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Thème : Coronavirus

Le grand simulacre

Dominique MUSELET
« Gouverner, c’est faire croire » a écrit Machiavel. C’est clairement tout ce que notre société a retenu de ce grand penseur, bien qu’il ait surtout été un grand amoureux de la liberté. Selon lui, pour être autonomes, nous devons vivre dans un État libre, c’est à-dire un État, lui-même libre, où la liberté de chacun se mesure à l’aune de la liberté de tous. De fait, toute la société occidentale repose sur le faux-semblant, la capacité de « faire croire ». Naître dans une telle société est hautement perturbant et déstabilisant car un enfant fait naturellement confiance aux adultes qui l’entourent et quand il s’aperçoit que leurs actes sont loin de correspondre à leurs paroles, il se retrouve coincé dans un double-bind. Ou il « trahit » ceux dont il dépend en les démasquant comme des menteurs, des tricheurs, des hypocrites, ou il se trahit lui-même en niant ses perceptions. L’issue de ce combat destructeur dépend de la confiance que l’enfant a en lui-même, et la plupart décident (…) Lire la suite »
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Qui va l’emporter, le 0,01% ou Vandana Shiva ?

Dominique MUSELET

Le coronavirus a mis un coup d’arrêt brutal à l’activité humaine sur la planète. Nous avons été stoppés net dans notre élan, et le voile du confinement s’est abattu sur nous, aussi cruellement que la malédiction de la fée Carabosse sur le château de la Belle au bois dormant. Tout comme la malheureuse princesse, nous avons été soustraits au monde et, tout comme elle, nous attendons le baiser du Prince charmant qui nous ramènera à la vie.

Sauf que nous, malheureusement nous ne dormons pas. C’est plutôt comme si nous avions été piqués par une de ces tiques qui peuvent neutraliser certaines parties de notre système nerveux, et ainsi nous paralyser temporairement. Nous ne pouvons pas bouger mais notre cerveau fonctionne encore. Certains d’entre nous réfléchissent, d’autres passent le temps, pendant que ceux qui n’ont pas été piqués se dépensent dix fois plus pour s’occuper de nous, au péril de leur vie. Mais tous, ceux qui courent deux fois plus vite que d’habitude comme ceux qui sont figés dans l’état où le confinement les a saisis, nous nous sentons comme suspendus à un fil au-dessus d’un précipice, et chacun se demande, avec angoisse, où il va tomber, lorsque le film redémarrera. La question est d’autant plus angoissante qu’une part de nous-mêmes ne comprend pas pourquoi « les gens se cachent dans leurs maisons comme si l'apocalypse des zombies avait finalement fait son apparition » alors que « nous ayons affaire (…) Lire la suite »

Pendant la crise sanitaire, les mesures de classe continuent.

IRAE
Le 9-3, zone déshéritée s'il en est a payé un lourd tribut à la crise, non seulement en termes de taux de décès par rapport à sa population, mais aussi au nombre de PV offert. Ne parlons pas des conditions d'hébergement des familles des premiers de corvée, le plus souvent mal-logées dans des appartements surpeuplés, insalubres et à loyer non modéré. Pendant ce temps, les CSP+ de la capitale eux sont allés télétravailler, qui à l'Ile de Ré, qui en Bretagne. Certains ont même tenté au départ de romanesques journaux de confinement idylliques avec vue poétique sur le lever de soleil sur la campagne couverte de rosée et enfants qui dessinent un amusant coronavirus, rapidement repris par l'affreuse patrouille de pisse-vinaigre, complotistes et diffuseurs de messages haineux en ligne à faire tomber sous le coup de la loi Avia (la mordeuse de chauffeurs de taxi). Tandis que ces catégories goûtaient le plaisir d'un confinement au calme où se recentrer sur soi-même, en soignant son (…) Lire la suite »

Les derniers seront les premiers (à mourir), ou le nazisme à visage découvert

Catherine

Rappelons qu'au Brésil, le réseau privé compte 15.898 lits d'unités de soins intensifs, dont 50% sont inutilisés, et que le réseau public en compte 14.876 et est à deux doigts de s'effondrer. Les autorités restent sourdes aux appels à la file d'attente unique pour les hôpitaux publics et privés. Jeudi (30/4), à Rio de Janeiro, plus d'un millier de patients ayant des cas suspects ou confirmés de ce nouveau coronavirus attendaient une place dans une unité de soins intensifs ou un service de l'État. Sur ce total, 361 étaient dans un état grave.

