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Thème : Hugo Chavez

Et les deux grands-mères volèrent un camion pour aller le délivrer...

Hugo Chávez, sur l’amour qui ne peut être rendu que par l’amour

Oleg YASINSKY

L’un des meilleurs portraits de Chávez se trouve peut-être dans cette phrase de Fidel, prononcée il y a 11 ans, quelques heures après la douloureuse nouvelle : "Voulez-vous savoir qui était Hugo Chávez ? Regardez qui le pleure et qui célèbre sa mort...".

Lors d'une conférence de presse en mai 2002 à Madrid, après la réunion des chefs d'État entre l'Union européenne et l'Amérique latine, fatigué et quelque peu agacé, Chávez a prononcé une phrase qui a mis mal à l'aise plus d'une autorité : "Les gouvernements vont de sommet en sommet, tandis que les peuples vont d'abîme en abîme". Il n'a jamais été ce que l'on voulait qu'il soit, peut-être parce qu'il n'est jamais entré dans la fonction protocolaire qu'il représentait officiellement. Premier président de la République bolivarienne du Venezuela, comme Fidel ou Allende, il est un personnage d'une dimension plus que régionale, planétaire, et sa pensée humaniste transcende toutes les frontières de son époque et de l'époque des frontières qui nous divisent encore. Depuis cette courte et intense période historique qui s'est écoulée depuis son départ, la figure de Chávez fait déjà partie du panthéon des géants du continent latino-américain, et il n'est pas possible de l'en écarter. (…) Lire la suite »
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Il y a dix ans, mourait Hugo Chávez

Maurice LEMOINE

5 mars 2013
Murió.
Il est mort, parti à jamais.
El comandante...
Chávez Hugo Rafel Chávez Frías, président de la République bolivarienne du Venezuela.
Murio el comandante, coño !
A 58 ans.

Caracas, tétanisée. Un hoquet a secoué les flancs des cerros qu’escaladent les ranchitos. Des collines, encore des collines. Puis le pays tout entier. Le peuple souverain. Des immeubles chics des quartiers les plus chics aux humbles masures des plus humbles pueblos. On le savait très malade. On le savait. Depuis ce funeste 30 juin 2011. Jour où il a annoncé qu’il souffrait d’un cancer. On ne voulait pas y croire. Deux Notre Père, trois Ave María, une invocation à Bolivar et à José Martí, il s’en tirerait. Comme à l’accoutumée. Avec son grand rire de métis aux yeux en amande et aux cheveux crépus. Un mélange de Noir, de Blanc et d’Indien. Le parfait prototype du llanero – l’homme des immenses plaines d’herbe haute et abondante où serpentent les ríos. Une tumeur agressive dans la région pelvienne – ou quelque chose comme ça. Deux interventions chirurgicales à La Havane. La première dirigée par un médecin vénézuélien, la seconde par un russe. Enfin, c’est ce qu’on croit. Il y a (…) Lire la suite »
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VENEZUELA, 4 FEVRIER 1992

« Pour l’instant »

Maurice LEMOINE
Sabaneta del Orinoco : trois rues dépourvues de bitume, quelques habitations couvertes de palmes sur les rives d’un rio. C’est là que, dans une maison au sol de terre battue, Hugo Rafael Chávez Frías voit le jour le 28 juillet 1954. On se trouve au pied des ultimes collines des Andes, aux portes des vastes plaines du basin de l’Orénoque – les llanos. Humbles instituteurs, les parents de Hugo descendent d’Indiens et d’Espagnols, sûrement même de Noirs. En quelque sorte, Hugo est un zambo [1]. Hugo a 4 ans lorsque, chassé par une insurrection, le dictateur Marcos Pérez Jiménez se retire à Miami, lesté de 300 millions de dollars, à peine de quoi couvrir ses faux frais. Douze mois plus tôt, le secrétaire d’Etat américain Foster Dulles l’avait félicité : il dirigeait le gouvernement latino-américain le plus proche de celui des Etats-Unis. Chavez a 5 ans quand Fidel Castro fait fondre La Havane et que Cuba change de mains. Séduits par l’exemple castriste, la gauche étudiante, le (…) Lire la suite »
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Histoire du drapeau vénézuélien

Le drapeau de Bolivar

Romain MIGUS

L’Histoire du drapeau vénézuélien est à chercher dans les turpitudes de la guerre d’indépendance. Pour le journal L’Humanité, Romain Migus revient sur les changements et les enjeux autour de l’étendard national du pays de Chávez et Bolivar [LGS]

