Non à l’esbroufe du plan Borloo sur l’emploi et le logement !
Non à des baisses de salaires par non-paiement des heures supplémentaires (Sarkozy)
« Pas assez d’heures travaillées » dit, pendant ce temps-là , Raffarin ?
Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé mercredi 30 juin que la France devait "augmenter le nombre total d’heures travaillées" et que des "discussions" devaient être engagées pour « assouplir le dispositif des 35 heures » devant les présidents du Medef Ernest-Antoine Seillière, de la CGPME Jean-François Roubaud et des centaines de patrons de PME.
"Cela veut dire deux choses : d’une part plus de Français au travail, c’est-à -dire moins de chômeurs, une action contre le chômage d’où le plan de cohésion sociale", a-t-il dit.
"Cela veut dire aussi que nous puissions engager des discussions, notamment à partir du rapport de la mission parlementaire que présidait Patrick Ollier avec Hervé Novelli, avec l’ensemble des partenaires sociaux, pour que le contrat puisse permettre de travailler plus quand on veut gagner plus", a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Economie Nicolas Sarkozy, lui, affirme qu "il ne faut pas craindre une réforme profonde" des 35 heures et s’est prononcé, pour la suppression de "toute forme de taxation sur les heures supplémentaires".
Voilà qui fait le vrai « pendant » au plan Borloo : reprendre d’une main aux salariés ce qu’on fait semblant de donner de l’autre aux exclus... sous forme de promesse de logements social étalée sur 5 ans...
En France, ce n’est pas le règne des 35 h, loin de là .
Les 35 h - insuffisamment appliquées ! - avaient créée 350 000 emplois
La démolition progressive des 35 h, l’allongement des durées du travail sur la vie, sur l’année (jour férié en moins) et sur la semaine, recréent du chômage de masse...
L’immense majorité des salariés travaillent déjà plus proche de 45 h que de 35 h.
Il y a déjà des milliards d’heures supplémentaires impayées.
Ce que Sarkozy appelle une « taxation sur les heures supplémentaires », ce n’est qu’une majoration, d’ailleurs trop faible (10 %) et rarement payée comme la loi l’impose aux employeurs.
Ce que veulent donc Raffarin et Sarkozy, c’est « baisser les salaires » ! Ne plus payer d’heures supplémentaires ! Cela revient à travailler plus en payant moins !
Avec la gauche on n’a, hélas, pas eu vraiment les « 35 h sans perte de salaire »,
mais avec la droite, on va donc avoir « les 45 h sans gain de salaire » !
750 000 salariés dans la restauration travaillent plus prés de 60 h que de 35 h
700 000 chauffeurs travaillent plus prés de 56 h que de 35 h
1 100 000 ouvriers du bâtiment travaillent plus prés de 50 h que de 35 h
Sur 2,5 millions de salariés du commerce et de la distribution, il y en a 1 million qui sont condamnés au sous-travail à temps partiel contre leur gré, mais il y en a 1 million qui travaillent plus prés de 60 h par semaine que de 35 h
333 000 nettoyeurs travaillent plus pres de 250 heures par mois que de 151 h.
200 000 gardiens sont plus prés de 50 ou 60 h que de 35 h
Doit-on parler des travaux saisonniers ? Des charrettes d’architecte ? Des médecins des hôpitaux ? De la confection ?
De l’agriculture où l’on peut travailler légalement jusqu’à 72 h.
Les « équivalences » (genre 11 h valent 8 h, pour les plongeurs de salle de restaurant) existent encore dans la restauration, le gardiennage (de facto) le commerce, la coiffure, les transports...
Les boulanges pâtissiers travaillent jusqu’à 60 h
dans les défilés de haute couture, on trouve des pointes à 70 ou 80 h.
Il y a 3, 5 millions de cadres : 25 % de ceux-ci seulement travaillent moins de 45 h... l’immense majorité en forfaits jours est entre 45 et 60 h...
Il y a ainsi plus de 6 à 7 millions de salariés en situation de surtravail, souvent en dépit des contingents autorisés d’heures supplémentaires, souvent sans repos compensateurs.
Plus d’un employeur sur deux est en situation de délinquance vis-à -vis des heures supplémentaires impayées.
