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Thème : Capitalisme

Interview de l’Humanité de 1997

Immanuel Wallerstein : dans un moment de crise, tout, ou presque tout, est à saisir.

Immanuel WALLERSTEIN, Michel PEYRET
Il y a peu, j'ai diffusé une interview de Immanuel Wallerstein que Le Monde venait de publier. Aujourd'hui, je récidive avec une autre interview du même personnage, interrogé cette fois par Arnaud Spire dans L'Humanité. C'est un peu le hasard qui m'a fait découvrir cette déjà ancienne expression ("dans un moment de crise, tout, ou presque tout, est à saisir"), puisqu'elle date du 23 avril 1997, il y a quelque onze ans de cela... La comparaison du contenu des deux textes est cependant édifiante à plus d'un titre. Le moindre n'est sans doute pas la continuité de la pensée, puisque Arnaud Spire extrait du texte ce qui lui semble alors l'idée essentielle et l'affiche : le capitalisme a atteint ses limites historiques, idée qui prédomine également dans l'interview récente du Monde. Et, en 1997 comme aujourd'hui, Wallerstein met en évidence la pluralité des chemins offerte aux acteurs sociaux. Je cite : « Les choix, dans un moment de crise, sont plus importants parce que leurs (…) Lire la suite »

Sauvetage financier, une grande opportunité

Howard ZINN

Il est triste de voir les deux partis se démener pour parapher un accord qui consiste à prendre 700 milliards de dollars au contribuable pour les injecter dans les circuits des énormes institutions financières, remarquables d’incompétence et d’ambition.

Il y a une bien meilleure solution pour la crise financière actuelle. Mais elle suppose d'écarter cette « sagesse » conventionnelle qui n'a que trop duré : celle qui considère que l'intervention du gouvernement dans l'économie (« beaucoup d'Etat ») doit être évitée comme la peste, parce que le "libre marché" est le meilleur guide qui soit vers la croissance et la justice. La vision d'un Wall Street qui supplie le gouvernement de l'aider est certes assez comique, surtout à la lumière de sa dévotion prolongée au « libre marché » dérégulé par le gouvernement. Mais regardons une vérité historique : il n'y a jamais eu de « libre marché ». Nous avons toujours eu un gouvernement intervenant dans l'économie et, en fait, de telles interventions ont été bien reçues par les capitaines d'industrie et des finances. Ces titans de la richesse ne dénoncent le « beaucoup d'Etat » que lorsque le gouvernement menace de réguler leurs activités, ou quand ils se rendent compte qu'une partie de la (…) Lire la suite »

"Le capitalisme touche à sa fin" - interview

Immanuel WALLERSTEIN
Immanuel Wallerstein, chercheur au département de sociologie de l'université de Yale, ex-président de l'Association internationale de sociologie. Signataire du manifeste du Forum social de Porto Alegre ("Douze propositions pour un autre monde possible"), en 2005, vous êtes considéré comme l'un des inspirateurs du mouvement altermondialiste. Vous avez fondé et dirigé le Centre Fernand-Braudel pour l'étude de l'économie des systèmes historiques et des civilisations de l'université de l'Etat de New York, à Binghamton. Comment replacez-vous la crise économique et financière actuelle dans le "temps long" de l'histoire du capitalisme ? Immanuel Wallerstein : Fernand Braudel (1902-1985) distinguait le temps de la "longue durée", qui voit se succéder dans l'histoire humaine des systèmes régissant les rapports de l'homme à son environnement matériel, et, à l'intérieur de ces phases, le temps des cycles longs conjoncturels, décrits par des économistes comme Nicolas Kondratieff (…) Lire la suite »

Naomi Klein. La stratégie du choc. La montée du capitalisme du désastre. Leméac/Actes Sud, 2008.

Bernard GENSANE

Il s’agit là d’un des deux ou trois livres les plus importants de l’année.

Cet ouvrage (fort bien traduit) explique comment et pourquoi, depuis le début des années soixante-dix, les classes dirigeantes mondiales mènent une véritable guerre - il n’y a pas d’autre mot - contre les peuples en utilisant une stratégie du désastre. Elles tirent profit des catastrophes naturelles (vagues géantes, tremblements de terre, ouragans) ou provoquent des catastrophes humaines (conflits militaires, exploitation artificielle du " terrorisme " ) pour renforcer leur pouvoir aux dépens du domaine public et de la société civile, et imposer, par la violence et la sidération, le modèle d’une société capitaliste toujours plus réactionnaire.

