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La situation de la Côte d’Ivoire.

Mercredi 10 novembre 2004

Le rôle historique de la colonisation française en Afrique et la manière
dont la France a contribué aussi bien à la traite des esclaves [1]qu’à la
situation actuelle de ce continent qui croule sous les dettes étrangères,
est asphyxié par la pauvreté et les épidémies, souffre traditionnellement
d’un manque d’investissements, les grandes puissances colonisatrices ayant
toujours voulu maintenir l’Afrique comme une réserve de matière première,
dans un échange de plus en plus inégal, doit être dénoncé. L’Afrique est
parmi les continents du sud voué au sous développement un de ceux qui
souffre le plus de l’actuelle mondialisation capitaliste au nouveau stade
de l’impérialisme, les pays occidentaux pratiquent un protectionnisme en
particulier dans le domaine agricole et donc créent une situation de
concurrence inégale avec les productions rurales du sud, les ruinent,
empêchent tout développement auto-centré. Les violences qui secouent le
continent africain ne peuvent pas être isolées de ce pillage qui a détruit
et continue de détruire les hommes, le climat et la terre africaine. C’est
le cas en Côte d’Ivoire comme dans d’autres pays africains où la crise
semble opposer le nord et le sud du pays sur des bases à la fois
religieuses et ethniques. Mais au-delà de ces données fondamentales la
situation actuelle en Côte d’Ivoire mérite quelques précisions
complémentaires.

La specificité de la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire 16 millions d’habitants pour une superficie de 322 000
kilomètres carrés a été colonisé plus tardivement parce que sa zone côtière
marécageuse sur laquelle a été construite la capitale Abidjian(4 millions
d’habitants). La moitié inférieure du pays est occupée par la zone
forestière tandis que les savanes septentrionales font la transition avec
les pays du Sahel. L’exploitation de la forêt et sa destruction par des
cultures d’exportation ont fait disparaître une importante partie du
couvert originel et déjà commencent à apparaître des indices de
désertification. Il est à noter que la plupart des conflits "ethniques" en
Afrique apparaissent avec la désertification.

La Côte d’Ivoire, qui a été dirigée d’une main de fer par Houphouet-Boigny
de l’indépendance (1960) à 1993. Il y eut alors en Côte d’Ivoire ce qui a
été appelé le " miracle ivoirien ". Le pays connu un rythme de croissance
exceptionnel à partir de l’indépendance (1960). Le taux annuel de
croissance s’est élevé de 11 % à 12 % de 1960 à 1965, alors qu’il n’était
que de 8 % avant l’indépendance. Tous les secteurs pendant cette période
en ont bénéficié. L’agriculture vivrière 7 %, l’agriculture des plantations
10 %, l’exploitation forestière 20 %, l’industrie, l’artisanat et la
construction 14 %, les communications, le commerce et les services 10 %,
l’administration 12 %. Le produit intérieur brut a presque quadruplé pour
atteindre 230 milliards de CFA en 1965. Les emplois dans l’administration
se multiplèrent. Pour attirer la main-d’oeuvre étrangère Houphouet Boigny
accorda beaucoup d’avantages aux étrangers émigrant en Côte d’Ivoire, ils
eurent tous les droits des nationaux.

A partir des années 80 où l’on découvrit la "dette" africaine et où l’on
imposa à l’Afrique les plans d’ajustement structurels et la mise en coupe
réglée des Etats, le seul endroit où il existait suffisamment de capitaux
pour investir, la Côte d’Ivoire parut, tout en adoptant une politique
néo-libérale, être une des économies qui subissait le moins la crise et
l’asphyxie du continent africain [2].Mais à la mort d’Houphouet-Boigny, la
crise était là et les prix des produits d’exportation, le café et le
cacao, avaient baissé de plus de 50 %. La pression sur les dépenses
publiques, les privatisations, imposées par les plans d’ajustement
structurel ne faisait qu’augmenter la gabegie et la corruption, tout en
détruisant pour les ivoiriens comme pour les autres pays africains de
réalisations en matière de santé, d’éducation. Les difficultés
s’accumulaient , difficultés économiques liées à la mondialisation
auxquelles il faut ajouter celles de la succession d’Houphouet Boigny. il y
eut trois personnes qui se disputèrent sa succession. Le général Gueï, le
chef de l’état-major, Ouattara, le premier ministre, et Konan Bédié, le
président de l’Assemblée nationale, qui d’après la Constitution devait lui
succéder.

