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La révolte populaire des Gilets jaunes et les directions des partis politiques et syndicales

Une étrange situation caractérise la scène politique française. Au moment où la lutte des classes entre opprimés et oppresseurs fait rage, les syndicats et partis politiques de gauche semblent dépassés et assistent en spectateur à ce conflit ouvert. Pour l’instant ces organisations semblent incapables d’encadrer et d’orienter ce soulèvement populaire qui manque cruellement d’une direction consciente et déterminée capable d’unir un mouvement sans unité, de le guider pour mener un combat politique de classe contre classe.

Le Mouvement des Gilets jaunes, qui est né et s’est développé en dehors de toute organisation politique ou syndicale, est d’abord une révolte contre la situation économique et sociale désastreuse dans laquelle se trouve une large frange de la population. C’est une révolte contre cette politique de paupérisation ultra-libérale menée tambour battant par les gouvernements successifs. C’est un rejet massif non seulement de ces politiques, mais aussi du Président de la République serviteur zélé de la classe dominante. Il est un produit authentique de la lutte des classes qui secoue la société française aujourd’hui.

Mais le Mouvement des Gilets jaunes constitue aussi une contestation, un refus de l’immobilisme qui caractérise la plupart des directions politiques et syndicales de gauche, excepté, il faut bien le souligner, la France Insoumise et l’Union syndicale Solidaires (1). Le reste des forces de gauche donne l’impression d’être domestiqué par le capitalisme qu’il a cessé de combattre. Son « anticapitalisme », lorsqu’il existe, reste pour le moins superficiel et inoffensif. Le silence des grandes centrales syndicales peut être interprété comme un soutien indirect au pouvoir en place alors même que celui-ci est fragilisé par le combat des Gilets jaunes. Elles sont davantage préoccupées par les élections professionnelles dans les entreprises et dans la fonction publique que par la révolte des Gilets jaunes. Leur institutionnalisation les éloigne ainsi progressivement des préoccupations sociales et politiques de ceux qui subissent au jour le jour les affres du chômage et de la précarité. Dans un communiqué signé le 6 décembre 2018 par tous les syndicats, excepté Solidaires, elles vont jusqu’à condamner la violence dans les revendications sans jamais dénoncer les violences policières exercées sur les Gilets jaunes « nos organisations dénoncent toutes formes de violence dans l’expression des revendications » et le communiqué d’ajouter « La CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’UNSA, la FSU appellent le gouvernement à garantir enfin de réelles négociations » (2).

La révolte des Gilets jaunes est en quelque sorte une remise en cause profonde des manières, des tactiques et des stratégies des partis politiques « spectateurs » pour affronter le pouvoir de la classe dirigeante. Dans ce sens on peut considérer le soulèvement des Gilets jaunes comme un appel urgent lancé aux partis et aux syndicats de gauche pour renouveler de fond en comble leur analyse de la situation politique, des structures du pouvoir, des rapports de force et de l’idéologie dominante intimement liée aux intérêts de la bourgeoisie. Car au fond, il ne s’agit pas seulement d’améliorer ou de gérer la brutalité et la barbarie de la société capitaliste, mais de l’abolir. Il ne s’agit pas seulement de mener un combat pour améliorer momentanément les conditions d’existence des travailleurs, des des salariés, bref de tous les exploités pour rendre la société capitaliste supportable, mais de lutter pour une nouvelle société. Car la tendance générale du capitalisme n’est pas d’améliorer les conditions de celles et ceux qui produisent la richesse, mais de les dégrader. 

L’histoire nous a toujours enseigné que la bourgeoisie ne renonce jamais à ses privilèges, qu’elle n’accorde jamais rien par générosité ou grandeur d’âme et qu’elle ne recule devant rien pour sauver ses intérêts. La guerre menée en ce moment contre les Gilet jaunes est un exemple on ne peut plus éloquent (3).

