RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
13 

Les États-Unis à l’heure de leur vérité. Avec celles et ceux qui « se battent dans le ventre de la bête » !

Les États-Unis épicentre de l’affrontement de classe mondial ? Les mouvements sociaux et populaires américains exemple à suivre, source d’inspiration et locomotive qui tire hors des bourbiers de l’inaction et du défaitisme ceux d’en bas européens ? Dorénavant, pareilles « utopies » et « vœux pieux » ne sont plus formulés seulement par quelques « rêveurs internationalistes » comme nous-mêmes. Elles sont matérialisées en actes par des centaines de milliers ou même par des millions de gens inspirés par les historiques mobilisations étasuniens de ces dernières semaines (1) et qui manifestent en masse presque partout de par le monde, de l’Australie et l’Afrique du Sud au Royaume Uni et la Bande de Gaza, et du Japon et du Brésil à la France et l’Allemagne !

Nous voici donc devant ce mouvement planétaire qui, bien qu’inspiré par le mouvement nord-américain, ne se limite pas à son – si nécessaire et si vivifiant – devoir internationaliste, mais fait plus que ça : Il exploite l’occasion historique offerte à lui par l’exemple américain pour mettre en évidence ses propres problèmes brûlants et persistants, face à ses propres ennemis de classe, afin de construire son propre mouvement de masse et son propre rapport de force ! Et il est dorénavant manifeste qu’il est en train de réussir au delà de toute attente, aiguisant ultérieurement la crise de ceux d’en haut, tandis qu’il mobilise les avant-gardes sociales et dévoile aux yeux des masses les mécanismes de leurs malheurs et de leur oppression de classe.

En somme, on est en train d’assister à une avalanche d’événements de portée historique, à un véritable tournant de l’histoire contemporaine. Et ce n’est pas un hasard que le même constat font des gens de gauche qui ont marqué les dernières 5-6 décennies comme Noam Chomsky ou Bernie Sanders, lesquels n’hésitent pas de qualifier le moment actuel d’« extraordinaire », d’« incroyable », de « sans précédent dans l’histoire des EU ». Mais, rien de mieux que d’écouter la grande Angela Davis résumer magistralement l’importance capitale de l’actuel « moment historique » avec les mots suivants : « Je suis si heureuse d’avoir vécu assez longtemps pour assister à ce moment. Et je crois que je me vois assistant à ce moment pour le compte de tous ceux qui ont perdu leur vie en luttant au cours de décennies » (2)

Mais, les États-Unis de cet été 2020 ne se résument pas à la naissance de ce mouvement sans précédent qui est en train de faire l’histoire. L’autre face de la médaille de l’actuelle réalité nord-américaine présente l’autre moitié d’une société déjà divisée et polarisée à l’extrême, laquelle se radicalisant à vue d’œil, fait apparaître à la lumière du jour tous ses vieux démons racistes, suprémacistes blancs ou carrément fascistes. Des démons désormais ragaillardis, encouragés par le président et prêts à faire la peau à leurs adversaires. Et manifestement, le spectacle qu’ils offrent jour après jour a de quoi inquiéter très sérieusement...

Comme par exemple quand des hommes très lourdement armés, se revendiquant de Trump, occupent le parlement de Michigan et le contraignent de suspendre ses travaux. Ou quand des milliers d’autres, souvent armés, brandissant des drapeaux nazis et sudistes et dénonçant la pandémie comme « un mensonge » et un « complot » contre leurs libertés, manifestent contre les gouvernements locaux tandis que le président Trump les encourage publiquement à “libérer” leurs États fédéraux de leurs autorités démocratiquement élues. Et aussi, quand des suprémacistes et néo-nazis de tout poil tirent ou foncent en voiture sur les manifestants antiracistes. Et surtout quand la police se comporte comme un état dans l’état, comme un corps de prétoriens de Trump et de l’extrême droite, faisant preuve jour après jour de la pire brutalité assassine combinée à un sadisme raciste digne de Ku Klux Klan...

