Généralités
Malgré les annonces « pacifistes » d’Ottawa qui firent évoquer l’Iliade d’Homère et la Guerre de Troie, nous, dès le premier instant, prîmes parti pour la vraie cause de la paix ; en Syrie pour les Syriens, en Iran pour les Iraniens, au Proche-Orient pour les Juifs et les Arabes, et dans le monde pour les peuples de tous les pays. En effet, dès le premier instant, nous percions à jour l’annonce du ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, qui, commençant à psalmodier la cause de la paix mondiale, cherchait à débroussailler l’opinion publique pour une guerre à venir contre l’Iran ; à canaliser le choc des Canadiens - en adoptant un discours « pacifiste », mais basé malheureusement sur une vision manichéenne - ; à forger leur opposition en suscitant une menace imminente pour la paix mondiale, en provenance d’un État voyou - ici l’Iran -, une menace qui sert en effet à détourner l’attention loin de la folie de la coalition politique actuelle à Tel-Aviv qui sollicite la guerre ; à détourner l’attention loin des jérémiades de Ménélas Benyamin Netanyahu [3], qui suppliait son « frère » Agamemnon Stephen Harper [4] à chevaucher avec lui dans une nouvelle Iliade, cette fois-ci contre l’Iran, en dépit de l’opposition et des hurlements d’Arès Barack Obama [5] ; à former enfin une opinion publique en faveur d’une nouvelle Iliade ; pour sacquer Troie et prendre en captivité son roi Priamos ; pour établir la démocratie démocratique en Syrie, en la tournant en un émirat islamiste jihadiste, tel qu’il fut indiqué dans moult reportages de première classe ; pour lever une nouvelle Iliade comme la guerre de Troie n’a pu jamais en produire ; pour hurler enfin avec Zeus Cronide [6] :
Va, songe menteur, vers les nefs rapides des Achéens. Entre dans la tente de l’Atréide Agamemnon et porte-lui très fidèlement mon ordre. Qu’il arme la foule des Achéens chevelus, car voici qu’il va s’emparer de la ville aux larges rues des Troyens. Les immortels qui habitent les demeures Olympiennes ne sont plus divisés, car Hèrè les a tous fléchis par ses supplications, et les calamités sont suspendues sur les Troyens [7].
Israël prend part à la danse de guerre
Au moment même où le gouvernement Harper appela à l’établissement de la démocratie démocratique en Syrie, il laissa entreprendre, sous le commandement de la Sainte-Alliance, une Iliade contre la Syrie qui, depuis dix-neuf mois, s’engageait dans une confrontation sanglante contre les jihadistes d’al-Qaïda et les islamistes wahhabites, premiers ennemis de toute démocratie démocratique. En plus, au moment même où l’on accusa l’Iran d’être « la menace la plus importante à la paix et à la sécurité mondiales à l’heure actuelle », on s’aveugla sur les menaces que proférait la coalition actuelle en Israël à ses voisins.
Quels calculs profonds ! Quel paradoxe historique !
Dire que la coalition actuelle à Tel-Aviv n’appelle pas à la destruction de ses voisins ne manque pas assez de souplesse que de naïveté à la Palin [8], et cela pour deux raisons :
premièrement, dans la réalité concrète des choses, la division manichéenne du monde en deux camps, celui du bien et celui du mal, ne reflète en effet qu’une vision enfantine de la réalité, et seuls ceux qui ne s’élèvent pas, par leur méthode de penser, à un stade plus avancé, croient à telle division, et agissent par conséquent comme s’ils étaient élus par Zeus Cronide pour guerroyer contre Hadès et déraciner le mal de notre monde ;
deuxièmement, les médias monopoles font encore témoins de dizaines de menaces de destruction proférées ostensiblement aux pays voisins par les rois de la coalition actuelle à Tel-Aviv. A titre d’exemple, le 7 avril 2008, le ministre israélien des Infrastructures, Benyamin Ben Eliezer, menaça de détruire l’Iran : « Israël adoptera "une riposte dure" et détruira l’Iran si Téhéran lance une attaque contre l’État hébreu [9] ». Il ajouta : « une attaque iranienne contre Israël déclenchera une riposte dure qui provoquera la destruction de la nation iranienne [10] ». M. Ben Eliezer fit ces déclarations, d’une rare virulence, à l’occasion d’une réunion à son ministère organisée dans le cadre du plus grand exercice militaire de l’histoire d’Israël.