La bourgeoisie française brutalise, méprise et humilie ses propres citoyens tout en dénonçant en même temps les atteintes aux droits de l’homme ailleurs dans le monde ! Quel cynisme !

Si la force du Mouvement des Gilets jaunes, malgré ses défauts et ses contradictions, réside dans son existence et dans sa magnifique résistance (deux mois déjà) à la classe dirigeante, cela reste toutefois insuffisant pour permettre le bouleversement radical de la société capitaliste. Il ne peut le faire qu’en s’alliant avec la classe ouvrière, seule classe réellement révolutionnaire malgré le chômage de masse et la bureaucratie des directions des partis et syndicats qui se réclament d’elle.

La base des centrales syndicales et des partis politiques de gauche doit lutter contre ses propres directions pour lui imposer un plan de bataille unitaire avec les Gilets jaunes. C’est ce que font certaines Unions Départementales de la CGT qui appellent à manifester aux cotés des Gilets jaunes. C’est le cas de la CGT du Cher, de Paris, de la Charente-maritime, du Loiret, du Doubs, de Montbéliard etc (4). « Nous ne voulons cependant en aucun cas récupérer le mouvement. Nous sommes simplement reconnaissants envers les gilets jaunes, qui sont parvenus à éveiller et mobiliser une partie de la population, et nous voulons construire un rapport de confiance » disait Jean-Philippe Gadier, de la FSU 31 qui exprime à son tour « la volonté d’une convergence entre syndicats et le mouvement des gilets jaunes » (5).

Les initiatives à la base se multiplient et le boycott du « grand débat national » se généralise. Il faut partout amplifier ces initiatives unitaires. Le combat contre la bourgeoisie doit être mené partout, dans la rue, sur les ronds-points, dans les usines et sur tous les lieux de travail. La situation politique n’a jamais été aussi propice pour mener une offensive unitaire d’envergure contre la classe des exploiteurs.

Les forces de gauche qui se réclament de la classe ouvrière ainsi que leurs militants doivent toujours avoir présent à l’esprit, comme disait Lénine, l’exemple du « tribun populaire sachant réagir contre toute manifestation d’arbitraire et d’oppression, où qu’elle se produise, quelle que soit la classe ou la couche sociale qui ait à en souffrir, sachant coordonner tous ces faits en un tableau d’ensemble de la violence policière et de l’exploitation capitaliste, sachant profiter de la moindre occasion pour exposer devant tous ses convictions socialistes et ses revendications démocratiques, pour expliquer à tous et à chacun la valeur universelle de la lutte émancipatrice du prolétariat ». (6)

Mohamed Belaali

(1) https://solidaires.org/Manifester-en-masse-pour-faire-ceder-le-gouvernement

(2) https://www.force-ouvriere.fr/IMG/pdf/cp_-_force_ouvriere_-_declaration_des_os_6_decembre_2018_.pdf

(3) http://www.belaali.com/2018/12/la-guerre-contre-le-peuple.html

(4) http://www.ud18.cgt.fr/

(5) https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/toulouse-syndicats-appellent-manifester-gilets-jaunes-samedi-lors-venue-macron_20781738.html

(6) V.Lénine, « Que faire ». Editions sociales, éditions du progrès, page 135.

 http://www.belaali.com/2019/01/la-revolte-populaire-des-gilets-jaunes-et-les-directions-des-partis-politiques-et-syndicales.html
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COMMENTAIRES  

19/01/2019 00:08 par Danael

On est bien d’accord mais avant de se croire déjà dans les pas de Lenine, commençons par être trois cent mille personnes au moins dans les rues pour condamner la violence inadmissible de ce gouvernement et de ces appareils policiers envers les plus pauvres de notre société. Car c’est bien ce dont il s’agit en clair chaque samedi. Jusqu’à quand cette spirale de violence dans un seul sens laissant plusieurs morts et blessés depuis trop longtemps si l’on compte les actions policières en banlieue ? Et maintenant voilà des policiers munis d’armes létales avec derrière eux des chars pouvant lancer des gaz paralysants. Si la sécurité consiste à tuer, défigurer, handicaper à vie les plus pauvres de notre société, qu’on a pris soin auparavant de dépouiller de tout matériel de protection, alors il y a crime d’État et tous ceux qui restent silencieux ou l’approuvent en sont complices. Cette spirale répressive prend des allures de déclaration de guerre de type militaire qu’il faut absolument dénoncer dans la rue massivement un samedi ( oubliez vos petites pétitions éparpillées, chacun dans son camp).

