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Israël fait son cinéma

Journaliste : Bonjour, aujourd’hui nous recevons le réalisateur israélien Moshe Netanyahu, renommé pour ses films engagés et toujours controversés. Et son dernier film, « Dôme de fer », qui sortira bientôt dans toutes les salles, ne fait pas exception à la règle. Moshe, bonjour.

Moshe : Bonjour.

Journaliste : Votre film aborde la période 2023/2024 et raconte l’histoire à travers les yeux d’un jeune officier de Tsahal qui lors d’une mission de nettoyage et entre deux selfies découvre, dans les décombres d’une maison, une photo. Et cette photo le hantera et changera sa vie. Expliquez-nous.

Moshe. Oui. Ce film est en quelque sorte une réflexion philosophique sur le pouvoir de l’image et son rapport au temps qui passe. Une image est en quelque sorte une interruption dans l’écoulement du temps. Comme un train arrêté dans une gare, si vous voulez. En quelque sorte.

Journaliste : Mais nous sommes entourés et abreuvés d’images. Pourquoi cette image-ci ? Et qu’a-t-elle de particulier ?

Moshe : Oui, nous sommes entourés d’images, mais d’images numériques. Les images numériques ne vieillissent pas. Celle-ci est sur papier. Elle est ancienne et délavée. Elle a vieilli. Ce qui est en quelque sorte un paradoxe car si le contenu - l’image elle-même - a bien suspendu le temps, le contenant, lui - le support papier – continue de subir les outrages du temps. Le temps arrêté d’une image est malgré tout emporté par le contenant qui le transporte. J’ai trouvé le concept fascinant.

Journaliste : Et que représente cette image ? A aucun moment dans le film on ne la voit. Vous entretenez le mystère…

Moshe : Parce que ce n’est pas le sujet. Elle pourrait montrer une famille, un enfant qui joue ou un animal de compagnie, peu importe. La réflexion sur notre propre fragilité reste la même...

Journaliste : … d’autant plus qu’il la trouve dans les décombres d’une maison. Encore un symbole ?

Moshe : Oui, bien-sûr. Le contenant du contenant du contenu en quelque sorte.

Journaliste : Et sans trop dévoiler l’histoire, on peut quand même préciser que les décombres sont fraîches car c’est l’officier lui-même qui fait exploser cette maison. Un message caché ?

Moshe : Pas vraiment caché en fait (rires). Tout réflexion sur le temps qui passe vous entraîne forcément vers une réflexion sur la mémoire. C’était une façon « explosive » (rires) d’attirer l’attention de notre jeunesse sur l’importance de préserver la mémoire, en quelque sorte.

Journaliste : Redevons sérieux. Votre film est composé de plusieurs couches de lecture, extrêmement bien symbolisé dans une séquence que j’ai beaucoup aimé – vous voyez laquelle ?

Moshe : Oui, je crois. Un « travelling » à travers les ruines d’une ville où les immeubles sont effondrés sur eux-mêmes, où on voit des étages empilés. Ce fut une séquence particulièrement difficile à tourner car il a fallu créer un énorme décor hyper-réaliste, qui risquait littéralement de s’effondrer sur l’équipe pendant le tournage.

Journaliste : Vous avez particulièrement soigné les détails... On voit des milliers d’objets éparpillés, souvent à demi enterrés, trop nombreux même pour en faire l’inventaire. Et pour une seule séquence ! Par exemple, je crois avoir remarqué (je n’en suis pas certain car il y en avait tellement) un cahier d’écolier qui dépassait des décombres. Mais ça c’est juste un exemple. Où diable avez-vous été chercher tous ces objets désuets et qu’est-ce qui vous a poussé à faire une telle reconstitution ?

Moshe : Le producteur du film me pose souvent la même question (rires). Disons que j’aime le cinéma-vérité. Et la vérité, c’est aussi ça.

Journaliste : C’est vrai qu’on vous reproche souvent d’en faire trop. Ce qui m’amène à l’aspect le plus controversé de votre film. Vous voyez où je veux en venir… Vous parlez carrément, ou plutôt vous faites dire à un de vos personnages, et je cite, de « violence », de « torture » et de « destruction ». Alors ? Hyperbole ? Exagération ? Provocation ? On est loin du cinéma-vérité dont vous parliez à l’instant.

Moshe : (pause). Je ne crois pas. Il faut être honnête et confronter ses démons. « Violence » ? Oui, il y a eu de la violence, par exemple lorsque le héros du film est appelé et doit interrompre ses vacances. Et ce n’est pas un cas unique. « Torture » ? Oui, on peut parler de torture lorsque les films à la télé sont régulièrement interrompus par des communiqués du gouvernement ou des alertes. Tout le monde s’en souvient. « Destruction » ? Il suffit de voir l’état de certaines routes après le passage des chars.

Journaliste : Dernière question, où avez-vous trouvé les acteurs pour jouer les deux autochtones qu’on entre-aperçoit dans le film ?

Moshe : Ah, il y en a au moins un qui les a vus (rires).

Journaliste : Ce fut très furtif. J’avoue que j’ai failli les rater quand ils passent en arrière plan d’un immeuble à l’autre. Une scène courte mais intense et effrayante… Et tellement réaliste !

Moshe : Rassurez-vous, ce n’était pas des vrais. (sourire) Aujourd’hui on peut faire des miracles avec de bons costumes et un bon maquillage…

Journaliste : D’autres projets ?

Moshe : Une docu-fiction sur le pogrom à Amsterdam en 2024. Une grosse production. De grands acteurs… je ne peux rien dire de plus.

Journaliste : C’était Moshe Netanyahu venu nous parler de son dernier film « Dôme de fer » qui sort la semaine prochaine. Merci.

Moshe : Merci.

Viktor Dedaj
sténographe à ses heures

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