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Gilets jaunes : transformer la contestation spontanée en lutte consciente

Si le conflit s’aiguise, les Gilets jaunes vont voir le véritable visage de la classe dominante, ce visage hideux qu’elle dissimulait pendant les périodes « paisibles ». Ils découvriront alors que son discours sur le droit de grève, de manifestation, de libre circulation etc. n’est qu’hypocrisie et mensonge. Macron et son gouvernement n’hésiteront pas à exercer la répression la plus féroce pour briser le Mouvement. Ils prendront peut-être conscience que plus la lutte dure dans le temps et se transforme en combat politique, plus la classe au pouvoir devient brutale, arrogante et odieuse.

Le mouvement qui se déroule sous nos yeux en ce moment communément appelé Gilets jaunes ne cesse de prendre de l’ampleur et montre clairement combien les citoyens, notamment les plus démunis d’entre-eux, souffrent de la politique de classe menée par Macron et son gouvernement. Cette contestation populaire est le fruit d’une politique injuste, humiliante et de souffrances accumulées et refoulées.

Le développement de ce mouvement dans toute la France voire même au-delà (1), exprime le ras le bol général d’une grande majorité de la population face à la classe au pouvoir. Le soutien massif dont il bénéficie atteste de la profondeur de ce Mouvement. Il fédère en son sein les mécontents de tout bord. C’est inévitable dans un mouvement aussi large. Comme disait Lénine parlant de l’action de masse « des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs (…), sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible » (2).

Mais malgré sa popularité, ce Mouvement constitue plus un cri de colère, de désespoir, un mouvement spontané qu’une lutte consciente, organisée, avec des revendications précises. Le Mouvement, tout du moins dans sa phase actuelle, ressemble davantage à une contestation spontanée qu’à un mouvement conscient et dirigé. Tous ceux et celles qui s’autorisent à parler au nom de ce Mouvement populaire ne font partie d’aucune organisation politique ou syndicale. Certains d’entre-eux affichent même du mépris, amplifié par les médias bourgeois, pour les syndicats et les partis politiques. D’autres manifestants se déclarent apolitiques et avouent manifester pour la première fois dans leur vie.

Pour l’instant le Mouvement ne met en exergue que des revendications économiques (taxe sur le carburant, pouvoir d’achat, vie chère...). Les revendications politiques sont quasiment absentes. Si les revendications économiques sont justes et légitimes et il faut se battre pour les réaliser, le Mouvement ne doit pas oublier qu’il lutte contre les effets et non contre les causes de ces effets. La lutte pour des revendications immédiates, qui reste indispensable, ne supprime pas pour autant les racines qui engendrent cette situation désastreuse dans laquelle se trouve une partie de plus en plus importante de la population. Les Gilet jaunes doivent se battre contre le pouvoir politique source de leurs malheurs. Ils ne doivent pas se limiter à des revendications économiques qui même satisfaites ne suppriment absolument pas les conditions dans lesquelles les injustices de classe se reproduisent. Car derrière cette dégradation générale que subissent les classes populaires, se cache la classe des oppresseurs dont Macron n’est qu’un serviteur zélé.

Si le conflit s’aiguise, les Gilets jaunes vont voir le véritable visage de la classe dominante, ce visage hideux qu’elle dissimulait pendant les périodes « paisibles ». Ils découvriront alors que son discours sur le droit de grève, de manifestation, de libre circulation etc. n’est qu’hypocrisie et mensonge. Macron et son gouvernement n’hésiteront pas à exercer la répression la plus féroce pour briser le Mouvement. Ils prendront peut-être conscience que plus la lutte dure dans le temps et se transforme en combat politique, plus la classe au pouvoir devient brutale, arrogante et odieuse.

