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Auteur : Jérôme DUVAL

Gesticulations de façade face à la délinquance financière

Jérôme DUVAL

Hypocrisie du FMI et autres institutions pour combattre l’évasion fiscale

En pleine tourmente du scandale des Panama Papers – qui a déjà valu la démission du Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson, suite à d’énormes manifestations |1|, et celle du ministre espagnol de l’Industrie José Manuel Soria après la révélation de sociétés à son nom aux Bahamas et à Jersey |2|, se clôturaient les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale le 16 avril dernier. La directrice du FMI, Christine Lagarde, accusée d’abus d’autorité dans l’affaire Tapie, en a profité pour plaider pour la transparence en matière fiscale. Puisque ceci « doit être un sujet d’inquiétude majeur » selon ses propres mots, profitons-en pour rappeler que le montant de son salaire annuel de 467 940 $ (419 695 €), assorti d’une allocation de 83 760 $ (75 127 €) par an pour frais de représentation, est exempté de tout impôt |3|. Christine Lagarde a beau parler de transparence, elle préside une institution dont le conseil des gouverneurs reste des plus opaques. Dans la (…) Lire la suite »

De Sarkozy à Hollande, les indulgences françaises avec le paradis fiscal panaméen

Jérôme DUVAL

En matière de délinquance financière et d’hypocrisie fiscale, les rapports des dirigeants français – présidents en tête – avec le petit État d’Amérique centrale sont jalonnés d’indulgences coupables.

Puisque le Panama revient sur le devant de l’actualité avec le scandale des « Panama Papers », rappelons que les politiciens et grandes instances internationales nous mentent régulièrement lorsqu’ils mettent en avant le combat contre ce fléau. En France par exemple, Nicolas Sarkozy se moquait de nous quand, fanfaronnant, il déclamait le 23 septembre 2009 sur TF1 et France 2, « Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est terminé ». Faut-il lui rappeler que l’évasion fiscale coûte de 60 à 80 milliards d’euros par an au budget de la France ; que la principale banque française, la BNP Paribas, détient pas moins de 170 filiales dans les paradis fiscaux (dont 29 filiales au Luxembourg, 10 à Hong-Kong, 7 en Suisse, 7 à Singapour et 7 aux Îles Caïmans) et que toutes les entreprises du CAC 40 fraudent allègrement le fisc en échappant à l’imposition via leurs filiales implantées dans ces territoires à faible fiscalité ? Paradoxalement, après la décision prise par le G20 de Londres de (…) Lire la suite »

L’évasion fiscale, délit de riches aux dépens des pauvres

Jérôme DUVAL

Près de 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, principalement dans les pays dits « en développement ». Or, dans ces pays, chaque année, au moins 250 milliards d’euros de recettes fiscales disparaissent dans les paradis fiscaux, soit 6 fois la somme nécessaire par an pour lutter et vaincre la faim d’ici 2025 |1|.

« On estime que 85 % à 90 % de ces avoirs [fonds privés placés dans les paradis fiscaux] appartiennent à moins de 10 millions de personnes – soit 0,014 % de la population mondiale –, et qu’au moins un tiers de ces avoirs appartiennent aux 100 000 familles les plus riches du monde, dont chacune pèse au moins 30 millions de dollars ». |2| C’est donc bien aux plus fortunés que profite la réduction des recettes fiscales par la fraude, ce qui perpétue et aggrave les inégalités. La raison mène à penser que les plus riches, qui jouissent des bénéfices de leurs sociétés, devraient contribuer à une redistribution au profit des plus pauvres via l’impôt sur les bénéfices de ces sociétés. Or, la plus-value ainsi dégagée par l’exploitation de la force de travail s’évapore dans des territoires paradisiaques pour l’oligarchie qui gouverne et légifère. Il s’agit d’un vol organisé à grande échelle - illégitime et non conforme à toute idée de développement humain - d’une richesse qui appartient à (…) Lire la suite »

Se passer des conseils de Deloitte ?

Jérôme DUVAL
Surnommés « les Big Four », Deloitte Touche Tohmatsu, Ernst & Young (EY), KPMG et Price Water House Coopers (PwC), sont les quatre grands cabinets d’audit qui opèrent de concert tel un cartel incontournable dans le monde des multinationales et de la finance planétaire. Ce fut tout d’abord les « Big 8 », tous dominés par les États-Unis, qui devinrent les « Big 6 » en 1989, avec les deux fusions géantes créant Deloitte et Ernst & Young. Une décennie plus tard, la création de PwC les concentre en cinq entités, les « Big 5 ». En 2002, avec la faillite du cabinet Arthur Andersen pour cause de fraude comptable après les scandales d’Enron et de Worldcom, s’ouvre l’ère des « Big Four » qui se partagent la quasi-totalité du marché mondial. Ces quatre multinationales auditent la plupart des grandes sociétés cotées en bourse dont toutes celles du CAC 40 en France par exemple. Omniprésents dans les entreprises, ils le sont aussi dans les universités où ils forment et recrutent comme (…) Lire la suite »

Loi travail : le capitalisme veut faire payer sa crise aux travailleurs

Jérôme DUVAL

Une fois de plus des gouvernements serviles aux institutions financières répondent aux logiques capitalistes au profit des grandes entreprises et de leurs actionnaires. La logique n’est pas nouvelle, mais répond à un système dont la violence ne fait que s’accentuer jusqu’à l’insoutenable.

