RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
12 

Séduction et oppression : le « en même temps » de Macron culmine dans le Projet de loi instituant un régime de dictature sanitaire

La plupart des dirigeants, petits et grands, manient, de tous temps, la carotte et le bâton. Ils promettent, puis donnent quelques miettes, puis les reprennent, puis répriment, puis promettent, puis donnent quelques miettes, puis les reprennent, puis répriment. Macron lui, ne donne jamais rien.

Mais si, allez-vous me rétorquer, il a distribué 17 milliards d’Euros aux Gilets jaunes, selon les économistes du pouvoir, comme Nicolas Beytout qui trouve injuste que « beaucoup de Français ne le perçoivent pas ». Pourtant ils ont raison, les Français, Macron ne leur a en fait rien donné de concret, ni de durable. C’était uniquement de la communication, un tour de passe-passe, après que ce petit roitelet, élevé dans du coton, s’est laissé surprendre par une révolte qui lui a foutu la pétoche, la vraie.

L’extrême centre

Il n’a rien lâché (pour ne pas être lâché par ses maîtres du CAC 40), mais il tout de même été obligé de se livrer à une forme de reddition humiliante qu’il ne nous a jamais pardonnée.

« Honteux et confus » comme le corbeau de Jean de la Fontaine, Macron « jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus ». Et c’est là que nous avons tous compris que la répression inouïe qui s’était abattue sur les Gilets jaunes n’était pas un hasard. Sous le gendre idéal, nous avons découvert une figure implacable et sans merci de l’extrême-centre.

C’est Pierre Serna qui nous a révélé « l’existence d’un extrême centre auquel il accole trois caractéristiques : le discours de la modération, le girouettisme et la force du pouvoir exécutif jusqu’à la répression et la dictature ». Il applique le concept à Macron dans son dernier livre L’extrême centre ou le poison français.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça lui va comme un gant. L’extrême centre, c’est une main de fer dans un gant de velours caméléon.

La prévention

Après la révolte des Gilets jaunes, Macron a amélioré sa formule. A la séduction et la répression, il a ajouté la prévention, la prévention de l’insurrection.

Le mot prévention n’a pas d’autre sens pour lui. En matière de santé, pourtant l’obsession du moment, la prévention, ce n’est surtout pas le renforcement des défenses immunitaires, ni évidemment les soins précoces, non, ce sont les amendes pour nous terroriser tout en assurant le train de vie de l’aristocratie stato-financière, les vaccins à la chaîne et les passeports sanitaires pour contrôler tous nos faits et gestes et améliorer les profits des laboratoires pharmaceutiques, et la fermeture des frontières avec la Grande Bretagne pour se venger de sa décision de quitter l’UE.

Un petit détour par le Brexit

On le comprend, la France va beaucoup perdre avec le Brexit, comme le reconnaît Marc Touati dans un article intitulé prudemment Brexit : “la France risque de perdre plus que le Royaume-Uni !” : « selon nos estimations, le coût du Brexit (avant même son entrée en vigueur) atteint déjà 1,2 point de croissance en moins pour la France en 2016-2019 » et ce n’est pas fini ! Il paraît que l’accord de dernière minute que l’UE pensait pouvoir arracher au Royaume Uni achoppe sur la question de la pêche. On apprend que pendant que les énormes bateaux-usines des Hollandais viennent piller les fonds français en pratiquant la pêche électrique avec la bénédiction de l’UE, nos malheureux pêcheurs se consolent en ratissant plus artisanalement les fonds anglais. Ce que précisément l’Angleterre veut faire cesser... Et qui sera au bout du compte les dindons de la farce ? Les pêcheurs français évidemment, comme les agriculteurs français, l’industrie française, les restaurateurs français...

Mais revenons à nos moutons.