Protocole de sélection des patients pour les unités de soins intensifs (à l'étude) : (...) les conditions de six organes seront analysées et des notes seront attribuées pour leur fonctionnement, de 0 (bon) à 24 (mauvais). Plus la note est faible, plus le patient aura de chances d'obtenir un lit. Le premier élément analysé sera le fonctionnement de six organes, tels que les poumons, les reins et le cœur. Les médecins attribueront une note au patient selon qu'il existe ou non des maladies préexistantes. Quiconque présente un problème qui peut être fatal dans un délai maximum d'un an, sans relation avec le Covid-19, prendra 4 points et sera placé après celui qui n'a aucun dommage (0 point) ou à celui qui a une comorbidité qui permet une survie supérieure à un an (2 points). Critères de sélection en cas de scores identiques : la première sélection s'effectuera si le patient est déjà sous ventilation mécanique, relié à un respirateur. La seconde est l'âge du patient. Les plus (…) Lire la suite »

La faim, une arme contre Maduro

Lina SANKARI

Érigé en exemple dans sa gestion du Covid-19, le pays souffre de l’inflation qui touche l’alimentaire.

Comme un paradoxe. Malgré les sanctions économiques, qui entravent l’acheminement de matériel médical, et la menace d’offensive militaire étasunienne, le Venezuela semble pour l’heure parvenir à contenir l’épidémie de Covid-19. Avec 345 cas et 10 morts selon le dernier bilan, l’Organisation panaméricaine de la santé, institution de l’ONU, a demandé au gouvernement la possibilité d’étudier sa stratégie « pour pouvoir la reproduire dans d’autres pays », précise la vice-présidente de la République bolivarienne, Delcy ­Rodriguez. Dépistage massif et gratuit – le plus haut taux du sous-continent –, porte-à-porte de médecins et confinement depuis deux mois portent leurs fruits. « Avec un Jair Bolsonaro aux manettes du Brésil et Donald Trump à Washington, Nicolas Maduro fait figure de véritable d’homme d’État » dans cette crise, concède un député d’opposition à l’AFP. Quatre pays européens (Belgique, Allemagne, France et Estonie) assuraient, lors d’une réunion le 28 avril, que les (…) Lire la suite »

Le Brésil face au covid. À Manaus, « on se croirait dans un film d’horreur »

Lina SANKARI

Du Nicaragua au Chili, en passant par le Venezuela ou El Salvador, la réponse des gouvernements face à la crise sanitaire du Covid varie du tout au tout. Manaus, la métropole amazonienne qui affiche le plus haut taux national de contaminations et de décès dus à la pandémie, lance un appel à l’aide. En cause, une urbanisation anarchique, un système de soins en crise et centralisé à l’extrême. À l’avenir, la hausse de la déforestation pourrait aggraver la situation sanitaire.

En bordure de la forêt, un champ de cercueils. Dix-sept rangées de vingt-sept croix bleues plantées à la va-vite. À quelques mètres des familles qui n’ont pu accompagner leur proche en fin de vie, des tractopelles s’activent pour creuser des fosses communes. Devant les cimetières, un embouteillage de corbillards. Manaus est dépassée par l’ampleur de l’épidémie. « On se croirait dans un film d’horreur », admet le maire Arthur Neto. La métropole amazonienne accuse le plus haut taux des vingt-sept capitales d’État du Brésil. Les morts côtoient les vivants Tout manque : les soignants contraints de travailler même contaminés, les lits d’hôpitaux, le matériel sanitaire, les respirateurs, les fossoyeurs malades ou morts à leur tour, les cercueils dont les stocks n’excèdent pas cinq jours. « J’utilise une cape de pluie pour me protéger », explique un physiothérapeute. Au sein des unités de soins, les morts côtoient les vivants. Ceux qui meurent chez eux ne peuvent bénéficier d’aucune (…) Lire la suite »

