L’Inspection du Travail a rejeté les demandes formulées par la direction de
Maxi-Livres de licencier pour fautes lourdes les grévistes du magasin de la
Gare de Lyon, dont celui de la
déléguée syndicale CGT, Latifa Abed. Echec et mat.
RAPPEL DES FAITS
Du 8 mars au 15 avril 2004, les salarié-e-s du Maxi-Livres de la Gare de
Lyon,
situé dans un couloir de métro, se virent contraints de se mettre en grève
pour
protester contre leurs conditions de travail déplorables ayant pourtant fait
l’objet d’injonctions répétées de la Médecine et de l’Inspection du Travail
mais ignorées par leur direction.
Les grévistes réclamaient l’accès libre à des toilettes, à un point d’eau,
des
vestiaires conformes et l’application des recommandations de la Médecine et
de
l’Inspection : ni plus ni moins que l’application du Code du travail en
matière
d’hygiène et de sécurité, le minimum décent.
Les grévistes bénéficièrent du soutien massif de la clientèle (6000
signatures
à leur pétition), de l’appui de nombreux syndicats (et plus particulièrement
de
l’UL CGT du 12° et de SUD RAIL-PSE ) et de personnalités comme Olivier
Besancenot, Marie-Georges Buffet, Marie-Noëlle Lienemann, Claire Villiers,
Bertrand Delanoë, Christian Sautter, Anne Hidalgo...
La grève fut chroniquée jour après jour sur le site internet
http://lemaxisyndicat.site.voila.fr où l’on peut trouver de nombreux
articles
de presse parus durant la grève.
40 jours de grève pour n’écoper que cynisme, mépris et menaces de la part
d’une
direction particulièrement rétrograde qui répondit par des constats
d’huissiers, une attaque en justice et enfin une campagne de dénigrement des
grévistes savamment orchestrée au sein même de l’entreprise à coup de
communiqués et d’une pétition "spontanée" de salariés contre la grève,
etc...
La direction de Maxi-Livres réussit l’exploit de faire fuir le médiateur de
la
Direction Départementale du Travail et de l’Emploi (DDTE) devant son refus
obstiné de retirer d’un hypothétique protocole de fin de conflit la promesse
certaine de punir les grévistes, chose inédite en ces circonstances.
En effet, quinze jours après la reprise du travail sans aucun paiement des
jours de grève, les grévistes se virent convoqués à des entretiens de
licenciement où leur furent reprochés notamment la présence d’un piquet de
grève devant le magasin, l’entrave à la liberté de travailler de "salariés
non
grévistes" ou encore "une campagne de dénigrement de la société" via
internet...
Le 12 mai 2004, dans une parodie pitoyable de CE boycotté par la CGT, les
élus
CFDT, à l’unanimité, approuvèrent les licenciements de leurs collègues,
contre
l’avis même de leur Organisation Syndicale, en présence du salarié à
l’origine
de la pétition contre les grévistes... fraîchement mandaté par la CFTC.
LICENCIEMENTS REFUSÉS
L’Inspection du Travail vient de refuser ces licenciements en argumentant de
la
façon suivante : "Considérant que les faits reprochés pris séparément ou
dans
leur ensemble ne présentent pas le caractère d’une faute personnelle commise
par... (nom du gréviste) d’une gravité particulière de nature à établir une
intention de nuire vis-à -vis de l’employeur ou de l’entreprise".
L’Inspecteur ne reconnait pas l’entrave à la liberté de travailler de
"salariés
non grévistes" qui en réalité n’existaient pas et surtout l’accusation
récurrente de la direction comme quoi Latifa Abed dénigrerait son
entreprise,
notamment via Internet. L’Inspecteur écrit : "L’étude des documents parus
sur
le site internet syndical externe à l’entreprise fait ressortir que ces
messages contiennent l’expression de revendications syndicales qui
n’apparaissent pas porter un trouble à l’exécution normale du travail ou à
la
marche de l’entreprise. Il convient de rappeler que la liberté d’expression
trouve ses limites dans les dispositions de la loi du 29 juillet 1881
relative
à la presse (diffamation, injures, fausses nouvelles) et dans l’abus de
droit.
Dans le cas présent, les animateurs du site en question situent sans
ambiguïté
leurs messages dans le cadre d’une situation sociale existante".
Par cette décision, l’Inspecteur du Travail renvoie la direction de
Maxi-Livres
dans ses cordes en lui rappelant que la grève est un droit tout comme la
liberté d’expression et que la loi protège les salariés, d’autant quand ils
font grève pour des conditions d’hygiène et de sécurité de base, qui font,
de
plus, l’objet d’une plainte, en cours d’examen, auprès du Procureur de la
République de Paris.
Echec et camouflet pour la direction de Maxi-Livres qui pensait exploiter
cette
grève pour se débarrasser une bonne fois pour toute de la syndicaliste
Latifa
Abed et membre active du Réseau Stop Précarité. Encore raté !
Cependant, cette dernière continue de faire l’objet d’un acharnement
constant,
notamment par une mise à l’écart flagrante sur son lieu de travail. Contre
toute attente, la direction ne semble pas vouloir jouer la carte de
l’apaisement.
Les grévistes tiennent à nouveau remercier toutes les personnes qui les ont
jusqu’ici soutenus. Ils savent pertinnement que la lutte pour plus d’égalité
et
de justice au travail ne s’arrête pas ici. Loin de là .
Ils voudraient notamment exprimer leur solidarité avec Faty Mayant,
syndicaliste SUD dans le société de nettoyage ARCADE, sous-traitante
d’ACCOR,
actuellement en procédure de licenciement. Pour plus d’infos et pour la
soutenir :
http://www.ac.eu.org/article.php3?id_article=476
CONTACT
Latifa Abed, déléguée syndicale CGT Maxi-Livres, tel. 06 83 56 34 57
Site Internet http://lemaxisyndicat.site.voila.fr
Mail cgtmaxilivres@voila.fr