Dans une déclaration plus récente, le 2 février 2012, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, menaça, lors d’une conférence sur la sécurité, d’attaquer l’Iran : « si les sanctions échouent, l’Iran devra faire face à des attaques aériennes [11] ». Un peu plus tôt, le vice-Premier ministre Moshe Yaalon eut déclaré que l’Iran devait être stoppé « un jour ou l’autre ». A plus forte raison, MM. Netanyahu et Barak estimèrent, dans ces conditions, qu’Israël devait attaquer pour éviter une « nouvelle Shoah [12] ».
En plus, le 11 septembre 2012, M. Netanyahu menaça à nouveau d’attaquer l’Iran : « si la communauté internationale refuse de fixer une ligne rouge à Téhéran en matière nucléaire elle ne peut demander à Israël de rester sans réaction [13] ». Ajoutons à toutes ces danses de guerre la caricature de M. Netanyahu à l’ONU, le 27 septembre, où il brandit le dessin d’une bombe prête à exploser sur lequel il traça, au feutre, une ligne rouge située juste en-dessous de l’« étape finale » [14]
Ces mises en garde brutales de responsables israéliens, ces menaces continues de rayer la nation iranienne, ces comportements de type hystérique de la part de la coalition actuelle à Tel-Aviv, viennent conforter Yedioth Ahronoth, qui affirma dans un éditorial qu’Israël pourrait « renvoyer l’Iran à l’âge de la pierre [15] ». Il eût suffi ici de retourner aux archives des médias monopoles pour récupérer des données pertinentes sur le sujet ; ce que M. John Baird n’eût pas fait, le jour où il rendit public son Iliade du Sept-Septembre. Il eût fallu encore lui rappeler que servir la cause de la paix mondiale nécessite la condamnation des cris et des hurlements de guerre en provenance de tous les camps ; car on ne peut pas psalmodier la paix le matin et apaiser Arès le soir, en lui chantant un péan [16]. Pourtant, M. Baird insista que le régime iranien « menaçait régulièrement l’existence d’Israël et tenait des propos antisémites racistes en plus d’inciter au génocide [17] ».
Les menaces iraniennes entre le futur simple et le conditionnel présent
Au lieu de laisser entreprendre dans l’Iliade de Ménélas Benyamin Netanyahu contre l’Iran, le gouvernement Harper eût pu tout simplement, et sans recours à la Nouvelle grammaire française de Grevisse [18], vérifier le temps dans lequel les menaces iraniennes furent conjuguées ; fût-ce le futur simple, qui appartient au mode indicatif et s’emploie principalement pour exprimer une action à venir, ou le conditionnel présent, qui s’emploie principalement pour exprimer un événement ou un état soumis à une pré-condition ?
Autrement dit, en proférant des menaces à rayer l’État hébreu, les responsables iraniens utilisaient toujours le conditionnel présent et non le futur simple, comme l’indiquaient les archives des médias iraniens, arabes et occidentaux alternatifs - nous exclûmes ici les médias monopoles qui faisaient clairement partie de la propagande de guerre contre l’Iran - : « Si et seulement si Israël attaque l’Iran, il sera rayé », ce fut précisément ce que les dirigeants iraniens déclaraient à plusieurs reprises. A plus forte raison, les dirigeants iraniens n’appelaient pas à la destruction de l’État hébreu sans avoir mis leurs menaces dans ce contexte précis, qui fut celui d’une attaque israélienne possible contre l’Iran. Ce qui mit les déclarations iraniennes et celles israéliennes abordées ci-devant au même niveau de danger et de menace à la paix mondiale ; et les déclarations des rois de Tel-Aviv devinrent ainsi aussi dangereuses et menaçantes que celles des dirigeants iraniens.