19/01/2019 13:47 par Assimbonanga

Je ne voudrais pas refroidir les enthousiasmes, mais je crois que Macron est en train de nous la mettre (pardon je suis vulgaire comme le peuple).
Ce qu’il a fait aux syndicats, il est en train de le refaire avec les maires. Je suis consternée. Il les convoque. Ce n’est pas un débat, c’est une reprise en main, comme en entreprise. Il re-galvanise les troupes, il coache.
Les maires sont-ils tous aussi fayots ? Sur les 13 réunions, n’y en aura-t-il pas eu où des maires vont mettre en oeuvre une stratégie concertée pour faire ressortir un peu de contestation organisée ?
N’oublions pas l’effet puissant que produit la flatterie sur les ego. Les maires sont sensibles au fait de passer devant les caméras. C’est pervers de les manipuler de la sorte, mais quand on veut nous la mettre, tout les moyens sont bons. C’est une caractéristique de Macron. C’est même sa marque de fabrique, sa botte de Nevers.
Ce midi, sur France Inter le maire de Toulouse, LR, exprime sa satisfaction. C’est un signe : Macron est bel et bien droitard. A la radio, à la télé, de plus en plus de reportages nous donnent à entendre des gilets jaunes qui profèrent des sottises, des confusions, leur ignorance. C’est voulu, évidemment. Ces perles sont extraites du flot pour servir à quelque chose : que ce mouvement gilet jaune, à force de se défier "des politiques", des syndicats, de l’idéologie, n’a plus rien de charpenté.
Le maire de Toulouse a réclamé davantage de forces de l’ordre : pour s’assurer qu’il y aura effectivement des violences.
Des violences ! Ce mot fait partie du langage convenu.
On notera au passage que les commerçants sont contre l’assistanat. Sauf s’il est à leur profit. Ils tendent la sébile en ce moment pour recevoir des aides et des exonérations. Il n’y a pas de petits bénéfices.

19/01/2019 20:01 par Dominique

Je crois que les gilets jaunes ont très bien compris que la gauche institutionnelle ne sert qu’à éviter la révolution et à garantir l’ordre établi dont elle fait partie. De plus avec les premières déclarations de cette gauche molle, les masques sont tombés et ce n’est pas elle qui, sauf coup de théâtre bien improbable, saura récupérer les revendications populaires pour, comme lors de Mai 68 et son Non à la guerre transformé en inoffensives augmentations de salaires (très vite grignotées par l’inflation) et son Non à la société de consommation transformé en nouvelles technologies industrielles repeintes en vert, les recadrer et les inscrire dans l’ordre établi.

De plus les temps ont changé, les pauvres se sont paupérisés et ont compris que leur seul avenir dans le système actuel est de crever de mort lente sur le seuil des boutiques et des résidences de luxe des riches. Ils n’ont donc pas grand chose à perdre. Quand aux jeunes, ils ont compris que notre société est en train de tuer le vivant à un rythme de marche forcée et que donc ils n’ont pas d’avenir. Ils ont donc aussi pas grand chose à perdre et contrairement à la majorité de leurs parents, ils ne se laissent plus hypnotiser par les fausses promesses d’un progrès mortifère et guerrier basé sur l’exploitation générale de l’ensemble du vivant et du non vivant. De ces deux problématiques, celle qui permettrait de régler toutes les autres est la deuxième. C’est aussi celle dont les politiques se fichent le plus.