Malgré cette spontanéité et les revendications immédiates qu’ils portent, les Gilets jaunes sentent déjà la nécessité de mener une action d’envergure, une résistance collective. Ils leur manque une organisation consciente et déterminée ; une organisation capable d’unir un mouvement sans unité, de le guider pour mener un combat politique de classe contre classe. Car livré à lui-même, le Mouvement ne peut dépasser le cadre étroit des revendications économiques. Malheureusement dans le contexte politique actuel, cette organisation n’existe pas. Il faut être réaliste et faire avec ce qui existe. Alors toutes les forces qui se réclament de la classe ouvrière, tous les progressistes, tous les citoyens appauvris, méprisés et humiliés, soyons donc tous avec le Mouvement des gilets jaunes contre ce Président arrogant et la classe qui est derrière lui.

Mohamed Belaali

(1) https://www.nouvelobs.com/societe/20181122.OBS5881/belgique-espagne-les-gilets-jaunes-suscitent-des-remous-dans-plusieurs-pays-frontaliers.html

(2) https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/07/19160700k.htm

 http://www.belaali.com/2018/11/gilets-jaunes-transformer-la-contestation-spontanee-en-lutte-consciente.html

COMMENTAIRES  

25/11/2018 23:49 par Georges SPORRI

Je vais oser formuler une hypothèse qui est peut être une hérésie : les gilets jaunes, je veux dire une partie d’entre eux, sont moins naïfs, spontanés et incultes que la masse des salariés organisés qui n’ont tiré aucune leçon des nombreuses défaites humiliantes subies depuis 2003, ni du rôle des saints-dicats dans la co-production de ces défaites ... Eux au moins ont diagnostiqué le crétinisme stratégique qui consiste à ne pas savoir que l’écologisme est un des piliers du "système", qu’il sera une nouvelle source de lois austéritaires et liberticides, qu’il adhère à l’OTAN, à l’UE, et , surtout, qu’il se fout de la gueule du prolétariat qu’il prétend éduquer. Ces "naïfs" on vu que le mouvement "Nuit Debout" n’a pas produit une seule idée mobilisatrice. Ils ont vu Martinez et Laurent s’ériger en statues de commandeur pour insulter ceux qui se sont abstenus et faire croire que voter pour Macron est de l’antifascisme héroïque. ...etc.

26/11/2018 09:57 par Louis St O

« Il faut être réaliste et faire avec ce qui existe. Alors toutes les forces qui se réclament de la classe ouvrière, »

Ils ont tellement bien compris que dimanche dans l’Essonne, 80% sont resté a la maison et EM à gagné avec 59%.

26/11/2018 10:33 par Assimbonanga

Allez, ça le reprend ! " L’écologisme est un des piliers du "système"... Georges,SVP, commencez par nous donner une définition précise de l’écologisme, pour qu’on puisse en discuter.

26/11/2018 11:15 par Assimbonanga

A l’attention des gilets jaunes. La commune, dans la rue, entre gens. Mais attention, c’est au Venezuela. Quel choc pour un téléspectateur ordinaire qui a cru à tout ce que les télés lui ont inculqué ! Durée 1:51 minute. https://www.youtube.com/watch?v=lPaRsciYU6I

26/11/2018 12:45 par Georges SPORRI

@Assimbonanga . Les taxes et les impôts indirects sont tous inégalitaires et injustes - Pour les faire accepter à la gauche les experts du capital, très rusés, utilisent des pseudos valeurs de gauche - Par exemple "faire payer les riches" va devenir une taxe de luxe, donc acceptable à priori, sauf qu’entre les rivières de diamant et les manteaux de vison la taxe de luxe va aussi cartonner les parfums et certains jouets ... Idem pour les prétextes "santé publique", "protection de la jeunesse" et maintenant les prétextes écolos deviennent les plus courants. Je n’ai vu aucun parti, aucun mouvement, aucune association écolos ou éco-socialiste protester contre le concept de "transition écologique" auquel tous se réfèrent comme s’il y avait un consensus, alors que la version Hulot est dégueulasse de A à Z ! Beaucoup de sites écolos ou éco-socialistes ont publié l’appel face à la fin du monde d’Aurélien BARRAU sans s’apercevoir que ce texte réclame l’instauration d’un état corporatiste - paternaliste autoritaire - néopuritain !
Alors, même s’il est infiltré par des "droitiers" le mouvement des gilets jaunes remet au centre des préoccupations les questions centrales de la lutte des classes = partage des richesses, pouvoir d’achat et justice fiscale. Des petits patrons, en difficulté ou pas, vont surement en profiter pour attaquer la fiscalité du capital, mais ça c’est un autre sujet. Vu que la gauche a passé sa vie à accepter plein de taxes putassières elle ne voit même plus la différence entre le poujadisme et la justice fiscale, entre le refus des impôts et taxes indirects sur les consommations et le refus des taxes sur le capital et des impôts sur les bénéfices... La vraie gauche serait d’ailleurs très critique face aux taxes "santé publique" et "protection de la jeunesse" qui sont souvent exagérées et souffrent de contre-productivité paradoxale surtout lorsqu’elles sont "efficaces" ...

