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RSF, les USA, Cuba, l’argent


Le rapport 2003 de RSF sur la liberté de la presse dans le monde, révèle l’obsession pathologique de cette « ONG » et sa complaisance envers les USA.

D’abord, le titre. Une ONG non monomaniaque aurait titré : « Finlande, première » ou « Corée, dernière ». RSF choisit : « Cuba, avant-dernier, juste devant la Corée du Nord »

Les Etats-Unis et Israël sont « montrés du doigt ».Montrés du doigt, ces petits chenapans ! et sauvés du bonnet d’âne par une affligeante astuce : RSF les classe (et eux seuls) deux fois : à l’intérieur, puis à l’extérieur de leurs frontières. L’extérieur des frontières US concerne l’Irak, mais exclu cette terrifiante zone de non droit unique au monde : Guantanamo qui n’est plus seulement une base militaire mais bien un territoire dans lequel on trouve des militaires, des policiers, des juges, des lois spécifiques, des bourreaux, bientôt un couloir de la mort, mais pas d’avocat ni de
journaliste.

RSF regrette « les exactions répétées de l’armée israélienne » et « la responsabilité de l’armée américaine dans la mort de plusieurs reporters pendant la guerre en Irak ». Admirons l’euphémisme : « la responsabilité dans la mort » et non : « l’assassinat », pas même « l’homicide par imprudence ». Responsables et pas coupables. Aucune action de protestation
n’est donc à prévoir devant l’ambassade américaine à Paris ni dans un théâtre des Champs-Élysées.

Ainsi, les USA qui tuent des journalistes, du Kosovo à l’Irak (près de trente, au total), qui, pendant leurs opérations guerrières, laissaient le choix aux journalistes indépendants entre la propagande militaire en guise d’informations et le risque d’une roquette perdue (tir ami), les USA obtiennent un classement honorable.

Autrement dit, le pays dont l’armée liquide des journalistes est mieux classé que Cuba qui n’en a jamais tué un seul depuis le triomphe de sa révolution. Rappelons qu’en 10 ans, 500 journalistes ont été tués dans le monde (d’après RSF), 179 dans l’hémisphère américain (selon la Société Interaméricaine de Presse).

Le jour où une vraie ONG intègrera le nombre de journalistes muselés pour l’éternité comme élément essentiel dans l’attribution des mauvaises notes, Cuba caracolera dans le peloton de tête et les Etats-Unis seront dans la voiture balai en compagnie de quelques sanglantes dictatures à leur dévotion.

S’agissant du territoire US, la presse qui a réussi à faire croire à une majorité de son peuple que Bush représente le Bien et que le Mal se niche dans plus de 60 pays étrangers, que Saddam Hussein est le commanditaire de l’attentat contre le Centre Mondial du Commerce (Word Trade Center), cette presse qui a gobé et communiqué au monde entier les faux documents de C.
Powell sur les armes de destructions massives irakiennes, cette presse aux mains de richissimes financiers, cette presse où les journalistes qui ne sont pas d’accord avec la politique belliqueuse de leur gouvernement tremblent pour leur emploi et leur sécurité, cette presse-là est classée 31 sur 166.

Mais revenons à l’acharnement phobique de RSF : « Avant-dernier dans ce classement, Cuba est aujourd’hui la plus grande prison du monde pour les journalistes ».

Sur les plus grands cimetières du monde creusés pour les journalistes par l’US Army, les âmes pieuses font silence : compassion a minima pour ceux qui y reposent, pas un mot de trop contre ceux qui les ont allongés là .

Et ce n’est pas tout : après avoir évoqué la situation en Asie, RSF, au risque de radoter, cède une nouvelle fois à ses pulsions névrotiques : « Cuba (165e) occupe l’avant-dernière place dans ce classement mondial. Au printemps 2003, 26 journalistes indépendants ont été arrêtés et condamnés à des peines allant de 14 à 27 ans de détention, faisant de ce pays la plus grande prison du monde pour les journalistes. On leur reproche de publier à 
l’étranger des articles qui font le jeu des "intérêts impérialistes ».

En vérité, sur les 26, quatre avaient fait des études de journalistes et un seul avait une carte professionnelle. C’est 25 de moins que ce qu’affirme RSF. Cependant, si ce journaliste avait été arrêté pour délit d’opinion, ce serait un de trop en prison. Si son unique employeur, celui qui le payait était la puissance ennemie avide de matériaux utiles pour une future invasion, une ONG serait encore bienvenue à s’en émouvoir. Son impartialité lui ferait cependant obligation de ne pas masquer la dépendance financière et de concéder que tous les articles de presse n’ont pas la même valeur
marchande. Ceux qui sont favorables au gouvernement cubain ne méritent pas le moindre dollar des USA, ni de RSF, qui se vante de subventionner l’opposition (à Cuba, pas dans les pays d’Amérique latine amis des USA).

« Richesse, dit le rapport, ne rime pas toujours avec liberté de la
presse ». Ah, une pique contre l’oncle Sam ? Pas du tout, ce sont le Bahreïn (117e) et Singapour (144e) qui sont visés en application d’un principe de cour de récré : frapper le petit sans déplaire au gros tout en donnant l’impression d’une distribution équitable des horions.

Continuons la lecture : pendant la guerre du golfe, les Etats arabes « ont renforcé leur contrôle sur la presse et accentué leurs pressions sur les journalistes contraints à l’autocensure ». Chose qui s’est produite à plus grande échelle aux USA mêmes, sans que RSF le remarque.