Naomi Klein appelle" capitalisme du désastre " ce type d'opération consistant à lancer des raids systématiques contre la sphère publique au lendemain de cataclysmes et à traiter des derniers comme des occasions d'engranger des profits. Le capitalisme du désastre détruit aussi pour reconstruire : 30 milliards de dollars ont été investis en Irak, 13 milliards pour le tsunami, 100 milliards pour La Nouvelle-Orléans. Si cette stratégie est mondiale, son centre se situe à Washington. Chez nous, les obsédés de l'Atlantisme du style Kouchner ou Sarkozy sont évidemment les complices de ce fléau à échelle historique. Pour le moment, il n'est pas possible de prévoir si la crise financière actuelle, dans laquelle certains voient une implosion du système, mettra un terme à ce que l'on peut qualifier sans emphase de crime contre l'humanité. On peut donc douter que l'argent public injecté dans la sphère privée par le gouvernement français (alors que les caisses étaient prétendues (…) Lire la suite »
"si tous les milliardaires voulaient bien se donner la main"

Y’aura-t-il un jour des géraniums à Wall Street ?

Viktor DEDAJ
Je hais les géraniums. Vous aussi, non ? Comme je vous comprends. Qui pourrait bien aimer les géraniums ? Parfois je me demande même si ce sont réellement des fleurs. Parce qu'une fleur, dans mon esprit à moi, ça évoque quelque chose de plutôt jolie et qui sent plutôt bon. Sur le plan esthétique et olfactif, on peut dire que le géranium est au monde végétal ce que l'hyène est au monde animal. J'affirmerais même que le géranium est au balcon ce que la tour Montparnasse est à Paris ou les Etats-Unis à la scène internationale : une insulte, une injure, un affront. Je ne connais d'ailleurs personne qui aime les géraniums. Personne, à part ma mère. Mais bon, là , ça ne compte pas parce que ma mère elle aime tout le monde. Elle aime tout et même n'importe quoi (comme les géraniums, par exemple). Ma mère est une sainte enchâlée aux mains magiques qui vous tissent une nappe en dentelle blanche en moins de temps qu'il n'en faut à Sarko pour trahir une promesse électorale. Et si quelqu'un (…) Lire la suite »
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VIRONS-LES TOUS !

Danielle BLEITRACH
C'est avec ce cri "Virons-les tous !" que les Equatoriens excédés ont chassé leurs politiciens. Ce cri a été celui de toute l'Amérique latine, dont les dirigeants corrompus avaient accepté les diktats de l'oligarchie alliée des Etats-Unis. Il a fallu faire ce pas pour que l'espoir renaisse, et qu'une nouvelle génération de dirigeants surgisse, avec eux des peuples mobilisés. "Virons les tous !" c'est ce que j'ai envie de crier face à mon propre monde politique français, occidental. Marseille est bloquée par les cars de CRS, la Corniche en particulier où j'habite, Nicolas Sarkozy à midi va y manger chez Passevant, la nouvelle étoile gastronomique aux prix astronomiques. Tout le quartier est en sourde révolte "le salaud, l'austérité pour les autres et lui c'est Passevant !" ... "Il faudrait reprendre les fourches comme nos ancêtres de 1789"… L'exaspération est palpable et encore nous sommes au début de la catastrophe… La catastrophe, le mot est juste …. Je crois (…) Lire la suite »
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Abats nauséeux et carne dans la gastronomie capitaliste

Camille Loty MALEBRANCHE
Avec la crise qui frappe le capitalisme nord-américain et mondial, la mise à nu des rois économistes, des ridicules oracles du néolibéralisme et de la finance boursière, l'économie capitaliste montre encore sa réalité de système constamment en crises expédiées mais jamais résolues. De partout, de pseudo-débats prennent allure de messe propitiatoire pour un système maudit, infernal en décomposition et dont la pourriture puante menace de constant pourrissement le niveau de vie déjà précaire de la plupart des citoyens et travailleurs de par la planète entière. Le capitalisme à visage humain proposé et ressassé est resté marginal, simple image d'Épinal d'un monde heureux par le profit que seule la masse des aliénés crédules attendent de l'idéologie - cette sorte de communication que j'appelle médiolecte vu son dosage médiatique spécifiquement behaviouriste de propagande véhiculée par la presse gouvernementale ou commerciale - sans jamais interroger les clous acérés de la privation et (…) Lire la suite »
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700 milliards : vent de panique ou Mistral gagnant ?

