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Auteur : Manlio DINUCCI

La tragédie de Lampedusa : Ce dont l’Italie doit vraiment avoir honte (il manifesto)

Manlio DINUCCI

« Honte et horreur » : ce sont les termes utilisés par le président de la république Napolitano à propos de la tragédie de Lampedusa. Ils devraient plus exactement être utilisés pour définir la politique de l’Italie à l’égard de l’Afrique, en particulier de la Libye d’où provenait le bateau de la mort. Les gouvernants qui aujourd’hui battent leur coulpe sont les mêmes qui ont contribué à cette tragédie, et à d’autres, des migrants.

D’abord, le gouvernement Prodi, le 29 décembre 2007, souscrit l’Accord avec la Libye de Khadafi pour « faire obstacle aux flux migratoires illégaux ». Puis, le 4 février 2009, le gouvernement Berlusconi le perfectionne avec un protocole d’application. L’accord prévoit des patrouilles maritimes conjointes devant les côtes libyennes et la fourniture à la Libye, de concert avec l’Union européenne, d’un système de contrôle militaire des frontières terrestres et maritimes. On constitue à cet effet un Commandement opérationnel inter-forces italo-libyen. La Libye de Khadafi devient ainsi la frontière avancée de l’Italie et de l’Ue pour bloquer les flux migratoires d’Afrique. Des milliers de migrants venant d’Afrique sub-saharienne, bloqués en Libye par l’accord Rome-Tripoli, sont contraints de retourner dans le désert, condamnés à une mort certaine. Sans que personne à Rome n’exprime honte et horreur. On passe ensuite à une page plus honteuse encore : celle de la guerre contre la Libye. (…) Lire la suite »

Métamorphose de la « doctrine Obama » (Il Manifesto)

Manlio DINUCCI
Au cours de son premier mandat, le président Obama prend formellement ses distances avec la politique étrangère et militaire de son prédécesseur, le président Bush, en donnant l’impression que les Etats-Unis ne veuillent plus être « le policier du monde » et entendent opérer un désengagement militaire, en Afghanistan et ailleurs, pour se concentrer sur les problèmes intérieurs. C’est ainsi que naît ce qui est défini comme la « doctrine Obama ». La guerre, toutefois, ne disparaît pas de l’agenda de l’administration Obama : comme le démontre celle contre la Libye, conduite en 2011 par l’OTAN sous commandement étasunien, avec une attaque aéronavale massive et des forces soutenues et infiltrées de l’extérieur. Au début de son second mandat, le président Obama annonce que « les Etats-Unis sont en train de tourner la page ». Mais la suivante aussi est une page de guerre. La nouvelle stratégie prévoit l’utilisation de forces armées plus flexibles et prêtes à être déployées rapidement, (…) Lire la suite »

Les armes secrètes NBC d’Israël (Il Manifesto)

Manlio DINUCCI
Les inspecteurs de l’ONU, qui contrôlent les armes chimiques de la Syrie, auraient beaucoup plus à faire s’ils étaient envoyés contrôler des armes nucléaires, biologiques et chimiques (NBC) d’Israël. Mais selon les règles du « droit international », ils ne peuvent pas le faire. Israël n’a pas signé le Traité de non-prolifération nucléaire, ni la Convention qui interdit les armes biologiques, et a signé mais non ratifié celle qui interdit les armes chimiques. Selon Jane’s Defense Weekly, Israël –seule puissance nucléaire au Moyen-Orient- possède de 100 à 300 têtes nucléaires et leurs vecteurs appropriés (missiles balistiques et de croisière et chasseurs-bombardiers). Selon des estimations du Sipri, Israël a produit 690-950 kgs de plutonium, et continue à en produire autant que nécessaire pour fabriquer chaque année 10-15 bombes du type de celle de Nagasaki. Il produit aussi du tritium, un gaz radioactif avec lequel on fabrique des têtes neutroniques, qui provoquent une (…) Lire la suite »

Armes chimiques, les vérités cachées sur les arsenaux et sur la Convention (Il manifesto )

Manlio DINUCCI

Le martèlement politico-médiatique sur les armes chimiques de la Syrie qui, selon les « preuves » secrètes de la CIA, auraient été utilisées par les forces gouvernementales, suscite l’impression diffuse que la Syrie est désormais la seule à posséder de telles armes et qu’elle menace avec elles le reste du monde. Puissance des armes de destruction de masse, capables de focaliser l’attention de l’opinion publique sur un point singulier, en faisant disparaître tout le reste.

