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Révolution et Kübra ou comment lutter contre la tyrannie

Il y a en ce moment deux séries qui cartonnent sur Netflix. Révolution, une série française, et Kübra une série turque. Les deux séries sont des fables, fantastique pour la première et spirituelle pour la seconde, qui traitent de la meilleure manière d’affronter l’injustice et la violence institutionnalisées des régimes qui donnent à une minorité de privilégiés cupides, arrogants et cyniques tout pouvoir sur un peuple réduit à la misère économique et spirituelle.

Révolution, la révolte des opprimés

La révolution décrite dans la série a peu de rapport avec notre révolution de 1789, à part le fait que l’histoire se situe à la même époque comme l’attestent les costumes et les décors, magnifiques au demeurant. Comme sont obligées de le faire toutes les séries occidentales pour passer la censure et avoir de bonnes critiques, Révolution commence par démontrer son adhésion au catéchisme moderniste. On a droit, dès les premières images, à un éloge du vaccin par le médecin Joseph Guillotin qui incarne l’humanisme et le progressisme dans la série ; puis à une vigoureuse dénonciation du racisme suivie d’une leçon de féminisme ; et pour finir, à la fin du premier épisode, la série vole au secours des migrants en butte à des malfaiteurs sur la plage où ces malheureux viennent de débarquer. Le “ gayisme ” prend la forme historique et supportable des mignons du jeune comte Donatien de Montargis et l’écologisme et le climatisme nous sont épargnés sans doute par crainte d’anachronisme.

La série ayant dûment montré patte blanche, les choses sérieuses peuvent commencer. Et on n’est pas déçu ! Une épidémie est volontairement répandue dans douze familles de nobles élus par le roi Louis lui-même, dans le but de « changer le monde ». La contamination, par injection de sang bleu, la couleur que prend le sang des « malades », donne la vie éternelle. La série fait d’une pierre deux coups et dame le pion aux nobles actuels, les mondialistes, réduits à mettre en scène de fausses épidémies pour terroriser, contrôler et dépouiller les populations et à reporter sans cesse leurs espoirs d’immortalité, malgré les milliards qu’ils investissent dans le transhumanisme.

Dans la série, comme aujourd’hui, le sang coule beaucoup. Le sang du peuple évidemment. Le sang bleu injecté aux nobles de la série les transforme en vampires/cannibales qui attaquent les jeunes filles, tranchent leur trachée artère avec les dents et boivent leur sang. Les puissants actuels ne boivent pas littéralement notre sang, mais c’est uniquement parce qu’ils ont trouvé des moyens moins voyants de nous saigner à blanc.

La preuve, Macron vient de faire voter, dans l’indifférence générale, une disposition de la loi de programmation militaire qui lui permet, s’il le juge utile, de réquisitionner nos biens et nos personnes par un simple décret, comme c’est expliqué dans cet article : « En marche vers la dictature ». Par ailleurs, Macron et ses acolytes mondialistes, jugeant que nous sommes trop nombreux, sont en train d’institutionnaliser la restriction les naissances (droit à l’IVG dans la Constitution) et le suicide assisté presque pour tous ; l’obligation vaccinale estampillée OMS ne tardera pas, soyez-en sûrs ! Mais tout cela n’est rien à côté des guerres sanglantes qu’ils veulent déclarer à la Russie, la Chine, l’Iran et dieu sait qui d’autre, où ils vont envoyer nos garçons et nos filles (féminisme oblige) comme chair à canon, sur ordre des EU/OTAN/UE, pour défendre les intérêts des oligarques occidentaux, exactement comme en 14, ou en Ukraine en ce moment (déjà autour de 500 000 morts ukrainiens, selon Alexander Mercouris). Comme quelques autres politologues avisés, Alexis Poulain dénonce ces projets mortifères dans une courte et émouvante vidéo intitulée : « Sans sursaut populaire, nous allons à la guerre ». Espérons qu’il ne subira pas le sort de Jean Jaurès, assassiné en 1914 pour délit de pacifisme !

Dans la série, les nobles ne parviennent pas à « cacher leur véritable nature » comme le voudrait le comte Charles de Montargis, et le peuple finit par se révolter avec l’aide de quelques nobles qui ont fait vœu de « renoncer à leurs privilèges », mais aujourd’hui, avec la collusion de tous les pouvoirs et la propagande médiatique, ils arrivent beaucoup mieux à dissimuler leurs turpitudes. Et c’est assez désespérant...

« C’est un malheur du temps que des fous guident des aveugles », se désole un des bons nobles de Révolution, à quoi le noble « fou » à qui il parle, son propre frère, répond : « C’est un malheur du temps que les faibles puissent gouverner ! » On croirait entendre Macron...