Cela implique que même si le mouvement des gilets jaunes se termine comme Mai 68 par une grande récupération synonyme de Business as Usual et No Future, un mouvement de résistance à la société industrielle de consommation, d’exploitation et de destruction de masse et à tous ses modes de fonctionnement, du capitalisme privé au capitalisme d’état, ne peut que se développer et se généraliser. Les politiciens l’ont bien compris car depuis les premiers rapports de la CIA présentant les dégâts causé au vivant par ce mode de vie mortifère, toutes les armées de la planète s’entraînent à la guerre civile. Le mouvement des gilets jaunes, même s’il manque effectivement de maturité, est précurseur dans le sens qu’il a compris qu’il n’y a rien à attendre de positif des forces politiques qui participent à l’ordre établi. Il ne manque donc pas autant de maturité que celles et ceux qui aimerait le récupérer prétendent, ceci car dans la balance, il ne faut pas oublier les jeunes, et eux ont bien compris, même s’ils sont accros à leur mobile, qu’il n’y a que mort et désolation pour l’ensemble du vivant à attendre du consumérisme industriel sous toutes ses formes. Et c’est aussi pour ça que nous ne pouvons pas faire confiance aux partis et organisations politiques qui participent au spectacle politique de ce système massif de consommation, d’exploitation et de destruction.

Résistance vaincra !
L’alternative n’est pas la barbarie, c’est la mort pour l’ensemble du vivant. Et ça urge, déjà 60% du vivant a été massacré depuis le début de cette industrialisation, ceci grace à ses nouvelles technologies sans cesse renouvelées.

19/01/2019 20:11 par Dominique

En Suisse on a presque pas de Gilets Jaunes mais on a des jeunes. Ils ont fait une grève pour le climat hier avec défilés et manifs. Un de leurs slogans, un de ceux que la presse même de gauche n’a pas relayé, fut

"Un degré, tu pue du cul !"
"Deux degrés, tu l’as dans l’cul !"

J’ai trouvé de slogan admirable, surtout dans un pays comme la Suisse dans lequel le nombre de grosses cylindrées de luxe (et de moins grosses, nous avons aussi des pauvres qui font des rêves de parvenus) avec 4 pots d’échappements à l’arrière dépasse l’entendement.

20/01/2019 12:10 par Jean-Yves LEBLANC

Cet article est un résumé totalement lucide de la situation.
Le Grand Soir (honneur à lui !) a déjà ’donné à lire’ pas mal d’articles qui disent à peu près la même chose. Un certain nombre de commentateurs (...dont moi) font la même analyse depuis fin novembre/décembre dernier.
La problématique( simplifiée) est la suivante :
1) Les gilets jaunes sont un des plus grands mouvements sociaux de ces dernières décennies mais ils se battent seuls depuis 10 semaines.
2) La gauche politique et syndicale dont le rôle est de lutter ne fait rien. Son appareil est complètement vendu au système.
3) Sans l’apport des forces organisées historiques de la classe ouvrière et sans un éclairage politique de classe, les gilets jaunes risquent la dissolution et, même si ils ne se dissolvent pas, le changement majeur de rapport de forces qui est à portée de mains n’aura pas lieu.
4) En conséquence, "La base des centrales syndicales et des partis politiques de gauche doit lutter contre ses propres directions pour lui imposer un plan de bataille unitaire avec les Gilets jaunes."