26/11/2018 21:26 par irae

Il faut croire que la leçon n’est pas encore assez rude pour les ex-barragistes (encore que il y eut des législatives) qu’ils élisent à Evry une crapule passée dans toutes les mangeoires sans l’ombre d’un principe. Quand les cons voteront..

27/11/2018 10:04 par Assimbonanga

Le monde est en plein bouleversement. Chaque jour, plusieurs fois par jour, une nouvelle nouvelle nous informe d’une catastrophe environnementale, à tout niveau. On ne peut l’ignorer.
Politiquement aussi, tout est cul par dessus tête. Chacun se repositionne. C’est un méli-mélo. J’apprends à l’instant que Corinne Morel-Darleux, conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes, quitte la direction du PG. Elle précise qu’elle n’ira pas pour autant rejoindre les EELV, ni les Générations esse, ni Place Publique. Elle va se tourner vers des actions de lutte. Source : https://reporterre.net/Pourquoi-quittez-vous-la-direction-du-Parti-de-Gauche

D’un autre côté, la pétition dénonçant le scandale de l’affaire Bure est signée, presque côte à côte, par Guillaume Meurice et Jean-Luc Mélenchon ! Source : https://reporterre.net/A-Bure-scandale-d-Etat-il-faut-mettre-fin-aux-controles-judiciaires

@Georges, je ne pense pas que tu m’aies donné la définition de ton mot "écologisme". Perso, je pense que ça n’existe pas, ce serait trop simple. C’est simplificateur surtout. On est peut-être au bord de la révolution. Ou du collapse. Ou des deux !

27/11/2018 11:42 par Vagabond

Je ne comprends pas l’obsession de G. Sporri envers un scientifique qui n’a fait que rejoindre ce que d’autres scientifiques ont dénoncé. Ce n’est qu’un citoyen comme les autres qui donne son avis. A. Barrau n’est pas Hitler, ni Staline, ni Bush...

Que des "rusés" récupèrent le problème environnemental ne change rien au fait que la planète soit en danger. Oui, ils sont rusés ceux qui nous mènent (même pas par la baguette mais avec notre absolue soumission, que quelques manifestations aèrent de temps à autre), rusés au point ou le mouvement « jaune » ne soit réduit qu’à un mouvement contre des taxes prétendument instaurées pour la sauvegarde de l’environnement, faisant de ce mouvement populaire, un mouvement anti-écologique. Mais certains sont tellement aveuglés par leurs guerres politiques, souvent de clochers, que tout mouvement contestataire se transforme en cacophonie.

A l’échelle de la planète, les gouvernements ont failli et les peuples qui les ont plus ou moins élus, aussi. Ils ont permis l’installation d’une « élite » peu nombreuse mais extrêmement puissante et démocratiquement assassine avec un système de fonctionnement devenu presque un automatisme. Difficile de s’en défaire sans victimes, les plus vulnérables. Mais ce n’est pas impossible.
Le problème est que nous ne voyons pas d’autre solution que de continuer à se servir du même procédé pour changer. A mettre une poignée d’individus tout aussi corruptibles pour nous représenter. A croire en la vertu de la démocratie et des urnes.