L’essentiel du travail dit « au noir » n’est pas dans les « petits boulots « non déclarés, il est surtout dans les milliards heures supplémentaires non déclarées !
La seule durée du travail qui compte (et elle-même n’est pas toujours respectée) c’est les 48 h hebdomadaire car elle est la « durée maxima d’ordre public ».
Cela permet donc légalement 13 h supplémentaires par semaine ! ( du temps des 39 h, il n’y avait que 9 h supplémentaires hebdo possibles !)
Borloo parle d’un contrat « volontaire » dérogatoire à 120 % de la durée du travail : cela ferait une durée maxima du travail à 58 h ! un recul de 150 ans ! Même en Corée ils ont réussi a diminuer récemment la durée du travail de 56 à 54 puis à 50 h... Même « l’opt out » en Grande-Bretagne est censé être controlé..
On est en fait, déjà , dans une spirale infernale d’heures travaillées augmentées par milliards, provoquant un chômage de masse qui augmente depuis que la droite est revenue aux affaires :
- Sur-travail (des milliards d’heures sup’)
- Sous-travail (17 % de salariés à temps partiel, 85 % de femmes, 80 % non qualifiées)
- Sans-travail (Le chômage a enregistré une nouvelle progression de 0,8 % en mai, après une hausse de 0,3 % en avril, totalisant 2.451.000 demandeurs d’emploi, soit 20.300 chômeurs supplémentaires, selon les statistiques du ministère de l’Emploi. Plus 20.300 chômeurs en un seul mois et plus 70.000 en un an, c’est en fait plus 211.000 en deux ans de gestion Chirac-Raffarin-Sarkozy-Fillon-Borloo.
[1]
Les salariés français sont les héros de notre temps, ils effectuent les plus forts gains de productivité au monde ! Mais hélas, ils ne sont pas récompensés comme ils le devraient : il faut augmenter leurs salaires ! (ce qui réglerait tous les problèmes de déficit des caisses de retraite ou de Sécu)
Il faut aussi en revenir à de véritables 35 h pour toutes et tous, ce qui ferait reculer le chômage de masse qui ronge notre société !
Depuis le suppression de la loi de modernisation sociale, les licenciements sont facilités, l’emploi recul, les salaires stagnent sous la pression... le droit du travail recule, plus d’accidents, plus de maladies professionnelles, plus de souffrance au travail...
Borloo propose d’intensifier l’apprentissage qui est un échec en France : autour de 250 000 apprentis, mal payés dont 2 sur 3 ne vont pas jusqu’au bout de leurs trois années d’apprentissage... [2]
Borloo propose de faire reculer le service public de l’emploi et de permettre la mise « en concurrence » de l’Anpe avec des officines de placement privées... (rapport Marembert)
Borloo propose de faire de nouveaux contrats d’activité aux contours incertains ( des Cdd de 5 ans ? des Contrats vieux ? des précaires subventionnés dans le privé ? des « intermittents » généralisés ? )
Borloo affirme qu’il faut d’abord investir dans le logement mais dans le même temps le gouvernement est déterminé à saper définitivement les fondements du financement du logement social » en démantelant la Caisse des dépôts et consignations (CDC) : les projets de cotation en bourse des Caisses d’épargne et de création de banque postale vont entraîner mécaniquement et à brève échéance un séisme sans précédent dans le financement du logement social.
Borloo ne fait apparaître aucune mesure de nature à conforter la lutte contre l’exclusion bancaire".
Borloo annonce « 85 postes d’inspecteurs du travail sur 2 ans... « . Cela fait 42 postes par an. Or chaque année, il y a 25 postes au concours pour compenser les départs. Cela ne fait plus de 17 postes supplémentaires dans les deux ans à venir... Nous sommes 427 inspecteurs du travail pour 15,5 millions de salariés du privé... moins nombreux qu’au début su siècle dernier - 110 en 19010 pour 3 millions de salariés). Il faudrait au moins doubler les sections d’inspections du travail !
Gérard Filoche, inspecteur du travail, pour Démocratie & Socialisme www.democratie-socialisme.org
Le "forfait jour" pour tous, par Gérard Filoche.
Les intégristes libéraux, le « contrat nouvelle embauche » et l’explosion qui vient, par Gérard Filoche.
Flexibilité = zéro emploi, par Michel Husson.