Hélas ! Le gouvernement Harper eût pu condamné et dénoncé les cris et les hurlements de guerre en provenance des deux camps, du Royaume d’Israël et de l’Empire perse, voire d’Israël et de l’Iran, au lieu de frapper seulement l’Iran par la foudre de Jupiter, car ce fut dans ce contexte précis qu’il fallait aborder les menaces proférées des deux camps, et non pas, certainement, dans le contexte de la bonhomie du gouvernement Harper.
Or, en pleine crise économique mondiale qui frappe depuis presque cinq ans, l’impérialisme trouve un exutoire dans une campagne contre la Syrie, dans une guerre d’expansion au Moyen-Orient, dans une nouvelle Iliade contre l’Iran. Plus les dirigeants occidentaux et les médias monopoles accusent l’Iran d’être « la menace la plus importante à la paix et à la sécurité mondiales à l’heure actuelle », plus les faits confirment qu’il s’agit bien, comme nous le pensons, de préparations de la part des centres de pouvoir impérialistes pour une agression contre l’Iran, où les Canadiens, sous le règne du gouvernement Harper, joueraient un rôle important, non comme des agent de la paix, mais comme « des acteurs crédibles des rapports de force entre les puissances internationales [19] ».
Ce que les Israéliens disent d’une guerre face à l’Iran
En lisant les allégations d’Ottawa contre l’Iran, nous crûmes, pour quelques instants, que le prophète Élia eut abandonné le robuste de genièvre, dans le désert, pour assister au besoin de son peuple Israël, après qu’il eut entendu la voix de l’ange du Seigneur lui disant : « Lève-toi et mange, car tu as un long chemin devant toi ! [20] ».
Or, une série de questions se pose ici : est-ce que tous les Israéliens appuient une guerre d’agression contre l’Iran ? Applaudissent-ils, tous, les hurlements de guerre de Ménélas Benyamin Netanyahu et de son ministre de la Défense, Ehud Barak surnommé Ajax le Grand [21] ? Et ces déclarations de M. Baird, qui s’adressa aux Gentils [22] comme un « inspirés parlant à des inspirés », est-ce que tous les Israéliens les reçurent comme Daniel eut reçu le repas de Habacuc, en s’exclamant : « Vous Vous êtes souvenu de moi, ô Dieu, et Vous n’avez pas abandonné ceux qui Vous aiment [23] » ?
Certainement pas ! En Israël comme en Iran, à l’Est comme à l’Ouest, des voix s’élèvent contre la guerre, contre l’agression et contre la destruction d’autres nations. A titre d’exemples, des milliers d’Israéliens ont protesté, durant le mois d’août, afin de mettre des bâtons dans les roues de la machine de propagande de guerre possible face à l’Iran.
Selon Yedioth Ahronoth, environ 200 personnes ont protesté devant la résidence du ministre de la Défense à Tel-Aviv. Parmi les manifestants, il y avait des figures distinguées de la Gauche telles que Dov Khenin (membre du Knesset), Eldad Yaniv et Doron Tsabari qui exprima son choc :
[I was] shocked after reading all the Friday newspapers. What I read was that a decision to go to war has been made against the position of the entire security echelon. We are approaching an abyss. This will be a crazed war. I can’t predict the future and I don’t know whether (Prime Minister) Netanyahu plans to attack or not, but if he says he is going to war I believe him. That’s why I am here, because I’m concerned [24]
J’ai lu dans les journaux que la décision d’aller en guerre a été prise sans prendre en considération l’échelon de la sécurité. Nous approchons de l’abîme. Ce sera une guerre folle. Je ne peux pas prédire l’avenir et je ne sais pas si Netanyahu prévoit attaquer ou non, mais s’il dit qu’il va à la guerre, je le crois. C’est pourquoi je suis ici, parce que je m’inquiète [25]. (t.d.a.).
Dans un article publié dans Haaretz, le journaliste israélien Amir Oren fait appel à des manifestations anti-guerre plus organisées et plus déterminées par leur objectif :
… the opponents of war must organize a protest that is loud and clear, sober and not defeatist, whose reasons are rooted in concern over damage to Israel’s security. This protest should be led by moderate and centrist forces such as the Council for Peace and Security [26].
