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Auteur : Jérôme DUVAL

Haïti : De la colonisation à l’esclavage économique

Jérôme DUVAL
Finalement, les pays dits « en voie de développement » (PED) d’aujourd’hui remplacent les colonies d’hier : les grandes entreprises multinationales occidentales se placent dans les anciennes colonies, y investissent et en extorquent les ressources pour accumuler de faramineux profits qui s’évadent dans des paradis fiscaux appropriés. Tout cela se déroule sous le regard bienveillant des élites locales corrompues, avec l’appui des gouvernements du Nord et des Institutions financières internationales (IFI) qui exigent le remboursement de dettes odieuses héritées de la colonisation. Par le levier de la dette et des politiques néocapitalistes imposées qui la conditionnent, les populations spoliées paient encore le crime colonial d’hier et les élites le perpétuent subrepticement aujourd’hui, c’est ce qu’il est convenu d’appeler le néocolonialisme. Pendant ce temps, hormis quelques tardives et bien trop rares reconnaissances des crimes commis, on se hâte d’organiser l’amnésie collective (…) Lire la suite »
De la traite à la dette - Partie 1

Occupation et génocide en guise de « découverte »

Jérôme DUVAL

« On nous a dit et on continue à nous dire que les pèlerins du Mayflower sont venus peupler l’Amérique. Mais l’Amérique était-elle inhabitée ? » Eduardo Galeano |1|.

« Ce qui a été réellement découvert – en 1492 – c’est ce qu’était réellement l’Espagne, la réalité de la culture occidentale et celle de l’Église à ce moment. Tous (...) se sont mis à découvert. Ils n’ont pas découvert l’autre monde, ils l’ont recouvert. Ce qui nous reste à faire aujourd’hui, c’est de découvrir ce qui a été recouvert et que surgisse un “nouveau monde” qui ne soit pas seulement la répétition de l’ancien, qui soit véritablement neuf. Est-ce possible ? Est-ce pure utopie ? » Père Ignacio Ellacuria, quelques mois avant d’être sauvagement assassiné par des militaires salvadoriens |2|. Finalement, les pays dits « en voie de développement » (PED) d’aujourd’hui remplacent les colonies d’hier : les grandes entreprises multinationales occidentales se placent dans les anciennes colonies, y investissent et en extorquent les ressources pour accumuler de faramineux profits qui s’évadent dans des paradis fiscaux appropriés. Tout cela se déroule sous le regard bienveillant des (…) Lire la suite »

G4S : quand l’entreprise privée veille sur votre sécurité

Jérôme DUVAL

Le contexte sécuritaire qui est celui de l’Europe aujourd’hui ne fait pas que des malheureux, notamment du côté des firmes qui se sont spécialisées dans la sécurité et la surveillance. Parmi celles-ci, la britannique G4S, à laquelle de nombreux gouvernements sous-traitent leurs basses œuvres, depuis la gestion des prisons jusqu’à la déportation des migrants. Le nouveau monde « trumpien » dans lequel nous vivons va-t-il lui permettre de retrouver la santé financière, alors qu’elle avait été éclaboussée par de nombreux scandales ?

Un an tout juste après les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, un secteur économique au moins apparaît comme florissant : celui de la sécurité. La filiale belge de la multinationale de la sécurité G4S a annoncé avoir embauché 1 610 nouveaux collaborateurs en 2016, contrats temporaires compris. Un chiffre « exceptionnellement élevé » selon les termes de l’entreprise, leader du marché belge, qui prévoit encore 1000 embauches supplémentaires en 2017, « dont 500 femmes ». Sa concurrente Securitas, elle, a embauché 1400 personnes en 2016 dans le pays. Une tendance qui se retrouve partout en Europe, ainsi qu’aux États-Unis, et dont G4S compte bien profiter pour redorer une image bien écornée par les scandales. Qui est cette entreprise encore peu présente en France ? G4S se décrit elle-même comme le leader mondial des « solutions de sécurité ». D’origine britannique, cotée à Londres et à Copenhague, elle assure la surveillance d’aéroports, de ports, ou encore la gestion de transports (…) Lire la suite »

Venezuela : Aporrea, la communication populaire et la révolution bolivarienne

Jérôme DUVAL

Nous avons rencontré Gonzalo Gomez Freire, un des membres fondateurs d'Aporrea.org, média de communication né en 2002 comme moyen d'expression des mouvements sociaux vénézuéliens.

