-mois-de-guerre-selon-le-hamas-2711745
(6) https://fr.africanews.com/2024/10/03/la-ligue-arabe-condamne-le-scenario-brutal-disrael-au-liban//
(7) https://french.wafa.ps/Pages/Details/225084