Dr Trump et la planète Mars

Gaëtan PELLETIER
DONNER ET PRENDRE Il était une fois un homme qui possédait une vallée pleine d'aiguilles. Un jour, la mère de Jésus vint le voir, lui disant : « Ami, le vêtement de mon fils est déchiré, il faut absolument que je le lui raccommode avant qu'il n'aille au temple. Ne voudrais-tu pas me donner une aiguille ? » Il ne lui donna point d'aiguille, mais il lui tint un érudit discours sur Donner et Prendre pour le rapporter à son fils, avant qu'il n'aille au temple. Khalil Gibran, Enfants du prophète *** On ne parle plus d'aller sur Mars. Et pourtant le prix du carburant n'a jamais été aussi bas. Et le ciel aussi clair... Peut-être auront nous un air neuf à respirer pendant l'été. Selon le Dr Trump, la chaleur va tuer le virus. Il faut entre 60 et 70 degrés pour "nettoyer" un masque de style N-95. Pourtant, on allait y parvenir, à force de brûler tout ce qui se brûle... Même les humains. La surchauffe planétaire et sa destruction par délire de consumérisme nous laissait (…) Lire la suite »

Échos d’une catastrophe espérée

Erno RENONCOURT

Sans base factuelle argumentée, sans perspective réaliste intégrant la médecine traditionnelle comme piste stratégique de thérapie préventive, les recommandations du comité scientifique haïtien chargé de la riposte stratégique face au COVID19 ressemblent davantage aux échos d'une catastrophe virale espérée. Voici l'acte 1 d'une tribune pour relever les défaillances de cette communication.

Prédictions inquiétantes et recommandations insignifiantes Les prédictions et recommandations du comité scientifique haïtien, en charge de la stratégie nationale de riposte face au Covid19, ont été si maladroitement et si grotesquement présentées qu’elles ont suscité dans l’opinion publique nationale une vague de méfiance prompte à décrédibiliser tout discours rationnel sur le coronavirus en Haïti. Cette communication a été si foireuse que les prédictions épidémiologiques et les recommandations stratégiques proposées pour Haïti, par ce comité scientifique, s’apparentent davantage aux prémices euphoriques d’une campagne de mobilisation de fonds par simulation de catastrophe sanitaire espérée, sinon planifiée. Fort heureusement, la défiance collective, particulièrement à l’affut, en cette période de confinement, a permis à l’opinion publique haïtienne de repérer les nombreuses failles qui autorisent à questionner la méthodologie de travail de ce dit comité scientifique. Pour (…) Lire la suite »

Pandémie : Le retour de la classe ouvrière

Rassemblement Communiste
La période de confinement et de relative « mise sous cloche » de l’économie nationale pour lutter contre la pandémie permet, parallèlement, de remettre au centre d’une approche extrêmement complexe et systémique du monde du « travail » et du marché de « l’emploi » une classe dont personne ne contestait jadis l’existence : la classe ouvrière. Cette classe désormais oubliée, invisibilité, niée, y compris souvent par ceux qui la composent, fait en quelque sorte son retour, son « comme back », au moment où le paradigme libéral s’écroule un peu partout dans le monde, comme système insécure et vulnérable. Dans la théorie marxiste, il n’a jamais été question, même au cœur du XIXe siècle au moment où elle était en plein essor, d’identifier cette classe à la « majorité » de la population. Le grand nombre des ouvriers n’a jamais été l’explication de sa position centrale dans le dispositif capitaliste, position qui pour Marx et ses successeurs, lui donnait un caractère historiquement (…) Lire la suite »

Chronique du Corona (suite) : Président Raoult et Docteur Trump

Djamel LABIDI

On pense de l'épidémie du Corona qu'elle est la cause des problèmes actuels et à venir du monde. En réalité elle les révèle aussi , tels un coup de boutoir ou un tremblement de terre révèlent les fragilités d'un édifice.

Elle révèle l'épuisement et l'absence d'avenir d'un modèle de civilisation et de consommation qui ne respecte pas la nature. Elle révèle les contradictions qui minent l'Union européenne et qui à terme la condamnent. Elle révèle la face cachée des États-Unis d'Amérique où l'épidémie décime les pauvres parce qu'ils sont vieux et les vieux parce qu'ils sont pauvres. Elle révèle partout, dans tous les pays, le lien intime entre les discriminations sociales et les problèmes de santé. Elle révèle la nouvelle démographie du monde, avec partout l'allongement de l'espérance de vie, les perspectives qu'elles créent en même temps que les nouveaux problèmes de santé, économiques et sociaux qu'elle pose. Des masques et des tests Sur le plan sanitaire, la lutte contre l'épidémie se résume à deux choses : des masques, des tests. Des masques pour la sortie du confinement. Des tests, car la seule information maîtrisable est celle de la personne infectée, malade, puisqu'elle apparaît visible (…) Lire la suite »
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