C'est l’Allemagne qui utilisa la première les armes chimiques en 1915-17 : chlore liquide et phosgène, puis gaz vésicatoire et asphyxiant moutarde (ou ypérite). En riposte, la Grande-Bretagne et la France produisirent elles aussi ce gaz létal. Le gaz nervin Tabun, qui provoque la mort par asphyxie, fut découvert en 1936 par des chercheurs de la société allemande I.G. Farben (celle-là même qui produisit le Zyklon B, utilisé dans les chambres à gaz). En 1936, l’Italie utilisa en Éthiopie des armes chimiques, déjà employées en Libye en 1930. En Allemagne, on produisit des agents chimiques encore plus létaux, le Sarin et le Soman. Ceux-ci ne furent pas utilisés par Hitler, probablement par qu’au début de la guerre il craignait une rétorsion des États-Unis et de la Grande-Bretagne, qui avaient de gros arsenaux chimiques, et dans la phase finale, parce qu’il ne lui restait plus assez d’avions pour l’attaque. Pendant la guerre froide la course aux armes chimiques s'accéléra avec la (…) Lire la suite »

Obama : « preuves » secrètes de la Cia contre Assad (Il Manifesto)

Manlio DINUCCI
Le gouvernement syrien a réalisé la pire attaque chimique de ce siècle : c’est ce que déclare le président Obama sur la base de l’enquête de la Communauté de renseignements des États-Unis, le réseau tentaculaire de services secrets composé de 17 organisations fédérales. En premier lieu, la Cia, bien connue pour sa rigueur morale et la fiabilité de ses informations, comme elle l’a démontré en organisant les coups d’État les plus sanguinaires (en Indonésie en 1965, au Chili en 1973) et en fabriquant en 2003 les preuves (exhibées au Conseil de sécurité) justifiant la guerre et l’invasion de l’Irak. Les résultats de l’enquête sont exposés dans le document de la maison Blanche « U.S. Government Assessment of the Syrian Government’s Use of Chemical Weapons on August 21, 2013 ». Selon des « sources indépendantes » (genre MSF, NdT) ce sont les forces gouvernementales qui ont frappé le 21 août avec des armes chimiques douze localités de Damas. Inutile cependant de chercher les preuves (…) Lire la suite »

Syrie, option Kosovo au Moyen-Orient (Il Manifesto)

Manlio DINUCCI

Un homme suspecté de vouloir accomplir un homicide, choisit pour le mettre à exécution le moment où la police entre chez lui. C’est ce qu’aurait fait le président Assad, en dégainant l’attaque chimique au moment où les inspecteurs de l’ONU arrivent pour effectuer leur enquête sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.

Les « preuves » ont été exhibées par les « rebelles », dont le centre de propagande à Istanbul, organisé par le Département d’Etat étasunien, confectionne les vidéos fournies aux médias mondiaux. Ayant désormais « bien peu de doutes » que c’est Assad le coupable et jugeant « tardive pour être crédible » l’enquête ONU, le président Obama est en train d’évaluer une « riposte » analogue à celle du Kosovo, c’est-à-dire à la guerre aérienne lancée sans mandat ONU par l’OTAN en 1999 contre la Yougoslavie, accusée de « purification ethnique » au Kosovo. A cette fin, le Pentagone a convoqué en Jordanie, les 25-27 août, les chefs d’état-major de Canada, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Turquie, Arabie Saoudite et Qatar. En Jordanie les USA ont déployé des chasseurs bombardiers F-16, des missiles terre-air Patriot et environ un millier de militaires qui entraînent des groupes armés pour la « guerre couverte » en Syrie. Selon des informations recueillies par Le Figaro, un (…) Lire la suite »
L’art de la guerre

Egypte, de sanglants jeux de pouvoir (Il Manifesto)

Manlio DINUCCI
Pour ne perdre la face de Prix Nobel de la paix, le président Obama a déploré la violence contre les civils en Egypte, en exprimant ses condoléances aux familles des victimes. Tuées en majorité par les armes fournies par les USA aux forces armées égyptiennes. Celles qui ont soutenu pendant plus de trente ans le régime de Moubarak, garant des intérêts des Etats-Unis, et assuré la « transition pacifique » quand le dictateur a été renversé par le soulèvement populaire. Forces entraînées par le Pentagone, dans la manœuvre Bright Star 2009, en « opérations militaires en terrain urbain », c’est-à-dire en combats à l’intérieur d’une grande métropole. Comme disposition de façade, Obama a supprimé la Bright Star 2013, qui aurait dû se dérouler en Egypte en septembre avec la participation de milliers de militaires des Etats-Unis et d’autres pays (Italie comprise). Il n’a cependant pas supprimé le financement d’1,5 milliards de dollars annuels pour les forces armées égyptiennes. L’Egypte (…) Lire la suite »

