Cinq mois après leur lancement fin juillet 2013 les pourparlers de paix entre Palestiniens et Israéliens sont, de l’aveu des deux camps, en sérieuse difficulté.
A un point tel, semble-t-il, que le secrétaire d’État américain, John Kerry, aurait décidé de rompre avec la position initiale qui a été la sienne ayant consisté à encourager seulement les deux parties à ne pas mettre un terme à leurs négociations au motif qu’elles ne parviennent pas à concilier leurs points de vue sur les contentieux qui sont sur la table de ces négociations.
Kerry a en effet annoncé qu’il reviendra dans la région le 4 janvier porteur d’un projet étasunien d’accord « cadre » qui se situerait, selon le chef des négociateurs palestiniens Saeb Erakat, « entre une déclaration de principe et un traité ». Est-ce pour autant que l’initiative de Washington fera avancer les négociations au point qu’elles déboucheraient sur un accord de paix final dans le délais de neuf mois fixé par la Maison-Blanche et le département d’État quand ils ont fait accepter leur relance aux deux camps ?
Le forcing que va entreprendre John Kerry se heurte à un scepticisme général de même qu’au climat d’opposition à un accord palestino-israélien qui prédomine tant en Israël que dans les Territoires palestiniens occupés. Ce que le secrétaire d’État rechercherait en fait c’est de sauver la face aux États-Unis en obtenant des deux parties d’apposer leurs signatures au bas de son projet d’« accord-cadre » comme preuve que sa médiation a fait bouger les lignes et augure d’une possibilité à venir d’un accord définitif entre elles.
A moins d’avoir révisé leur position, les Palestiniens ne peuvent se satisfaire, comme avaient averti tant Mahmoud Abbas que son représentant en chef à la table des négociations, d’un accord autre que final et définitif car, pour les Palestiniens, il n’est plus question de se satisfaire d’« accord-cadre » ou « intermédiaire » comme ceux qui depuis Oslo ont ponctué les négociations palestino-israéliennes sans avoir fait avancer le processus de création d’un État palestinien viable et doté des attributs de la souveraineté pleine et entière.
Si les négociations palestino-israéliennes doivent se poursuivre elles doivent déboucher par un accord irrévocable sur le calendrier de création de l’État palestinien. Ce qui suppose que les deux parties s’entendent sur le règlement des contentieux qui les opposent. Or, il apparaît clairement qu’après cinq mois de négociations les positions des deux camps sont très éloignées concernant les solutions des contentieux, voire même inconciliables. Il est illusoire de croire que le projet d’« accord-cadre » que Kerry va soumettre à ses interlocuteurs palestiniens et israéliens contient des propositions susceptibles d’arranger les deux en même temps. Celles-ci pencheront en faveur de l’une des parties et, sachant de quel côté inclinent les États-Unis, l’on sait par avance que les Palestiniens n’ont rien de bon à attendre de l’initiative de John Kerry. D’où pour leurs négociateurs l’obligation de refuser les faux-fuyants et promesses dilatoires que sont les arrangements du type « accord-cadre ou intérimaire » et de s’en tenir à un accord final réglant tous les points de contentieux sur lesquels achoppe la création de l’Etat palestinien.
Depuis Oslo, les Palestiniens ont été trop « baladés » par Israël et les États-Unis ; il leur faut sortir d’une façon ou d’une autre d’un processus au cours duquel, de concession en concession, l’objectif de création d’un État palestinien s’est éloigné et en faire d’autres que l’état sioniste exige au cours de ces négociations c’est en officialiser l’enterrement.
Kharroubi Habib