Il y a dans la série quelques beaux personnages, dont une enfant lumineuse qui nous rappelle le jeune médium Bran Stark, la corneille à trois yeux de Game of thrones, qui finira par être élu roi de Westeros justement parce qu’il ne veut pas du pouvoir. Madeleine, comme Bran, est une visionnaire qui incarne l’essence de la sagesse et de la spiritualité. Hélas, à la différence de Bran, elle ne finira pas reine mais esclave des nobles, à moins qu’elle ne soit sauvée par une seconde saison. Comme lui, elle voit au-delà des apparences, elle voit les signes des changements, elle voit l’avenir, et ses avertissements prémonitoires, clairvoyants et tout à fait d’actualité, qu’on entend en voix off, rythment la série :

« Les signes de Dieu et du Diable sont tout autour de toi. Il te suffit d’ouvrir les yeux pour les voir... Ce sont les signes qu’il y a quelque chose de plus grand que nous. Une lumière et une ombre par-delà le visible, par-delà l’univers, au-delà de la vie elle-même. Cette année-là, les signes étaient déjà là. Et parmi ceux qui ont refusé de les voir, crois-moi aucun n’a survécu ».

Et plus loin :

« Il y a deux sortes d’hommes, ceux qui ont peur de mourir et ceux qui sont prêts à donner leur vie pour les autres. Quand l’apocalypse a commencé, j’ai vu les plus simples d’entre eux, les faibles, les exclus, relever la tête et défier les puissants. Ils ont versé leur sang pour que je puisse te raconter cette histoire. Souviens-toi de leurs noms, parce que, si aujourd’hui il y a une lueur dans la nuit, c’est grâce à eux ».

Kübra, la révolution intérieure

C’est un de ces hommes-là qui est le héros de Kübra (un sigle dont on ne connaîtra le sens qu’à la toute fin). Gökhan vient de revenir traumatisé d’une guerre où tous ses compagnons ont été tués. Il a cessé de faire la fête, il est devenu très pieux. Il est fiancé à la belle Mervé, qu’il a hâte d’épouser. Après avoir sauvé un enfant coincé dans une voiture en feu, il commence à recevoir des messages prophétiques sur une application de son portable, Soultouch. Et comme les prophéties se réalisent, il se met à croire qu’il reçoit des messages de Dieu. « Allah me parle », confie-t-il à ses proches. Certains sont incrédules mais ils doivent bientôt se rendre à l’évidence, Gökhan fait des miracles. Les dons et les cadeaux se mettent à affluer et Gökhan, qu’on appelle maintenant Semavi (messager du ciel), les distribue aux pauvres avec l’aide des siens. Gökhan pourrait être un Jésus des temps modernes. Comme Jésus, sur la montagne, peu après son baptême par saint Jean Baptiste dans le Jourdain, il est confronté à la tentation de la richesse, du pouvoir, de la célébrité, quand sa renommée commence à attirer les vautours : des banquiers qui veulent l’aider à gérer ses finances, des politiques qui veulent profiter de sa popularité, sans compter les services secrets qui craignent une révolte. Serhat, menacé par le chef de la sécurité, accepter d’endosser le rôle de Judas et de trahir son ami. Les officiels de la mosquée jouent le rôle des Pharisiens, ces tombeaux blanchis, comme les appelait Jésus pour fustiger leur hypocrisie, portant beaux mais remplis de pourriture.

La transposition est réussie, ce qui montre au passage l’universalité de la vie et du message de Jésus qui, en fait, ne font qu’un, du moins tels que l’Evangile les rapporte. Le personnage de Gökhan est crédible et fascinant. Le suspense est intense. On se demande tout du long comment le Messager du ciel va se tirer de tous les pièges qui lui sont tendus, jusque par sa fiancée qui croit bon de lui mentir pour l’aider. Il s’en sort habilement, comme Jésus, et la série se termine en apothéose.

Dans la série turque les bons crèvent l’écran. Dans la série française, au contraire, ce sont les méchants, les cruels nobles assoiffés de sang, qui sont les personnages les plus intéressants. Il est vrai que nous nous y connaissons en cruauté dans un pays où elle s’étale sans honte, notamment à la TV, où des parasites entretenus dans le luxe par nos impôts, discutent doctement, à longueur de journée, du degré de privation (de revenus, de liberté, de mobilité, de logement, de chauffage, bref de tout), que les Français pourraient endurer tout en restant rentables. À l’heure de la révolte des paysans contre l’oligarchie mondialiste prédatrice européenne, il est savoureux d’entendre le tyran de Révolution déclarer aux nobles qui s’apprêtent à attaquer les rebelles : « Ce jour restera dans les mémoires comme le rappel flamboyant de l’ordre des choses. Le peuple doit se rappeler à quoi il est destiné, se soumettre, obéir et nous nourrir. »

Serieophile nous offre une bonne critique de Kübra : « Les messages qui semblent prédire l’avenir, entraînent Gökhan dans une quête spirituelle et philosophique intense. Pris dans un conflit entre lumière et obscurité, il doit naviguer entre ses responsabilités personnelles, son amour pour sa fiancée et son devoir envers une divinité supérieure qu’il ne comprend pas pleinement. Cette dualité entre la vie quotidienne et une mission quasi-divine offre un aperçu nuancé des défis moraux et éthiques auxquels le personnage principal est confronté.