Ces individus qui manifestent au cœur d’un système qu’ils acceptent puisqu’ils ne remettent pas en cause son fonctionnement mais ses effets collatéraux contre leur mode de vie, ne se préoccupent pas, pour la plupart, de ce que leur mode de vie profondément attaché à ce système destructeur fait à d’autres humains dans des pays qui subissent leurs gouvernements et leurs systèmes par le biais des armes et politiques économiques qui permet leur mode de vie. Ils ne sont jamais soulevé en aussi grand nombre pour dire halte à la vente d’armes, halte à la politique meurtrière, halte à la destruction de l’environnement des pays pauvres...halte au massacre de la vie ! L’être humain n’est pas seul sur terre ni le seigneur de la planète.

Toujours à l’échelle de la planète, notre Terre connaît des bouleversements tels que nombreuses espèces ont disparu ou vont disparaître. Si la biodiversité n’est pas importante face au mode de vie et au confort recherché, il faudra rappeler aux sceptiques, que l’être humain (tant qu’on ne l’a pas encore transmuté dans une machine) a besoin de cette biodiversité, sa survie y est étroitement liée.

Alors arrêtez de mêler la sauvegarde de l’environnement aux guerres de clochers entre partis et « partillons » politiques, et laissez ceux que vous appelez avec mépris les écolos, essayer de sauver ce qui reste à sauver.

27/11/2018 14:26 par desobeissant

citations et commentaires :

« Car livré à lui-même, le Mouvement ne peut dépasser le cadre étroit des revendications économiques ». = FAUX
les preuves = pancartes partout « MACRON DEGAGE »

http://referendumpourlademissiondemacron.wesign.it/fr

« Malheureusement dans le contexte politique actuel, cette organisation n’existe pas. » = FAUX
les 3000 points de blocage du 17 novembre = 3000 COMITES D’Action en action,jamais vu depuis 1968.

« “ Il faut être réaliste et faire avec ce qui existe “. = encore faut il voir ce qui est,sans apriori…

27/11/2018 18:33 par Autrement

@Irae
Il faut voir la chose en face : Farida Amrani a fait à Corbeille-Essonnes non pas autant, mais MOINS de voix qu’au premier tour.
Ce qui signifie que ce sont les électeurs de gôôôôcheurk qui ont préféré laisser passer Chouat.
Quant aux Gilets jaunes, il faut sans doute du temps pour qu’ils réapprennent l’utilité d’aller voter, et ce n’est pas de leur faute !!!
Depuis au moins 2005, on les en a sciemment et méthodiquement dégoûtés...

27/11/2018 21:02 par Georges SPORRI

Farida AMRANI a perdu des voix et l’élection à cause de l’Antoine WAECHTERISME de la France Insoumise qui radote trop avec l’écologisme et en subira de plus en plus les conséquences - J’essaye de les prévenir à ce sujet car cette posture "plus écolo que moi tu crèves" va les ramener à 10-11 % aux européennes et moins aux élections suivantes, mais ce n’est pas facile ( ils le vivent mal !).

27/11/2018 22:30 par legrandsoir

Compris. Georges joue à un jeu : placer le mot "écologisme" en commentaire de n’importe quel article.

27/11/2018 23:41 par Assimbonanga

Dès le XIXè siècle, l’exploitation de l’homme par l’homme fut évidente. Ceux qui souffraient étaient dotée de la parole. Des érudits ont théorisé l’exploitation de l’homme par l’homme, le capitalisme. Les équilibres de la nature étaient touchés, déjà, en même temps, autour des mines, autour des usines mais on avait l’impression qu’il restait énormément d’espace, de forêts, d’océan, de lacs, de glaciers. Cela semblait inépuisable.

La nature n’a pas les paroles sauf peut-être par la voix de Sitting Bull "Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, l’homme blanc comprendra que l’argent ne se mange pas".

Alors, ça a continué. L’Homme détruit chaque centimètre carré. On a mis longtemps à s’en apercevoir, peut-être trop longtemps. Il est trop tard probablement. Dommage que Karl Marx n’ait pas rencontré Sitting Bull. Mais rien n’aurait arrêté l’homme industriel, ni le marchand, ni l’explorateur, toute manière.

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