Un des premiers problèmes auquel du faire face le nouveau gouvernement
dirigé par Konan Bedié, fut la raréfaction des emplois administratifs pour
les jeunes ivoiriens diplômés et l’idée vint de les renvoyer vers les
terres déjà occupés par les immigrants attirés par le boom économique.
C’est alors que surgit l’idée d’ivoirité qui devint doctrine d’État.
L’Ivoirité exclut non seulement les immigrés mais égoilement les Ivoiriens
du Nord, souvent musulmans.

Le conflit ivoirien

La Côte d’Ivoire a été organisée en colonie, les frontières précisées lors
de la création de l’Afrique occidentale française (AOF) en 1904. En fait
se sont succédés des peuplements divers, il existe environ 80 ethnies en
Côte d’Ivoire. Le concept d’Ivoirité repose sur la définition d’une
population primitive ’paléonegritique (les premiers nègres) qui auraient
été refoulés vers les zones marécageuses par des vagues d’émigration venues
du Sahel et des zones environnantes depuis le Xe siècle. Sa définition, qui
intervient dans les problèmes de succession, exclut donc les populations de
travailleurs immigrés attirés par le boom économique des années 60 et la
désignation d’ethnies arrivées depuis le XII e siècle [3].

L’ivoirité exclut les immigrés mais aussi les Ivoiriens du nord souvent
musulmans. Résultat un coup d’Etat militaire renverse Bédié. Un coup
d’Etat sans effusion de sang.Le peuple applaudit dans la rue les
militaires qui tirent en l’air. Les militaires nomment à leur tête le
général Gueï. Le 23 juillet 2000 le projet de constitution élaboré par
le chef de la junte Guei, en vue d’un retour des civils au pouvoir, est
adopté à plus de 80 %. Le 23 octobre le scrutin présidentiel est ouvert.
Seul Gbagbo comme personnalité connue a pu se présenter contre Gueï. Il
n’a pas été invalidé comme Ouattara et tous les candidats PDCI
susceptibles de porter ombrage à Gueï. Il n’a pas été invalidé parce qu’il
est en tête d’un parti populiste qui pourrait organiser des manifestations
violentes si leur leader n’est pas autorisé à se présenter. A la surprise
générale, la commission électorale déclare Gbagbo élu avec 51 % des
suffrages exprimés. Gueï en colère dissout la commission et se proclame
élu. Aussitôt des manifestants, surtout des partisans de Gbagbo descendent
dans les rues, investissent le palais présidentiel. Gueï en fuite
disparaît. Mais les partisans de Ouattara, en majorité des musulmans du
nord, en profitent à leur tour pour demander des nouvelles élections plus
régulières. Ils se heurtent aux partisans de Gbagbo et à la gendarmerie
qui soutient Gbagbo. Après les affrontements on découvre le charnier de
Youpougon. Youpougon est une ville dortoir de la banlieue d’Abidjan. On y
trouve de nombreux musulmans tués, jetés dans un charnier géant. Le
charnier de Youpougon crée un traumatisme chez les musulmans du nord.
Gbagbo a fait organiser un procès qui s’est terminé par des non-lieux. Et
ce sont les responsables du charnier qui continuent à tuer sous le nom des
" dragons de la mort ". Gbagbo a tenté de faire oublier qu’il a été mal
élu et que ces partisans ont tué et continuent de tuer.