La mobilisation populaire qui est en train de se répandre comme une tâche d’huile en France et bien au-delà, a eu comme élément déclencheur la « Loi travail » (ou « loi El Khomri »), qu’il serait plus juste de nommer « Loi Capital ». Comme le mentionne le communiqué du 8 avril de « Nuit Debout » à Paris, « cette réforme n’est pas un cas isolé puisqu’elle s’inscrit dans la liste des cures d’austérité subies par nos voisins européens et aura les mêmes effets que le Jobs Act italien ou la Reforma laboral espagnole (1) : plus de licenciements, plus de précarité, plus d’inégalité et le renforcement des intérêts privés. Nous refusons de subir cette stratégie du choc, imposée notamment dans un contexte d’état d’urgence liberticide. » (2) En effet, en Irlande, en Grèce, au Portugal, à Chypre, en Espagne, en Italie, en Roumanie, en République tchèque, en Slovaquie, en Estonie, en Hongrie, en France ou au Royaume-Uni et très bientôt à nouveau en Belgique, de nouvelles offensives portent (…) Lire la suite »

Un champion de l’évasion fiscale pour évaluer les acteurs de la coopération non gouvernementale

Jérôme DUVAL

En Belgique, sur base d’une évaluation réalisée par la multinationale Deloitte, Alexander De Croo, ministre de la Coopération au développement, a supprimé l’accès aux subventions publiques de vingt acteurs non gouvernementaux. L’entreprise a pourtant été maintes fois inculpée dans le passé.

Le 7 juin, le gouvernement a été interpellé par deux députés fédéraux sur le recrutement de la multinationale Deloitte, pour évaluer les acteurs de la coopération non gouvernementale. Sur base de cette évaluation, portant le nom de « screening » et qui applique des critères venus du management privé, le ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, a supprimé l’accès aux subventions publiques de vingt acteurs non gouvernementaux (ce qui représente 20 % de la totalité des organisations évaluées). Connue pour les conseils qu’elle prodigue aux entreprises pour contourner l’impôt notamment en Afrique, Deloitte est mal placée pour évaluer la « bonne gestion » d’ONG qui travaillent dans la coopération au développement. C’est ce qu’a rappelé le député fédéral Benoît Hellings dans sa question parlementaire soulignant que Deloitte « s’organise au niveau mondial pour conseiller les grandes structures et les grandes entreprises dans leur évasion fiscale ». Dans sa réponse, (…) Lire la suite »
La dette illégitime n’est pas une notion technique ou juridique, c’est un concept politique

"Nous travaillons à la construction d’un large mouvement populaire, conscient, critique et mobilisé"

Jérôme DUVAL, Milena RAMPOLDI

Jérôme Duval est un militant du CADTM, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, créé en 1990 à Liège, en Belgique, et devenu aujourd’hui un réseau mondial. Le CADTM a participé notamment à l’audit de la dette publique en Équateur et à la Commission parlementaire pour la vérité sur la dette publique en Grèce et participe aux mouvements contre les dettes odieuses dans de nombreux pays. Il a bien voulu répondre à nos questions, à la veille de l’assemblée mondiale du réseau, qui aura lieu fin avril à Tunis. -Milena Rampoldi, ProMosaik/Tlaxcala

Quels sont les objectifs principaux du CADTM ? Tel qu’il est stipulé dans nos textes fondateurs, le CADTM s’engage à favoriser l’émergence d’un monde plus juste dans le respect de la souveraineté des peuples, de la justice sociale, de l’égalité entre les hommes et les femmes. Son travail principal, axé sur la problématique de la dette, consiste en la réalisation d’actions et l’élaboration d’alternatives radicales visant à l’émergence d’un monde basé sur la souveraineté, la solidarité et la coopération entre les peuples, le respect de la nature, l’égalité, la justice sociale et la paix. Il s’agit de mettre un terme à la spirale infernale de l’endettement insoutenable au Sud comme au Nord et de parvenir à l’établissement de modèles de développement socialement justes et écologiquement durables. La dette fait partie d’un système qu’il s’agit de combattre dans son ensemble mais, pour le CADTM, l’annulation de la dette illégitime ne constitue pas une fin en soi. Il s’agit d’une (…) Lire la suite »

Espagne : près d’un demi-million d’expulsions, le produit d’une loi franquiste

Jérôme DUVAL, Fatima MARTIN

Entre 2008 et le second trimestre 2015, l’Espagne a connu 416.332 ordres d’expulsion de logements. (1) Les expulsions sont une des conséquences de la crise, mais la loi qui les autorise est bien antérieure. Il s’agit de la « loi hypothécaire » imposée par décret sous la dictature de Franco en 1946, et qui demeure en vigueur.

