La chute de l’empire Soviétique en 1989 aura marqué le début des analyses péremptoires sous forme d’épitaphes autour de " la chute imminente d’un régime communiste agonisant ". Mais même l’observateur le plus tenace finit par se demander : " Et Cuba, alors, ça vient ? Qu’est-ce qui se passe à Cuba ? ". Bonne question. Car, à Cuba, il s’en passe des choses justement.
La Révolution Cubaine de 1959 serait donc au bout du rouleau, épuisée, carrément démodée. Dire que Cuba a vécu, depuis la disparition du bloc soviétique et de virtuellement tous ses marchés commerciaux, une grave crise économique est pour le moins un euphémisme. Car le choc subi par Cuba depuis 1989 est d’une ampleur telle que tout autre pays, soumis à des conditions similaires, se serait vu littéralement emporté par la tourmente. Quelques images sur des émeutes de la faim auraient complété un tableau planétaire désormais familier.
Mais nous sommes en 2004, et il s’agit de Cuba. Inflexible devant les agressions et les menaces permanentes de son puissant voisin, et avec une tranquillité qui frise l’outrecuidance, Cuba réagit à la situation en lançant, non pas une, mais plusieurs révolutions dans la Révolution : révolution économique, révolution industrielle, révolution agricole.
A contre-courant de la pensée unique, Cuba en digne héritière de Bolivar et Marti, délivre aux autres pays du tiers-monde, et donc aux pays occidentaux, une véritable leçon de résistance et de savoir-faire, un magistral cours de marxisme léninisme appliqué et d’alter-mondialisation pratique.
Si Cuba n’est pas un modèle, il n’en demeure pas moins qu’elle représente une sacrée exception. En effet, braves gens, dans cet océan de tumultes, d’incertitudes et d’injustices qu’est devenu le Nouvel Ordre Mondial, Cuba est une île.
introduction du livre
"Cuba est une île. Comment l’aborder ? S’agit-il de procéder à des sondages dans ses eaux aux alentours de La Havane, là où gisent toujours les épaves des galions naufragés ? Ou encore, aux côtés de l’apôtre José Marti, tirerons-nous une barque sur la petite plage d’Oriente, et de là le suivrons-nous dans la guerre d’indépendance ? Alors, est-ce qu’il l’a gagnée ? C’est compliqué ! L’écriture hésite, se veut pédagogique pour exposer les conséquences de la monoculture sucrière. L’épopée révolutionnaire des Barbudos est aussi le début d’une partie d’échecs autour des quotas sucriers et Cuba choisit le socialisme. Mais voici le rocher salé de Guantanamo, la base nordaméricaine, une zone de non droit comme l’est l’espace marqué par la loi Helms-Burton. L’histoire s’infléchit sous le poids de l’injustice : ici on étrangle un peuple, comme on torture dans le silence général. Qui donc ? Vous vous en doutez bien ! La description se ramasse, bondit, elle devient uppercut, pose des faits, accuse et jette un défi au consensus occidental. Le lecteur va tanguer, comme Cuba depuis un demi-siècle. Nous ne vous embarquons pas dans une croisière. Nous sommes trois, notre vision dépend aussi de ce que nous sommes. Très différents les uns des autres ! Notre volonté d’éprouver de l’intérieur l’étranglement perpétré dans le silence général a créé néanmoins notre unité autour d’une conscience commune : nous n’aidons pas Cuba, mais c’est Cuba qui nous aide à comprendre, à lutter, à vivre..."
