RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
11 

Le président Chávez exige d’avancer vers une communication plus profonde et plus populaire « avec les travailleurs, depuis les usines »

Grand succès populaire au Venezuela : la télénovéla colombienne et son héros sympa, le trafiquant de drogue « El capo ».

Au Venezuela en 2012, les médias privés dominent de manière écrasante (1). Télénovélas, films d’action importés, shows, manière de traiter les luttes sociales, etc.. constituent, avec leurs 80 % d’audience nationale, une hégémonie culturelle quotidienne, assez efficace pour freiner la construction de la démocratie participative. Le gouvernement n’a pas encore osé démocratiser le spectre radio-électrique en profondeur comme l’a fait l’Argentine de Cristina Fernandez : un tiers des ondes radio et TV pour le public, un tiers pour le privé, un tiers pour l’associatif ou populaire (2). Il a cependant légalisé depuis 12 ans les médias communautaires ( = populaires) alors que ceux-ci restent réprimés, illégaux ou inexistants dans la plupart des pays. On en compte à peu près 300 à l’heure actuelle, des radios essentiellement, qui émettent librement sur une échelle locale (3).

Depuis la victoire de Hugo Chavez aux présidentielles du 7 octobre 2012 s’est ouvert un débat intense sur « les tâches urgentes de la révolution ». Pour le dramaturge Luis Britto Garcà­a « il est impossible de concurrencer la programmation importée par les médias privés. Mais il est inconcevable que tout l’appareil communicationnel public soit incapable de transmettre une télénovéla ou un programme humoristique de qualité, quand on considère la remarquable légion de talents qui appuient le bolivarianisme. Les médias de service public peuvent conquérir l’audience des médias privés sans répéter leurs lourdeurs : les incessantes interruptions de la publicité ou de campagnes publiques, la permanente pollution de l’écran par des logos, des messages de texte et des pubs par insertion, l’anarchie dans la programmation. »

Pour l’anthropologue et historienne Iraida Vargas-Arenas : « nos médias, y compris la télévision d’État, copient le modèle états-unien : décoration des plateaux, couleurs, mobilier et sa disposition, ainsi que le ton, l’habillement, la gestuelle, le langage et la cadence des locuteurs(trices), les intervalles en fonction des interruptions pour passer des pubs (..) Persiste une sous-estimation des esthétiques et des goûts populaires considérés comme de mauvais goût. En tout cas il n’existe pas dans les médias d’État d’adéquation entre la forme et les contenus nouveaux que ces chaînes veulent offrir, sans parler du fait que ceux-ci mimétisent les modèles qui nous viennent du nord.

« Par ailleurs l’hyperconcentration du contrôle de l’information par les médias privés constitue une vraie menace et jusqu’à présent l’État vénézuélien n’agit que de manière réactive : à chaque attaque, une réponse défensive, sans qu’il existe, semble-t-il d’agenda communicationnel propre et parallèle, que ce soit sur le plan national ou international. Il serait nécessaire d’investir dans une amélioration qualitative des médias d’État, des médias populaires (radio, TV, documentalisme, maisons d’édition socialistes, écoles de formation de personnel, création de chaînes ou de systèmes de médias communautaires, etc..) .

Ce samedi 20 octobre le président Chavez, qui a nommé le journaliste Ernesto Villegas au poste de ministre de l’information et de la communication en remplacement d’Andrés Izarra, a exigé du gouvernement une offensive communicationnelle de grande ampleur, en suggérant par exemple de « réaliser des programmes avec les travailleurs des usines inaugurées « où s’expriment la critique et l’autocritique, cela nous alimente et cela nous manque. (..) Nous n’avons pas de système national de médias publics, c’est pourquoi nous devons le créer. Ce système doit être interconnecté avec d’autres systèmes comme celui des médias communautaires et populaires, en plus des médias régionaux et internationaux » a-t-il affirmé en conseil des ministres.

Hugo Chavez a également critiqué l’incapacité du gouvernement à créer des communes (regroupement de conseils communaux, la commune est une organisation citoyenne qui organise le développement sur le plan local et régional, NdT) : « Je vais devoir éliminer le Ministère des Communes parce que nous avons fini par croire que le problème des communes est celui d’un ministère et c’est une très grave erreur que nous commettons" a-t-il expliqué. "Nicolas (Maduro, actuel vice-président de la République NdT), je te donne la responsabilité des communes comme si je te donnais celle de ma vie (…) Lors d’une visite à la cité nouvelle de Caribia j’ai demandé où étaient les communes. Nous continuons à remettre les logements mais les communes je ne les vois nulle part. Nicolas, qu’en penses-tu, dois-je continuer à crier dans le désert à propos de choses comme celles-ci ? Permettez-moi d’être le plus dur possible dans ces autocritiques (…) Rafael Ramà­rez (Ministre du Pétrole et de l’Énergie, NdT) devrait déjà avoir vingt communes dans la frange de l’Orénoque, mais on croit que le problème incombe à d’autres. Indépendance ou rien, commune ou rien ! »

Thierry DERONNE

SOURCE : http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/10/21/le-president-chavez-exige-davancer-vers-une-communication-plus-profonde-et-plus-populaire-avec-les-travailleurs-depuis-les-usines/

Notes

(1) http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-12-14-Medias-et-Venezuela

(2) La SIP, organisation de patrons de médias réunie à Sao Paulo (Brésil) le 16 octobre 2012, a dénoncé la loi argentine comme une « grave menace pour la liberté d’expression ».

(3) Voir la liste détaillée : http://www.conatel.gob.ve/files/solicitudes/habilitaciones/Medios_Comunitarios_Habilitados_actualizado.pdf


URL de cet article 18041
   
Même Thème
Chávez. L’homme qui défia l’histoire
Modesto E. Guerrero
Cette biographie complète du commandant Hugo Chávez, écrite par un intellectuel vénézuélien reconnu, révèle les traits essentiels d’un personnage qui n’appartient pas seulement à la légende mais aussi à l’histoire de son temps. Le lecteur est entraîné dans ce parcours exceptionnel, de la province de Barinas jusqu’aux plus hautes charges de la plus grande révolution d’après la guerre froide. Le portrait intime et politique rejoint ici l’épopée de la libération d’un peuple et de tout un (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

(...) quelqu’un a dit il y a vingt ans : "vous pouvez croire tout ce qu’on raconte sur cet homme, sauf qu’il est mort".

(...) Ce lieu sera pour toujours un témoignage de lutte, un appel à l’humanisme. Il sera aussi un hommage permanent à une génération qui voulait transformer le monde, et à l’esprit rebelle et inventif d’un artiste qui contribua à forger cette génération et en même temps en est un de ses symboles les plus authentiques.

Les années 60 étaient bien plus qu’une période dans un siècle qui touche à sa fin. Avant toute chose, elles ont été une attitude face à la vie qui a profondément influencé la culture, la société et la politique, et a qui a traversé toutes les frontières. Un élan novateur s’est levé, victorieux, pour submerger toute la décennie, mais il était né bien avant cette époque et ne s’est pas arrêté depuis. (...)

Avec une animosité obstinée, certains dénigrent encore cette époque - ceux qui savent que pour tuer l’histoire, il faut d’abord lui arracher le moment le plus lumineux et le plus prometteur. C’est ainsi que sont les choses, et c’est ainsi qu’elles ont toujours été : pour ou contre les années 60.

Ricardo Alarcon,
président de l’Assemblée Nationale de Cuba
Allocution lors de l’inauguration de la statue de John Lennon à la Havane, Décembre 2000

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.