C’est ce point 4 qui est très problématique et qui fait que l’avenir des luttes est bien incertain. Le monolithisme des appareils qui permettait autrefois de garder le cap de la lutte des classes contre vents et marées est devenu aujourd’hui un outil terriblement efficace pour saboter l’unité à la base et la convergence des luttes. L’opiniâtreté des gilets jaunes a un peu fissuré le monolithe, a fait tomber des masques et a aussi forcé des politiciens de gauche à des gestes de soutien plus ou moins opportunistes mais on est très loin du compte en regard de l’importance du rassemblement populaire qui serait nécessaire pour défier la puissance arrogante de la bourgeoisie.
Au-delà des bureaucraties syndicales et de l’électoralisme des politiques, un autre problème saute au yeux depuis 10 semaines : le divorce entre les aspirations de fractions influentes de la gauche radicale et les aspirations populaires. Cela agit comme un frein profond à l’unité, dissimulé derrière un soutien de façade. Nombre de sympathisants "cultivés" de cette gauche radicale, au-delà de leur ’anti-capitalisme’, sont tellement imprégnés des doctrines écologiques, sociétales, antifa ou européistes du système qu’ils se sentent à bien des égards plus proches de Macron que de ces ’beaufs’ du peuple avec leurs drapeaux tricolores.

20/01/2019 12:59 par chb

Ho Dominique, halte au suisse-bashing : y a au moins outre-Léman un transport public avec ferroutage digne de ce nom, et un RIC qui fonctionne pas mal, et un taux de pauvreté raisonnable (et de belles montagnes). Une caissière y touche plus de 3000 euros, même domiciliée en Savoie. On peut finasser sur l’origine de sa prospérité et sur certains aspects de sa vie politique, mais nombre de gilets jaunes aimeraient y trouver refuge !
Sur les violences policières commandées et minimisées + instrumentalisées, voir le courageux VIGI Alexandre Langlois dans GILETS JAUNES : UN POLICIER MET EN CAUSE LE GOUVERNEMENT (LeMedia : 3w.youtube.com/watch ?v=S5CZkNZq7VE).

20/01/2019 17:55 par szwed

@ Jean-Yves Leblanc
...."La gauche politique et syndicale dont le rôle est de lutter ne fait rien"...
Le moribond PS, ses satellites et autres débris comme ses ex alliés certainement
Mais alors LFI ses élus et ses sympathisants ne feraient rien ? A l’assemblée nationale et dans le mouvement social ?
La gauche politique est une notion fourre-tout ou alors il faut considérer que certains partis qui s’en réclame s’en sont exclus. En conclusion il devient vain et inutile de convoquer la gauche politique.

20/01/2019 20:18 par joel

cette obsession à vouloir séparer la France insoumise des autres organisations est épuisante. Que dit elle de plus que le PCF, que le NPA, que Hamon ?
Je fais toutes les manifs des gilets jaunes et j’écoute ce que se dit et j’en viens à etre ébahi lorsque l’un d’eux mentionne l’existence de classes sociales. Il faut en effet distinguer la force de ce mouvement, ce qu’il impacte, le refus de trente cinq ans de regression sociale et son refus de s’identifier politiquement.

21/01/2019 10:48 par Autrement

Jacques Prévert 1933. Remplacez "Citroën" par qui vous savez (c’est pas les noms qui manquent...)
"Citroën
À la porte des maisons closes C’est une petite lueur qui luit… Mais sur Paris endormi, une grande lumière s’étale : Une grande lumière grimpe sur la tour, Une lumière toute crue. C’est la lanterne du bordel capitaliste, Avec le nom du tôlier qui brille dans la nuit.
Citroën ! Citroën !
Lanterne du bordel capitaliste, 1933
C’est le nom d’un petit homme, Un petit homme avec des chiffres dans la tête, Un petit homme avec un sale regard derrière son lorgnon, Un petit homme qui ne connaît qu’une seule chanson, Toujours la même.
Bénéfices nets… Millions… Millions…
Une chanson avec des chiffres qui tournent en rond, 500 voitures, 600 voitures par jour. Trottinettes, caravanes, expéditions, auto-chenilles, camions…
Bénéfices nets… Millions… Millions…Citron… Citron
Et le voilà qui se promène à Deauville, Le voilà à Cannes qui sort du Casino
Le voilà à Nice qui fait le beau Sur la promenade des Anglais avec un petit veston clair, Beau temps aujourd’hui ! le voilà qui se promène qui prend l’air.
Il prend l’air des ouvriers, il leur prend l’air, le temps, la vie Et quand il y en a un qui crache ses poumons dans l’atelier, Ses poumons abîmés par le sable et les acides, il lui refuse Une bouteille de lait. Qu’est-ce que ça peut bien lui foutre, Une bouteille de lait ? Il n’est pas laitier… Il est Citroën
Il a son nom sur la tour, il a des colonels sous ses ordres. Des colonels gratte-papier, garde-chiourme, espions. Des journalistes mangent dans sa main. Le préfet de police rampe sous son paillasson.
Citron ?… Citron ?… Millions… Millions…