La « métaphysique » des expulsions L’Association hypothécaire espagnole (AHE) elle-même, qui rassemble les groupes financiers les plus actifs sur le marché espagnol des prêts hypothécaires, rappelle sur son site Internet que cette loi est la refonte d’un décret du 8 février 1946. Dans son guide « en caso de impago » (en cas de non-paiement) qui vise à rassurer les créanciers, il est fait état que : « si un emprunteur ne paie pas un crédit - qu’il soit personnel ou hypothécaire - il devra répondre avec tous ses biens, non seulement ceux qu’il possède présentement mais également ceux qu’il pourrait acquérir dans le futur, jusqu’à l’apurement complet de la dette ». Le contexte idéologique dans lequel agissait cette association relevait d’un mythe très répandu à l’époque, selon lequel, comme l’affirmait un ex-président de l’AHE Gregorio Mayaya, il était « métaphysiquement impossible que le prix des logements baisse ». C’est en raison de mensonges comme celui-ci, qui ont fortement (…) Lire la suite »

Espagne : Le début de la fin du bipartisme ?

Jérôme DUVAL

Malgré le score du PP (Parti Populaire) qui a récolté le plus de bulletins, les élections de ce 20 décembre 2015 en Espagne dessinent un désir de changement, peut-être de rupture avec le régime de 1978 (transition post-franquiste) ou tout du moins de dépassement de l’alternance libérale du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) au PP et vice-versa...

Le peuple espagnol se lasse chaque fois plus de vivre sous les mandats de ces deux partis qui se partagent le pouvoir et obéissent à leurs créanciers en appliquant l’austérité. À gauche, malgré un système électoral profondément injuste, nous voyons comment les regroupements de partis remportent une victoire écrasante dans les urnes, soulignant une fois de plus la volonté de fédérer les forces pour le changement lors d’élections historiques durant lesquelles l’abstention a perdu de plus de quatre points, passant de 31,06 % en 2011 à 26,80 %. Crise du bipartisme du PP et PSOE Certes le PP a gagné, mais il a perdu 63 députés par rapport à 2011 (il passe de 186 à 123 députés au Parlement) et reste bien loin de la majorité absolue (176 sièges nécessaires). Depuis les dernières élections « générales » de 2011, le PP passe de 44,63 % à 28,72 % des suffrages, c’est à dire de 10,8 à 7,2 millions de bulletins. Soit une chute brutale et historique de 3,6 millions de votes en moins. |1| (…) Lire la suite »

L’Ukraine sous ingérence du FMI sombre dans la récession

Jérôme DUVAL

Qu’importe si les politiques du FMI disséminées partout sur la planète provoquent le chaos social comme en Grèce ou ailleurs, l’objectif reste le même : le renforcement du capital aux dépens des biens et services publics. L’institution tant redoutée pour s’être fortement impliquée dans la vague de privatisations désastreuses en Europe de l’Est lors de la transition post-communiste au début des années 1990 poursuit sa route en Ukraine. Dès le début de la crise, en novembre 2008, l’Ukraine figure parmi les premiers pays européens à tomber dans la nasse du FMI peu après l’Islande, la Géorgie et la Hongrie.

Suite à un puissant mouvement insurrectionnel aboutissant à la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovytch, le nouveau gouvernement transitoire mis en place le 27 février 2014, offre au FMI l’opportunité d’infliger une violente cure d’austérité au peuple ukrainien. Sans même attendre les élections, des négociations opaques avec ce gouvernement non élu aboutissent à l’adoption de politiques ultra libérales en échange d’un prêt du FMI. Pourtant rejeté en première lecture par les députés du Parlement ukrainien le 27 mars, ce programme impopulaire exigé par le FMI, est finalement adopté suite à de fébriles négociations. |1| Pour l’actuel Premier ministre Arseni Iatseniouk, il n’existerait aucune alternative aux diktats du FMI. Déjà en octobre 2008, lorsqu’il était président du Parlement, Iatseniouk déclarait à propos du programme de l’institution internationale basée à Washington : « Nous n’avons pas le choix. Ce n’est pas une question de politique, c’est une question (…) Lire la suite »