Tout au long de la révolution bolivarienne, et particulièrement dans le contexte politique vénézuélien actuel, il est nécessaire de s'informer auprès de médias de communication qui rendent compte de la réalité sociale tant du point de vue des mouvements, que des penseurs critiques. Au delà des nouvelles financières publiées chaque jours dans les médias qui appartiennent a de grandes multinationales, une multitude de médias communautaires diffusent de l'information alternative sur Internet, la radio et la télévision partout au Venezuela. Un des principaux, Aporrea, s'inscrit dans ce registre politique. Nous nous entretenons avec son fondateur, Gonzalo Gómez Freire. Jérôme Duval : Peux tu nous dire quand s'est formé le média alternatif d'information et d'opinion Aporrea et quel était le contexte au moment de sa création au Venezuela ? Gonzalo Gómez Freire : Aporrea a été créé comme articulation au mouvement populaire de Caracas au Venezuela pour faire face au coup d'État de 2002. (…) Lire la suite »

Le Réseau des municipalités contre la dette illégitime se renforce à Pampelune

Jérôme DUVAL

Dans la foulée de la première édition à Malaga, la deuxième rencontre « Municipalisme, Auto-gouvernement et Contre-pouvoir » (MAK2) a rassemblé « municipalités du changement » et mouvements sociaux à Pampelune (Espagne), du 20 au 22 janvier.

Un contexte d’envolée des prix de l’électricité en pleine vague de froid En plein milieu d’une vague de froid saisissante dans la péninsule Ibérique - avec des températures en dessous de zéro, de la neige sur les plages et des routes coupées -, le gouvernement Rajoy a augmenté les factures d’électricité... de 8 % en une seule journée |1|. Cette surenchère, qui affecte derechef les foyers les plus démunis, est criminelle : en 2015, les entreprises d’électricité ont déjà procédé à plus de 650 000 coupures de courant pour impayés, dont plus de 83 000 pendant plus d’un mois |2|. De plus, ces factures ont une TVA fixée à 21 %, un taux indécent pour un service essentiel. Le ministre de l’Énergie, Álvaro Nadal, nullement affecté par les conséquences pour les familles, a ajouté que l’escalade des prix allait se poursuivre et gonfler encore plus la facture, qui pourrait augmenter de 100 euros sur l’année |3|. Il ne manquait plus qu’un « Joyeux Noël » pour compléter ce nouveau cadeau aux (…) Lire la suite »

1986-2016 : souvenirs d’une répression violente

Jérôme DUVAL, Maurice DUVAL

En décembre 1986, en France, les lycéens, bientôt rejoints par les étudiants et les professeurs, se mobilisèrent contre « la loi Devaquet » qui visait à augmenter le prix des droits d’inscription à l’université. Le mouvement prit une ampleur considérable et la répression ne s’est pas fait attendre face à une contestation aussi légitime que démocratique. Bilan : un mort, Malik Oussékine, et des blessés graves, dont François Rigal, Patrick Berthet, Jérôme Duval [l'auteur de cette tribune] et bien d’autres. 30 ans après, Maurice Duval, père, et Jérôme Duval, fils, se souviennent.

Maurice Duval, père : Quels souvenirs as-tu de la journée du 4 décembre 1986 ? Jérôme Duval, fils : Organisé pour la mobilisation au Lycée Maurice Ravel et aussi en coordination avec d'autres lycées de Paris, on allait à cette manifestation nationale pour défendre nos revendications dont la première était l'abrogation totale du projet de loi. Il y avait tellement de monde (les organisateurs parlaient d'un million de personnes) que nous étions plutôt confiants quant à la victoire du mouvement. Nous étions déterminés et pacifiques, même quand le soir, sur la place des Invalides, les tirs de la police ont commencé à fuser suite à l'annonce de l'échec des négociations et à la position inflexible du gouvernement. À ce moment-là, nous formions une chaîne humaine totalement pacifique avec mon meilleur ami Antoine. Et toi, quels sont tes souvenirs ? MD : J’étais dans la manifestation avec mes collègues professeurs, le cortège était calme et revendicatif. Je te savais un peu plus loin (…) Lire la suite »

Un front des municipalités contre la dette illégitime se constitue en Espagne

Jérôme DUVAL

Des représentants de plus d’une cinquantaine de villes de toute l’Espagne se sont retrouvés à Oviedo ces 25 et 26 novembre, pour constituer un front des municipalités contre les dettes identifiées comme illégitimes et pour initier des audits des dettes des administrations publiques avec participation citoyenne.