L’art de la guerre : La nouvelle confrontation militaire Ouest-Est (Il Manifesto)

Manlio DINUCCI

Depuis que Poutine est revenu à la présidence, la « rhétorique anti-américaine » s’est renforcée de la part de la Russie, en se servant de « vieux stéréotypes de la guerre froide » : c’est ce qu’a déclaré le président Obama après avoir effacé la rencontre prévue pour septembre. La goutte qui a fait déborder le vase a été l’asile concédé par la Russie à Edward Snowden, coupable d’avoir mis en lumière les preuves que les services secrets étasuniens espionnent tout et tout le monde. Mais il y a bien autre chose.

Moscou s’oppose au « bouclier anti-missile », qui permettrait aux États-Unis de lancer un first strike (première frappe) nucléaire en sachant qu’ils peuvent neutraliser la rétorsion. Moscou est opposée à l’expansion ultérieure de l’OTAN à l’est et au plan EU/OTAN de démolir la Syrie et l’Iran dans le cadre d’une stratégie qui cible la région Asie/Pacifique. Tout ceci est perçu à Moscou comme une tentative d’acquérir un net avantage stratégique sur la Russie (et, en outre, sur la Chine). Ne s’agit-il que de « vieux stéréotypes de la guerre froide » ? On ne le dirait pas, vu le programme annoncé par l’OTAN le 8 août. Il prévoit « des manœuvres militaires plus ambitieuses et fréquentes » surtout dans les régions adossées à la Russie. Du 25 août au 5 septembre des chasseurs-bombardiers OTAN (y compris italiens) (et français, NdT), à double capacité conventionnelle et nucléaire, participeront en Norvège à la manœuvre « Brilliant Arrow » du Commandement aérien allié, à la tête duquel (…) Lire la suite »

Bombe flottante pour des profits « spot » (Il Manifesto)

Manlio DINUCCI
La jeune fille regarde la mer, où il n’y a rien en vue : « l’avenir est au-delà de l’horizon », explique la société Olt Offshore Lng Toscana dans son image publicitaire. L’ « avenir » est le méthanier regazéificateur flottant de Gnl (gaz naturel liquéfié), arrivé hier de Dubaï pour être amarré hors de vision à 22 Kms de la côte entre Pise et Livourne, où commencera son activité commerciale cet automne. Le navire, produit de la conversion d’un gazier norvégien, est long de 300 mètres (trois terrains de foot), large de 50 mètres et haut de 26 mètres au-dessus de la ligne de flottaison. Il contient quatre énormes réservoirs sphériques d’une capacité de plus de 137mille mètres3. C’est là que sera transvasé depuis les navires gaziers (chacun d’une capacité de 65-115mille m3) le Gnl refroidi à -160° C (pour en réduire 600 fois le volume), qui sera reporté à l’état gazeux, en utilisant la chaleur de l’eau de mer, et transporté à terre à travers un gazoduc sous-marin de 30 Kms. Le (…) Lire la suite »

Opération terreur : qui lance l’alarme (Il Manifesto)

Manlio DINUCCI

Pendant qu’il joue au golf, le président Obama est tenu constamment informé : la énième alarme terrorisme a sonné. D’un instant à l’autre la fantomatique Al Qaida peut attaquer des objectifs reliés aux intérêts étasuniens, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

L’état d’alerte se déclanche pour les citoyens étasuniens en voyage à l’étranger. De nombreuses ambassades étasuniennes sont temporairement fermées, tandis que les marines sont prêts à intervenir depuis Sigonella pour protéger celles qui sont en Europe méridionale. Le mérite de cette opportune alarme revient à la Communauté du renseignement. Elle est formée de 17 organisations fédérales. En plus de la CIA on y trouve la DIA (Agence de renseignement de la défense), mais chaque secteur des forces armées – armée, aéronautique, marine, corps des marines – a son propre service secret. Comme l’ont aussi le département d’État et celui de la sécurité de la patrie. Parmi ces services, en dure compétition entre eux pour s’accaparer appuis politiques et fonds fédéraux, il y a l’Agence pour la sécurité nationale. Celle-ci est spécialisée dans les interceptions téléphoniques et informatiques (celles qui auraient permis de découvrir le dernier complot terroriste), à travers lesquelles sont (…) Lire la suite »