Il a organisé un forum de réconciliation et a commencé à traduire en
faits les recommandations de ce forum. Un gouvernement d’union a été
constitué. La nationalité de Ouattara comme ivoirien a été reconnue.
Gbagbo croit qu’il est sur le point de réussir à mettre fin à tous les
malaises qui gênent l’action de son gouvernement. A la surprise générale,
pendant que le chef de l’Etat est en voyage officiel en Italie éclate un
coup d’Etat à Abidjan ce 19 septembre 2002. Le ministre de l’Intérieur est
assassiné ; le général Gueï et toute sa famille sont victimes des
terribles " dragons de la mort ". Des forces rebelles commencent à occuper
les préfectures du nord. Devant elles, les forces loyalistes reculent.
Mais il y a près de 20 000 Français en Côte d’Ivoire, dont 16 000 à 
Abidjan la capitale économique du pays. Il faut absolument empêcher
l’entrée des rebelles dans cette ville. La France intervient pour se
placer entre rebelles et loyalistes. Elle intervient provisoirement. Ses
forces seront remplacées par des forces africaines de la CDEAO (Communauté
des Etats de l’Afrique de l’Ouest) quand elles pourront être réunies par
les Etats membres de cette communauté.

Les forces onusiennes du maintien de la paix ont été envoyées, en Côte
d’Ivoire, après la signature, par le Président Laurent Gbagbo et les partis
et groupes rebelles, d’un accord de paix, à l’initiative des pays
ouest-africains et sous les pressions françaises, accord qui envisageait,
outre la formation d’un gouvernement de coalition, le début des opérations
de désarmement, après, bien entendu, l’amendement de quelques lois du
Parlement ivoirien.Ce sont les accords de Marcoussis. Les rebelles ont
refusé, cependant, de procéder au désarmement, tant qu’un certain nombre de
lois, dont celle qui impose des conditions pour les candidats aux élections
présidentielles, ne seraient pas amendées. Et à l’approche des élections
présidentielles ivoiriennes, prévues, pour les premiers mois de 2005,
l’amendement de cette loi s’avère primordial pour les anciens rebelles.
Rappelons que, d’après cette loi, seules, les personnes qui ont des parents
d’origine ivoirienne, peuvent se présenter en tant que candidats aux
Présidentielles, alors que 40% de la population ivoirienne sont d’origine
étrangère et que la plupart d’entre eux soutiennent les rebelles. Il sera,
donc, très difficile d’empêcher l’éclatement de nouveaux conflits
militaires, tant que de telles questions ne seront pas résolues, en Côte
d’Ivoire.

L’Afrique francophone, composée des ex-pays colonisés, a été et continue à 
être le pré-carré de la France,qui lui assure en particulier un poids à 
l’ONU, mais la France n’a plus tout à fait les moyens de sa politique. Sur
deux points, économique où non seulement elle ne fournit pas l’aide
attendue, mais à cause de son intégration dans l’Europe dont la politique a
distendu et provoqué l’hostilité des pays africains. Sans parler de la
création de l’euro. De surcroît sur le plan militaire, elle garantissait
grâce à ses interventions musclées la stabilité de régimes autoritaires,
l’affaire du Ruanda a démontré ses incapacités et pire encore. La fin du
système gaullien avec les réseaux "Foccard" a débouché sur de pures et
simples escroqueries de l’ère Mitterrand. La côte d’Ivoire illustre bien
cette incapacité dans la mesure où les deux camps estiment que la France ne
prend pas parti pour eux et ne joue pas le rôle attendu d’un soutien du
pouvoir mais d’arbitre sous parapluie de l’ONU. Dans un tel contexte on
peut bien evidemment s’interroger sur la capacité de la France à être à la
fois "représentant de l’ONU" et puissance colonisatrice, le mélange des
rôles n’éclairant pas nécessairement les enjeux. Mais la France est
confrontée au problème de ses résidents, plus de 20.000 en Côte d’Ivoire,
donc une sorte de problème des "rapatriés" à moindre échelle. Français qui
animent un réseau de PME, mais la ressource principale du pays le cacao
dont la côte d’Ivoire est le premier producteur mondial est déjà aux mains
de multinationales nord-américaines.

Quel est le rôle des États-Unis ?