C’est dans l’impressionnant Palais des Congrès (Palacio de Congresos) (1) de l’architecte Calatrava – éléphant blanc mastodonte d’Oviedo et exemple emblématique du gaspillage d’argent public – que se sont réunis les participants de la première rencontre des municipalités contre la dette illégitime et l’austérité. La réunion a officiellement donné le coup d’envoi au lancement du Réseau des municipalités contre la dette illégitime et les coupes budgétaires qui aura le « Manifeste d’Oviedo » comme texte de référence. Ce manifeste a connu un succès retentissant. En l’espace de quelques semaines, il a été signé par plus de 700 élus : maires, conseillers municipaux et députés de différents partis politiques de toutes les régions de l’État espagnol, îles Canaries et Baléares inclus. Soutenu également par des syndicats, europarlementaires et de nombreuses personnalités internationales parmi lesquelles Susan George ou Yanis Varoufakis, le Manifeste est activement appuyé par la Plateforme (…) Lire la suite »

De la Troïka à Goldman Sachs, le pantouflage de Barroso fait des vagues [2/2]

Jérôme DUVAL
(Lire la première partie) Ex-président de la Commission européenne, désormais collaborateur de la banque Goldman Sachs, José-Manuel Barroso ne s’est jamais appliqué les politiques d’austérité qu’il a imposées aux autres... L’indécente prospérité de celui qui prône l’austérité À la tête de la Commission européenne durant une décennie pour faire appliquer des contres-réformes régressives en Europe, Barroso profite de la mise en place de la Troïka pour mener des politiques d’austérité antisociales là où celle-ci mène ses programmes. Le mot d’ordre : baisse des dépenses publique via des réductions de salaire et des retraites dans la fonction publique, pour honorer des objectifs macroéconomiques imposés de l’extérieur. Cependant, l’homme fort de l’austérité se garde bien de s’appliquer à lui même ce qu’il impose aux populations. À son poste de président de la Commission européenne (CE), il percevait un salaire mensuel de plus de 25 000 euros brut sans compter son allocation pour (…) Lire la suite »

De la Troïka à Goldman Sachs, le pantouflage de Barroso fait des vagues [1/2]

Jérôme DUVAL

En rejoignant la banque Goldman Sachs, l’ancien président de la Commission européenne José-Manuel Barroso emprunte un chemin bien balisé.

« José Manuel va apporter une analyse et une expérience immense à Goldman Sachs, et notamment une profonde compréhension de l’Europe. Nous sommes impatients de travailler avec lui alors que nous continuons à aider nos clients à évoluer au sein d’un contexte économique et de marché incertain et délicat ». C’est en ces termes que s’exprimaient Michael Sherwood et Richard Gnodde, co-directeurs généraux de Goldman Sachs International, vraisemblablement « impatients » à l’idée d’accueillir l’ancien président de la Commission européenne en tant que collègue au sein de la célèbre banque d’affaires. Une recrue de choix pour Goldman Sachs Par un communiqué du 8 juillet 2016 (1), la banque impliquée dans le maquillage des comptes publics de la Grèce pour permettre son entrée dans la zone euro, annonce le recrutement de José Manuel Barroso, ancien premier ministre du Portugal de 2002 à 2004 avant de présider la Commission européenne durant une décennie entière, de 2004 à 2014. Celui qui (…) Lire la suite »

Quelle impunité face à la grande délinquance de la haute finance ?

Jérôme DUVAL

Le cas du Panama qui fait grand bruit est loin d’être la seule aberration en matière fiscale.

L’incohérence des listes de paradis fiscaux Le cas du Panama qui fait grand bruit est loin d’être la seule aberration en matière fiscale. Comment expliquer, par exemple, que les Bermudes - où la Société générale détient une filiale qui a réalisé 17 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 avec zéro salarié -, aient été retirées de la liste française des paradis fiscaux en janvier 2014 |1| ? Comment la Belgique a pu attendre 2015 pour placer officiellement le grand-duché de Luxembourg sur la liste belge des paradis fiscaux ? Comment peut-on imaginer que certains États européens, l’Union européenne (UE), le Groupe d’action financière, organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent (Gafi), l’OCDE ou le FMI aient des listes de paradis fiscaux distinctes ? Cette incohérence des fausses solutions apportées par des acteurs censés lutter contre la fraude et l’évasion fiscale encourage l’impunité des grands délinquants financiers qui jouissent par ailleurs (…) Lire la suite »