“Jeune femme, donnez-moi plusieurs mètres de tissu jaune, bleu et rouge, voulez-vous ?” s’exclame l’homme dans un français remarquable. – Je vous prépare ça de suite, lui répond la marchande". Nous sommes dans un commerce de la ville de Jacmel dans la toute nouvelle République indépendante d’Haïti. L’amateur de tissu est un général vénézuélien. Très introduit dans les cours royales européennes, amis des pères fondateurs des États-Unis, il s’est aussi distingué pendant la Révolution française. Aux côtés de Kellermann, de Dumouriez et du peuple français en armes, il s’est illustré à la victoire fondatrice de Valmy. “Pour qui, et où dois-je faire livrer le tissu, Monsieur ? lui lance la mercière haïtienne, comprenant en un coup d’œil que son interlocuteur n’est pas de l’île. – Je suis Francisco de Miranda, lance l’homme en se retournant vers la porte. Vous m’apporterez le tissu sur mon bateau, le Leander. Nous appareillons demain à l’aube, et ces couleurs doivent flotter en (…) Lire la suite »
Il y a 31 ans au Venezuela

Retour sur le Caracazo

Romain MIGUS

Le Caracazo s’est déroulé du 27 au 29 février 1989. C’est un évènement essentiel pour comprendre la Révolution Bolivarienne au Venezuela car il s’agit de la première révolte mondiale contre le néolibéralisme. Sa répression sauvage par le gouvernement social-démocrate de l’époque -3000 morts- a fait naitre une prise de conscience collective et fait surgir le petit peuple comme sujet historique. Hugo Chávez deviendra par la suite le futur porte parole de cette révolte des opprimés.

Mais l’analyse du Caracazo nous donne aussi des clés pour comprendre les révoltes contemporaines en France et en Europe. Car les conséquences de l’application du modèle néolibérale sont les mêmes sous toutes les latitudes. Laissons donc de côté l’eurocentrisme et penchons nous sur le passé de l’Amérique latine pour mieux comprendre notre présent.

Nous présentons l’analyse de Romain Migus, écrivain, communicateur social et de Gustavo Borges, activiste vénézuélien (depuis Caracas).

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En me recevant à Caracas, il avait exaspéré Robert Ménard

Mort du grand journaliste vénézuélien Eleazar Diaz Rangel

Maxime VIVAS

Mercredi 24 avril 2019 au matin, Eleazar Díaz Rangel, l’un des plus grands journalistes vénézuéliens, une sorte de symbole respecté pour son honnêteté et la conception qu’il avait de l’information, est décédé à l’âge de 87 ans à l’hôpital militaire de Caracas. Depuis quelques jours, il recevait un traitement sous respiration assistée.
J’avais eu le privilège de le rencontrer.

Sans pour autant les imposer à ses rédacteurs ni leur reprocher d’en avoir d’autres, il ne cachait pas ses idées de gauche ; il avait été sénateur du parti politique Movimiento al Socialismo (MAS). On ne compte plus les prix qu’il avait obtenus pour son travail dans sa longue carrière. Il enseignait à l'Université centrale du Venezuela (UCV), il était directeur de la School of Social Communication. Il dirigeait Ultimas Noticias, le plus grand journal du Venezuela : 300 000 exemplaires, 90 pages, vendu dans toute l’Amérique latine. Politiquement, c’est un peu Le Monde d’Hubert Beuve-Méry : ses rédacteurs couvrent tout l’éventail des opinions politiques. En 2007, on disait que le journal était parfois trop critique envers le chavisme même si, pour ce qui le concernait, Eleazar Diaz Rangel avait des sympathies pour Hugo Chavez. Cependant, un certain équilibre existait dont chacun pouvait prétendre qu’il était perfectible… En mai 2007, je me trouvais au Venezuela pour les besoins (…) Lire la suite »

Les coupe-jarrets formés par Libération arriveront-ils à assassiner Sartre à Caracas ?

Vladimir MARCIAC

Jean-Paul Sartre, fondateur de Libération : « … les mots, comme dit Brice-Parain, sont des “pistolets chargés” » (« Qu’est-ce que la littérature ? »). Et d’ajouter que « parler c’est tirer ».

Tal Cual est un journal vénézuélien qui fut capable de traficoter une photo sur sa première page pour que ses lecteurs (et toute personne passant devant les kiosques) voient Chavez brandir un pistolet à une tribune. Dans la photo d’origine, il offrait un bouquet de fleurs. Cependant, si vous voulez savoir ce qui se passe au Venezuela, rien de mieux que Tal Cual, si l’on en croit Courrier International, hebdomadaire français qui traduit et publie des articles piochés dans la presse étrangère, de préférence de droite, voire fasciste, voire putschiste, en faisant croire que c’est de l’info. Le poids des mots tronqués, le choc des photos truquées. Choisir Tal Cual comme source pour le Venezuela, c’est choisir Pinocchio comme correspondant en Italie, Goebbels pour l’Allemagne, Jean-Michel Aphatie pour l’affaire Cahuzac, Alexandre Benalla pour les tribulations de passeports diplomatiques, de coffres-forts à roulettes et de pistolets à eau chargés à balles réelles. Qu’est-ce que (…) Lire la suite »
Une courte nouvelle politique et sa chute brutale et imprévue

Pourquoi ? Parce que.