Les opérations de séduction

En matière de séduction, nous avons été servis. Parmi les plus mémorables il y a eu :

• La marche solitaire d’Emmanuel Macron au Louvre, comme Public-Sénat l’intitule sobrement. A savoir l’intronisation, ou plutôt le sacrement du royal président, non pas dans la cathédrale de Reims, mais sur l’esplanade du Louvre, laïcité oblige, sous les applaudissements émus et les commentaires énamourés des courtisans-journalistes qui après avoir fait sa promotion comme d’un produit de marketing pendant sa campagne, s’extasient de ce qu’il s’adresse « à tous les Français, y compris aux électeurs du Front national ».

• Le Grand débat national organisé pour soi-disant recueillir les doléances des Français, des milliers de cahiers et de textes jetés à la poubelle aussitôt fini le soliloque interminable du petit monarque, ivre de lui-même et de sa puissance.

• La Convention citoyenne pour la transition écologique dont les 150 propositions se sont transformées en une vague promesse de vague référendum pour inscrire une vague défense de l’environnement dans la Constitution.

Et il y a eu bien d’autres coups de com, il y en a même eu des quantités et on les a tous oubliés. Par exemple, la grande concertation écologique lancée en novembre 2018 pour tenter de désamorcer la révolte des Gilets jaunes tout en maintenant la taxe carbone (qu’il a dû finalement retirer). Ou la Rencontre avec 67 intellectuels triés sur le volet à l’Elysée que Lordon a snobée, ne voulant pas servir de caution à Jupiter. Ou tous les ridicules et hypocrites numéros verts dont le dernier doit servir à signaler les discriminations. Révolution permanente les tourne en dérision : « Pour savoir si quelque chose va mal dans la société, il faut chercher le numéro vert » et de souhaiter qu’on mette bientôt un numéro vert à la disposition de « toutes les personnes qui auraient la fâcheuse impression d’être pris pour des cons ».

Oui, Macron n’a pas ménagé ses efforts pour nous séduire. Il vient même de se faire porter malade pour nous attendrir alors qu’on sait que tout ce qu’il risque, en fait, c’est de passer de somptueuses vacances dans le joli château de Marie-Antoinette.

La répression, la surveillance, le contrôle

Mais tout s’use et il a beau faire, son charme aussi. Qu’à cela ne tienne, les opérations successives de séduction n’ont pas pour but de convaincre, mais de gagner du temps en attendant les opportunités de mener à bien le second volet du « en même temps » : le contrôle de la population pour mieux la dépouiller.

Tout le long de son quinquennat, il a lutté et bataillé pour supprimer nos droits, nos acquis, nos libertés, nous soumettre et nous réduire, petit bout par petit bout. Il y a eu tant de projets de loi, de lois, de décrets divers et variés qu’on ne peut plus les compter. Tout ce qu’on sait, c’est qu’au bout du compte, le chômage augmente pendant que les indemnités baissent ; les salariés doivent travailler plus longtemps et dans des conditions toujours plus dégradées, avec des salaires toujours plus dérisoires pendant que les retraites baissent ; les libertés de manifester, de se réunir, la liberté d’expression, d’internet, les libertés de mouvement, d’action, fondent comme neige au soleil. Et désormais le gouvernement peut fermer arbitrairement et au gré de sa volonté tous les établissements publics ou privés et enfermer les gens chez eux.

La victoire de Macron ?

Il faut dire que l’épidémie a été une aubaine comme jamais l’oligarchie n’aurait osé l’espérer. Sans elle, jamais Macron n’aurait pu espérer s’offrir une dictature sanitaire comme cadeau de Noël. Sans elle, il ne pourrait pas espérer faire passer tous les dispositifs liberticides de l’état d’urgence dans la loi ordinaire. Décembre 2020 scellera-t-il notre défaite et la victoire de Macron ? Pour le moment, il semble tenir le bon bout avec :

• Le décret du 4 décembre qui vient d’octroyer aux pouvoirs publics l’autorisation de ficher les opinions/appartenances politiques, religieuses et syndicales des Français. Enfin d’une partie pour le moment en attendant que ce soit tout le monde.

