La décision a découlé du fait que seuls ceux qui avaient de l’argent, beaucoup d’argent, pouvaient faire de la politique, construire de grands partis, assurer la paie de centaines de milliers de militants, acquérir de gros organes de presse et des télévisions, et mener des campagnes électorales onéreuses et massives. Alors que les plus pauvres n’ont pas voix au chapitre, ne peuvent pas faire entendre leur voix ou à peine murmurer dans des entrefilets de journaux compatissants.
Un apport financier conséquent leur serait vital. Ils pourront, eux aussi, avoir au moins des militants permanents qui feront entendre leur discours et leurs revendications, s’organiser donc, financer des supports d’information et des campagnes de sensibilisation et, pourquoi pas, monter leurs propres organes de presse et de télévisions. Le tout pour réaliser un contrepoids aux tenants du pouvoir. Ce ne sera que justice.
Le résultat est patent. En termes de démocratie, en priorité, les opinions minorées par le filtre de la censure par omission pourront s’exprimer et contribuer à l’instauration d’une véritable liberté d’expression et un plurarisme politique, en lieu et place du monologue en vigueur. Le financement reposera sur un cahier des charges rigoureux, car il ne s’agira pas de rajouter des acteurs associatifs au cadre dominant. Pour cela, il suffit d’obéir au canevas usité par les bailleurs de fonds occidentaux au bénéfice des ONG missionnées pour implanter la démocratie de marché dans les pays périphériques.
Les bénéficiaires doivent expressément démontrer qu’ils sont engagés dans la lutte contre les inégalités sociales et qu’ils œuvrent à faire émerger une alternative qui donne une existence politique aux exclus économiques.
En un mot, il doit y avoir l’assurance qu’ils travailleront à l’instauration de la démocratie véritable, où le peuple aura un choix réel, grâce à l’émancipation de ses représentants, jusque-là écartés du paysage politique.
Seulement, il faudra trouver des procédures d’évitement d’une réaction hostile, surtout de la part du gouvernement étatsunien, qui est très frileux en matière d’ingérence étrangère (même si l’essentiel des ONG droitsdelhommistes dans le monde sont des succursales de ses services de renseignement). On a pu voir interdire à l’ONG britannique, Cuba Solidarity Campaign, d’acheter une centaine d’exemplaires d’un livre sur le blocus de Cuba (The Economic War against Cuba. A Historical and Legal Perspective on the U.S. Blockade, publié par Monthly Review Press - NdR en français : Etat de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba).
C’est que le bras des États-Unis est long. Pour ce faire, leur département du Trésor a fait saisir les fonds destinés à l’achat en question, même s’il était destiné… aux lecteurs britanniques.
Ahmed Halfaoui