RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
La propagande anti-syrienne n’a d’égale que le silence sur les révoltes populaires au Yémen, à Bahreïn, en Arabie Saoudite, au Maroc...

L’impérialisme est l’ennemi des peuples : le cas de la Syrie

L’impérialisme américain et son caniche européen cherchent par tous les moyens à déstabiliser la Syrie pour mieux l’asservir. Après la Libye, c’est le tour de la Syrie. L’impérialisme avait déjà , dans un passé récent, détruit la Yougoslavie, envahi l’Afghanistan, ravagé l’Irak et ruiné la Côte d’Ivoire. Destructions, massacres, génocides et violence extrême sont ses caractéristiques essentielles. Poussé par la recherche effrénée du profit, l’impérialisme en tant qu’instrument du pouvoir de la bourgeoisie, tente de soumettre tous les peuples de la planète. Esclavage, colonialisme, néocolonialisme etc., son histoire n’est, en dernière analyse, que pillage, par la violence et la cruauté, des richesses des peuples. Vouloir installer en Syrie par la force un gouvernement à sa botte, l’impérialisme ne fait que perpétuer cette logique hégémonique et despotique. L’impérialisme est toujours et partout l’ennemi des peuples.

Dès ses origines, le parti Baath éprouvait une aversion profonde pour le marxisme et la lutte des classes qui, selon ses fondateurs, étaient étrangers aux valeurs de la nation arabe. Le communisme à leurs yeux était par essence internationaliste, incompatible avec l’union des peuples arabes. Leur foi mythique dans cette « nation arabe » et dans « le socialisme arabe » a fait du Baath, en dernière analyse, un parti plutôt nationaliste au service des intérêts de la bourgeoisie et de la classe moyenne syrienne.

En 1963, lors du sixième Congrès National, l’aile gauche du parti avait adopté des résolutions réellement progressistes. Il faut préciser que les militants qui animent cette tendance radicale du Baath ont des origines sociales populaires contrairement à la vieille garde dont les dirigeants appartiennent à la bourgeoisie citadine. La lutte des classes s’est en quelque sorte introduite, au grand dam des conservateurs, à l’intérieur même du parti !

Pour contrecarrer ces résolutions et renverser cette tendance, Michel Aflak, Salah Bitar et leurs fidèles ont pris la décision, lourde de conséquences, de recourir à l’armée. En militarisant le parti, les fondateurs ont de fait éliminé toute possibilité de régler les conflits et les divergences d’opinions par le débat et les urnes. En Irak comme en Syrie, deux pays où le Baath est arrivé au pouvoir, le parti est devenu un repère d’officiers assoiffés de pouvoir. « La renaissance arabe », « L’unité arabe » et « le socialisme arabe » ont été relégués aux calendes grecques. Leur seul et unique objectif est de se maintenir, vaille que vaille, au pouvoir.

La répression sous toutes ses formes est devenue pour ces militaires le moyen le plus efficace pour taire toute contestation et éliminer toute opposition. Les services de renseignements, les redoutables « Moukhabarat » pourchassent, torturent et éliminent impitoyablement les opposants. Le général Hafez Al Assad a pris le contrôle de la Syrie en 1970. Trente ans plus tard, il livre à son fils Bachar une Syrie « nettoyée » de toute opposition. Même les fondateurs historiques du Baath n’ont pas échappé à la répression. Michel Aflak et Salah Bitar ont été condamnés à mort par contumace avant d’être graciés. Mais Salah Bitar a été assassiné rue Hoche à paris en 1980.

Aujourd’hui encore, l’état d’urgence est toujours en vigueur et l’article 8 de la constitution donne au Baath le statut de dirigeant exclusif de l’État et de la société (1).

Mais le Baath est le produit des rapports sociaux de la société syrienne. Il appartient au peuple syrien et à lui seul, en fonction de ces mêmes rapports sociaux, de le garder ou au contraire de le renverser.

Les soulèvements populaires en Tunisie, en Égypte, au Yémen, à Bahreïn etc. ont suscité d’énormes espoirs de changement dans les masses arabes opprimées y compris en Syrie.

Mais l’impérialisme ne peut supporter cette marche autonome des peuples vers la démocratie et le progrès. Les maintenir dans la soumission et la misère qui bloquent leur vitalité et leur émancipation reste pour lui le meilleur moyen de les dominer pour mieux les exploiter.

L’impérialisme s’immisce directement dans les affaires des peuples en leur refusant le droit de prendre eux-mêmes en charge leur propre destin. C’est ainsi qu’il a écrasé dans le sang, par l’intermédiaire de l’Arabie Saoudite, la révolution du peuple de Bahreïn pour maintenir au pouvoir la dynastie des Al khalifa, son fidèle serviteur local. C’est toujours lui qui a financé, armé et porté au pouvoir le Conseil National de Transition (CNT) en Libye au prix de milliers de morts et de destruction de tout un pays. Et c’est encore l’impérialisme qui a manoeuvré au Yémen, par le biais du Conseil de Coopération du Golfe, pour confisquer la révolution au peuple en demandant à Ali Abdallah Saleh de mettre le pouvoir entre des mains sûres avant de s’exiler en Arabie Saoudite ou aux États-Unis. L’impérialisme est la négation du Droit des nations à disposer d’elles-mêmes.