• Le projet de loi qui vient d’être déposé dans le cadre d’une procédure d’urgence sanitaire. Il conditionne notamment nos déplacements, l’exercice de certaines activités à l’administration d’un test, d’un traitement ou d’un vaccin et permet des enfermements administratifs. Bref, c’est le régime de l’arbitraire.

Où est la gauche ?

Le gouvernement danois a essayé de faire passer une loi du même genre en novembre dernier et les Danois ont fait 9 jours de manifestations, jusqu’à ce que la loi soit retirée...

En France on entend quelques protestations à droite mais pas beaucoup à gauche. La gauche est descendue dans la rue contre la loi de Sécurité globale et l’article 24 (retiré mais remis dans la loi sur le séparatisme), mais là, contre les deux décrets de décembre et le projet de loi Castex, on ne l’entend pas autant, me semble-t-il. On ne l’a pas entendue non plus s’élever, pendant toute la durée de l’épidémie, contre l’arbitraire, l’exagération, l’absurdité et l‘iniquité des mesures sanitaires. Pourquoi ?

C’est, à mon humble avis, que la gauche, soit partage, soit n’ose pas s’opposer à l’idéal de société aseptisée des écologistes. Yannick Jadot voulait rendre les vaccins obligatoires, vous vous rappelez ? Et, sur les plateaux de TV, les écologistes n’ont pas cessé de traiter d’irresponsables tous ceux qui trouvaient les mesures gouvernementales abusives et contre-productives.

Dans leur société future, il n’y aura plus rien de sale, ni de dangereux. Il n’y aura plus, ni charbon, ni pétrole, ni nucléaire, ni virus, ni maladie. Il y aura peu de monde sur terre et tout le monde fera ce qu’il doit faire. La religion sera naturelle, et le foie gras sera proscrit. On mangera de la viande artificielle et des légumes hors sol à l’ombre des éoliennes, et on dormira dans des maisons de terre ou dans des villes intelligentes (le débat n’est pas tranché au sein des verts). On vivra d’amour, d’eau fraîche et d’énergie verte, et tout le monde sera heureux.

Finalement on dirait que la dictature sanitaire de Macron convient parfaitement à ces ayatollahs de l’écologie et que leurs amis de gauche s’en accommodent par lâcheté, commodité ou conviction.

C’est bien regrettable, car lorsqu’ils s’apercevront que ce n’est pas leur conte de fée qui se réalise mais celui du Grand Capital, il sera trop tard.

URL de cet article 36795
   
Même Thème
Michel Boujut : Le jour où Gary Cooper est mort.
Bernard GENSANE
Le jour de la mort de Gary Cooper, Michel Boujut est entré en insoumission comme il est entré dans les films, en devenant un cinéphile authentique, juste avant que naisse sa vocation de critique de cinéma. Chez qui d’autre que lui ces deux états ont-ils pu à ce point s’interpénétrer, se modeler de concert ? Cinéma et dissidence furent, dès lors, à jamais inséparables pour lui. Il s’abreuva d’images « libératrices », alors qu’on sait bien qu’aujourd’hui les images auraient plutôt tendance à (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Au Salvador, les escadrons de la mort ne tuent pas simplement les gens. On les décapite, on place leurs têtes sur des piques et on garnit ainsi le paysage. La police salvadorienne ne tuait pas seulement les hommes, elle coupait leurs parties génitales et les fourrait dans leurs bouches. Non seulement la Garde nationale violait les femmes salvadoriennes, mais elle arrachait leur utérus et leur en recouvrait le visage. Il ne suffisait pas d’assassiner leurs enfants, on les accrochait à des barbelés jusqu’à ce que la chair se sépare des os, et les parents étaient forcés de garder."

Daniel Santiago,prêtre salvadorien
cité dans "What Uncle Sam Really Wants", Noam Chomsky, 1993

Commandos supervisés par Steve Casteel, ancien fonctionnaire de la DEA qui fut ensuite envoyé en Irak pour recommencer le travail.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.