RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Élections libres et démocratiques au Gabon et en Afghanistan

Il est intéressant de comparer l’attitude des pays impérialistes et leurs médias concernant les élections en Iran, au Gabon et en Afghanistan. Une hystérique propagande orchestrée par les Etats-Unis et l’Europe contre les élections iraniennes et un soutien décisif pour imposer aux gabonais Ali Bongo fils du dictateur Omar Bongo. Ainsi va la vision très démocratique du monde de la bourgeoisie : la dictature se transmet de père en fils ! Ali Bongo doit être, vaille que vaille, le président du Gabon, même s’il est rejeté massivement par la population. Peu importe ! Ce qui compte ce sont les richesses comme le bois, le manganèse ou le pétrole gabonais pour engraisser davantage encore une bourgeoisie avide de profit.

Omar Bongo savait organiser le pillage des richesses de son propre pays au profit des multinationales étrangères comme Total, Areva ou le groupe Bolloré par exemple. Ali Bongo, le fils à papa, est l’incarnation vivante de cette continuité. Le saccage de cette terre africaine doit se perpétuer éternellement. Guerres, pillages, misère, corruption etc. ont laissé les populations, à l’instar d’un grand blessé, exsangues. Les artères de l’Afrique sont ouvertes. La bourgeoisie locale et la bourgeoisie française, tels les vampires, pompent son sang comme Total pompe le pétrole gabonais.

Mais la résistance aux intérêts impérialistes et à cette mascarade électorale s’organise. La colère et la révolte montent de jour en jour contre cette dictature qui dure maintenant depuis plus de quarante ans avec un soutien sans faille de la bourgeoisie française. L’opposition gabonaise appelle clairement à cette résistance et à la désobéissance civile pour un Gabon démocratique débarrassé de la mainmise étrangère. Mais les grands médias ici traitent l’opposition gabonaise avec mépris : émeutiers, pilleurs, casseurs etc. Assurément Pierre Mamboundou le gabonais n’est pas Hussein Moussavi l’iranien !

Hilary Clinton secrétaire d’État aux Affaires Étrangères reconnaît elle-même que les États-Unis étaient derrière les manifestations qui ont suivi les élections iraniennes « (...) en coulisses, nous avons beaucoup fait. Comme vous le savez, la jeunesse…, un de nos jeunes du département d’Etat a été twitté « Continuez », malgré le fait qu’ils avaient planifié un arrêt technique. Ainsi nous avons fait beaucoup pour renforcer les protestataires sans nous afficher. Et nous continuons à parler avec et à soutenir l’opposition » (1).

D’autres élections tout aussi libres et démocratiques se sont déroulées dans un pays non moins libre... l’Afghanistan ! Hamid Karzaï, l’homme le plus détesté des afghans sera vraisemblablement élu président. Et quelque soit le nouvel « élu », Hamid Karzaï ou Abdullah Abdullah, deux véritables marionnettes, c’est toujours la volonté des américains et de leurs alliés qui sera au pouvoir. Richard Holbrooke l’envoyé spécial de Barack Obama ordonnait d’ailleurs à Karzaï « Vous devez faire un second tour ! » (2)

Parler d’élections libres, démocratiques, honnêtes etc. dans un pays occupé, ravagé, martyrisé et humilié par la soldatesque impérialiste, c’est vraiment prendre les gens pour des C...

Mener une propagande aussi grossière, alors que le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants innocents victimes de cette guerre déclenchée par les États-Unis et leurs alliés se chiffre par milliers chaque année, relève d’un rare cynisme et dévoile un visage hideux, celui de l’impérialisme : « 2.118 morts parmi les civils l’an dernier, en nette hausse par rapport aux 1.523 civils tués en 2007 », (voir le rapport de la Mission d’Assistance des Nations unies en Afghanistan MANUA).

Le 4 septembre 2009 l’OTAN a commis un nouveau massacre : 90 morts dont une majorité de civils.

Mais les vraies « élections », sont celles qui se déroulent sur le terrain militaire. La résistance s’organise de mieux en mieux contre l’occupant et la population la soutient de plus en plus.

Les citoyens américains et européens, vont-ils se réveiller et s’opposer à cette guerre coloniale d’un autre âge comme ils l’ont fait dans le passé ? Les enquêtes d’opinion montrent que de plus en plus d’américains sont contre cette guerre nonobstant la propagande des grands médias (3). Car les « boys » reviennent de plus en plus dans des cercueils (780 officiellement) et leur familles supportent de moins en moins que leurs enfants meurent pour la démocratie, la lutte contre le terrorisme, les droits de l’homme et tutti quanti... Idem en Allemagne, en France et en Grande Bretagne où le rejet populaire de la guerre impérialiste en Afghanistan est réel (4). Mais le mépris des pouvoirs politiques pour les peuples est une constante de la démocratie bourgeoise.

Ce qui se passe aujourd’hui en Afghanistan comme en Irak d’ailleurs montre que les peuples ne se laissent jamais faire et que l’histoire est de leur côté. Celle-ci nous enseigne que toute colonisation se termine par une décolonisation.

Mohamed Belaali

(1) http://www.voltairenet.org/article161572.html

(2) Le Monde du 29 août 2009

(3) Le Monde du 21 août 2009 page 5.

(4) http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=7113

URL de cet article 9089
   
Même Thème
Les Etats-Unis de mal empire : Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud
Danielle BLEITRACH, Maxime VIVAS, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur Au moment même où les Etats-Unis, ce Mal Empire, vont de mal en pis, et malgré le rideau de fumée entretenu par les médias dits libres, nous assistons à l’émergence de nouvelles formes de résistances dans les pays du Sud, notamment en Amérique latine. Malgré, ou grâce à , leurs diversités, ces résistances font apparaître un nouveau front de lutte contre l’ordre impérial US. Viktor Dedaj et Danielle Bleitrach, deux des auteurs du présent livre, avaient intitulé (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde, il s’agit maintenant de le transformer.

Karl Marx

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.