Parution septembre 2004 ISBN 2-84109-499-8
éditions Le Temps des Cerises
6, Avenue Edouard Vaillant 93500 Pantin - France
Tel : 01 49 42 99 11 - Fax : 01 49 42 99 68
http://www.letempsdescerises.net/
Le Monde Diplomatique - janvier 2005
Cuba est une île
Qu’on ne s’attende pas à trouver ici un ouvrage nuancé, équilibré, mettant en perspective les réussites, mais aussi les échecs, voire les fautes de la Révolution cubaine. Il s’agit d’un plaidoyer que l’on qualifiera de "pro-cubain". A ce titre, il irritera plus d’une fois. Toutefois, il possède un mérite indiscutable : donner à entendre la version cubaine de l’histoire, une voix systématiquement censurée dans le faux débat consistant à juger- et par définition à condamner !- La Havane. Au delà des réserves précédemment exprimées, ce livre se révèle infiniment plus sérieux que nombre d’ouvrages traitant du même thème et encensés par le Tout-paris médiatico-mondain- on pense ici, en particulier, au monument de malveillance qu’est Castro l’Infidèle de Serge Raffy (Fayard 2003). L’île est bien autre chose qu’un simple fragment de feu l’URSS sous le soleil des Caraïbes ! Comment analyser Cuba, comment même comprendre la vague répressive du printemps 2003, sans expliquer en détail, comme il est fait ici, l’implacable garrot serré par Washington à travers attentats terroristes, viol de la législation internationale et tentative de déstabilisation ?
Maurice Lemoine.
Viva - décembre 2004
Cuba est une île
En ces temps où la pensée unique nous martèle que Cuba est une tyrannie et Fidel Castro un dictateur, il faut bien du courage pour écrire un livre qui parte d’un postulat différent, sans taire les problèmes et difficultés de cette société. Qui se demande par exemple pourquoi cette prétendue dictature suscite tant de haine aux États-Uni, pays qui en fabriqué d’autres. Qui se demande aussi pourquoi le régime perdure alors que l’île est ouverte à des millions de touristes. Étrange dictature qui envoie ses médecins et ses instituteurs dans les bidonvilles de Soweto, de Port-au-Prince, de Quito, de Bogota ou de Caracas. Qui au lieu de licencier brutalement-selon les trés démocratiques méthodes de nos si exemplaires démocraties- 100.000 travailleurs du sucre, prend la peine de les réunir, de les consulter, de modifier ses plans, pour ensuite restructurer la principale industrie du pays sans séisme social ni drame humain. Un livre pour mieux comprendre la résistance de cette petite île de 11 millions d’habitants, aussi surveillée et dénigrée que si elle représentait une menace mondiale et qui refuse simplement de devenir une étoile de plus sur le drapeau des États-Unis.
Maïté Pinero.
Vie Nouvelle (le journal des retraites CGT) N°125) février/Mars 2005
Cuba est une île
Pour les apôtres de la "bien pensance". Cuba ne serait qu’une anomalie de l’Histoire, la survivance d’un lambeau du dernier pan de l’ex-URSS dirigée par un dictateur. Ils ne se privent pas à l’occasion de dénoncer ce "régime communiste archaïque", quand ils n’observent pas à l’égard de ce pays et de son peuple, qui subit depuis des décennies un blocus économique sans précédent, un silence complice. Danielle Bleitrach aime Cuba, passionnément. C’est indéniable. Mais qui peut lui en faire grief ? Il suffit simplement d’avoir eu l’occasion de découvrir un jour cette île, pour comprendre un tel sentiment. Car "Cuba est une île". Et pour l’aborder en toute objectivité et sans oeillères, il convient à son sujet de bien mettre en évidence, comme le souligne notamment Danielle Bleitrach "ce qui est systématiquement occulté, ce que ce pays réalise" alors qu’il est victime d’un embargo généralisé et d’une agression permanente et caractérisée de la part des États-Unis.
Le livre écrit en collaboration avec Viktor Dedaj, n’a donc pas l’intention de nous embarquer dans une croisière, mais de nous révéler une réalité. Une réalité sociologique. Et c’est ce à quoi s’attachent les auteurs qui de la conquête espagnole à la révolution nous font mesurer "l’âpreté du combat séculaire" de Cuba pour son indépendance, tout en précisant "qu’il ne s’agit pas de prendre parti, d’être d’accord ou non, mais de poser avant tout un contexte historique incontournable. Rien de plus, mais certainement rien de moins". Et le livre de conclure : "Si Cuba a commis une erreur, la première, la grande, la définitive, l’inexcusable est bien celle-ci : faire une révolution à seulement 150 km des États-Unis. Et si les occidentaux ont un droit, le premier, le grand, le définitif est celui-là : fermer leurs gueules ou alors s’en prendre avec la même vigueur et le même esprit critique à l’action des États-Unis à l’égard de Cuba".
Raymond Massoni