Serait-il exagéré de dire que de telles scènes, qui se déroulent d’ailleurs désormais presque quotidiennement aux États-Unis, sont la définition même de la subversion antidémocratique ? Ou plutôt de la répétition générale d’un soulèvement armée, d’un putsch menant à l’établissement d’une dictature ? Et ceci d’autant plus que celui qui se présente comme le protecteur et l’inspirateur de ces apprentis putschistes, le président lui-même des États-Unis, répète à longueur d’années son désir de rester au pouvoir ...éternellement, à l’instar de ses amis dictateurs qu’il aime et admire tant !

Alors, c’est tout à fait légitimement qu’on peut – et on doit – se poser d’autres interrogations d’importance capitale sur le présent et l’avenir de la super-puissance mondiale : Trump apprenti dictateur ? Guerre civile aux États-Unis ? Maintenant, ce n’est plus seulement nous qui – depuis au moins deux ans sans que pratiquement personne nous croit-, mais aussi même...Joe Biden qui va jusqu’à avertir publiquement que Trump n’est pas disposé de quitter la Maison Blanche “volontairement”. Et le font de manière encore plus convaincante des milliers de citoyens américains lesquels, faisant preuve d’esprit pratique, s’organisent et préparent dès maintenant “des mobilisations de masse” (3) pour faire que Trump respecte bon gré mal gré le résultat des élections de Novembre prochain !

Cependant, comble du paradoxe, cette Amérique archi-autoritaire, des milices racistes et des néonazis décomplexés, au bord de la dérive dictatoriale et de la guerre civile ne fait pas les grands titres de la presse européenne. Et surtout, ne semble pas préoccuper outre mesure les gauches européennes qui restent pratiquement insensibles à ce qui se prépare au cœur du monstre impérialiste et capitaliste mondial, feignant d’ignorer que c’est aux États-Unis que se joue, comme jamais auparavant, le sort de nous tous aussi...

Et pourtant, il y aurait mille choses à faire tout de suite, tant d’initiatives concrètes à prendre pour créer des ponts et soutenir activement ceux qui, comme le disait si pertinemment Che Guevara, « se battent dans le plus important de tous les combats, parce qu’ils vivent dans le ventre de la bête » ! Et si ce n’est pas maintenant qu’il faut agir, alors c’est quand ?

Notes

1. Voir aussi notre article précédent “États-Unis :« ]Now is the time ! » L’affrontement historique tant attendu vient de commencer !”->https://www.cadtm.org/Etats-Unis-Now-is-the-time-L-affrontement-historique-tant-attendu-vient-de]

2. “I am just so happy that I have lived long enough to witness this moment,” she says. “And I think that I see myself as witnessing this moment for all of those who lost their lives in the struggle over the decades.”

3. https://www.commondreams.org/news/2020/06/12/new-campaign-prepares-mass-mobilization-should-trump-refuse-leave-willingly-if

* Des milliers de textes, vidéos et images de première main venant des États-Unis et concernant tout ce qui se passe au sommet mais surtout à la base de la société nord-américaine, sont postés heure après heure sur le Facebook « Europeans for Bernie’s Mass Movement » que nous avons lancé il y a plus de 4 ans et que nous conseillons vivement aux lecteurs et lectrices de gauche :

URL de cet article 36266
   
Mai 68 : Histoire sans fin
Gérard FILOCHE
Nicolas Sarkozy accuse mai 68 d’avoir « imposé le relativisme intellectuel et moral », « liquidé l’école de Jules Ferry », « introduit le cynisme dans la société et dans la politique » et « abaissé le niveau moral de la politique ». Il aime à dire que « Les héritiers de ceux qui, en mai 68, criaient " CRS = SS " prennent systématiquement le parti des voyous, des casseurs et des fraudeurs contre la police », avant d’ajouter : « Je veux tourner la page de mai 68 une bonne fois pour (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« L’ennemi n’est pas celui qui te fait face, l’épée à la main, ça c’est l’adversaire. L’ennemi c’est celui qui est derrière toi, un couteau dans le dos ».

Thomas Sankara

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.