… les opposants à la guerre doivent organiser une manifestation qui serait forte, claire, sobre et non défaitiste, et elle devait être motivée par de soucis concernant les dégâts [qu’une telle guerre pourrait créer] à la sécurité d’Israël. Une telle manifestation devrait être dirigée par des mouvements modérés et centristes, tels que le Conseil pour la paix et la sécurité. (t.d.a.).
Le 16 août, environ 400 Israéliens ont signé une pétition sollicitant le ministère de la Défense de ne pas obéir aux ordres hypothétiques concernant le bombardement de l’Iran [27]. Selon Chaim Gans, un professeur de droit à l’Université de Tel-Aviv, une guerre contre l’Iran serait illégale et les conséquences d’une telle action seraient totalement dévastatrices [28].
Le 23 août, Trois cent militants ont manifesté et élevé leur voix contre une guerre face à l’Iran. Ils ont manifesté devant le ministère de la Défense et le siège militaire situés à Tel-Aviv. Ils ont invité tous ceux qu’ils pouvaient, mêmes les membres du Knesset (le parlement israélien), et ont distribué des dossiers de presse à tous les organes de presse qu’ils connaissaient [29]. Le même jour, des centaines de militants du Bloc de la paix (Gush Shalom), une organisation pacifiste israélienne, ont manifesté devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv, devant merkaz hakarmel à Haïfa et devant la résidence du premier ministre à Jérusalem [30]. Le Bloc a déclaré aussi que :
Netanyahu and Barak are leading the people of Israel and the peoples of the entire region to a war whose hazards and severity might prove utterly unprecedented.
Netanyahu and Barak break all records of political and military adventurism, placing Israeli citizens, Jews and Arabs alike, at risk of destruction [31].
Netanyahu et Barak entrainent le peuple d’Israël et les peuples de toute la région en une guerre dont les risques et l’atrocité pourraient se révéler tout à fait sans précédent. A plus forte raison, ils ont battu tous les records avec leur aventurisme politique et militaire, et cela en risquant la destruction des citoyens israéliens, Juifs et Arabes (t.d.a).
Tous ces cris anti-guerres dans les rues de Jérusalem, de Tel-Aviv et de Haïfa, toutes ces voix israéliennes refusant la guerre contre l’Iran et opposant à la folie du premier ministre israélien Netanyahu et de son ministre de la Défense Barak, toutes ces manifestations, peu importe le nombre des participants, contrecarrent les allégations d’Ottawa contre Téhéran.
Non à la guerre contre l’Iran !
Nous le répétons : après les mesures d’Ottawa contre Téhéran qui étaient tout à fait incompréhensibles, après les concentrations de navires de guerre atlantiques dans le golfe Persique, après le déploiement de systèmes anti-missiles autour de l’Iran qui se confirment tous les jours par des reportages de première classe, après que l’Union européenne et les États-Unis, si hostiles envers l’Iran, aient imposé de nouvelles sanctions économiques pour affamer le peuple iranien, nous ne pouvons plus douter que l’impérialisme ne prépare une grande offensive contre l’Iran.
Peuples de tous les pays, activistes et militants pour la paix, surtout aux États-Unis, en Europe de l’Ouest, en Israël, en Turquie, élever la voix, opposer-vous aux fous qui nous entraînent vers une nouvelle Shoah, cette fois-ci contre toute l’humanité, car une guerre contre l’Iran déclenchera certainement une troisième guerre mondiale ; élever la voix encore une fois en criant : Non à la guerre contre l’Iran !
Fida Dakroub, Ph.D
Page officielle de l’auteur : www.fidadakroub.net
Docteur en Études françaises (The University of Western Ontario, 2010), Fida Dakroub est écrivain et chercheur en théorie bakhtinienne. Elle est aussi militante pour la paix et les droits civiques.
Cet article a été publié initialement sur Mondialisation.ca
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http://www.mondialisation.ca/des-israeliens-contre-la-guerre-face-a-liran-quoi-dire-des-allegations-du-gouvernement-harper/5308566
Copyright © Fida Dakroub, Global Research, 2012