Car la situation en côte d’Ivoire illustre aussi les rivalités entre pays
impérialistes, et la contrainte pour les anciennes puissances européennes
d’accepter la vassalisation aux Etats-Unis, ce que la Grande Bretagne fait
sans états d’âme. Ainsi il est clair que dans l’affaire de la côte
d’Ivoire, les USA tentent systématiquement de mettre en difficulté la
France pour leur faire payer son attitude au Moyen Orient. Dans
l’entourage du Président Laurent Gbago et parmi les dirigeants des "jeunes
patriotes" il paraît évident que les forces de la CIA sont à l’oeuvre. Il
faut aussi noter l’influence massive des évangélistes en Côte d’Ivoire.
Quelques images de la télé nous ont montré cette pancarte en anglais où il
est écrit :"Chirac est pire que Bel Laden", destiné à l’opinion publique
nord américaine, ou encore ces croix de bois brandies par les "patriotes".
La ré-élection de Bush, autant que la proximité des élections
présidentielles en côte d’Ivoire, sont sans doute une des clés du
bombardement des forces françaises à Bouaké. Et peut-être également
l’accueil par la France d’Arafat, car comme partout la croissance de
l’influence des États-Unis est accompagnée de l’arrivée de conseillers
militaires israêliens et le conflit de l’ivoirité a aussi une dimension
religieuse avec le sud chrétien et le nord muslman.

Jeudi, en effet, l’aviation ivoirienne a bombardé plusieurs régions, à 
Bouaké, deuxième grande ville ivoirienne, au Nord de la Côte d’Ivoire,
régions qui ont abrité, durant ces 2 dernières années, les anciens
rebelles, connus, actuellement, sous le nom des « Forces nouvelles ».
L’armée ivoirienne a mené ces raids contre Bouaké, pour faire une
démonstration de force et montrer sa capacité à mettre un terme à la crise
politique, en Côte d’Ivoire. En effet, l’éclatement d’une guerre, en Côte
d’Ivoire, ne semble guère possible, vu, notamment, la présence des forces
du maintien de la paix et des forces militaires françaises dans ce pays.
Notons que plus de 6.000 effectifs des forces du maintien de la paix de
l’ONU, avec plus de 4.000 éléments des forces françaises sont installés, en
Côte d’Ivoire, pour assurer la paix dans le pays.

L’attaque intervient, alors qu’on parlait de conflits éventuels entre les
forces gouvernementales et les anciens rebelles ivoiriens. Le refus des
anciens rebelles de procéder au désarmement, en Côte d’Ivoire, d’une part,
et les pressions exercées sur le Président ivoirien, en recourant même aux
démarches militaires de la part des partis extrémistes du front
gouvernemental, de l’autre, ont préparé, en fait, le terrain à ces
dernières attaques.

Danielle Bleitrach
Vient de publier avec Viktor Dedaj et Jean François Bonaldi "Cuba est une île", Ed. Le Temps des Cerises.

 Du même auteur :

- Mais qui s’ intéresse au Panama ... et pourtant ...

- Le peuple Cubain a besoin de nous.

- Les enjeux du Vénézuéla.

[1Il n’y a pas eu que la traite, le système de quasi-esclavage était
institué dans le pays même. Dans les plantations des colons européens
bénéficiaient d’ une main-d’oeuvre indigène recrutée par le système des
travaux forcés. Les travaux forcés instituaient l’obligation de
travailler pendant six mois par an chez un colon privé ou dans les
services de l’équipement des administrations coloniales. Les travaux
forcés étaient la plus décriée des obligations coloniales. Ils
constituaient l’institution la plus répressive au débit de la colonisation
française. Ils constituèrent un esclavage dans lequel le propriétaire de
l’esclave n’avait aucun avantage à bien entretenir son esclave. Le
travailleur usé, malade état remplacé après six mois par un homme sain.
Ils donnaient lieu à une chasse à l’homme en règle dans la brousse pour
recruter le travailleur. La lutte contre la colonisation se fera sur la
base de l’organisation des travailleurs ruraux.