Ramakrishnan Niranjan

Au moment des discussions sur le plan de relance économique de 2008, j’ai suggéré qu’ils s’épargnent la peine d’envoyer des chèques individuels à chaque contribuable américain, mais qu’ils expédient la somme globale directement en Chine. Après tout, c’est là -bas que l’argent finirait par atterrir d’une manière ou d’une autre quand il serait dépensé par les Américains à qui cet argent avait été distribué dans l’espoir de relancer la consommation.

Sans pourtant être expert en économie, j'avais vu juste ; la relance n'a servi à rien. Et maintenant l'économie connaît, dit-on, la crise la plus importante depuis la Grande Dépression. Les Démocrates, alors qu'ils avaient déjà soutenu le plan de relance mentionné ci-dessus, se laissent aujourd'hui également abuser par les cris d'orfraie du gouvernement sur la crise financière. Cela rappelle bien trop la formule qui avait été employée pour des projets de logiciels : "Nous n'avons pas le temps de le faire comme il faut, mais nous prendrons le temps de le refaire". Nous avons là une classe politique qui est incapable de réunir les fonds nécessaires permettant d'assurer à la population une couverture santé et des études universitaires gratuites, ou de sécuriser les frontières. Mais nous avons en revanche les responsables des deux partis qui acceptent allègrement de dépenser 150 milliards de dollars par an pour faire la guerre, et de réclamer 700 milliards de dollars (…) Lire la suite »

Après les « subprimes », on se fait une petite « relance » ?

Benoit BORRITS

Un parfum de récession flotte en cette rentrée de septembre. On considère qu’une économie est en état de récession dès lors qu’elle affiche un PIB en baisse sur deux trimestres consécutifs. La France enregistre un second trimestre 2008 avec un recul de son PIB de 0,3%, l’Allemagne de 0,5%, le Japon 0,6%. Les spéculations sont donc fortes quant au troisième trimestre 2008...

Le bon sens commun voudrait qu'après des décennies successives de hausse du PIB par habitant, une baisse de quelques dixièmes de points ne soit pas en soi une catastrophe. Les partisans de la décroissance feraient même valoir que, nos modes de production et de consommation étant tellement polluants et questionnant à terme la vie sur cette planète, une petite baisse du PIB pourrait constituer un véritable bol d'air. Et pourtant, quelques dixièmes de pourcentage de baisse du PIB donnent l'effroi aux économistes comme à la classe politique, comme si le PIB ne devait et ne pouvait que croître à l'avenir. Comment l'expliquer ? Ceci ne se comprend qu'en fonction de notre système économique dénommé « capitalisme ». Dans ce système, la majorité des entreprises sont des sociétés de capitaux, ce qui signifie qu'elles sont détenues de façon privée par des individus qui les dirigent dans l'unique but de tirer des marges. En d'autres termes, les travailleurs deviennent des intrants de (…) Lire la suite »
"Les inégalités sociales tuent à grande échelle" (rapport de l’OMS)

Engels et le rapport de l’OMS

Friedrich ENGELS

Le 28 août, la Commission des déterminants sociaux en matière de santé de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publiait son rapport- "Combler le fossé en une génération : l’équité devant la santé grâce aux déterminants sociaux en matière de santé,", le résumant en une phrase : "Les inégalités sociales tuent à grande échelle".

La Commission a confirmé les conclusions des rapports précédents sur les inégalités en matière de santé entre les différents pays mais également au sein d'un même pays. Elle a confirmé que les pauvres sont plus mal lotis que ceux qui sont moins défavorisés, que les moins défavorisés sont plus mal lotis que ceux qui ont des revenus moyens, et ainsi de suite jusqu'au sommet de l'échelle sociale. Elle a confirmé que ces différences existent dans tous les pays, même dans les pays riches. Elle a aussi confirmé que l'égalité devant la santé ne peut pas être garantie uniquement par les systèmes de soins médicaux. Les maladies dues à l'eau ne sont pas provoquées par un manque d'antibiotiques mais par la pollution de l'eau, cela parce que les pouvoirs sociaux, politiques et économiques ne se soucient pas de fournir de l'eau non polluée à la population ; les maladies cardiaques sont provoquées non pas par le manque de services de cardiologie mais par la vie que mènent les gens qui est (…) Lire la suite »