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Auteur : Jérôme DUVAL

Quand l’Aide publique au développement finance les garde-côtes libyens

Jérôme DUVAL

Un programme européen de 46 millions d’euros a été lancé pour renforcer les capacités des garde-côtes et gardes-frontières en Libye, pourtant responsables de violations des droits humains.

En 2016, plus de 131 ONG avaient exprimé leurs vives inquiétudes quant à la direction que prend l’Union européenne (UE) dans ses relations avec les pays tiers, en faisant de la dissuasion et du retour des personnes migrantes son objectif principal au détriment de sa crédibilité dans la défense des valeurs fondamentales et des droits humains [1]. Ces critiques ne semblent pas avoir perturbé l’avancée des politiques mortifères de l’UE. Frontex, rebaptisée Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, a indiqué avoir aidé au retour de plus de 10 000 personnes migrantes en 2017, soit près de deux fois plus qu’en 2016 et presque trois fois plus qu’en 2015 [2]. L’Agence a fait ses premiers pas dans l’établissement d’une coopération avec Israël, pays dont les antécédents en matière de traitement des réfugiés suscitent l’indignation, et participe également à la formation des gardes-côtes libyens, connus pour leurs multiples violations des droits humains [3]. L’Europe fournit (…) Lire la suite »

L’Aide publique au développement détournée pour durcir les politiques migratoires

Jérôme DUVAL
L’Aide publique au développement doit en principe financer des projets dans les pays du Sud pour lutter contre la pauvreté et appuyer leur essor économique. De plus en plus, les budgets alloués sont en fait utilisés pour des politiques de contrôle migratoire. L’augmentation de façade de cette aide s’explique ainsi en partie par son détournement pour stopper les personnes migrantes aux portes de l’Europe. Un nouvel exemple en est le « Fonds fiduciaire d’urgence » de l’Union européenne [1]. Explications de Jérôme Duval, du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) L’aide publique au développement (APD) est l’ensemble des dons et prêts à conditions normalement favorables accordés par des organismes publics de pays parmi les plus riches de la planète à des pays parmi les plus pauvres [2] Cette aide a atteint 146,6 milliards de dollars en 2017. La France fait partie des cinq premiers pays donateurs (avec les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon). Mais à (…) Lire la suite »

Patrice Lumumba : à Bruxelles, une place contre l’oubli

Robin DELOBEL, Jérôme DUVAL

Depuis plus de dix ans, des associations revendiquaient, dans la capitale belge, un espace public au nom de l’ancien Premier ministre du Congo assassiné. Jérôme Duval et Robin Delobel, du CADTM, racontent comment c’est devenu le cas.

Réclamé depuis des années par les communautés congolaise et africaine, le conseil communal de la Ville de Bruxelles a approuvé le 23 avril, à l’unanimité, la décision d’un espace public Patrice-Lumumba. Une statue à la mémoire de l’ancien Premier ministre du Congo sera édifiée square du Bastion, aux portes du quartier Matonge, le quartier de la communauté congolaise de la capitale. Démocratiquement élu au moment de l’indépendance, celui-ci avait défié les autorités belges dans un discours anticolonialiste devenu célèbre en 1960, avant d’être assassiné six mois plus tard, le 17 janvier 1961, avec la complicité de responsables belges. Quelques minutes avant ce vote historique, Zoubida Jellab, conseillère communale pour le groupe Ecolo-Groen, se lance dans un discours juste et nécessaire : « C’est un acte historique que nous allons poser aujourd’hui ensemble en baptisant un espace public dédié à la mémoire de Patrice Emery Lumumba, héros national du Congo et donc une référence à (…) Lire la suite »

Chassée du Gabon, Veolia saisit une nouvelle fois l’arbitrage international

Jérôme DUVAL, Olivier PETITJEAN
Le Gabon, après vingt ans de privatisation de son eau et son électricité au profit de Veolia, vient de décider de se débarrasser unilatéralement de la multinationale française. S’il est difficile d’établir les torts respectifs de Veolia et du gouvernement gabonais, leurs relations ayant toujours été marquées par la connivence et le secret, une chose est sûre : le groupe français a décidé une nouvelle fois, après l’avoir fait contre l’Argentine, l’Égypte ou encore la Lituanie, de saisir un tribunal arbitral international – ces structures opaques chargées, dans le cadre de traités d’investissement, de défendre les intérêts des multinationales face aux États. Depuis la privatisation de 1997, l’entreprise française Veolia jouissait d’un monopole absolu sur la distribution de l’eau et de l’électricité au Gabon, via sa filiale SEEG (Société d’Énergie et d’Eau du Gabon), détenue à 51%. Un arrangement mutuellement avantageux pour la multinationale française et le régime d’Omar Bongo, (…) Lire la suite »