Et si le chiffre d’affaires vient à baisser, pour que malgré tout Les bénéfices ne diminuent pas, il suffit d’augmenter la cadence et de Baisser les salaires des ouvriers
Baisser les salaires...Mais ceux qu’on a trop longtemps tondus en caniches,
Ceux-là gardent encore une mâchoire de loup Pour mordre, pour se défendre, pour attaquer, Pour faire la grève… La grève…
Vive la grève ! "
Jacques Prévert

22/01/2019 15:00 par Buffaud

« Les syndicats et partis politiques de gauche semblent dépassés et assistent en spectateur à ce conflit ouvert. » : Faux. La France Insoumise est engagée dans le mouvement depuis le début, mais en respectant la neutralité d’étiquettes exigée par les gilets jaunes, ce qui explique qu’elle n’est pas visible, sauf dans le cas de ses députés et élus divers qui fréquentent régulièrement les manifs et sont toujours bien accueillis dès l’instant qu’ils ne portent pas de logo. De plus, demander « aux partis politiques de gauche d’encadrer et d’orienter ce soulèvement populaire » démontre une incompréhension totale des mécanismes du soulèvement. Tous les participants à ce mouvement autonome rejettent catégoriquement le fait d’être « encadrés » par qui que ce soit.
En revanche, il est certain qu’il est nécessaire de désigner la lutte des classes (qui n’a jamais été aussi flagrante qu’ aujourd’hui) comme origine de tous les maux, et il appartient aux organisations syndicales de le faire avec tact, puis de lancer enfin le mouvement de grève générale qui suffirait à faire tomber ce gouvernement et tous ses soutiens. Pour cela, les syndicats ne sont d’ailleurs même pas obligés de rejoindre officiellement le mouvement des GJ, que cela soit souhaitable ou non.

24/01/2019 10:06 par cunégonde godot

Une étrange situation caractérise la scène politique française. Au moment où la lutte des classes entre opprimés et oppresseurs fait rage, les syndicats et partis politiques de gauche semblent dépassés et assistent en spectateur à ce conflit ouvert. Pour l’instant ces organisations semblent incapables d’encadrer et d’orienter ce soulèvement populaire qui manque cruellement d’une direction consciente et déterminée capable d’unir un mouvement sans unité, de le guider pour mener un combat politique de classe contre classe.

Cette description ne correspond pas à la réalité.
Le mouvement Gilets Jaunes est uni, et mène bel et bien un combat de classe contre classe, quand bien même ne le formulerait-il pas ainsi.
Mais en se refusant à mener le combat politique, la mère de tous les combats, il a d’entrée de jeu signé son échec.
Les Gilets Jaunes sont typiquement de leur temps, ils pleurnichent sur leur sort tout en refusant de "faire de la politique". Comme la "gauche", en somme (préférant sauver la planète) et ce qu’il reste du syndicalisme (occupé à sauver les meubles).
Au secours !...