Et ce n’est pas tout : le bon élève du monde arabe est. le Koweït, cher à Bush père et fils. Lesquels ont contribué à rétablir et consolider là -bas un régime plus féodal que républicain. Sur un site officiel du Koweït on peut lire des perles comme : « En 1996, les koweïtiennes réclament le droit de vote. En 1999, l’Emir le leur accorde ».

En Europe, l’Italie et la France reçoivent un coup de patte de velours. Quant à l’Espagne, elle est relativement mal classée à cause de. l’ETA qui menace les journalistes. Délectons-nous du chef-d’ouvre qui suit : « Par ailleurs, la lutte nécessaire contre le terrorisme a eu des conséquences sur la liberté de la presse, avec la fermeture par "mesure préventive" du journal basque Egunkaria, dont les dirigeants sont soupçonnés de collaboration avec l’ETA ». Bref, un journal basque est interdit, mais c’est nécessaire, préventif et d’ailleurs, ne serait-il pas lié aux terroristes ?

On ne peut comprendre ces contorsions si l’on ignore que l’Union Européenne est le principal bâilleur de fonds de RSF, l’Espagne l’allié servile des USA dans sa lutte contre l’Irak et Cuba. A connaître aussi cet admirable aveu de Ménard qui s’oppose à la condamnation des dérives de la grande presse française parce que, « ce faisant, nous risquons de mécontenter certains
journalistes, de nous mettre à dos les grands patrons de presse et de braquer le pouvoir économique. Or, pour nous médiatiser, nous avons besoin de la complicité des journalistes, du soutien de patrons de presse et de l’argent du pouvoir économique ». (in « Ces journalistes qu’on veut faire taire », Robert Ménard, éditions Albin Michel).

Signalons encore qu’à un étudiant qui lui demande « Pourquoi le point de vue cubain ne peut-il jamais s’exprimer dans la presse française ? », Ménard répond : « Parce qu’il n’a aucun intérêt ».

La méthode de RSF, enfin. Elle est d’une opacité suspecte. « Pour établir son classement, Reporters sans frontières a demandé à des journalistes, des chercheurs, des juristes ou des militants des droits de l’homme de remplir un questionnaire ». Des noms, des noms ! Quant au questionnaire, il est fondé sur 53 critères d’évaluation, non communiqués. On devine, à l’examen des résultats, qu’ils sont assez orientés (voir plus haut) pour permettre de dédouaner les sponsors et les amis tout en enfonçant les ennemis des amis.

PS. Reporters sans frontières précise en exergue de son rapport qu’il « défend les journalistes emprisonnés et la liberté de la presse dans le monde ». Suggérons-lui de ne pas se borner à énumérer les journalistes tués mais à aller s’enchaîner devant chaque ambassade concernée et à dénoncer les censures induites par la concentration des organes de presse, propriétés de
quelques groupes multinationaux.

Un Observatoire international des médias (Media Watch Global) est en train de se créer en France. Il considère que « la liberté absolue des médias, réclamée à cor et à cri par les patrons des grands groupes de communication mondiaux, ne saurait s’exercer aux dépens de la liberté de tous les citoyens ». Gageons que RSF ne va pas aimer cette approche. Ménard n’a-t-il pas un jour confessé benoîtement : « Nous avons besoin du soutien consensuel de la profession, tandis que la réflexion sur le métier de journaliste prête, par définition, à la polémique. Comment, par exemple, organiser un débat sur la concentration des organes de presse et demander ensuite à Havas ou à Hachette de sponsoriser un événement ? ».

Et comment défendre à la fois la liberté des médias et des citoyens en soutenant un coup d’Etat au Venezuela ?

Maxime Vivas. 26 octobre 2003.

Source :
CUBA SOLIDARITY PROJECT http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/html


Les USA financent Reporters Sans Frontières, par Diana Barahona.


 Du même auteur :


- RSF adjure l’UE de l’aider à renverser Castro.

- Amnesty international éclaboussée par RSF via Le Monde

- Les otages, Reporters Sans Frontières et l’US Army.

- Le PCF, les USA et Cuba.

- Reporters sans frontières ou l’art de dédouaner les USA.

- Fête de l’Huma 2004.

- Quand Gilles Martinet parle de Battisti, de Gaulle s’attriste.

- Berlusconi, Chirac : deux hommes intègres face à Battisti.

- Les larmes de Romain Goupil.

- Urgent : La vérité sur Cesare BATTISTI.

- Une palpitante histoire d’espionnage et de terreur en 4 chapitres.

- Kouchner et les tyrans sanguinaires.

- La dérive d’un patron de presse : Philippe Val, épurateur ?


 D’ autres articles sur le même sujet ici :

Dossier Cuba et RSF Cuba

Vénézuéla : Reporter Sans Frontières, l’ imposture

RSF-Vénézuéla : réaction au dernier communiqué de RSF


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La face cachée de Reporters sans frontières - de la CIA aux faucons du Pentagone.
Maxime VIVAS
Des années de travail et d’investigations (menées ici et sur le continent américain) portant sur 5 ans de fonctionnement de RSF (2002 à novembre 2007) et le livre est là . Le 6 avril 2006, parce que j’avais, au détour d’une phrase, évoqué ses sources de financements US, RSF m’avait menacé dans le journal Métro : " Reporters sans frontières se réserve le droit de poursuivre Maxime Vivas en justice". Au nom de la liberté d’expression ? m’étonné-je. Quoi qu’il en soit, j’offre aujourd’hui (…)
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