Hernando CALVO OSPINA

Vu et entendu par Hernando Calvo Ospina à Maracaibo, principal port pétrolier du Venezuela. C’est l’une des 39 histoires que contient son dernier livre *. Ce court récit, qui caractérise intemporellement l’état d’esprit de la classe moyenne émergente au Venezuela, peut apporter un éclairage sur l’actualité. Avec l’autorisation de l’auteur et de l’éditeur nous le reproduisons ici.

*No Fly List et autres contes exotiques.

Je crois bien que si l’air conditionné continue à refroidir l’atmosphère, il neigera bientôt à l’intérieur de cette cafétéria. C’est le grand contraste quand on passe la porte, car le soleil mêlé à l’odeur de combustible fait de cette ville pétrolière un brasier de goudron. Je suis à Maracaibo, ville vénézuélienne située près de la Colombie. Tout en dégustant un délicieux jus de fruits naturel bien épais, je bavarde avec un jeune homme de 30 ans. On en vient à parler logement et voici ce que j'en ai retenu : – Comment avez-vous obtenu votre maison dans ce lotissement ? – C’est le président Chavez qui nous l’a remise. – Elle vous coûte cher ? – Nous la payons à crédit, mais c’est presque un cadeau car on ne paye pas beaucoup. – Où viviez-vous auparavant ? – Dans un quartier très laid ! – Le taxi que conduit ton père, comment l’a-t-il obtenu ? Vous êtes-vous endettés auprès de la banque ? – Non Monsieur, on nous a accordé un prêt spécial. – Qui donc ? – Le (…) Lire la suite »
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Témoignages sur le Venezuela

2016 et 2017 : Le calme après la tempête (Chronique N° 2)

Romain MIGUS

Nous poursuivons la publication d’un cycle de chroniques de notre ami Romain Migus, journaliste français qui a longtemps exercé son métier au Venezuela. Dans ces récits-témoignages, il a choisi de nous parler de ce pays en partant du réel, de la vie de tous les jours, de nous rapporter des anecdotes, des discussions avec les autochtones. Bref, Romain Migus trace un tableau pointilliste, nous offre du vécu, plonge dans le profond de l’âme vénézuélienne, se garde des informations de seconde main, laisse à d’autres les analyses politiques subjectives. Ce parti pris d’écriture est chargé de cette fraîcheur qui déplaira aux cyniques dont les discours ne résisteront pas à l’épreuve du temps.
LGS

9h du matin, Plaza Bolivar. Le centre de Caracas est dans sa plus normale effervescence. Les vendeurs de rues proposent des jus de fruits, des « tequeños » et des empanadas , très prisés lors du petit déjeuner. N´en déplaise aux ténors de l´industrie médiatique, il n´y a pas de mourants de faim à chaque coin de rue, pas de clochards ni mendiants. Les gens vont et viennent, affairés par leur train-train journalier. La crise et la guerre économique ne sont pas palpables dans l´espace public. La vie semble continuer en toute tranquillité. J´ai rendez-vous avec Enrique. Je l´attends à la Indiecita, situé dans une rue adjacente à la place Bolivar. C´est un café populaire qui sort tout droit des années 70. L´esthétique et la décoration n´ont jamais été modifié et nous renvoient à un autre temps : celui du boom pétrolier et de la Venezuela saoudite. Dans un coin, un tableau datant de cette époque. On y voit des hommes et des femmes buvant et faisant la fête, au cœur d´un paysage qui (…) Lire la suite »

Les médias de Blanc bonnet, Bonnet blanc, Dupont et Dupond

Maxime VIVAS

J’ai nommé Eric Brunet, Laurent Neumann, Jean-Jacques Bourdin et Christophe Deloire (RSF) qu’on va garder pour la fin.

Laurent Neumann anime un débat (sic) quotidien avec Éric Brunet à 7 h 50 dans Bourdin and Co, sur RMC. On l’entend aussi sur BFM TV. Eric Brunet, c’est le journaliste, présent partout, spécialiste en tout, qui a publiquement traité les électeurs de Jean-Luc Mélenchon d’abrutis. Jean-Jacques Bourdin les accueille dans son émission « Brunet & Neumann, le face à face », dont le titre du 5 mars 2018 était : « Haro sur les médias, que faut-il changer ? ». Ce fut le face à face (je dirais même mieux : le farce à farce) de deux compères qui font la paire. Eux et Bourdin sont copains comme cochons, proches comme cul et chemise. Les mauvaises langues outrancières diraient, à la Coluche (mais je désapprouve) qu’ils sont les trois mousquetaires revisités : « Un pour tous, tous pourris ! ». A 5mn35 dans l’émission (c’est la conclusion, mais écoutez tout le bal des faux-derches), on a cet affrontement d’une rare violence qui dénote un sérieux différend idéologique : « Laurent (…) Lire la suite »
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