L’aide publique au développement aux antipodes de la solidarité

Jérôme DUVAL
Le 11 avril 2017, à l’issue de son rapport(1)|, l’OCDE annonce fièrement une hausse de l’aide publique au développement pour l’année écoulée : « En 2016, les apports nets d’aide publique au développement (APD) des pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) (2) de l’OCDE ont atteint un nouveau sommet, avec un montant de 142,6 milliards USD. Ce chiffre représente un accroissement de 8,9 % par rapport à 2015, compte tenu des taux de change et de l’inflation. L’APD nette a aussi augmenté en pourcentage du revenu national brut (RNB) pour passer à 0,32%. » La présidente du CAD Charlotte Petri Gornitzka s’empresse : « Je me réjouis de constater que l’aide apportée par les donneurs du CAD pour le développement a enregistré une nouvelle augmentation annuelle, et j’espère que cette évolution à la hausse se poursuivra. » (3) Fort heureusement, le rapport du CNCD sur l’Aide belge au développement (4) vient s’ajouter aux nombreuses études qui donnent du fil à retordre à celles et (…) Lire la suite »

Tragédie à la grecque à la mairie de Madrid ?

Jérôme DUVAL

L’éviction de l’adjoint aux finances à la mairie de la capitale espagnole, coupable d’avoir voulu résister à l’injonction à l’austérité par le pouvoir central, ouvre une nouvelle crise politique.

Balayant le Parti populaire au pouvoir depuis vingt-quatre ans dans la capitale, Ahora Madrid, la coalition dite du changement, avait pris d’assaut la municipalité lors des dernières élections municipales du 24 mai 2015, avec 31,85 % des voix et vingt sièges de conseillers. Le ministre espagnol des Finances et de la Fonction publique, Cristóbal Montoro, qui excelle dans la transposition des règles budgétaires européennes d’austérité au niveau municipal du royaume, obtient la soumission de la ville la plus endettée, jusqu’ici emblème des politiques alternatives au gouvernement central, tout en fissurant le nouveau pouvoir municipal Ahora Madrid, aujourd’hui en pleine crise politique. Le ministre Montoro déclenche la polémique au sein de la coalition au pouvoir à Madrid La maire, Manuela Carmena, a décidé lundi 18 décembre de destituer son adjoint aux finances, Carlos Sánchez Mato, quelques heures avant une session plénière d’une cruciale importance, celle devant décider (…) Lire la suite »

La XIe Semaine d’actions globales contre la dette illégitime s’est déroulée à Madrid

Jérôme DUVAL
Du 4 au 7 octobre 2017 s’est tenu à Madrid, au Centre Social des Communs Urbains, La Ingobernable – le plus important espace autogéré et occupé de la ville – la XIe Semaine mondiale d’actions contre la dette, les fonds vautours et les Institutions financières internationales (IFI). Les activités ont été organisées par la Plateforme d’audit citoyen de la dette (PACD) Madrid. Comme chaque année, début octobre, des mouvements sociaux et organisations de différentes parties du monde qui luttent contre le ‘système dette’, attirent l’attention sur le grave problème que constitue la dette illégitime pour la souveraineté des peuples. De plus, cette année, nous commémorons le trentième anniversaire de l’assassinat de l’ex-président du Burkina Faso Thomas Sankara, qui fut un des premiers leaders africains à dénoncer l’oppression de la dette externe et appeler à la constitution d’un front de pays unis contre la dette illégitime et contre le paiement de celle-ci, avant d’être assassiné. Le 4 (…) Lire la suite »