25/01/2019 11:48 par Assimbonanga

Depuis quelques semaines, le monde agricole retient son souffle. Peu médiatisées mais d’une importance cruciale, les élections professionnelles pour les chambres d’agriculture se tiennent jusqu’au 31 janvier. 2,5 millions d’exploitants, de salariés et de professionnels du monde agricole sont appelés à élire leurs représentants. Lors du dernier round électoral, en 2013, la participation avait atteint 54,3 %. Un chiffre en net recul par rapport aux 65,5 % de 2007. Et nul ne sait combien iront voter ce mois-ci. Dans un contexte de crise sociale et de détresse du monde paysan, beaucoup craignent un regain de l’abstention, préestimée par un sondage réalisé sur le site terre-net.fr à 57,3 %. « On le voit avec le mouvement des Gilets jaunes, le syndicalisme n’attire plus, constate Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. Les jeunes et les nouveaux installés notamment se détournent de ce scrutin, parce que les Chambres d’agriculture ne répondent pas à leurs attentes ». Pour les syndicats agricoles, l’enjeu est pourtant de taille : de ces élections dépendent leur poids politique et parfois leur survie économique. Pour les paysans, il s’agirait ni plus ni moins que « de choisir quel modèle d’agriculture on veut pour son département et plus généralement pour le pays », affirme Nicolas Girod, secrétaire national de la Confédération paysanne.
[...] Autrement dit, un département dont la chambre est gérée par la Confédération paysanne n’aura pas les mêmes dynamiques agricoles qu’un département FNSEA.
[...] Pour mettre en œuvre leur politique agricole, les chambres disposent d’un budget — environ 7 millions d’euros annuels pour celle du Puy-de-Dôme, 702 millions pour l’ensemble des structures — abondé principalement par la taxe additionnelle à la taxe sur le foncier non bâti, payée par les propriétaires terriens. Problème, les taux d’imposition sont gelés depuis plusieurs années. Pour compléter leur trésorerie, les chambres touchent également des subventions et vendent des prestations (conseil, appui technique). Ce petit pactole permet de payer des conseillers et des techniciens — agronomes, comptables — qui interviennent directement auprès des agriculteurs.
[...] le résultat de ces élections fixe la répartition des financements publics pour chacun des syndicats, et pour les six années à venir. Au total, le montant des fonds publics alloué est proche de 11 millions d’euros par an, distribués entre les différentes organisations suivant leur poids électoral. D’après Le Monde, la Coordination rurale touche annuellement 2,5 millions d’euros, la Confédération paysanne, 2,3 millions d’euros, la FNSEA, associée aux JA, 6,1 millions d’euros. Des sommes qui permettent ensuite une force de frappe politique, de communication et de lobbying plus ou moins importante.
[...] Côté instance syndicale, on retrouve des discours politiques bien rodés : la FNSEA entend combattre le « matraquage fiscal » et l’« agribashing » (autrement dit, la critique de l’agriculture conventionnelle) avec, en ligne de mire, des mesures prises par le gouvernement pour tenter d’accompagner l’agriculture vers une transition écologique. Comme la hausse de la redevance pour pollutions diffuses, qui doit abonder les fonds pour l’agriculture bio à hauteur de 50 millions d’euros, ou la séparation de la vente et du conseil dans l’usage des produits pesticides.
[...] La Confédération paysanne pousse depuis plusieurs années pour que les cotisants solidaires — des paysans qui, faute d’une superficie exploitée ou d’un nombre d’heures de travail suffisant, ne peuvent pas être affiliés à la Mutuelle sociale agricole comme chef d’exploitation — puissent voter. « Mais le gouvernement, sous pression de la FNSEA, l’a toujours refusé », dit Nicolas Girod. Le syndicat minoritaire aimerait aussi que des associations environnementales ou de consommateurs participent aux travaux des chambres d’agriculture : « Nous avions appuyé un amendement en ce sens lors des débats sur la loi Alimentation, en vain », regrette M. Girod. C’est pourtant, d’après lui, le sens de l’histoire : « L’agriculture ne peut pas être définie juste par les paysans et paysannes, affirme-t-il. On fait partie d’un territoire où il y a d’autres activités économiques, où il y a des citoyens qui habitent et consomment, et qui ont eux aussi ont leur mot à dire sur l’agriculture et l’alimentation qu’ils veulent. »

Source : https://reporterre.net/INF-A-quoi-servent-les-chambres-d-agriculture-Elections-des-chambres-d

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