[2Comme l’explique Ahmadou Kourouma Ecrivain, Houphouet Boigny apparaît
dans le sillage de la décolonisation, il est au départ compagnon de route
des communistes : " La création en 1944 du Syndicat agricole africain (le
SAA), qui sous la direction de Houphouët-Boigny réussit à réunir jusqu’à 
20 000 planteurs, changea les données du problème de l’exploitation quasi
esclavagiste des travailleurs agricoles. Le syndicat agricole africain fut
formé et piloté par les Groupes d’études communistes (GEC). Les Groupes
d’études communistes furent initiés par le Parti communiste français dans
les colonies, après-guerre. Et le SAA, aidé par le GEC, déboucha sur
l’avènement du Rassemblement démocratique africain (RDA). De 1946 à 1950,
le RDA fut un fidèle et enthousiaste compagnon de route du communisme. Le
communisme avait encore tout son aura, tous ses pièges intellectuels. Tous
les intellectuels, toute la jeunesse étaient communistes dans les pays du
tiers-monde. Tout le tiers-monde croyait comme moi que le communisme,
c’était se sacrifier, oeuvrer dans le même sens pour le même but. Avec
cette organisation de la société, le tiers-monde était assuré de la sortie
du sous-développement comme est garanti le lait au bébé de la laitière.
Tout le monde se disait prêt à tout sacrifier pour la sortie du
sous-développement. Etre un bon compagnon de route du communisme a été
profitable au RDA, aux députés africains, à toute la population de
l’Afrique noire (les communistes étaient encore au gouvernement). Il a été
indispensable pour les débats des deux réformes majeures de l’après-guerre
pour les nègres de la brousse et de la forêt. D’abord la suppression de
l’indigénat (l’acquisition de la citoyenneté de l’Union française). Pour
donner un exemple des plus humiliants, citons l’obligation qu’imposait
l’indigénat de se décoiffer face à un Blanc. Ensuite la suppression de
l’abominable institution des travaux forcés. La suppression des travaux
forcés fut la plus retentissante des libérations du nègre de la brousse.
Elle fut dansée de nombreux mois en brousse sous le nom de fête de
Houphouët. La renommée de Houphouët égalisa celle d’un dieu. Pour faire
voter la loi supprimant les travaux forcés, Houphouët s’était appuyé sur
l’appareil communiste : il a recueilli toutes les voix communistes du
Palais-Bourbon. Houphouët devint un compagnon de route du communisme ; il
se crut communiste. Lui, un riche chef de canton, terrien brassant des
millions et des millions de francs se crût en ce moment communiste. La
séparation avec le communisme sera retentissante. Le député de la Côte
d’Ivoire terminera vers quatre-vingts ans comme l’anticommuniste viscéral
que l’on sait. C’était la guerre froide. Le despote bonasse régnait sur la
Côte d’Ivoire avec une main de fer, mettait en prison qui il voulait et
faisait dire aux journaux, à la radio et à la télévision de la République
qu’il était un saint et qu’il ne mourrait pas. Le boom économique apporta
beaucoup de moyens à l’Etat, et l’Etat, c’était Houphouët-Boigny le Vieux,
un despote bonasse et très, très dépensier. A la fin de sa vie, il se paya
une basilique dans son village natal, Yamoussokoro, un peu plus grande que
la basilique Saint-Pierre du Vatican." Dernier ouvrage paru : Ahmadou
Kourouma " Allah n’est pas obligé ", aux éditions du Seuil.
A cette analyse,
il faudrait ajouter celle du rôle joué dans le contexte de la guerre froide
par l’antagonisme entre les communistes et la SFIO et de nombreux leaders
africains se ralliant à l’internationale socialiste sur la base de cet
anticommunisme qui leur permettait de maintenir le parti unique, la
répression des communistes et des revendications syndicales. L’union entre
les socialistes et la droite française favorisant également la pénétration
des "réseaux"...

[3L’ethnie des principaux leaders de la Côte d’Ivoire, acteurs du drame,
de la crise ivoirienne.
Gbagbo président est bété, vraisemblablement une
ethnie paléonigritique existant en Côte d’Ivoire avant les vagues des
grandes migrations. Le chef des rebelles Soro est senoufo, d’une ethnie
arrivée en Côte d’Ivoire au XIe siècle. Le principal opposant au régime de
Gbagbo est Ouattara. Ouattara est mandé. Les Mandé sont arrivés en Côte
d’Ivoire au XIIIe siècle. Le général Guei était yacouba. Les Yacouba sont
de l’ethnie Kuru, venue de l’oust vers le XIIe siècle. Enfin l’ancien
président Konan Bédié, qui a fait de l’ivoirité une doctrine de l’Etat
ivoirien, est baoulé, d’une ethnie arrivée en XVe siècle.


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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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