La répression s’abat sur le peuple catalan

Jérôme DUVAL
Au-delà de toute aspiration sécessionniste, un élan de solidarité s’exprime avec le peuple catalan qui a choisi l’autodétermination de la Catalogne par le vote et plus largement avec tout le peuple de l’État espagnol qui souhaite sauvegarder ce qu’il subsiste de démocratie. La violence inouïe du gouvernement central de Mariano Rajoy envers des citoyennes et citoyens voulant exercer leurs droits est incompatible avec toute idée de démocratie. Fuyant le débat jusqu’au bout, cette violence apportée comme seule réponse à une question soulevée de façon cruciale depuis 2014 n’a fait qu’exacerber le caractère antidémocratique de l’actuel Parti populaire au pouvoir. La gestion calamiteuse du gouvernement sur cette question a laissé libre cours à la répression policière et à l’extrême droite d’agir, d’agresser des citoyens et des représentants politiques, telle la présidente du parlement d'Aragon, membre de Podemos, Violeta Barba [1]. Même s’il reste encore insignifiant, le parti (…) Lire la suite »
Côte d’Ivoire : de l’exploitation des planteurs de cacao à l’amer profit du chocolat

À qui profite la manne des matières premières ?

Jérôme DUVAL
Finalement, les pays dits « en voie de développement » (PED) d’aujourd’hui remplacent les colonies d’hier : les grandes entreprises multinationales occidentales se placent dans les anciennes colonies, y investissent et en extorquent les ressources pour accumuler de faramineux profits qui s’évadent dans des paradis fiscaux appropriés. Tout cela se déroule sous le regard bienveillant des élites locales corrompues, avec l’appui des gouvernements du Nord et des Institutions financières internationales (IFI) qui exigent le remboursement de dettes odieuses héritées de la colonisation. Par le levier de la dette et des politiques néocapitalistes imposées qui la conditionnent, les populations spoliées paient encore le crime colonial d’hier et les élites le perpétuent subrepticement aujourd’hui, c’est ce qu’il est convenu d’appeler le néocolonialisme. Pendant ce temps, hormis quelques tardives et bien trop rares reconnaissances des crimes commis, on se hâte d’organiser l’amnésie collective (…) Lire la suite »

Pillage des ressources et néocolonialisme

Jérôme DUVAL

Finalement, les pays dits « en voie de développement » (PED) d’aujourd’hui remplacent les colonies d’hier : les grandes entreprises multinationales occidentales se placent dans les anciennes colonies, y investissent et en extorquent les ressources pour accumuler de faramineux profits qui s’évadent dans des paradis fiscaux appropriés. Tout cela se déroule sous le regard bienveillant des élites locales corrompues, avec l’appui des gouvernements du Nord et des Institutions financières internationales (IFI) qui exigent le remboursement de dettes odieuses héritées de la colonisation. Par le levier de la dette et des politiques néocapitalistes imposées qui la conditionnent, les populations spoliées paient encore le crime colonial d’hier et les élites le perpétuent subrepticement aujourd’hui, c’est ce qu’il est convenu d’appeler le néocolonialisme. Pendant ce temps, hormis quelques tardives et bien trop rares reconnaissances des crimes commis, on se hâte d’organiser l’amnésie collective afin d’éviter tout débat sur de possibles réparations. Celles-ci, ouvrant la voie à des réclamations populaires, pourraient engager un devoir de mémoire émancipateur jusqu’à de possibles restitutions. Une perspective à étouffer avant qu’elle ne s’embrase ?

Domination esclavagiste, occupation et expropriation des ressources Suite aux voyages de Christophe Colomb, l’invasion espagnole dévaste royaumes et régions entières, les dépeuplant et les brûlant. Les Indiens accueillent pourtant les chrétiens du mieux qu’ils peuvent, souvent en offrant hébergement, nourriture et quantité d’or. Les colons espagnols, quant à eux, répandent presque systématiquement la peur, massacrent, torturent ou brûlent les Indiens dès leur arrivée afin d’assurer leur domination et faciliter leur colonisation. Bartolomé de las Casas, un des rares à dénoncer cette extermination au moment des faits, décrira l’horreur avec laquelle ces tyrans décimèrent les populations originaires |1|. Les grandes puissances coloniales, le Portugal, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, la Hollande et la Belgique principalement, ont provoqué la mort d’une grande partie des populations autochtones des Amériques, d’Asie, puis d’Afrique afin d’en soustraire les ressources naturelles (…) Lire la suite »