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Berlusconi, Chirac : deux hommes intègres face à Battisti.



La France a promis à l’Italie une livraison d’une quinzaine d’hommes et de femmes réfugiés chez nous. Battisti d’abord.



Juillet 2004


Il y a dix-neuf ans, par la voix de son Président François Mitterrand, la France offrait l’asile aux anciens militants rescapés de la crise italienne des « années de plomb ».

Ce qu’on a appelé la « Doctrine Mitterrand » a engagé la République, les services de justice et de police sous les gouvernements de Mauroy, Fabius, Chirac, Rocard, Cresson, Bérégovoy, Balladur, Juppé, Jospin, soit deux présidents de la République, trois septennats et neuf Premiers ministres. Deux jugements de justice en 1991 ont déclaré Battisti non extradable. Il était sur le point d’obtenir la nationalité française. La Ligue des Droits de l’Homme, France-Libertés, fondation Danielle Mitterrand, Attac-France, les partis de gauche, des élus et des intellectuels de tous bords, 25 000 citoyens pétitionnaires se sont prononcés contre la demande d’extradition formulée par l’Italie.

Mais, le 30 juin, trois magistrats de la Chambre de l’instruction, cédant aux injonctions de Perben, déclarent Cesare Battisti extradable. Battisti a été l’un de ces milliers de jeunes Italiens que la situation des années 70 avait lancés dans un combat où des centaines de formations d’extrême gauche armée s’opposèrent au gouvernement dont les services secrets alliés à l’extrême droite perpétraient de multiples attentats à la bombe.

Il fut jugé selon les lois " spéciales " de l’Italie d’alors, lois dénoncées par Amnesty International et la Fédération Internationale des Ligues des droits de l’Homme (144 organisations à travers le monde), concluant que "les autorités italiennes avaient violé tous les accords européens et internationaux sur des procès équitables".

Cette justice d’exception avait ressuscité la figure du « repenti », c’est-à -dire un accusé qui négociait sa liberté en échange de dénonciations. Et c’est sur les seules paroles d’un repenti que Battisti fut condamné à la perpétuité, comme tant d’autres, après une instruction durant laquelle treize cas de torture furent avoués.

Dominique Perben a promis à son homologue italien une première livraison d’une quinzaine d’hommes et de femmes.
Et c’est à sa demande que, le mercredi 30 juin, la même Cour d’Appel de Paris a une seconde fois jugé le même homme, sur le même dossier.

Une désinformation massive, épicée de mensonges inouïs, a cherché à abuser les Français sur l’affaire Battisti.

En même temps, l’Etat a pesé de tout son poids, d’abord par les déclarations de Perben avant la décision d’extradition, ensuite par la voix de Chirac alors qu’un appel en cassation est en cours. Le 2 juillet, aux côtés d’un Berlusconi boudiné et lifté, un Chirac bronzé et convaincu, s’embarrassant à peine de précautions, donnait implicitement une directive en se prononçant pour l’extradition.

Que n’a-t-il pensé à l’élargir à Jean-Claude Duvalier, dit bébé Doc, que la France héberge depuis 15 ans, du sang plein les mains et de l’or plein les poches, assassin et voleur du peuple haïtien ? Que n’a-t-il suggéré à Berlusconi de raviver mieux que ça la guerre civile larvée des années 70 en n’omettant pas de juger aussi les factieux (identifiés) poseurs de bombes dans les lieux publics, les politiciens commanditaires de ces actes de terrorisme, les magistrats stipendiés par la maffia ? Peut-être alors Berlusconi lui aurait-il proposé en retour de coffrer Papon et d’ouvrir le dossier trop vite enterré de l’OAS. Ce à quoi Chirac aurait répliqué que ce carabinier qui tua d’une balle dans le front un jeune manifestant en juillet 2001 à Gênes pourrait, au moins, ne serait-ce que pour la forme, être traduit devant un tribunal. Qui l’acquitterait.

Deux autres dossiers seraient la comparution devant la justice de leur pays de Berlusconi et Chirac. Mais ne mélangeons pas tout. Il urge de comprendre que ces deux-là jouent au billard à trois bandes. Ils visent Battisti, ils inaugurent un nouvel espace policier et judiciaire européen, ils ont les peuples dans leur collimateur.

Maxime Vivas,Ecrivain.



Cesare Battisti broyé par les mensonges, par Maxime Vivas.


Cesare Battisti : ce que les médias ne disent pas, par Wu Ming 1.

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C’est un paradoxe que la nation qui a tant fait pour intégrer les droits de l’homme dans ses documents fondateurs se soit toujours opposé à la mise en place d’un cadre international pour protéger ces mêmes principes et valeurs.

Amnesty International - "United States of America - Rights for All" Oct. 1998

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