Michael Mann est un bon exemple. Celui qui faisait partie du personnel de The Financial Times gagne aujourd’hui un meilleur salaire en sa qualité de porte-parole de Catherine Ashton, chef de la politique étrangère de l’Union Européenne. Une partie du plan de charge de Mann consiste à régurgiter la propagande israélienne.
En effet, cette semaine, il a publié une déclaration dans laquelle il affirme que le dernier bombardement israélien sur Gaza constitue « des tirs de riposte. » « Tout intervient en réponse aux roquettes tirées depuis la Palestine, » a-t-il indiqué.
Une déclaration qui ne reconnait pourtant pas qu’Israël est en train d’imposer une punition collective aux civils palestiniens et ce, en violation claire du droit international. La déclaration ne fait aucune mention des sept années de blocus israélien sur Gaza. Personne ne reconnait que l’assassinat de trois jeunes israéliens a servi de prétexte pour que le gouvernement de Benyamin Netanyahu tue le plus grand nombre d’enfants palestiniens possible. Pour rappel, au cours de ces derniers jours, plus de vingt enfants Gazaouis ont été assassinés, un chiffre malheureusement appelé à la hausse.
Au lieu de cela, il y a eu un appel anodin à la « retenue »
Bulles
A l’instar de l’élite Bruxelloise, Mann vit dans une sorte de bulle. Depuis quelques mois, le sujet principal de discussion dans ce cocon a été de savoir quel homme politique douteux deviendra le nouveau président de la Commission Européenne. Le préjudice infligé par les politiques d’austérité de l’UE et par ses partenaires « stratégiques » (tel que Catherine Ashton considère Israël) a largement été ignoré.
Les diplomates en poste en Israël vivent eux aussi dans une bulle. L’ambassade de l’Union Européenne en Israël se trouve dans un gratte-ciel situé dans le quartier des affaires de Ramat Gan, une ville près de Tel Aviv. La convivialité des salons de thé et des restaurants que le personnel de l’ambassade fréquente ne donnent aucun indice sur l’immense souffrance humaine qui sévit à Gaza, à quelque soixante-dix kilomètres de là.
L’Ambassadeur de l’Union Européenne en Israël, Lars Faaborg-Andersen, s’est aventuré en dehors de la bulle lundi dernier. Mais il ne s’est pas hasardé à Gaza, il est allé à Ashkelon, au sud d’Israël. Là-bas, il a exprimé sa solidarité avec les Israéliens qui subissent la « menace inacceptable » des roquettes en provenance de Gaza.
Dans une interview accordée au quotidien israélien Haaretz, l’ambassadeur a expliqué son geste de solidarité et a précisé : « Je voulais souligner que tirer des roquettes aveuglément et sans discernement sur des civils ne peut pas être légitime et ne constitue pas une réponse acceptable à des plaintes ou griefs, quel qu’en soit le type. »
Postée sur le site web de Haaretz, la vidéo de l’interview a épargné aux auditeurs toute explication quant au type de griefs que les Palestiniens peuvent avoir.
Fait embarrassant
Il y a eu une omission totale d’une situation délicate et d’un fait gênant qu’est l‘utilisation des Palestiniens comme des rats de laboratoires pour l’industrie de l’armement israélienne. Rien d’étonnant, il suffit de fouiller un peu plus.
Au mois de juin, Israël a signé un accord qui permet à ses fabricants d’armes, ceux-là même qui profitent pleinement de l’actuelle offensive contre Gaza, de participer aux programmes de recherche scientifique de l’Union Européenne. Baptisé Horizon 2020, ce programme s’est vu allouer la somme colossale de €80 milliards (soit $109 milliards) d’ici à la fin de la décennie.
Faaborg-Andersen tenait tellement à mettre l’accent sur son empathie avec les sionistes qu’il a, de manière frappante, fait fi du plaidoyer majeur des Palestiniens pour la justice : l’appel lancé en 2005 pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) contre Israël. Il s’était empressé de souligner qu’Israël est invité à continuer l’exportation de marchandises de ses colonies de la Cisjordanie occupée, même si quelques gouvernements européens avaient dernièrement déconseillé à leurs entreprises d’effectuer des transactions avec les colonies.
« L’Union Européenne n’interdit personne, » a-t-il précisé. « Nous sommes contre les boycotts. Nous sommes contre le BDS. Nous sommes contre l’isolement d’Israël. »
Favoriser Israël
Loin d’isoler Israël, certains des principaux représentants de l’UE semblent déterminés à le favoriser étroitement. Le mois passé, Daniel Calleja, directeur général de la direction « Entreprises et industrie » à la Commission Européenne, a conduit la seconde « mission de l’UE pour le développement » en Israël depuis de nombreuses années.
Parmi les firmes israéliennes impliquées dans cette « mission » pour relancer l’activité commerciale avec l’UE figure Elbit, un fournisseur des drones qui sont actuellement utilisés pour bombarder Gaza, ainsi que des équipements de surveillance installés sur le mur de l’apartheid, déclaré illégal par la Cour Internationales de Justice, il y a exactement dix ans.
Il y également Ahava, une entreprise de cosmétiques basée dans une colonie israélienne en Cisjordanie.
Il y a, bien évidemment, une importante mise en garde qui doit être incluse lorsque l’UE prétend s’opposer aux boycotts. Et c’est seulement lorsque ces boycotts touchent Israël.
Sous la pression des États-Unis, l’Union avait décidé de boycotter le gouvernement palestinien formé au lendemain des élections de 2006. Les représentants de l’UE qui ne cessent de parler constamment de démocratie n’avaient pas apprécié l’issue de l’exercice de la démocratie car, cette fois, c’est le mauvais parti, le Hamas, qui avait gagné.
Ceux d’entre nous qui faisons de notre mieux pour pouvoir vivre dans un monde réel détectons et relevons le deux poids deux mesures troublant des représentants de l’UE. Sauf que ces représentants semblent indifférents et inconscients de la puanteur de leurs actes. Et c’est ce qui arrive, je présume, lorsqu’on vit dans une bulle.
David Cronin
David Cronin est le correspondant de l’agence de presse Inter Press Service. Né à Dublin en 1971, il a écrit pour diverses publications irlandaises avant de commencer à travailler à Bruxelles en 1995. Son dernier livre, Corporate Europe : How Big Business Sets Policies on Food, Climate and War est publié en août chez Pluto Press www.plutobooks.com.
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Traduction : Info-Palestine.eu - Niha