« Visuellement, Kübra se démarque par sa représentation authentique d’Istanbul, offrant une toile de fond captivante pour l’histoire. Les scènes oscillent entre la réalité tangible des rues animées et les aspects plus surréalistes de la quête de Gökhan. Ce contraste visuel enrichit l’expérience du spectateur, le plongeant dans un récit à la fois ancré dans le quotidien et élevé par le surnaturel ».

On imagine comment un tel sujet aurait été traité en Occident ! Jésus aurait été un migrant africain, il aurait eu comme mari un notaire blanc, et son combat aurait été de légaliser la pédophilie. N’a-t-il pas dit : « Laissez venir à moi les petits enfants » ? Heureusement, les Turques n’ont pas besoin de prouver leur allégeance aux dogmes du Nouvel Ordre Mondial, et Semovi peut prêcher l’amour, la tolérance, la non-violence, l’humilité, le pardon, la fidélité, l’abandon à la volonté divine, comme le Jésus de l’Evangile, sans être traité de réactionnaire négationniste.

Les deux séries se servent d’évènements passés, la révolution de 1789 d’une part, la vie de Jésus ou du Prophète Mahomet, de l’autre, pour interroger le présent. Et la différence de culture transparait dans les solutions proposées : la violence, la guerre, la haine, d’un côté, l’amour, la bonté, la prière de l’autre. Dans Révolution le mal domine et dans Kübra, c’est le bien.

Quel dommage qu’on soit privé par la censure occidentale des œuvres de tous les pays qui ne veulent pas se soumettre aux Etats-Unis, soit 85% de monde ! Nos maîtres nous coupent du reste du monde et nous privent de toute sa richesse culturelle. Et si la Turquie n’était pas dans l’OTAN, on n’aurait pas non plus eu droit à Kübra...

Se faire violent ou se faire violence ?

Les deux séries sont magnifiques. Toutes les deux et chacune à leur manière traitent de justice et de vérité. Elles se complètent et se répondent. Dans Révolution, les héros réagissent à la violence par la violence. Dans Kübra, Semavi répond à la violence par l’amour, en se faisant violence à lui-même. Dans Révolution, la violence est utilisée pour pour libérer comme pour asservir. Le problème, c’est que lorsque l’on réagit instinctivement, c’est la situation qui nous contrôle. Quand les insurgés auront le pouvoir, il y a toutes les chances qu’ils se comportent exactement comme ceux qu’ils ont détrônés. Dans la série turque la violence n’est pas dirigée contre les autres, elle est dirigée contre soi-même ou plutôt contre les mauvais instincts qui habitent chacun de nous, la colère, la vengeance, la domination, l’envie, la cupidité. C’est un combat spirituel contre le mal en nous-mêmes pour le contrôle de soi. Il s’agit de ne pas se laisser dicter ses actions et réactions par ses pulsions, mais de se comporter comme Allah le recommande, avec amour et bonté. C’est à une conversion, une élévation de l’âme que Semavi convie ceux qui le suivent.

Je ne dis pas qu’il ne faut jamais utiliser la violence. J’ai connu à Jérusalem un vieux sage haredi qui expliquait que lorsqu’on avait affaire à des gens sans foi ni loi, il fallait parfois, pour les arrêter, employer les mêmes moyens qu’eux, mais sans haine et de manière ponctuelle. Reste que la violence engendre la violence, tandis que la non-violence l’absorbe, la dévie ou la retourne contre son auteur, comme dans l’aïkido.

Gandhi a montré que c’était possible même s’il n’a pas réussi à empêcher les massacres qui ont suivi la partition de l’Inde et du Pakistan, comme aussi Mandela qui, en Afrique du sud, a réussi à éviter l’effusion de sang qui menaçait d’accompagner la fin de l’Apartheid, en mettant en place, avec Desmond Tutu, une Commission de la vérité et de la réconciliation, chargée de faire la lumière sur les crimes et les exactions politiques commis par les gouvernements sud-africains durant l’apartheid, mais également les crimes et exactions commis par les mouvements de libération nationale. L’Afrique du sud, ce pays qui n’a pas répondu à la violence des Boers par la violence, est aussi le pays qui vient de sauver notre honneur, en portant le génocide des Palestiniens à Gaza devant la Cour internationale de Justice pour qu’il y soit mis fin.

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Le livre d’Élisabeth Weissman fait partie de ces ouvrages dont on redoute de poursuivre la lecture : chaque page annonce une horreur, une bonne raison de désespérer, même si, de ci delà , l’auteur nous concède une ou deux flammèches d’espoir. Un livre de plus qui nous explique magistralement, avec rigueur et humanité, pourquoi et comment la classe dominante française met à mort l’État, les valeurs républicaines, la citoyenneté, la solidarité, la société au sens classique du terme. (…)
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Je n’accepte plus ce que je ne peux pas changer. Je change ce que je ne peux pas accepter.

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