Le Plan République, composé de 163.000 membres des forces armées bolivariennes a été efficacement déployé dans tout le pays, notamment dans la région frontalière avec la Colombie, pour veiller à ce que les élections se déroulent dans un climat de paix et sécurité.
Depuis que la nouvelle Constitution fut approuvé en 1999 sous l’initiative du président Hugo Chavez, et avec des taux de participation les plus élevés dans l’histoire de la démocratie au Venezuela, 20 élections ont eu lieu les derniers 16 ans avec un modèle de démocratie participative originale et créative.
A cette occasion, les votants des différents partis se sont montrés particulièrement satisfaits avec le déroulement du processus électoral, malgré les campagnes persistantes de rumeurs ayant pour cible le Conseil National Electoral.
Jusqu’à la dernière minute, des acteurs nationaux et internationaux ont questionné la fiabilité du système électoral vénézuelien, avec la répétition d’un récit grossier et mensonger basé sur des rumeurs et des attaques personnalisées contre la présidente du CNE Tibisay Lucena.
Des ex-présidents de droite de plusieurs pays d’Amérique Latine, dont l’ex président colombien Pastrana, ont montré une attitude d’ingérence constante et une délégation s’est même rendu le jour de la votation sans compter avec l’accréditation correspondante du CNE, ce qui leur a valu une demande d’expulsion du territoire.
L’épouse de Leopoldo Lopez, Lilia Tintori, s’est réjoui des résultats et s’est montrée confiante dans la suite, en annonçant qu’elle n’allait pas baisser ses bras " jusqu’à la libération de tous les prisonniers". Souvenons-nous que son mari Lopez a été emprisonné pour son rôle dans l’incitation à la violence début 2014, qui a entraîné 43 victimes mortelles lors de l’opération anti-démocratique appelée "La Sortie". Le comité de victimes des guarimbas [groupes dont le moyen d’expression est la violence de rue. Note du GS] a effectué des tournées en Europe avec le silence des médias, tandis que le cas de Leopoldo Lopez est présenté comme celui d’un prisonnier politique. Le regretté écrivain uruguayen Eduardo Galeano aurait décrit cette situation comme "le monde à l’envers"
Après deux années particulièrement difficiles sur le plan social et économique en raison du modèle rentier du pays qui lui fait dépendre des prix du baril de pétrole ; de la chute depuis un an du prix du baril de 100 à moins de 40 dollars ; du phénomène de stockage massif des denrées alimentaires par les grands distributeurs, entraînant des queues pour les aliments fournis par le gouvernement ; des campagnes de désinformation médiatiques visant à déstabiliser le pays ; et des tentatives de déstabilisation telles que le décret Obama, on constate une ingérence permanente du capitalisme et de la droite internationale face à laquelle le peuple a exprimé son mécontentement avec son vote.
Il est digne de souligner qu’une fois les résultats connus, cette fois-ci l’opposition de la MUD (Mesa de Unidad Democratica), n’a pas dénoncé la fraude dans le système électoral. Les sympathisants avec le processus bolivarien affrontent une année 2016 très compliquée avec l’impossibilité de gouverner, de provoquer la démission des ministres de la majorité, allant jusqu’à la quasi certitude du recours à un référendum révocatoire contre le président Maduro.
La guerre économique et médiatique ont sans doute joué un rôle essentiel dans l’orientation du vote, mais l’écart dans les résultats (107 députés pour l’opposition et 55 pour le PSUV) met en évidence aussi une gestion insuffisante à plusieurs niveaux par le gouvernement. Les voix critiques et constructives devront être écoutés pour que les différentes composantes et forces politiques rassemblées dans le GPP Gran Polo Patriotico, coalition de la majorité, restent unies et le processus bolivarien assure sa continuité dans des circonstances extrêmement adverses.
Alex Anfruns
Envoyé spécial d’Investig’Action à Caracas