L’hystérique propagande menée contre la Syrie n’a d’égale que le silence sur les révoltes réellement populaires au Yémen, à Bahreïn, en Arabie Saoudite ou encore au Maroc. Combien de citoyens américains et européens savent que le peuple marocain par exemple manifeste massivement et pacifiquement tous les dimanches depuis le 20 février 2011 ? Cette intense propagande dans l’occident impérialiste rappelle étrangement celle qui a précédé l’invasion de l’Irak et de la Libye.

L’impérialisme américain avec l’aide notamment de la Grande Bretagne, de la France, de la Turquie, de l’Arabie Saoudite et du Qatar se prépare activement à intervenir militairement en Syrie pour installer un pouvoir qui servira ses intérêts comme en Afghanistan, en Irak ou encore en Libye. Déjà l’Armée Libre Syrienne (ALS), pure créature de la Turquie, revendique un certain nombre d’actions sanglantes contre l’armée régulière syrienne. L’opposition au régime de Bachar Al Assad, dominée par les Frères Musulmans est de plus en plus violente. Il s’agit d’affaiblir la Syrie avant de l’envahir comme ce fut le cas en Libye.

Dans le monde arabe, l’impérialisme brise l’élan des soulèvements populaires pacifiques et le remplace par la violence d’une opposition qui lui est soumise. Il écrase les aspirations et les luttes des peuples pour leur imposer des régimes qui lui sont totalement acquis. L’exemple de la Libye est édifiant à cet égard. Aujourd’hui, il tente d’envahir la Syrie pour servir ses intérêts et tenir son peuple dans l’oppression et la servitude.

Un régime installé à Damas par la volonté des États-Unis et de leurs satellites est la pire chose qui puisse arriver au peuple syrien, notamment pour ses classes laborieuses. Il suffit de voir dans quelle situation tragique se trouve aujourd’hui la population irakienne sans eau ni électricité pour s’en convaincre. Avant leur départ tout relatif, les américains ont laissé derrière eux, en plus d’un pouvoir corrompu et à leur solde, un pays divisé, ravagé, martyrisé et meurtri : plus d’un million de victimes et des centaines de milliers de blessés (2). Ce crime contre l’humanité « donne la mesure de la cruauté dont le capitalisme et la bourgeoisie qui le porte sont capables » (3). Et on va taire par pudeur les pratiques barbares des soldats américains sur des prisonniers irakiens sans défense notamment dans la tristement célèbre prison d’Abou Ghraib. La propagande la plus odieuse et les mensonges les plus grotesques ont été utilisés pour justifier l’invasion de l’Irak. La bourgeoisie, on le voit, ne recule devant rien pour assouvir sa soif du pétrole irakien.

Ce qui est vrai de l’Irak ne l’est pas moins de la Libye où la population survit dans des conditions dramatiques après les destructions massives de l’OTAN, bras armé de l’impérialisme. Pendant ce temps-là , les grandes compagnies pétrolières comme ENI, Total, BP, ExxonMobil, Shell etc., continuent, tels des vampires, à pomper allègrement le pétrole libyen !

Par ailleurs, l’Alliance atlantique refuse toujours de fournir le moindre chiffre sur le nombre de civils innocents tués par ses soldats. Ce silence en dit long sur les massacres perpétrés par l’OTAN et le CNT contre le peuple libyen. Rappelons tout de même que ces crimes ont été commis sous la bannière de la protection des civils et de l’aide humanitaire comme le précise la résolution 1973 de l’ONU : « Le Conseil de sécurité(...) se déclarant résolu à assurer la protection des civils et des secteurs où vivent des civils, et à assurer l’acheminement sans obstacle ni contretemps de l’aide humanitaire » !

La victoire de l’impérialisme en Syrie, est la défaite non seulement du peuple syrien mais de tous les peuples.

Mais ces guerres que les bourgeoisies américaines et européennes imposent aux peuples à travers le monde ne sont, en dernière analyse, que le prolongement des guerres économiques et sociales qu’elles livrent dans leur propre pays aux travailleurs et aux salariés en général. Les plans de rigueur et d’austérité qui se succèdent aux États-Unis et en Europe constituent une véritable guerre que la bourgeoisie livre aux classes populaires. « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » disait Clausewitz. La guerre est directement liée à la lutte des classes.

Guerres de classes à l’intérieur, guerres impérialistes à l’extérieur, voilà ce que l’histoire nous enseigne sur cette classe sociale, la bourgeoisie, dont la seule et unique raison d’être est la maximisation du profit par tous les moyens y compris par le plus abject, la guerre sous toutes ses formes. D’une manière générale, les guerres intérieures et extérieures sont intimement liées à l’exploitation des uns par les autres. « Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme, et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation » écrivaient Marx et Engels dans le Manifeste (3).

Mohamed Belaali

(1) « The leading party in the society and the state is the Socialist Arab Ba’ath Party. It leads a patriotic and progressive front seeking to unify the resources of the people’s masses and place them at the service of the Arab nation’s goals ».
http://www.mideastinfo.com/documents/Syria_Constitution.htm

(2) http://www.justforeignpolicy.org/iraq/iraqdeaths_fr.html

(3) Voir, entre autres, « Les ravages de la guerre impérialiste en Irak »
http://belaali.over-blog.com/article-les-ravages-de-la-guerre-imperialiste-en-irak-48981793.html

(4) K. Marx et F. Engels dans le « Manifeste du parti communiste », page 56. Éditions de Pékin.


URL de cet article 15516
   
En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

En révélant au public comment les institutions fonctionnent réellement, pour la première fois nous pouvons vraiment comprendre, en partie, notre civilisation.

Julian Assange

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.