Commençons par les fondamentaux : si Trump est fasciste, et il l’est. S’il exerce un contrôle absolu sur le parti Républicain totalement dévoué à lui, et il l’exerce. S’il dispose des pleins pouvoirs, en détenant tous les leviers du pouvoir, c’est à dire le Sénat, la Chambre des Représentants, et la Cour Suprême, et il en dispose. Alors, sa seconde présidence fera que les États-Unis ressemblent fortement à un pays à parti unique ! Et fera aussi de Trump un quasi-dictateur. Et les terribles conséquences de tout ça sont pratiquement connues d’avance...
D’abord, un tel régime est destiné à durer indéfiniment. Car il ne cède le pas que contraint, d’habitude après son renversement, qui est souvent violent. D’ailleurs, Trump ne fait que répéter qu’une fois installé à la Maison Blanche, il ne (ré)fera pas l’ « erreur » de la quitter, qu’il a fait en 2021, après l’échec de l’assaut (golpiste) au Capitole de ses partisans.
Ensuite, un tel régime ne se « calme » pas et ne « s’apaise » pas car il tient ses promesses racistes, barbares et inhumaines, comme d’ailleurs ne cesse de le répéter Trump avant et même après sa victoire électorale. En conséquence, toute tentative de l’amadouer et de l’apaiser n’est que dangereuse illusion qui ne fait que le perpétuer au pouvoir, en paralysant ses opposants.
Ceci étant dit, force est de constater que l’ampleur de la victoire de Trump, ou plutôt de la défaite de Harris, combinée à l’effondrement du parti Démocrate et à l’actuelle absence des forces crédibles à sa gauche, fait que la masse des opposants à Trump soit maintenant sonnée, abattue, fatiguée, désorientée et donc incapable de réagir, tout au moins dans la rue et pendant un certain temps.
Cependant, cette « paralysie » des opposants a Trump ne devrait pas durer éternellement. D’abord, parce que les appels au calme et à l’obéissance à Trump de la direction du parti Démocrate risquent fort de ne pas être attendus car venant des dirigeants désormais déconsidérés, discrédités et en pleine crise. Ensuite, parce que le pays reste toujours profondément divisé, et on n’assiste pas (encore) à un fort basculement de la société américaine en faveur de Trump. Et cela parce que la défaite de Harris n’est pas due à l’augmentation du nombre des soutiens de Trump par rapport à 2020 (en réalité il a perdu 2 millions de voix), mais plutôt à la perte de 14 millions de voix de son adversaire par rapport au résultat de Biden aux présidentielles de 2020.
Alors, comme Trump vient de le promettre, une fois installé à la Maison Blanche, il ordonnera l’ouverture de la chasse aux migrants, y inclus de ceux et celles nés aux États-Unis. On peut déjà imaginer comment cette gigantesque chasse aux migrants va se dérouler : partout dans le pays, la police et ...l’armée seront employées pour arrêter tous ceux et celles qui seront un peu plus... bronzés que les autres, et les parquer dans des camps (de concentration) en attendant leur expulsion vers l’inconnu. Étant donné que cette opération visera des millions d’êtres humains (peut être plus de 15 millions !), on peut imaginer que pratiquement l’ensemble des citoyens étasuniens en seront au moins de témoins oculaires. Alors, il leur sera impossible de fermer les yeux et prétendre ne rien voir. Combien d’entre-eux vont-ils réagir en actes pour sauver leur parent, leur ami ou leur voisin pourchassé ? Même une minorité suffira pour que cette opposition en actes au trumpisme voit le jour.
Mais, il ne s’agit pas seulement de la chasse aux immigrés. Au fur et à mesure que Trump passe aux actes, les citoyens des EU devront choisir entre rester paralysés et se soumettre, ou agir et créer des poches de résistance. Les occasions ne vont pas manquer : la mise en application des promesses de Trump de priver les femmes et la communauté Lgbt de leurs droits (avortement...), le « dégraissage » radical du secteur public et de l’armée (licenciements des dizaines de milliers de fonctionnaires, d’enseignants et de militaires), les forages de tout ordre qui polluent et détruisent l’environnement et les parcs nationaux, les attaques contre les syndicats et la répression des grévistes, etc. Confrontée non pas aux déclarations délirantes mais aux actes de Trump, on peut croire qu’au moins une forte minorité de la société étasunienne ne restera apathique mais réagira...en actes.
En effet, on peut être relativement optimistes parce que les campagnes électorales de Bernie Sanders ont laissé des traces, formant une jeune génération de militants radicaux, qui ont déjà fait leurs preuves, par exemple en prenant la tête des importantes mobilisations populaires contre la complicité EU au génocide des Palestiniens par Israël. Une jeune génération de militants de gauche qui pourrait faire jonction avec les nouvelles avant-gardes d’un mouvement ouvrier nord-américain en pleine renaissance. Et sans oublier que la base du parti Démocrate se découvre actuellement « orpheline » en raison de la faillite et du discrédit dont souffre la direction doublement vieillissante de ce parti...
En somme, le pays reste plus que jamais divisé et même si le spectre de la guerre civile s’est éloigné après la victoire sans appel de Trump (qu’on n’avait pas prévue), la « pacification » de la société n’est que provisoire, et le cadre de son future explosion qu’on avait présenté dans notre article précédent reste tout à fait pertinent.
Entre-temps, on peut être sûrs que l’isolationnisme et le protectionnisme de Trump feront des dégâts pratiquement partout de par le monde. Et sans doute, surtout en Chine et dans notre vieux continent européen, dont les directions politiques, même celles d’extrême droite qui partagent les mêmes orientations idéologiques de Trump, et aussi les bourgeoisies s’inquiètent déjà à juste titre de cette guerre commerciale et économique que Trump semble décider de déclencher très bientôt.
Nous voici donc devant le spectre de la guerre (nucléaire ?) que les politiques protectionnistes à outrance n’ont manqué de déclencher souvent dans le passé. Scénario de pure politique fiction ? Nous ne le croyons pas étant donné la détermination de tout l’établissement étasunien, sans exception, de régler ses comptes avec l’épouvantail chinois. Mais aussi, étant donné les caractéristiques cauchemardesques du personnage qui détient désormais tous les leviers du pouvoir de la première super-puissance du monde...
Cependant, en attendant voir si Trump ira jusqu’au bout de sa « logique » protectionniste et « pacificatrice » dans les guerres d’extermination en cours que mènent ses amis Netanyahou et Poutine en Ukraine et en Palestine, on peut être totalement sûrs de sa détermination de faire tout son possible pour écraser tous ceux et celles qui mènent la plus importante de toutes les guerres : celle contre la crise climatique ! Ne serait-ce que le négationnisme climatique et les actions de Trump en faveur de l’accélération vertigineuse de la catastrophe climatique, suffiraient à faire de lui le plus grand criminel de l’histoire de l’humanité !