En coordination avec les institutions financières internationales et les pressions occidentales, elle n’a ménagé aucun effort pour pousser au bout la logique de la libéralisation. Devant la timidité, voire le refus, des capitalistes nationaux et étrangers, surtout étrangers, d’occuper le terrain, pour autant qu’ils pourraient impulser une dynamique de développement économique et social, le pouvoir, coincé entre sa volonté de libéraliser et le front social, s’est retrouvé isolé et sujet à de féroces attaques, sous divers prétextes.
Accusé de ne pas procéder à des « réformes courageuses », il devait « partir » et laisser la place à ceux qui sauraient les mettre en œuvre, les « forces du changement ». Des forces représentées par une nébuleuse de partis et de personnalités, victimes des recompositions du sommet de l’Etat. C’est que l’appétit a grandi. Les fortunes amassées ne pouvaient plus se contenter de grenouiller sans contrôler totalement les affaires du pays. Sous couvert de « démocratisation » et « d’ouverture », ce sont toutes les revendications d’un néolibéralisme sans concessions qui sont brandies.
L’une des cibles principales est désignée, ce sont les subventions qui continuent d’être appliquées aux produits de large consommation, notamment à l’énergie. Des subventions qui compromettent le libre jeu des lois du marché, de la concurrence, et qui empêcheraient les investisseurs de se risquer sur un marché aux prix contrôlés. La solution proposée : ne plus « acheter la paix sociale », rompre avec « la prime à l’émeute ». Un comportement classé au titre de la lâcheté politique. Sur ces entrefaites, l’effondrement hypothétique du marché pétrolier vient à point nommé exciter les troupes. L’occasion est trop belle. Le pouvoir doit, enfin, cesser de redistribuer les revenus du pays et « diversifier l’économie en encourageant l’investissement privé ». Mais comme ses institutions seraient grippées et incompétentes, parce que toujours attachées au « socialisme », il devrait s’ouvrir au « changement » proposé à cors et à cris.
Ceci dit, toujours est-il que, en matière de changement, il en faut un. Il faut le changement qui tire ses leçons de la faillite du libéralisme, de la situation qui a été créée par la soumission à ses règles, et qui a fait de l’Algérie une fille à marier guettant des princes charmants qui ne venaient pas, où qui lui exigeaient plus de lascivité. Il faut le changement qui inverse le cours suicidaire actuel. Les arguments sont légions. Le premier d’entre tous : l’argent est celui du peuple, souverain sur les richesses nationales jusqu’à preuve du contraire.
Ahmed Halfaoui
27 décembre 2014