Quand Bush a été ré-élu, le monde a été atterré, chacun a pris conscience
de la menace : la principale puissance économique, militaire du monde, est
dirigée par une extrême-droite bigote, impitoyable et démente dans sa soif
de domination du monde.
Là -dessus, comme pour bien faire saisir les conséquences d’une telle
situation, l’assaut de Falloujah, le massacre de civils sont venus
expliquer jusqu’où étaient prêt à aller les maîtres du monde. Une image,
celle de ce soldat US tirant sur un homme blessé, couché, s’est répandue sur
la planète. Cette vision tout à coup disait autre chose... Elle était la
rage du perdant face à la résistance irakienne. L’immense puissance
militaire disait sa peur devant un peuple hostile entré en insurrection, qui
la cernait de toute part. Cette peur du colosse expliquait déjà l’élection
de Bush, mais là son armée mercenaire, ses soldats étaient sur une terre
étrangère qui avait choisi de résister. Un peuple, épuisé par des années
d’embargo, par le pillage d’une occupation, par la violence charriée par
cette troupe hagarde, par le feu du ciel, lui faisait si peur que le GI
s’acharnait sur un blessé...
Les États-Unis n’ont pas les moyens de leur prétention hégémonique. La
puissance dont les investissements militaires excédent ceux du reste de la
planète perd pied devant un petit peuple qui a choisi de résister. Au même
moment, le gouvernement US paraissait se durcir dans sa ligne, toujours
plus néo-conservateur, toujours plus empreint de l’esprit de croisade.
C’est-à -dire toujours plus prêt à faire fi de la moitié de sa propre
population qui refusait la fascisation.
Le grand pays est en crise économique et ne tient que parce qu’il s’est
arrogé le pouvoir de la planche à billet. Grâce au dollar, il peut
transférer son endettement, sa crise au reste du monde. L’armée n’est là
que pour garantir le pillage, et il ne s’agit pas seulement de pillage,
c’est un véritable cancer sur la production mondiale, sur le travail et la
peine de tous les continents.
Et voici que dans l’arrière cour du géant, dans cette Amérique latine, que
depuis Monroe, les États-Unis considèrent comme leur colonie, les peuples
les uns après les autres élisent des gouvernements de gauche qui leur
paraissent des facteurs de résistance. Et même dans les pays où il existe
encore des gouvernements soumis, le mouvement populaire monte, dénonce
l’asservissement comme dans les pays andins, et même au Mexique. L’armée
américaine bloquée par la résistance irakienne, il ne reste que le chantage
du FMI, le poids de la dette et du dollar sur des économies asphyxiées par
des decennies de néo-libéralisme face à un continent qui se réfère à
Bolivar.
En Asie, la Chine se prépare à l’assaut, se développe à un rythme
acceléré. Que fera-t-elle si la Corée du Nord est attaquée comme cela se
prépare ? De timides tentatives, sans cesse
avortées mais reprises, d’un axe Paris, Berlin, Moscou, Pekin se dessinent.
La grande faiblesse de cet axe demeure que, à l’inverse de ce qui se passe
en Irak ou en Amérique latine, il ne s’appuie pas sur les peuples et va même a
contrario de leurs intérêts du moins en Europe et en Russie. Ces pays ne
renoncent pas à leur propre colonialisme, comme on le voit en Tchetchenie ou
en Côte d’Ivoire. A partir de cette faiblesse qui tient autant aux
politiques néo-libérales appliquées à leurs propres peuples qu’à leur
participation au pillage de la planète, non seulement une réponse unitaire
est rendue difficile mais les États-Unis peuvent encore manoeuvrer,
entretenir divisions et conflits, obtenir la vassalisation. C’est toute
l’histoire de "la construction européenne" telle qu’elle se développe sous
nos yeux.
C’est le moment que choisit Cuba à qui les États-Unis ont prétendu livrer
la plus terrible des guerres économiques, prélude à une invasion militaire
accompagnée d’une propagande idéologique sans faille, grâce à leur
domination sur le système de propagande qu’est devenu la "libre presse",
voici donc que le minuscule Cuba s’attaque à l’hégémonie du dollar. Il
s’agit de sa survie propre mais aussi d’expliquer au monde et en
particulier aux peuples frères d’Amérique latine que l’on peut s’émanciper
de cette terrible tutelle et l’ïle héroïque opère sa "dédollarisation" [1]
pénalise même ce dollar en favorisant toutes les autres monnaies. A travers
ce nouveau défi, Cuba ne prétend pas être un modèle mais nous dit une fois
de plus : "les peuples ne doivent pas perdre espoir, mais combattre, si
nous petit peuple sous développé, à 150 km des États-Unis, étranglé par un
blocus inique, nous pouvons combattre, résister que pouvez-vous faire vous
Français qui êtes dans un pays riche... Cette leçon redouble celle de
l’héroïque peuple irakien. Elle est un espoir y compris pour le peuple des
États-Unis, par tous ceux qui dans ce pays ont été comme ici atterré par la
victoire de Bush... Oui Cuba nous aide à comprendre, à lutter... Merci au
peuple cubain comme au peuple irakien...
Danielle Bleitrach
Vient de publier avec Viktor Dedaj et Jean François Bonaldi "Cuba est une île", Ed. Le Temps des Cerises.
– Du même auteur :
- La situation de la Côte d’Ivoire.
- Mais qui s’ intéresse au Panama ... et pourtant ...
- Le peuple Cubain a besoin de nous.
- Les enjeux du Vénézuéla.