Tal Cual est un journal vénézuélien qui fut capable de traficoter une photo sur sa première page pour que ses lecteurs (et toute personne passant devant les kiosques) voient Chavez brandir un pistolet à une tribune. Dans la photo d’origine, il offrait un bouquet de fleurs.
Cependant, si vous voulez savoir ce qui se passe au Venezuela, rien de mieux que Tal Cual, si l’on en croit Courrier International, hebdomadaire français qui traduit et publie des articles piochés dans la presse étrangère, de préférence de droite, voire fasciste, voire putschiste, en faisant croire que c’est de l’info.
Le poids des mots tronqués, le choc des photos truquées.
Choisir Tal Cual comme source pour le Venezuela, c’est choisir Pinocchio comme correspondant en Italie, Goebbels pour l’Allemagne, Jean-Michel Aphatie pour l’affaire Cahuzac, Alexandre Benalla pour les tribulations de passeports diplomatiques, de coffres-forts à roulettes et de pistolets à eau chargés à balles réelles.
Qu’est-ce que Courrier International ?
C’est un hebdomadaire qui appartient au groupe Le Monde. Le groupe Le Monde est propriétaire en tout ou partie de : Télérama, Timbres magazine, Les Éditions La Vie du Rail, Le Temps, l’Écho du Centre, Les Éditions du Témoignage chrétien, Le HuffPost, La Vie , Le Monde des religions, Sens & santé, Prier, Les Clés de la foi, Ecritures, Le Guide Saint Christophe et même le Monde Diplomatique et Manière de voir.
Le groupe Le Monde est contrôlé par les milliardaires Xavier Niel et Matthieu Pigasse et le groupe de presse espagnol Prisa.
Jean-Hébert Armengaud est le rédacteur en chef de Courrier International. Il vient du quotidien Libération. Il avait attiré notre attention le 9 janvier 2006 en signant un article fondé sur une phrase d’Hugo Chavez, qu’il avait assez bien tronquée pour justifier ce titre : « Le credo antisémite de Hugo Chavez ».
Depuis Caracas, un journaliste français, Romain Migus, ami et collaborateur du Grand Soir, découvrit la supercherie et produisit le texte intégral des propos du président Chavez. Voir ici.
Voir aussi ce qu’en a dit ACRIMED.
Que fit alors le faussaire de Libération, pris la main dans le sac ? Il persista.
Que fit alors le directeur-adjoint de la rédaction de Libération ? Il soutint son journaliste manipulateur. Il se plaignit que « Les accusations les plus violentes pleuvent depuis que Libération s’est fait l’écho, le 9 janvier, d’une déclaration du président vénézuélien Hugo Chavez, datant du 24 décembre, interprétée dans nos colonnes comme un dérapage antisémite... ».
En vérité, Libération ne s’était pas fait l’écho d’une déclaration, mais il l’avait traficotée et son titre ne parlait pas de dérapage (d’un accident) mais il fabriquait un credo. C’est très différent.
La polémique se poursuivant, le directeur-adjoint de la rédaction de Libération clôtura le débat ainsi :
« Aurions-nous inventé des mots que Chavez n’aurait pas prononcés ? Il suffit de se référer au texte du discours en espagnol pour constater que pas un mot n’a été mis dans sa bouche qu’il n’aurait pas prononcé… ».
Quel culot ! On reprochait à Libération d’avoir supprimé des mots. Supprimé, pas ajouté !
Le directeur-adjoint de la rédaction de Libération qui défendit Armengaud avec une telle impudence et un tel mépris de ses propres lecteurs s’appelle Pierre Haski. Par la suite, il a cofondé le site Rue 89, qu’il a revendu très cher à l’Obs. A présent, il « analyse la marche du monde » tous les matins sur France Inter (radio publique) en remplacement de Bernard Guetta. On peut être sûrs de la perspicacité de ce type qui couvrit dans Libération la fake news anti-chaviste et fit savoir par Rue 89 que LGS était rouge-brun.
Romain Migus, le journaliste qui a découvert la manipulation et qui l’a dénoncée, vit à présent à Marseille. Mais il a foncé ces jours-ci au Venezuela. On l’a vu à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, au plus chaud des affrontements, à l’épicentre de violences qui devaient justifier le déclenchement d’une guerre. Comme toujours, il prend des risques et parle vrai. Si vous voulez le lire, c’est sur LGS. Pour l’entendre et le voir, c’est sur Russia Today. Par choix de sa part ? Demandez à Frédéric Taddeï quel média voulait de lui. Quels médias (tous) n’en voulaient plus, et pourquoi.
On vient donc de voir que le professionnalisme et le respect de la déontologie de Jean-Hébert Armengaud et Pierre Haski ont été récompensés par la profession en leur assurant une lucrative carrière. De Libération à France Inter en passant par Courrier International les spadassins n’en finiront jamais d’assassiner Jean-Paul Sartre.
Serez-vous surpris, ou à peine chagrinés, quand vous les entendrez dire qu’Albert Londres était un pisse-copie à côté d’eux et que le chantre de l’existentialiste ne valait pas un BHL, un Finkielkraut, un Luc Ferry ?
Vladimir MARCIAC
PS. Le 1er décembre 2016, Courrier International publia un éditorial, signé Jean-Hébert Armengaud, et dont la délicatesse et la neutralité journalistique éclataient dans le titre : « Fidel Castro : la momie est morte ». A retenir pour un titre le jour où Jean-Hébert Armengaud partira en enfer.